MARIE STUART.
Mercredi 13 Juin 1877.
12c année. N° 1,195.
V>:
zt
o
5
2
5
2
E
5
Le Journal paraltte '!Vfet*credi et le Samedi. Les insertions coütent lo centimes la ligne. Les rêduum et annoncesjttdmUtren se patent 30 centimes la ligne. On traite ^forfait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris art Bureau, 10 centimes. Les numeros supplémentaincs coinmandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires.
C H E UI I ]V S ME EE K.
1 Décerhbre.
-so.
LA CINQUANTAINE ÉPISCOPALE DE PIE IX.
On écrit de Rome, 2 Juin, a Wnioers:
a C'est la veilie du grand jour, el déja la
fèle a commencé, Grace a l'incessante venue
de nouveaux pélerins, il est vrai de dire que,
pour un moment du moins, Rome n'appar-
tient plus a ceux qui I'onl violemment sur
prise. Elle s'est retrouvée telle qu'on la vit
jadis, el n'étaient les utiiformes qu'on ren
contre par intervalle, n'élait stirtout le vide
que l'absence du Sainl-Pére fait dans les
grandes cérémonies, on pourrail croire que
('illusion est compléte. Tanlöt, a Saint-Pierre,
quand cent luslres illuminaient la basilique
remplie d'innombrables pélerins, on sentait
grandir encore réinoliou que chaquejour
accroil, depuis plus d'un mois que se dérou -
lenl les pèlnrinages. Tout ce people priait el
cbanlail, rempli d'une allégresse que les
Iristesses du peuple cbrétien ne parviennent
pas a détruire paree que Ie speclacle et les
paroles de Pie IX remplissenl la catbolicilé
tout enfière du plus invincible espoir.
Ilssentent si bien cela, ceux que les pèle-
rinages exaspérent, qu'ils out voulu tenier
quelque autre chose après le meeting d'avant-
hier. Ce malin le Popoio romano proposail
que demain, pour la fèle du Statut, les vrais
libéraux arborassenl a leurs fenètres Ie drn-
peau national. Les journanx de t'après-midi
se sont vile emparés, de ce iltérne, car il faut
bien prendre les tnoyehs de donner extérieu-
rement quelque lustre a cette fèle du Statut,
dont la seule date est une iusolence, mais
qui semble après tout ne concourir avec la
grande fète de PielX que pour monlrer une
fois de plus la grande popularilé du Souve-
rain véritable en regard des méconlente-
ments a peine déguisés qu'excite de plus en
plus lerégne de l'usurpation. En veut-on un
nouvel eiemple?
Un aucien capitainede zouaves me contait
hier, qu'avec un de ses camarades, il avail
voulu, après dix ans, revoir le champ de
bataille de Mentana. Descendus a la gare de
Monte-Rotondo, ils se dispösaient a chémi-
ner paisiblement, quand, des la1 gare, ils se
voient salués' par des individus qu'ils ne re-
connaissent pas. Un pen plus loin ils sont
abordés parun paysan d'une I ren la i ne d'an-
nées, qui dit a I'aneien officier de zouaves:
«Ah! mon capilaine, quel plaisir de vous
reuoir! Mais, fn le capilaine de Ik Bovde,
je ne vous reconnais pas. Mais si, mais si,
c'est bien vous. Du plus loin qu'ils vous ont
vu, mon pére el ma mère m'ont dit: Va done,
c'est ton ancien capilaine. Et, en effet, le
paysan s'étant nommé, nos deux amis re-
cormurent un ancien sergent du bataitlou.
Bienlót il en vint d'autres; bref, aprés s'ètre
demandé si ce u'était pas une téméritédè
tenter une excursion qui devail.peusaierit ils,
les inettre ,en-face des ganbaldieus, nos deux
zouaves marchaient cornme en triompbe. es-
cortés d'une population dont t'attitude disail
claireinent ce qu'elle pense du nouveau ré
gime el quel souvenir etle garde de 1'ancien.
Au Vatican, les audiences se multiplienl.
Hier, outre celles que je vous ai signalées, le
Pape a recu la deputation du di cèse de
Palerme, présidée par son arohevèque, qui
a In une fort belle adresse. Le priiïce Pigna-
telli Angio et son fils, le due de San-Marlino
de Monl'Albe. le marquis Scattizi faisaient
parlie de la.deputation, qui a offert, outre un
précieux ca'lice, un magninquereliqüaireen
argent en ton ré de pierreries, et conlenant
nne relique de sairite Rosali palronne de
Palerme. Les bénédietins de Monreale, cba-
noines de cetle calbédrale, out ensuite pré
senté deux volumes d'illuslralions de la ca
lbédrale, offerts par le P. abbé Gravina. En-
fin, aumoin de Mgr Villa, évèque de Panne,
Mgr Lioncelli, cbapelam d'honneur de Sa
Saiuleté, a également présenté i'offraivde de
la ville de Parme, avec une belle adresse.
Précédemment, Sa Saiuleté avail pareille-
ment admis en sa présence les employés
pontificaux, qui lui étaient prêsentés par les
EE""11 oardinaux Berardi et Randi,«et lui of-
fraieut une statue de sainle Agues en argent,
montèe sur un piédestal de bronze enrichi
C)
de pierTës préciCtises.
Aujourd'hui le Pape a recu toutdabord le
collége des cardmaux presque au complet,
qu'accompagnaieiil un grand uotnbre d evé-
ques présents a Rome.
Ensuile, passant duns la salie des Avazzi,
le Saint-Pére y trouva le baiaillon choisi de
ses camériers. secrets el d'honneur de cape
et d'épée. Le doyen d'entre eu.x, M. Egidio
Catti, ayant lu au uqin de lous une adivsse
de dévouement et de tiüéiité, le Saint-Pére
y répondit par quelques mots alïectueux di-
sanl que les camériers étaient de la familie
du Pape el que, comme tels, ils devaient
plus particuliérement donner l'exemple de
toules les verlus. Puis il daigna témoigner
sou admil'atlon du present que lui oiï'rail le
corps des camériers el qui lui élan présenté
par le comte Igoace de Willen, doyen des
camériers d'honneur. G'est une Paix de mé-
tal précieux, au milieu de laquelle un mé
daillon support»; des téles de séraphins en
relief d'un trés beau travail qui soutieunent
une croix de rubis entourée de perles. Ao-
dessus sont les armes pontificales et au-des-
sous ce texte des saints livres: Justitia ei pax:
oscu/alte sunt. Des nmuds el des feuillages
traverses de brillanls et de lapis-lazzuli
achèvent la décor ation de ce riche objet dont
ie dessin est dü au comie Vespigiiaoi et l'ex-
écution au chevalier Curli. II est a noter que
le revers de la Paix, tout entier IravaUlé au
ciseau, porie une trés-belle inscription du P.
Tongiorgi, relative a la circonstance.
II semble que tant d'audienees devraient
fatigues énormément le Pape puisqu'elles
sufliraient, surloul par ces clialeurs, a abal-
tre toule autre personne d'un age infiniment
moins avancé. Chez Pie IX non-seulement
el les n'épuisent pas les forces physiques,
mais elles excilent, si Pon peut aiusi dire, les
traits incessants de son aiinable esprit. Je
vous conlais l'anlre jour son mot a la du-
chesse de Parme a propos d'une lacune qti'il
observait dans les dons que lui offrait Ie
monde catholique. Un peu aprés il disait en
soiiriabt: Le bon Dien me traite comme saint
Paul, conlre qui, pourqü'il ne s'enfiat pas,
il avail permis qu'un démon s'exercat en le
soulïletant, est r/ui colaphisei me. Sèulement,
ajoutail le Samt-Pére, ce n'est pas sur les
joues que le diable me soufllettc, c'est sur les
jambes.
Autre trail qui est d'ltier. La vcille il
avail recu un présent fort original et curieux,
c'étaient trois bouteilles de cognac que lui
offrait Ie curé mème de Cognac, et dont le
contenu datait pour I'une de 1792, époque
de la naissaneedu Pape, pour la seconde de
1819, époque desa prétrise, et pour la der-
niére, de 1§27, époque de sa consécration
épiscopale. Sur quoi, 1'évèque de Poitiers,
dans une causerie charmante, chercbait a
persuader Ie Samt-Pére qu'il devait garder
pour son usage ce présent qui, pour sa san
té, ne serail peut èlre pas saus efficaeité. Le
Pape ée'dutait en souriant cette homélie fa-
miliére, mais on voyait qu'il ii'en goütait pas
trop la conclusion. Le lendemain il virtt a
dire, en re voyant les trois bouterlies: Hier,
l'évèque de Poitiers me fit un long discours
pour me proever que je ferais bien d'user de
cela. Mais il y a un plaisir plus grand, c'est
celui de le donner. Et, a celle tienre, je ne
juierais pas qu'une au moins des bouteilles
n'ait déja dispara, si ce n'est tonics les Irois,
De pareils trails abondent. lis fonnent ee
qu'on pourrail nomrner la cbeonique qnoti-
dienne du Vatican, si ee mot, par labus
qu'on en a fait, n'avait comme un caractére
d'irrévérence fort oppose a la nature de ces
entretiens familiers que permet le Saint-Pére,
et oü l'abandon plein de simplicrfé rie saurait
jamais altérer le respect, puisqu'il grandit la
tendresse en multipliant ses plus itjlimes
manifestations. II y a d'autres fails encore
dont s'occupent el s'édifient les pélerins. Je
vous pariais hier des héroïques Polotiais; un
intrópido pólerin francais, M. Pierre Pêche,
malgré ses cinquante ans passés, a voulu
faire a pied la route de Paris a Rome et la
fit en moins d'un mois.
L'autre jour, en voyant a Saint Pierre une
fetntne qui sc (rairtait plulót qu'elle ne mar*
chart et qui, ayant ptt s'agenouiller devant
la sialne de bronze du pritice des apötres,
lomba évanouio. Quand elle revinl a elle,
on apprit que cette femme, émule de Benoit
Labre, ava l voulu faire Ie voyage de Ver-
ceil (au pied des Alpes) a Rome. Elle a plus
de cinquante ans et se nomine Elisabeth Lio-
ne. Son projet fut mis a exécutjon, et elle
l'accomplit dans des co'nditions véritablement
héroïques. Quand elle toneha enfin le seuil
de Saint Pierre, il y avail deux jours qu'elle
n'avait pas mange. Sans nul doute, la sages
se humaine signalera ce fait comme un irait
de folie. Les chrétiens voien.l d'aulre sorte:
sans proposer a l'imitatiön de lous dés ex-
einples pareils, ils les recueillent avec une
indicible emotion; ils se taisenl etilsadmi-
rent.
Ce qu'il faut admirer eneore, avec le con
cours des pélerins do monde eutier, c'est le
zèle avec leqtiel rivalisetil ici tous les rites
pour célébrer la mème fète, dans les mèmes
sentiments d'aiiiour ei de fidéhté pour le
Pape, dont les actes out si merveilleusement
raffermi l'iinité saus rien óter a la variété.
Les Francais out pu lont spécialement le
consiaier en assistant avant-luer, dans l'égli-
se de la Propagande, a la messe pontificale,
célébrée par Mgr Daranni, archevèqoe maro-
nite d'Adanea. Le vénérable prélat est bien
connu en France, oü il voyagea longtemps
comme missionnaire, et oü lousceux qui fo-
rent les témoins de sou zèle dans ces courses
aposioliques, gardent son souvenir avec
veneration. Aussi, voyait-on nombre de pé
lerins francais dans les tribunes, mèlés a plu-
sieors prètres étrangers, aux prétais orien-
latix, aux étöves dtl cotlége Urbain. Le véné
rable prélat élail assislé par los eléves de
sou séminairc de Rome, el il avail a ses
eötés Mgr Zouam, chorévèque de Beyronlh,
qui remplissaïl los fonetions de mailredes
cérémonies. Nous n'avons pas compris les
chants inaióniles. dont Tharmonie grave el
monotone ressemble assez a une plainle.
m*
■w
■Jl
«c
z
O
22
-<
fc*
vj
te)
O
co
«O
s
u
X
«e-
ld
I
00
5T
"Q
■H
O
G
co
m
C/2 M
H
HO
c*:
-®3
HO
7?
O
c/j
ro
2
H
2 C/3
O
G
•2»
IV
Poperitighe-Vpres, 3-15,7-00,9.-28,tl-00,2-15,5-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 0-30,9-07,1-2-07,3-57,0 50,8-45,
peringbe-llazebrouck, 6 53, 12-25,7-t0. liazebrouck Poperinghe Y'pres', 8-25, 4 10, 8-25.
Sores-lloulers, 7-50, 12-25, 0-45. Routers- Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
Kouters-firupes, 8-45, 11-34, 1-13,5,16, 7-36, (9-55. Lichterv.) Lichterv.-Thourout, 4-25 m. vers Ostande. Bruges /(ou
ters 8-25, 1-2-45, 5-05, 6-42. Lichterv.-Courtrai, 5-25 m.
Ypres-Courtrai 3-34, 9-46, 1 1-20, 2-35, 5-25, Courtrai-Ypres, 8-08, 11-05, 2-50, 5-40, 8-49.
Ypres-Thouroul, 7-18, 12 00, 6-20, (le Samedi k 5-30 du matin jusqu'a Langhemarck)Tlmuroui- pres, 9-00, 1-25, 7-45,
(le Samedi a 6-20 du nratin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnèlon-Le Touquet-Houplines-Ameiïite'res*, 6-00, 12-00, 3-35. Armentieres-llouptn>es Le 1 onquet-Warneimt-
Comines 7-23, 2,00, 4-45. Cornines- Warnèton 8 45, m. 9-30 s. (le Lundi 6-30,) Warnêton-Comïncs 5-30, 11-10, (le
Courtrai firuoes, 8-05,11-00, 12-35,4-40, (Ingel.) 6-55. 9-00 s. (Lichterv.) - Bniges-CWtrai, 8-25, 12-45, 5-05 6-42.
Bruges, Blankenb, Heyst, (Station) 7-25, 11 08,2-50, 7-35.-(bassin 7-31, 11-14,2-56, 7.41, - Heysl, Blankenb, Bruges,
ngelmunst er-Deynze-Gawii5-00, 9-41, 2-15. - Itigelinurtsier-Dey»sec6-*Ü 7-15. Gand-flcynzé-foite/tourater, 6-58, 11-20,
4-41 7-21. Deynze-Ingehnunsler1-00.
Ingelmunster-dnser//tem, 6-05, 12-55, 0-13. Auseghein-//i</eteu>ister 7-42, 2-20, 7-45
Lichtervelde-Dixmude Furnes et Dunkacke^ 6 30j, 9-08, l-3 8 00. Di
Selzaete EerJoo. 9-05, .1-25, 8-25. 'EBCloo-Sé/jae/e.S-Sd, 10 15.4-22.
Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-23. 749 (parte d'Anvers) 8-3 12-40. 7 48.
Selzaete-Co/rerén, 9 04, 1-30, 8 30, (le Merer. 3 10 m.) l,okereii-.S'«(za«te, 0 t)0,
Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 430
10-25, 4 45. (le MardÜ, 9,30.)
DMn&efdre-Furnes-Diitniude ei-LwUlerweltie; 6-30, 11 10,
3-40, 5-00.
Dixmude-ïVteMport,9-50,2-20,8-43 -
Thourout-Ostezide, 4-50, 9-lb, 1-50,
CORBB8POMDAWCBS
COURTRAISWWKI.LtS.
BRUXELLSS, COURTRAI.
Courtrai dép.
BrmteHes arr.
6,37
8,50
10,53
1,35
12,33
2,28
3,42
6,10
6,3.3.
8,54.
Brtnelles dép.
Courtrai arr.
3,22
8,00
8,28
10,46
12,21
2,44
5.35
7.36
6,47.
8,44.
COURTRAI T6URNA!|), LII.I.E. -
Co-wrlrai dép. 0,37 10,50 2,34 3,34 8,47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 0,39 9,41.
Lil ie 7,38 12,08 4,0i)i) 0',05: 10,00.
r.ILhli, TOURNAI, COURTRAI.
LÏHe dép. 5,15 8,22 11,03 2,22 4,43
Tourna! 5,42 8,31) 11,29 2,40 5,39
Oourtrai arr. 0,34 9.47 12,20. 3,38 0,83
COURTRAI, GANI).
CAM), COURTRAI.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,42
8,01
9,49
1 1,08
12,5!
1,51
3,44
8,04
0,40
7,31).
Gan I
dép.
Gaai tnti arr.
3,18
6,37
9,38
10,50
1,28
2,54
4,24
5,34
7,21
8,47
BRUGES, GAND, RRUXEI.I.ES
URUXELLKS, GAND, BRUGES
-NÏeüp-Öiim, 7-30,12 00,4-20.
8-05. Oslernie-Thouroul, 7-55,
10-10, 12 25, 6-13.
Btnges d. 0,49ex. 7,04 9,39 12,34, 2- 52 ex. 0,43. iBr.ixelles dép. 7.20 8,14 11,00 1,31 3,02 ex. 4,59 ex. 5.58
Gand a. 7,34 8,19 10,34 1,49 4,«i7, 7,58. 9,31. I G-.nl arr. 6,00 8,33 9,41 1.23 3,59 4,11 6 29 7 57
Bruxélles 8,50 10)1^ 12,39 4 00,7,15, 9-31. 10,{40. Bruges 7,15 9,23 10,34 2,38 - 5,01 7,22 8.10
S'il est, dans Thistoire. une figure donI la don -
loureuse auréole ait le privilege de sollieiler les
regards, el d emouvair les coeurs, on peut direrpie
e est cello de Marie Stuart, Enlevée de bonne hén re
ii fafTtSclioii ile la France pour aller en Ecosse oc-
cuper un tróne qu'elle devail presque aussitöt re-
cónquérir s'ir des sujets rebelles livrée tout a
coup, par la mort sanglante de son mari, ii un
veuvage dont ses ennemis qui l'avaient procure,
'ui faisaient uil Crime en proie aux sédbions et
aux «violences des seigneurs protestants, a ce point
qti'tin de leurs chefs osail se porter sur sa (>ersonne
aux derniers outrages; exposée sans defense aux
em hu olies dc I'iinplacubJe Elisabeth d'Angleterre,
qui, pour assurer sa vengeance, s'était emparée
de son Ills el, le faisant clever dans la religion
protestante, lui enseignait a haïr sa mère cou-
damnée, en finii passer dans les prisons anglaises
dix-huit arinées, au bouldesquelles sa tierlé royale
détiail jusque sur l echafaud, la féroeité de ses
perséouteurs; en un mot. n'ayanl prestjne jamais
connu, cnmnie femme, coinme reine el ronime
mère, que l'abandon, 1'humilialion et riiigrati-
(*j Marie Stuart, sun procés et soa execution,
d'après le journal inédit de Buurgoing, sou rné-
der.tnfa correspo-ndance il'Affmtis Paillet, son
geólier et autres documents inèdits, par M. tt.
Chantelauze. Un vol. erand in 8" Paris, E. Pion
et O.
tilde, puis, comme catholique, ayant couronné
cetle vie de souffrances par un véritabte martyre
soufTert en léinoignage de sa foi, ne semble-t-il pas
que, dèi le lendemain de sa mort, elle devait, a
tons ees litres, cónquérir pour loiijours l'hom-
mage d'une admiration qui ne saurait égaler sa
gloire 7
Et Dependant la calomnie, qui l'avait voulu dés-
honorer vivante et dont on s'arina pour la tuer,
s'esl auliaruée contre sa méinoire. Plulöt que d en
croire les témoins de sa vie, l'hisloire s'empara des
pamphlets ignubles inspires et payés par Elisabeth.
Plus laid, une latisse compassion fit admetlre
en sa faveur des excuses pi res cent fois que les
accusations conlre Irsquelles, sous le coup de la
moil, elle protested avec une si noble indignation
et de nos jours on a pu voir, noil pins seulemeni
des paiiipblétaires comme Par gaud copiste de
Buchanan, mais des homines graves ou censés (els,
puisqu'ils sont de I'lnslitiit, des historiën-s comme
M. Slignet se faire aiusi les «isulleurs de Marie
Stuart en se donuant comme ses avocals. Après
lout, un sen I mot explique ce myslère ceux la
sont de la race de Voltaire comment attendre
d'eux qu'ils fassent justice a une reine qui défen-
dait son pouvoir, a line mère qui revendupiait son
autorité, mais surloul a une ardenle catholique
qui subit la prison et la mort pour sa foi
A noirehonle, il fruit le dire, le premier cri de
la justice ful poiissé en ce siècle par un Russe, le
prince Labanoff. dont Ie zèle infaHgabte sut tirer
des bihïiolhèques de l'Europeet prod «Ire aujoiif
la cori-espondance presque CTrtière de Marie Stuart,
La faire parler, c'étaii la vrnger, et, par le fait,
ces lettres aurajeut suffi a convaincre lout esppit
non prévenu. A tout le moins, un doute favorable
enlra dès lors dans I'espril de tons ceux qui, sin*
le seul récit de la captivilé etdes derniers moments
de Marie Stuart, ne pouvaient admetlre que les
premières année* de sa vie eussent élé marquées
par la débauehe el le criine. Mais il fallait aller
plus lom il fallait prendre corps a corps et une ii
line toules ees impostures, remonter a leur ori
gine, el. par des preuvés saus réplique. rétablir
sur lous-les fails-la véritable hisioiue, odieosement
déiiatHi-ée par d'inumwides publications. Ce fut
propremenl l'uauvrede M. Wieseiser, do-nt le livre,
public il y a quelques aunées, ent un legitime
relentissement. Ce ne serail pas assez de dire que
M. Mignet y recevait les étrivières stir tons les
chefs d'accusalion forgés au XVI" siècle et eolpor-
tès dépt)is contre Mane Stuart, le savant professettr
au moyen de documents originaux et de dates
précises faisait éelater la mauvaise foi des accusa-
teurs. üe ce procés, poiissé avec vigiieur et mimi-
tteusenient instruit jnsqpe dan) les moindres dé
tails, la lumière jailtit dès lors avee un éelat irre
sistible. Pour tons, il agjiarut olairemenl que les
malheurs de Marie Stuart n'avaient pas besoin de
lui servir d'excuse, car les meurtres et les déhor-
demenls dont on avail voulu charger sa méinoire
étaient judiciairement, si 1 on nous pennet ce mot
residues a leurs véritables auteurs, e'est-a dire a
ses ennemis.
Ainsi dëblavé, le terrain s'offrait all nouvel his
toriën qui s'appliquerait k donner enffh la rérita-
ble histoii-c du Mnric Slnart, car le livre de M.
W.iesener, parfait en san genre, avail surloul Ie
caractére d'un plaidover cl ne ponvait en leuir
lieu. Aller au plus pres,ié en discutanl pied ii pied
et renversant lous les témoignages accumnlés con
tre la reine d Eeosse. I el avail été son but. Profi-
tant de ce travail. M. Jules Gantliicr rèva de faire
line oeuvre definitive en rious dbiinant, d'après ces
données et avec le fruit de ses proprès études Ion -
guement poursuivies en Anglelerie et en Eeosse,
l'hisloire compléte de Marie Stuart. Bien que har-
die, la tentative, n'était point au-dessus de son
talent et de ses forces, comme l'a prouvé sou livre
et l'on n'aurail eu presque lien it y regretter si,
contrahit de s'en tènir aux sen I s documents qu'il
avait po découvrir sur la captivilé de la reine d'E-
eosse, l'aiiteue n'avait rfvt élre court sur l'époque
la plus li istemetit intéressante, a sa voir'Ie séjour
dans la forteresse de Fotheringay, oti fut ju gé le
procés, résolue et exéctilée la mort de Marie
Stuart. A eet égard, on coiuprend que les procés
verbaux anglais ne pouvaient fournir que des ren.
seigueifients ineomplets car ils devaient plütot
s'étèndre sur 1'accusation que sur la défense. Par
la mème raison, n'étaient ils pas justement sus
pects Cette lacune élait d'autant plus regrettable
qu'on contiaissah 'a n'en pas douter l'existence
d'un écrit précieux relatant les fails, d'ordre de
Mal ie Stuurt elle-même. En rffet, devinant que ses
ennemis ne manqueraient pas de s'acharner contre
elle. mème après sa mort. et souhaitant par dessus
tout que la vérilé ne fut pas allérée sur sou procés
el ses dertiiers momenis, la reine captive avait fait
écrire sous ses yenx un récit niinotu-ux qu'elle
destinait au Pape. Ou en aura la prelive par ces
muls d'une lellre a Six le-Quint écrile aussitdl
qu'elle apprit sa condasnnation; Vous aurt-e le
vrai récit de la f.icon de ina dernière prise et
I- toules-ie» procédures contre nitii el par moi,
afin qu'eiUrndant la vérilé, les calomnies que
les ennemis de l'Eglise me voudront itnposer
puissent êlre par vous réfutées et la vérilé con-
i) nue el, ii cel elfel, ai-je vers vous envové ce
i> porlcur réq>iérant pour la fin votre sainle
benediction.»
D'après.ces indications, on devait supposerque
l'original de eet écrit se retronverait aux archives
du Vatican, mais e.'est en vain que le prince Laba
noff y fit les recherches les plu* tninuliettses, il ne
put le découvrir. Henreuscuiefrtet t-n raison de
rimportanee du document qui lui élait remis non
moins que de l'inférêt qui s'attachait ii opposer ee
récit aux mensonges protestants, le Pape en fit
tirer des copies. A cette époque, Cluny étanl uni-
versellemenl renommé ponr ses richesses biblio-
graphiques, il n'est pas surprenant qu'une de ces
copies soit enlrée dans sa bihliothèque. Ce qui est
merveilleiix, -''est qu'après le pillage et la disper
sion de ees richesses ii la tin du siècle dernier. M.
Chantelauze ail eu la bonne fortune de relrouver
ce iiianuscril rntre les mains d'un habitant de
Cluny. Uue fois fixé sur sou authentk-ité, et
sur ce point le léinoignage de M. Leopold Delisle
est déeisif, il devail utiliser sa précieuse trou
vaille; c'est ce qui nous a valu son livre.
C05T15UKR.J