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Mercredi 18 Juillet 1877. 12
année. N° 1,205.
LES JÉSUITES AU PARAGUAY.
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I o Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se paient 30 centimes la ligne. On traile d forfait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris au Bureau. 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles. Réclames ou Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires.
C H E M I ar S I> K V K II. 1" Juillet.
LA GRÈVE ET LES GRÉV1STES.
D'après M. Janson, les ouvriers nc sonl
pas représentés a la Chambre.
L'homme-boulel voudrait le suffrage uni-
versel, comme au pays des «chez nous.
Comme les ouvriersles prolélaires en
style socialisle doivent aimer ce frère et
ami qui non-seulement leur promet plus de
beurre que de pain, mais demande encore
pour eux le droit d'élire ses représentants.
Chose dont il s'inquiétait fort peu aprés
lout.
Enfin, M. Janson défend les ouvriers. Ro-
cheforlet beaucoop de beaux parleurs de la
mème trempe sont de son avis, en théorie au
moins. Quant a la pratique, c'est une autre
question.
Lorsque l'ouvrier sort de ses gonds, dépo-
se l'outil pour prendre le fusil et quitte l'ate-
lier pour la barricade, les Rochefortins dis-
paraissent. La peur leur donne des ailes et
lesoinde leur conservation remplace loule
autre préoccupalion.
Ce qui n'empêche pas les malheureux tra-
vailleurs d'accorder leurconfianceauxgrands
blagueurs qui reviennent quand tout danger
est passé.
D'après M. Janson, les ouvriersont ledroit
de faire la gréve.
Nous sommes de son avis.
Mais il y a gréve et gréve. Si l'homme-
boulet veut parler d'une gréve pacifique.sans
altroupemenls tumultueux et sans menaces,
il a parfaitement raison. L'ouvrier est fibre
de ne plus travailler dés que sa besogne lui
parait trop pénible ou insuffisammcnt rélri-
buée.
Quand nous disons fibre, nous n'enten-
dons parler qtie d'une liberté accordée par
les lois. II resie encore les devoirs de père de
familie vis-a-vis de ceux qui ont droit a sa
protection et les devoirs des enfants envers
leurs parents. On doit y songer a deux fois
avanl de perdre le salaire de plusieurs jour-
nées.
Mais si M. Janson demande pour les ou
vriers la liberté de Cèmeule, il se trompe
grossiérement. Le gouvernement est forcéde
défendre contre les ouvriers rendusfous par
les déclamaleurs socialistes comme M. Janson
et consorts, les travailleurs sérieux et honnè-
tes qui ne veulent et ne désirent d'autres
ressources que le travail de leurs mains.
D'après M. Janson, l'autorilé n'a pas le
droit, en cas de gréve, d'envoyer des troupes
avanl que les désordres aient éclalé.
Décidémenl, l'homme-boulel peut donner
la main au maire francais qui ordonnait d'es-
sayer les pompes la veille de chaque ineen-
die.
Envoyer des troupes avanl lesexcés, c'est
provoquer les grévistes! Et comment fera-t-
on pour arrèter les excès, si l'on n'a pas de
troupes sous la main
La garde civique, dit M. Janson, suffita
empécher les mauvais ouvriers de peser sur
les bons
On la connail, cetle famcuse garde civi
que
Et puis, ou la trouverait-on, par exemple,
si une gréve éclatait dans un village off il
n'y a ni bleus ni volontaires
Irait-on chercher les crosses-en-l'air de
Bruxelles
Pour un homme fort, M. Janson est un
homme fort!...
Et dire que c'était ce boaiet-la qui devait
démolir tout le parti catholique.
ün boulelc'est a peine une bulle de sa-
von
REMPLACEMENT MILITAIRE.
Le systéme actuel de remplacement mili
taire a élé adopté a la suite de longues dis
cussions tendanl a prouver que l'ancien pro
cédé était ce qu'il y avait de plus vicieux
et de plus nuisible a l'armée, Nous ignorons
si le nouveau systéme a donné des résultats
plus avanlageux, au point de vue moral, et
il ne serail pas inutile que des renseigne-
ments officiels fussent donnés a eet égard;
mais quels que soient ces résultats, il est in
contestable que Is systéme actuel présente
beaucoup d'inconvénients et cause de gran-
des inquiéludes aux families qui ignorent,
pendant plusieurs mois. si elles obtiendront
un remplacant par l'inlermédiaire du dépar
tement de la guerre, ou si elles devronl en
fournir un elles-mêmes.
Ces inconvénienls et ces inquiéludes dispa-
railraient si le ministère de la guerre pouvait
avoir chaque année a sa disposition le nom
bre de remplacanls demandés; mais il s'en
faul el de beaucoup que ce but soit atleint,
témoin les chiffres officiels que voici
En 1874, le département de la guerre a
pu remplacer 1138 miliciens. II lui en aurait
fallu 376 de plus; ce nombre représente ce
lui desjeunes gens qui ont dü fournir eux-
mèmes des hommes voulant marcher a leur
place.
En 1875,' le ministère de la guerre a rem-
placé 1125 miliciens, et 646 ont dü l'èlre par
les families.
En 1876, le département de la guerre a
remplacé 1158 miliciens; il lui en a manqué
625.
Laissant la l'année 1874, époque de ('in
troduction du nouveau systéme, on voit que
la progression nes'élablit pas: comparati-
vement a 1875, il y a ett l'année suivante
plus de remplacants directs a fournir.
Ce n'est que dans Ie courant de ce mois
que le ministrede la guerre connaitra a peu
prés le nombre exact des miliciens a rem-
jtlacer en 1877, et a l'heure qu'il est, il ne
posséde que des données approximatives sur
le nombre des volontaires qu'il pourra avoir
le 30 Septembre a sa disposition. Ce qui don
ne lieu d'espérer un résultat plus favorable
que les années précédenles, c'est qu'en ce
moment il y a un plus grand nombre de vo
lontaires, ainsi que l'établissent les chiffres
suivants
II y avait au lcr Janv. 1874 9924 volontaires
1875 6744
ler Juil. 1875 6548
lcr Janv. 1876 6610
18/7 6/82
1" Mai 1877 6988
Certes, la position lend a s'améliorer; mais
nous engageons vivement le gouvernement
a aviser aux moyens propres faire cesser
les difficultés dans lesquelles chaque année
se trouvent un grand nombre de families.
II ne fa u I pas que l'on se tien ne dans
l'ornière battue; du moment que l'on s'est
avisé d'introduire un nouveau mode de rem
placement, il importe de travailler a ce qu'il
alteigne son but. La section centrale qui a
examiné les crédils récemmentalloués au mi
nistère de la guerre, s'est préoccupée de cet
le grave question, et elle a engagé le gou
vernement a étudier la question d'améliora-
tion du remplacement adminislralif, afin
d'arriver a la possibilité de fournir des rem
placants a tons ceux qui en font la demande
et opérent le versement requis. Nous joi-
gnons nos instances aux siennes, et ce dans
l'intérèt des families, du gouvernement et de
l'armée.
CES BONS COMMUNARDS.
On sail que le communard Naquet donne
en ce moment des conférences aux amis
des lumières auxquels il cherche a prouver
que 1'homme descend du singe et que Dieu
n'existe pas
Ce spectacle d'un radical francais, venant
nier Dieu dans la capitale de notre catholi
que Belgique, comble dejoie la Chronique
qui signale a ses lecleurs le passage suivanl
de la conférence du sieur Naquet.
Je ne m'oppose point, dit-il, a ce que les
êtres de sentiment remplissent a l'aide de la
Providence le vide que la science n'a pas pu
eombler. Cela n'empèche pas le rnoins du
monde la science de progresser; seulement,
on est bien forcé de déloger le bon Dieu et de
Ie faire reculer a chaque progrés nouveau.
C'est ainsi qu'il a été chassé successivement
d'une foule de domaines off il était tout-puis
sant naguére...
Voyez-vous les huitres humainesdu jour-
nalisme alhée et leurs singes grands et petits,
armés de la science libérale venant déloger
Dieu, leeréateur de I'infini
Newton, Descartes, Bernouilli, Leibnitz,
Euler, Bossuet et lant d'autres hommes illus-
tres sont relégués bien loin par la meute de
singes qui acclament l'alhéïsme en compa
gnie de guenons.
Opposons.au conférencier alhée de Bruxel
les un grand savant qui n'a délogé Ie bon
Dieu de nulle part, car il posséda11 la vraie
science. Nous engageons la Chronique a fire
les lignes suivantes: Elles sont du célèbre
Linnée; en fait de science elle conviendra
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Poperinghe- Ypres, 5-15, 7-00, 9-28, 11-00, 2-15, 5-05, 9-20. Y pres-Papering he6-30, 9-07, 12-07, 3-57, 6-50, 8-45, 9-50. Pope-
ringhe-Hazebrouck, 6-53, 12-25, 7-10. Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-25, 4-00, 8-25.
Ypres-Roulers, 7-50, 12-25, 6-45. Roulers-Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
Roulers-Bruges, 8-45, 11-34, 1-13, 5-16, 7-36 (9-55 Licbtervelde.) Lichtervelde-Thourout, 4-25 mat. vers Ostende. Bruges-
Roulers, 8-25, 12-45,5-05, 6-42. Lichtervelde-Courtrai, 5-25 mat.
Ypres-Courtrai, 5-34, 9-46, 11-20, 2-35, 5-25. Gourtrai-Ypres, 8-08, 11-05, 2-56, 5-40. 8-49.
Ypres-ïhourout, 7-18, 12-06, 6-20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langemarck.) Thourout-Ypres, 9-00, 1-25, 7-45 (le
Samedi a 6-20 du matin de Langemarck a Ypres).
Comines-Warnêton-Le Touquet-Houplines-Arrnentières, 6-00, 12-00, 3-35. Armentières-Houplines-Le Touquet- Warneton-
Comines, 7-25,2-00, 4-45. Comines-Warnèton, 8-45 mat. 9-30 soir, (le Lundi 6-30.) Warnêton-Gomines, 5-30, 11-10 (le
Courtrai-Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, 4-40 6-55, 9-00 soir. (Lichtervelde.)— Bruges-Courtrai, 8-25, 12-45, 5-05, 6-42
Bruges-Blankenberghe-Heyst (Station) 7-25, 9-20, 11-25, 2-50, 5-35, 7-35. 8-55. (Bassin) 7-31, 9-26, 11-31, 2-56, 5-41, 7-41. 9-01.
Heyst-Blankenberghe-Bruges, 5-45, 8-25, 11-25, 2-45, 5-30, 7-25.
Ingelmunster-Deynze-Gand, 5-00, 9-41,2-15. Ingelrnunster-Deynze, 6-10,7-15. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58, 11-20, 4-41.
7-21 Deynze-Ingelmunster, 1-00.
Ingelmunster-Ansegnem, 6-05, 12-55,6-13. Anseghem-Ingelmunster, 7-42, 2-20,7-45.
Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerque, 6-30, 9-08, 1-35, 8-00. Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-35,
11-10, 3-40, 5-00.
Dixmude-Nieuport, 9-50, 2-20, 8-45. Nieuport-Dixmude, 7-30, 12-00, 4-20.
Tliourout-Ostende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thourout, 7-55, 10-10, 12-25,6-15.
Selzaete-Eecloo, 9-05,1,25, 8-25. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-15, 4-22.
Gand-Terneuzen (station), 8-17, 12-25, 7-30. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 7-45. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 4-40
Selzaete-Lokeren 9-04. 1,30, 8-30 (le Mercredi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaete, 6-00, 10-25, 4-45 (le Mardi, 9-30).
CORRBSVOjVDAWCES
CötfRTRAI, eruxelles.
Gourtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,42 6,35.
Bruxelles arr, 8,50 1,35 2,25 6,10 8,54.
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles dép. 5,22 8,28 12,21 5,35 6,47.
Gourtrai arr. 8,00 10,46 2,55 7,56 8,44.
COURTRAI, TOURNAI, LILLE.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI'
Gourtrai dép.
Tournai arr.
Lille
0,37
7,28
7,42
9-37
10,15
10-42
10,56
11,47
12,08
2,54
3,48
4,00
5,34 8,47.
6,39 9,41.
6,37 10,04.
Lille dép.
Tournai
Courtrai arr.
5,15
5,42
6,42
8,12
8,56
9,49
11,05
11,32
12,31
2,21
2,40
3,44
4,10.
5.39.
6.40.
COURTRAI, GAND.
GAND, CORTRAI.
Courtrai dép. 6.32 6-42 9,49 12,31, 3,44 6,40 9-32.
Gand arr. 7,51 8,01 11,08 1,51, 5,04 7,56 10,20.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Gand dép. 5,15 8,45 9.24 9,3S 1,28 4,24 7,21.
Gourtrai arr. 6,37 9,37 10,41 10,56 2,54 5,34 8,47.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges d. 6,49 7,04 9,39 12,34 2,52 6,43 8,43. Bruxelles cfejJ.5,22 7,20 7,25 9,00 11,06 1,35 3,02 4,53 5,55 5,01 8,00 8,20.
'Gaild a. 7,34 8,19 10,54 1,49 4,07 7,58 9,26. Gand arr. 6,00 8,38 9,36 10,27 1,23 3,59 4,11 6,01 7.17 02 9,09 1-0,26.
Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 9,31 10,40. Bruges 7,15 9,23 10,51 11,20 2,38 5,01 0,58 8,16 8,50
II y a quelqnes semaines, M. le représentant
Bergé régala l'Association libérale de Bruxelles
d'une conférence sur les Jesuitesau Puraguay.»
Etanl donnés le sujet et l'oratenr, on se fait l'aci-
lement une idéé de ce qu'a dü êlre la conférence.
51. Bergé, qui se fabrique une science de conlre-
bande a coups de dictionnaire du communard
Larousse, est un savant de trop mince importance
pour qu'on sfarrêle a relever les erreurs, volon
taires ou non, qu'il enlasse dans ses élucubralions.
C'est ce qui explique pourqnoi nous ne nous en
sommes pas occupés.
Mais la conférence de 51. Bergé a produit dans
le pai li gueux un résultat que nous n'avions pas
prévu. La presse libérale, toujours fort friande
des vieux clichés soi-disant historiques, avait de-
puis quelque temps négligé le Paraguay. Or, de-
pnis la conférence du député bruxellois, la presse
de deuxième ordre s'est jelée avec une louable
ardeur sur ce sujet qu'on lui rappelaitla presse
soit disant sérieuse essaie assez timidement de
suivre le mouvement, et mème quelqnes orateurs
dn parli se sont repris a citer fréquemment la
tyrannie des Jésuiles au Paraguay.
Un mot sur cechapitre peut done avoir en ce
moment un certain intérêt.
Le Paraguay fut découvert en 1527; en 1536
eut lieu le premier essai de colonisation. Cette
année, don Juan de Salazar fonda l'Assomption,
et don Domingo Slarlinez de Irala établit au coeur
du pays une autre colonic assez importante. En
1542, Charles V norama un capitaine général du
Paraguay, mais le nouveau dignitaire, plus occupé
de se défendre contre la jalousie ombrageuse des
colons que d'étendre les établissements espagnols,
ne put songer a civiliser les indigenes. Ceux-ci
étaienl naturellemenl les premières victiines de
ces guerres intestines, et ils ne manquaient pas a
l'occasion de venger terriblemenl sur les Européens
l'envahissement de leur pays et la cupudité cruelle
des colons. Nus, farouches, anlhropophages, ils
faisaienl aux Espagnols une guerre d'extermination
et ces deroiers ne demeuraient souvent pas en
reste de férocité.
Ce malheureux pays devait attirer la charité
attentive des missionnaires. Dès 15-45. plusieurs
Franciscains remontêrent le fleuve de la Plata et
s'enfoncèrent dans les hois, a la recherché des
Indiens. Bientót ils furent rejoints par d'autres
prêtres, nolamment par Francois Solano et Louis
de Rolagnos. Quelques-uns succombèrent de fati
gue, les autres furent dévorés par les sauvages,
et les missionnaires qui les suivirent parlagèrent
le même sort. Quelqnes rares Indiens se conver-
tirent. mais ces faibles résultals demeurèrent sans
influence sur les moeurs des tribus. Enfin le Fran-
ciscain Francois Victoria, évêque de Tucuman,
voyant les succès des jésuites au Brésil et au Pérou,
réclama le concours de la Compagnie de Jésus.
Aussitól Anehieta, provincial de l'Ordre dans ces
deux derniers pays, envoya a Santiago les Pères
Francois Angulo el Alphonse Bursena, accom-
pagnés du laïque Jean Villegas.
Telle fut l'origine des missions du Paraguay.
C'était en 1586.
Ces missions ont fourni aux falsificateurs paten-
tés de l'histoire un thème inépuisable de déclama-
tions et de mensonges. La vérilé, défignrée effron.
tément par l'école ignorante des philosophes du
dernier siècle, est devenue réeliement difficile a
découvrir et surtout a exposer avec impartialité.
Les calomnies voltairiennes ont été, depuis un
siècle, répélées de confianc'e par un nombre infini
de gens, honnêles cependant, mais malheureuse-
ment trop peu au courant des fails dc l'histoire.
Ce n'est pas que nous rangions parmi ces igno
rants les journalistes gueux ou 51. Bergé dont les
conférences leur fournissent la copie. Oh non
Quand on s'est assimilié la science fabriqnée a
quelqnes sous la ligne pour le dictionnaire La
rousse par quelque bohème littéraire de Paris, on
devrait vraiment jouer de malheur pour s'exposer
encore au reproche d'ignorance.
Mais commencons par rappeler brièvemenl les
fails.
Les Jésuites, jetés au milieu de peuplades sau
vages animées d'une haine farouche contre les
Européens, et dont ils ignoraient la iangue, les
moeurs, les coulumes, les superstitions, n'hésitè-
renl pas un instant. Ils parconrurent le pays en
lous sens, se mirenl en rapport avec les indigenes,
étudièrent la Iangue générale et le dialecte de
chaque tribu, s'attacherent ces hommes féroces, a
force de douceur el de mansuétude. Le sol étant
ainsi plus ou moins déblavé. ils se mirent a l'oeuvre.
Un de leurs premiers soucis fut de déraciner le
vice de t'ivrognerie que les sauvages avaient con-
tracté a la suite de leur contact avec les Européens.
lis y réussirent, grace a leur ingénieuse persévé-
rance. Ils s'attacherent aussi, malgré la répugnance
des Indiens, a convertir les prisonniers que ces
peuplades anlhropophages engraissaient pour les
dévorer ensuite, et ils parvinrent souvent a faire
accepter le baplême par ces captifs.
Ces premiers pas dans la voie de la civilisation
avaient appris aux missionnaires a connaitre le
caraclère des Indiens et les tnoyens les plus pro-
pres a les toucher. Après cette préparalion difficile
et laboriense, ils résolurent d'aborder de front
l'oeuvre confiée a leurs soins el d'inilier par la fo;
les malheureux sauvages a lous les avantages de la
civilisation chrétienne.
Mais tons les obstacles n'étaienl pas écarlés.
Les colons espagnols et portugais de l'Amériqtie
du Sud avaient trouvé commode et avanlageux
d'enlever des families d Indiens pour les réduire
en esclavage et pour leur faire subir le sort qui
échut plus tard aux nègres. Les Jésuites résolurent
de faire cesser eet élat de choses, qui devait entra-
ver et mème rendre impossible l'oeuvre de la civi
lisation a laquelle ijs s'étaient voués. Ils s'adressè-
rent au roi d'Espagne pour obtenir la liberté des
Indiens qu'ils pourraient réunir, et leur requête
fut agréée.
Alors ils ne se préoccupèrent plus que decréer
un noyau autour duquel possent venir se grouper
les Indiens que ne pouvait manquer d'attirer leur
zèle. Ils prirent un soin particulier des Guaranis,
dit Cantü, (1) peuplade stupide et superstitiense,
mais atlachée au sol par l'agricuitnre, ce qui la
faisait résister avec une opinialreté farouche a
l'usurpation des étrangers, et par suite l'exposait
aux alrocilés des Espagnols et des Portugais. Les
Pères vinrent offrir a ces sauvages une protection
zélée contre Leurs bourreaux, un travail moins pé
nible, et jetèrent au milieu d'eux les premiers fon-
demenls de leur mémorable république. Déja le
Franciscain de Bolannos, disciple de Saint Francóis
Solano, avait fondé la une petite communauté, a
laquelle s'atlachèrenl les Jésuites; et, peu de temps
après, ils pouvaienl annoncer a leurs supérieurs
que deux cent mille Indiens étaient disposés a
recevoir le baplême. L'Espagne s'étonna, en voyant
des procédés si différents des siens réussir a civi
liser ceux quelle n'avail su que massacrer alors
le roi décréta que ces populations ne seraient plus
conquises que par le glaive de la parole, et que
personne ne pourrait les réduire en esclavage.
(1) Histoire nniversellet. VII, p. 114.
(a contiisuer.)