LA MISSION DE L'ËCRIVAIN. <~SEMc^>; Mercredi 4 Juillet 12e annee N° 1,201. qGlAN t I e Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions coütent 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se paient 30 centimes la ligne. On traite d forfait pour les insertions par année. Un numéro dn journal, pris au Bureau. 10 centimes. Les numéros supplémentaires corn man dés pour articles. Réclames ou Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires. li E JS H S E F *5 Et. 1« Juillet. RIEN FAIRE Beaucoup de nos amis, disons mieux, beaucoup de nos chefs, s'imposeraient de (out cceur les plus grands sacrifices pour as surer le Iriomphe de la bonne cause; mais, quand on leur demande de payer de leur personne, de se rnontrer dans l'arène, de prendre une part active a la lutte, ils trouvent mille prélextes pour éviler la corvee. II est si doux de ne rien faire, dit la chanson. Voici Fété, la chaieur, I'onibre si agréable des grands arbres et des masslls ou chantenl les petits oiseaux... Voici le mo ment des distractions... paisiblesla pêche a la ligne, la fenaison, la cueillelle des frai- ses, les déjeuners sur I'herbe le dolce far- niente loin du bruit et des visiles importu nes, dans un beau nid de verdure. Plus de politique, plus de question élec- torale! Plus tard on verra. Plus lard, c'est jamais. Car en hi ver, c'est la mème hisloire; on trouve d'autres prélextes tout aussi mauvais que les premiers. On doit revoir des amis perdus de vue depuis longtemps, régler des affaires de familie, se reposer de ses fatigues, songer a mille choses utiles ou inutiles, se tenir chaudement au coin du feu, les pieds sur leschenels en évitanl les courants d'air... et les tracas de la politique. Pendant ce temps, nos adversaires gagnent du terrain, lis profitent de loutes nos fatbles- ses et de toules nos hesitations. Noire armee resle inactive faule de chefs vigilants. L'an dernier, le comité de ^Association conservatrice de Bruxelles disait aux mem bres du cercle calholique de celte ville a Vous ne pouvez pas lulter cetle année. paree que vous n'èies pas orgauisés pour la lutte; oü sont les hommes que vous voulez nous proposer? Des hommes, on n'en avail pas, en effet. »-— Beaucoup de jeunes gens animés des meil- leurs sentiments, beauconp de braves élec- leurs prêts a se rendre au scrutin, en un mot, beaucoup de bonne volonlé parmi les simples soldats, mais pas de chefs Ce qui s'est passé a Bruxelles, s'est encore passé ailleurs. Et souvent nous entendons dire aulour de nous: II nous serail cependant si facile de remporter la vietoire, de eonquérir des po sitions qui devraient êlre nótres depuis long- temps, mais... Mais nous manquons d'organisalion. Ce qui arrêle aussi beaucoup de nos chefs, c'est la crainte de lire leur nom sur les affi ches et surtoul dans les journaux libéraux. On va, disent-ils, s'occuper de nous dans les feuilles libérales, nous altaquer, nous mettre dans la nécessitè de nous défendre, et comme nous n'avons pas Fhabilude d e- crire, lout cela nous donnerail beaucoup de tracas. Ce sont surlout les tracasqui font peur, car, encore une fois, il est si doux de ne rien faire. Les plus belles exhortations, dit le Cour- rier de Bruxellesel les plus chaleureux ap pels échouent conlre un sentiment beaucoup plus commun qu'on ne pense, la frayeur de ia publicité. Si l'entrée du forum n'était gardée, com me le jardin des Hespérides, que par un dragon, si redoutable que lïit le inoustre, il trouverait encore beaucoup d'assaillants. 11 n'est pas nécessaire d'avoir la certitude de vaincre pour faire acte de bravoure conlre un adversaire counu el déierimné. Mais le pavé du forum esl infecléd'une quantilé de bêtes d'encre qui se jeiteut avec acharne- tnenl sur loul candidal non marqué de leur signe, le mordent, le déchirent, le souillent et s'efforcenl de l'enterrer sous les jets de leur liquide empoisonné. Leur vue seule im- pressionne désagréablement; on redoute leur contact plus encore que leur venin; plusd'un candidal arrivé gaillardement sur le seuil de la place n'a pu vaincre sa repugnance a la vue des bèles d'encre et s'est esqtiivé dans la langenle. L'imaginalion joueun grand róle dans ces spasmes et fait voir d'affreux mon- stres dans les loiles que tissent d'inoffensives araignées. L'amour propre, développant la susceptibilité nerveuse, s'exagére facilemeut la porlée des armes de la presse el trouble les esprits les plus sürs d'eux-mèmes. Et voila pourquoi nous sommes forcés de conslaler que, dans plus d'une circonstance, nos amis se sont abstenus alors qu'avec un peu de courage ils devaient remporter la vie toire. II est vrai, on ne réussit pas toujours dés la première altaque. Au siége des places fortes lous les assauls ne sont pas couronnés de succes. Mais, aprés une tentative infruc- lueuse, les chefs, ayant pu juger de la valeur de ieurs Iroupes, savent au moins prendre des mesures efficaces pour une nouvelle en- treprise. Le fer est rongè par la rouille dés qu'on ne le fait plus travailler: le glaive doit de temps eri temps sortir du fourreau. Les asso ciations catholiques ne peuvent pas s'occuper de politique si elles ne veulent se préparer sérieusem nt a la lutie et si, le moment ve- nu, elles ne prennent bravement part au combat. Mais, nous le répélons, les chefs surtout doivent donner l'exemple du courage et du dévouemenl. C'esl aulour d'eux que nous devons nous grouper; leur préseuce au mi lieu de nous sera le meilleur des encourage ments. Quand nos chefs se montferont plus souvent, nos réutnons ser'ont toujours notn- breuses el vraiment utiles, Nous apprendrons a nous connaitre, a nous soutenir, a nous éclairer muluellemeut. Nous senlirons les coudes comme les soldats qui vont au combat, nous serous forts, car nous serous unis, el ce qui nous parait maintenant diffi cile, impossible, ne nous effrayera plus alors. Vouloir c'est pouvoir. Si nous voulions sin- cèrement, énergiquement le salut du pays, il y a bien longtemps qu'il serail délivré du plus cruel de ses ermemis: le libéralisme au- rait vécu. CRIAILLERIES LIBÉRALES. Voulez-vous connaitre le secret de la pré- pondérance des catholiques el du triste sort oü gémil la gueuserie? Vous croyez peut-étre que cela tient aux principes, a une vaillante maniére de les dé fendre, au bon sens'et a la robusle honnèlelé du pays? Désabusez-vous: les clèricaux ont le confessionnal, l'enfer, les miracles, les stokslagers, la fabrication des électeurs et Pargent; et a tout cela ces pauvres libéraux n'ont a opposer que leur loyauté, leur con science et leur patriotisme. Vous voyezdonc bien qne la parlie n'est pas égale! Si ennuyeuse et si solte qu'elle soit, cette complainte est répétée avec persistance, du premier Janvier.au trente-et-un décembre, par tous les chanteurs de la troupe, depuis le parlementaire solennel jusqu'ati plus infi- me des pamphlétaires. Nous est avis que le bénéfice n'en vaul pas les frais, que lout ce cbarlatanisme politique n'est plus de inise et qu'il serail temps de monlrer un peu de res pect pour le public. II n'y a rien de plus curieux a suivre que la marche des exigences libérales. On vou- lait une réforme; accordé. La réforme ne suffit pas, il faut des changements; qu'a cela netienne. Le projet est voté; abas Particle' 46! L'article 46 disparait. Mais ce n'est plus cela du tout: la loi entiére doit être relirée. Et puis.... nous y voila: le ministère a osé présenter le projet de loi; le ministère döit lumber. A celte condilion-la settlement nous pouvons nous tenir satisfaits. C'est la feuille gueuse de Malines qui Ic nolifie a lous les citoyens de Belgique. Est-ce assez ridicule? Ce qui arrivera depend du parti liberal, et de lui seul, dit la Burgerij. En esl-elie bien sure? Nous connaissons un parti liberal chassé du pouvoir en 1870, six foisbattu, constitué a l'état de minorilé el incapable de se relever de son verdicl. Celui-la ferait sa- gement, ce nous semble, en laissant la sa prélention des'imposer au public et de peser sur la prérogative royale. II prouverait du moins ainsi qu'il a conservé des notions con- stitulionnelles el un peu de dignité dans le malheur. Cetle outrecuidance croissante nous mon- tre une fois dc plus que la gueuserie ne de- mande qu'une chose, le pouvoir, qu'on ne la satisferait qu'a ce prix et qu'il est grand temps do s'arrêler dans la voie des conces sions. PROPAGANDE LIBÉRALE. Nous avons annoncé la récente création it Verviers d'un Cercle de Cathéisme sous la présidence de M. II. Esser. Ce champignon vénéneux nous parions du cercle éclos sur le champ de la liberlé en tout et pour lous, progresse et se déve- loppe sous l'égide de nos libres institutions. Personne ne songe a lui conlesler sa place au soleil de la Constitution pendant que nos Gueux demandeni a cor et a cri la dispersion des congréganistes religieuses qui abritent sous not re droit public la libre observation des conseils évangéliques. Mais nous n'en sommes plus a nous élon- ner de ces inconsequences du libéralisme. Nous savons a merveille que partisan de la liberie absolue du mal, il est au mème litre l'adversaire acharné de la liberté» mème re lative et mulilée, du bien. Ce serail une erreur de croire que le Cercle de Rathéisme qui nous suggére ces reflexions n'est qu'uti club de bas etage fréquente par quelques dröles du socialisme. C'esl lout au contraire une assemblée savante et polie oü fleurissent les usages académiques. Les nouveaux récipiendaires y font des discours solennels tout comme les litlérateurs qui inaugurent par uue harangue étudiée les palmes vertes de l'instilut. M S3 -c rn O o O x a. cO X 3 u =3 kS c« t? ^-S "T2 caj H ro r*: o g H O a CO o G TJ or >- 7. n cc uc O 2! H y Poperinghe- Yrrres 5-15, 7-00, 9-28, 11-00, 2-15, 5-05, 9-20. Ypves-Poperinghe, 6-30, 9-07, 12-07, 3-57, 6-50, 8-45, 9-50. Pope- ringhe-Hazeorouck, 6-53, 12-25, 7-10. - Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-25, 4-00, 8-25. Yrtres-Roulers 7-50 12-25, 6-45. Roulers-Ypres, 9-25, l-50„7-50. Roulers-Bruge's 8-45 11-34, 1-13, 5-16, 7-36 (9-55 Lichtervelde.) Liclitervelde-Thourout, 4-25 mat. vers Ostende. Bruges- Roulers, 8-25? 12-45,5-05, 6-42. Lichtervèlde-Courtrai, 5-25 mat. Ynres-Courtrai, 5-34, 9-46, 11-20, 2-35, 5-25. Courtrai-A pres, 8-08, 11-05, 2-56, 5-40 8-49. Ypres-Thourout, 7-18, 12-06, 6-20, (le Samedi a 5-50 du matm jusqua Langemarck.) Thöurout-Ypres, 9-00, 1-25, 7-45 (le Samedi a 6-20 'du matin de Langemarck a 4 pres). Comines-Warnêton-Le Touquet-Houplines-Armentières, 6-00, 12-00, 3-35. Armentières-Houplines-Le Touquet- Warnêton- Comines, 7-25, 2-00, 4-45. Comines-Warnèton, 8-45 mat. 9-30 soir, (1© Lundi 6-30.) Warnèton-Comines, 5-30, 11-10 (le Courtrai-Bruges. 8-05, 11-00, 12-35, 4-40 6-55, 9-00 soir. (Lichtervelde.)— Bruges-Courtrai, 8-25, 12-45, 5-05, 6-42 Bruges-Blankenberglie-Heyst (Station) 7-25, 9-20, 11-25, 2-50, 5-35, 7-35. 8-55. (Bassin) 7-31, 9-26,11-31, 2-56, 5-41, 7-41. 9-01. Heyst-Blankenberghe-Bruges, 5-45, 8-25, 11-25, 2-45, 5-30, 7-25. Ingelmunster-Deynze-Gand, 5-00,9-41,2-15. lngelmunster-Deynze, 6-10,7-15. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58,11-20, 4-41. 7-21. Deynze-Ingelmunstér, 1-00. Ingelmunster-Ansegliem, 6-05, 12-55, 6-13. Anseghem-Ingelmunster, /-42, 2-20,7-45. Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerque, 6-30, 9-08, 1-35, 8-00. Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-3o, 11-10, 3-40, 5-00. Dixmüde-Nieuport, 9-50, 2-20, 8-45. Nieuport-Dixmude, 7-30, 12-00, 4-20. Tliourout-Ostende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thourout, 7-55, 10-10, 12-25,6-15. Selzaete-Eecloo, 9-05,1,25, 8-25. Eecloo-Selzaete, 5-35,10-15, 4-22. Gand-Terneuzen (station), 8-17, 12-25, 7-30. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 7-45. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 4-40 Selzaete-Lokeren, 9-04. 1,30, 8-30 (le Mercredi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaete, 6-00, 10-25, 4-45 (le Mardi, 9-30). il ..II. ,'-l ,.i) - CORBESiPOMDAWCES. COURTRAI, BRUXELLES. Courtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,42 6,35. Bruxelles arr. 8,50 1,35 2,25 6,10 8,54. BRUXEI.LES, COURTRAI. Bruxelles dép. 5,22 8,28 12,21 5,35 6,47. Courtrai arr. 8,00 10,46 2,55 7,56 8,44. COURTRAI, TOURNAI, LILLE. LILLE, TOURNAI, COURTRAI' Courti'ai dép. Tournai arr. Lille 6,37 7,28 7,42 9-37 10,15 10-42 10,56 11,47 12,08 2,54 3,48 4,00 5,34 6,39 8,47. 9,41. 0,37 10,04. Lille dép. Tournai Courtrai arr. 5,15 5,42 6,42 8,12 8,56 9,49 11,05 11,32 12,31 2,21 2,40 3,44 4,10. 5.39. 6.40. COURTRAI, GAND. GAND, COURTRAI. Courtrai dép. 6,32 0-42 9,49 12,31, 3,14 6,40 9-32. Gand arr. 7,51 8,01 11,08 1,51, 5,04 7,56 10,20. BRUGES, GAND, BRUXELLES. Gand dép. 5,15 8,45 9.24 9,38 1,28 4,24 7,21. Courtrai arr. 6,37 9,37 10,41 10,56 2,54 5,34 8,47. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruges d. 6,49 7,04 Gana a. 7,34 8 Bruxelles 8,50 10 Monsieur Paul F eva I a adressé la lellre suivante a un jeune écrivain de Toulouse qui lui avail de- mandé uue preface pour son livre dedébut inlitulé: Pensees et Sentiments. Nous sommes lieureuxde mettre sous les yeux de nos letteurs ces vaillanles pages. Elles font préjuger quelqne chose de grandiose pour les élapes d'ime conversion si irn- partiemmerit aUendtïes et que M. Paul a commen- cées dans la lievue du monde ciü'holique a .le vous remercie de l'envoi que vous avez bien voulu me faire de voire recueil; je Fai lu avec le plus grand plaisir el fai tronvé plein d'idées fort iqgénieuses, la plupart du temps bien exprimées. Voire livre sent et pense comme le promet son tilre. II v a de l'esprit, de fhumour, du cceur; il connail son monde et la vie. Les illusions, il croit les avoir jeléesa la porie. C'est un livre que beaucoup de geus tróuveront charmant, et ce nest pas un livre inutile. Mais pourquoi souhaitez vous une preface de moi? Parmi tant de bonnes pensees celle-ci est assurément médiocre. Je suis loin d'etre un pen sen r Pendant les cinq sixièmes de inon existence, -¥■ j'ai mis l'une au bout de Cautie des miliiers de pages fi ivoles qui craignaient la pensee comme le feu, el voila que mes derniers jours se révoltcnl de plus conlre ce que les gens appeltent les pen- seurs, appelient la peusée. La pensee et les penseurs m'ont fait. un matin, si grand piété qne, pont- les fuir, je me suis lancé a esprit perdu, dans ce que la pensée dédaigne, dans ceque les penseurs détestenl, dans ce qui est immense autant que la pensée est étroile, dans ce qui est certain plus en core que la pensée n'est douteuse et doutante, dans la foi, tout au fond de la foi: non pas la foi qui discute el cherche, mais dans la Foi avec un grand F, eelle des innocents et des petits enfanls. i> Et j'v resle, êtonné de eet ardent réveil qui a secoué ma lassitude a l'heure même ou j'écrivais le mot fin au bas de ma vie. II ne s'agit point de moi, Monsieur, mais de vous, et je vous dis ces choses settlement pour vous faire comprendre combien j'espère pen que ma letlre puisse vous servir de préface. Votre livre parle de l'homme que vous connaissez très- bien, de l'amour que vous croyez très-bien con- naitre, des femmes que nous voyons tons difie- remment, et chactin de nous de cent manières diverses, selon l'heure et l'humenr; de l'esprit qui appartient a votre competence de la morale plus ondoyanleet plus ugilive que la femme elle-même, de la conduite sur laquelle vous professez en maitre, de la politique dont Ie faliguanl carnaval vous inspire d'excellentes boutades et que vousne méprisez pas encore assez a mon sens; de tonics choses exceplé de Dien dont vous éerivez pourtant le nom dans des coins, comme si vous mentionniez un comparse balbutiant sou bout de róle dans le dra me de l'humaniië. Uien de personnes sages admeltent que tnietix vant suspendre ainsi llicu a la patèreavec les par dessus et les cliapeaux que de l'injurier sysléma- tiquement comme le font avec tant d'autorité et de succes les penseurs qui cherchent leur clientèle au cabaret, ce refuge des hommes libres, ainsi que l'écrivait l'autre jour l'un d'enlre eux. C'est bien possible, et cela ne me regarde pas. En somme Dieu n'a pas plus besoin de vous que de moi. Je pourrais approuver, admirer même souvent ce qui est dans votre livre et ne m'inquiéter point de ce qui n'y est pas. Mais, malheureuseraent, il y a dans votre re- cueil, une série de vingt pensées sur la mort et l'absence de Dieu se fait ici senlir a tel point que ce chapilre est un enterrement civil. Après l'aveu que je vous at fait tout ii l'heure, vuns ne vous etOQiierez point si j'ajoule que je ne me ilonne jamais le chagrin d'assisler a ces solennilés. i> En consequence, Monsieur, je ne pourrais vous y suivre sans protester, et cela ne se fait point dans les préfaces. Je sei ais oblige de vous dire que voire chapilre sur !a mort est indlgne de la mort et de vous, Ne vous lachez point conlre moi; voire livre m'a plusieurs fois inspire une trés- vive sympathie, mais je vous préfère la mort, paree qu'elle est la seule amie qui mérite d'être passionnémenl aimée. Mourir, dites-vous, c'est être arraché ii l'espérance de vivre. Dans ma croyauce, tl faudrait dire exactemenl le contraire. La mort, ajoulez vous, sera ia plus crueiie des larronnesses, si en nous ravissant nos trésors les plus chers, elle ne nous laissait la resignation après le désespoir rl t'oubli après la resignation. l'ar- donnez inoi si je cite des pensées si faibles par elles-inêmes et si faiblement exprimées parmi tant d'autres qui sont excellentes et que je ne eile pas; mais c'est que je nie ici la majeure, la mtneure et la consequence. La résignation uprès la mort Et l'otibliQue Piaton vous pardunneAh certes Monsieur, Crésusenheim et Midascbiiinacher n'em- porteront pas leur richesse bien ou mal acquise, au-dela des frontières de la vie mais vous, vous einporlerez avec vous vos souffiauces, si vous les avez bravement acceplées, et toutesoeuvres bonnes que certaincment vous avez faites. Uien de créé ne reloui ne au néaiil. La resignation n'est que de ce monde. L'oubli ne peut pas exisler. II y a la Jus tice d'ou dependent la recompense et le chatiment. Et c'est lont. S'il n'y avail pas cela, Monsieur, i! ne reslet rail qu'a brüler la cervelle des coquins qui boiven- le sang des bonnes gens ici-bas. l'itisquc les hommes palientent, c'est qu'ils alterident, les uns avec la par fai te conscience de leur espoir, les au tres par ia force instinctive de la vérité. Et que serait eet espoir s'il se réduisail a tine négation l'oubli i' Ah parlez des hommes, des femmes, de l'a mour, de la morale même, de la politique surtout en sous enlendant Dieu, c'est possible, a la rigueur mais je voos l'aflirme, dans la mort, il n'y a qne Dieu. Quand vous parlez de la mort, si vous ne croyez pasen Dient, niez Dieu! La mort vent Dieu. Jamais elle n'échappe a Dieu. Et si un livre parle de la mort saus parler.de Dieu, c'esl qu'il a peur de l'mnombrable coluie des fuyards qui out peur de Dieu. ii paul féval.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1877 | | pagina 1