I
INSTRUCTION PRIMAIRE
p.aA
Samedi 11 Aoüt 1877.
année.- N0S1,211-12.
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n
Le Journal parail. Ie M'ercredi et le Samedi. Les insertions coiilent 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces jndiciaires se paient 30 ceiiüimes la lii
Un numéro du journal, pris au Bureau. 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles. Réclames oh Annonces,
(ne. On traite a forfait pour les insertions par année.
content 10 fr. les 100 exemplaires.
HEH11V§ 1> K V K II.
I
I
LA QUESTION DE L'ENSEIGNEMENT.
Qui conteste encore atijourd'hui l'antago-
nisme radical et essentiel dn catholicisme et
du libéralisme
Deux classes d'individus
Les hypocrites qui veulen! dissimuler
l'hostilité religieuse sons le masque d'un dis-
sentiinent politique.
Les niais, c'est-a-dire eeux qui, en dépit
de l'évidence des fails, se font illusion sur
les tendances vériiables et chaque jour mieu.x
caraclérisées du parli liberal.
Les hypocrites sont nos pires ennemis.
Les niais sont des non-valeurs dont il n'y
a point a lenir comple.
Cette situation étant donnée, il y a lieu
pour les catholiques de déduire, de formu-
ler et surtont d'appliquer les conséquences
pratiques qui en découlent.
La plus importante de ces conséquences
se rapporto a l'enseignemenl, car c'est sur ce
terrain surtout que £e lévèle la contradiction
absolue de l'affirmation catholique et de la
négation libérale.
Lagénéralion actuelle est profondémenl
divisée et il serail difficile de dire, surtout
lorsqu'ön limite eet examen au.x classes
moyennes, de quel cólé se porie la rnajorité.
II y a quelques années, nos sociétés bour
geoises élaient litléralerrient gangrénées de
libéralisme. Une sorle de décret occulte obli
ges il Ie ciloyen intelligent a renier im-
plicilement une religion qn'il connaissait ou
qu'il élait censé connaitre et a investir d'un
mandal public quelconque des gueux qu'il
ne connaissait pas. Si cette situation s'est
modifiée en nolre faveur, s'est précisément
paree que l'enseignemenl catholique a porté
ses fruits. Considérez la plupart de nos as
sembles publiques depuis le Sénat et la
Chambre des Représemanls jusqu'aux Con-
avant la Revolution.
seils corumunaux de village, pnrlout votis
reconnailrez parmi les défenseurs de la cause
conservatrice et religieuse d'anciens élèves
de nos petils Séminaires, de FUniversilé de
Louvain, que l'Enseignement catholique a
spécialement armés pour le combal.
Aux yeux de tout liomme clairvoyant i|
doit êlre démonlré que, sans 1'elTlorescencede
l'enseignemenl catholique qui a suivi la ré-
volulion de 1830, la Belgique serail aujour-
d'hui unc proie mitre pour le despotisme
libéral. Supposez en eiïet l'enseignemenl su
périeur, l'enseignemenl moyen, l'enseigne-
ment primaire soumis au régime du mono
pole officiel et diles si ce régime n'aurait pas
porté en Belgique les fruils funesles de démo-
ralisation et d'incrédttlilé qu'il a produits
atlleurs. Chez nous le catholicisme résisle
énergiquementaux envahissemenls libérau.x.
On se plait mème a dire, avec trop d'oplimis-
me peut-être, que la lépre libérale ne nous
a envahis qu'a la surface et que le fond de
la nation est demeuré bon. Soit! Mais a quel
le influence faut-il attribuer cette oeuvre de
preservation et de saint? Qui done a pit effi-
cacement combatlre l'e.xpansion contagieuse
du libéralisme II n'y a qu'une seule réponse
possible a cette question, et cette réponse se
trouve sur les lèvres des adversaires de l'E
glise cömme sur cel le de ses amis: c'est l'en
seignemenl catholique qui a lout fail
Cela étant, il n'est pas besoin de longues
réflexions pour apprécier toute I'importance
de l'éducalion religieuse, a lous les degrés,
an point de vue de la lulie formidable qui
divise el passionne notre siècle et particuliè-
remént nolre pays.
Si Penseignement catholique nous a per
mis de soutenir cette luticet de balancer les
forces enn'emies, c'cst lui attssi qui doit nous
aider a la metier a bonne fin.
Les generations se suivent a travers le
monde comme dans l'Océan, le flot succède
an flot qui s'écoule. La nólre aura bientót dis-
paru et il ne restera d'elle que les muvres
qu'elle aura fondées en vue d'un avenir qui,
dans quelques années, sera le présent. Or, la
fécondité de ces ceuvres, leur tiltlilé, leur
nécessité sociale et chrétienne, nous pouvons
les mesurer aux résullais que donnent sous
nos yeux les enlreprises accomplies par nos
devaneïers.
L'avenir catholique de notie palrie dépend
presque exclusivement de Porganisation et
du développemenl de Penseignement reli-
gieux et libre a tous les degrés. C'est la tine
vérité ciipitale et les catholiques beiges fe-
feraient fausse route, ils s'exposeraient a de
cruels mécomples, s'ils n'en faisaient pas
l'olijet privilégié de leurs préoccupations et
le but incessant de leurs efforts.
A défattl de louie autre considération, il
suffirait pour nous tracer la voie que nous
avorts nous-mèmes a suivre, d'observer la
tactique déployée par nos ennemis. N'est-il
pas vrai que leur aclivité persévéranle tend
a déchrislianiser Penseignement public et
que, mème sous un ministère qui ne leur est
pas favorable, ils poursuivenl ce but avec de
trop réels succès? L'enseignemenl supérieur
et moyen, donné au nom de l'Etat, est au-
jourd'hui descendu, au point de vue chré-
tien, a un niveau tellemenl bas qu'il faut de
très-graves motifs pour excuser le père de
familie chrétien qui ose encore exposer ses
enfants a Patmosphére empestée des écoles
officielles.
Sur le terrain de l'enseignemenl primaire
la loi conservatrice de 1842 demeure, nomi-
nalement tont au moins, une garantie pour
les consciences catholiques. Maisqui Pignore?
Cette loi est Pobjectif de l'hostilité de nos ad
versaires et, en attendant qu'ils aient pu l'a-
broger législativemenl, ils s'appliquent, sur-
tout dans les villes, a la démolir et a l'éluder
administrativement. Dans beaticottp de nos
grandes cités, celte loi n'est plus qu'une vai-
ne enseigne a l'abri de laquelle le libéralis
me seclaire, trompant la bonne foi des famil
ies religieuses, s'évertue, de son propre aveu
a arracher des ames a l'Eglise.
Nos adversaires eomprênnenl donceux-
mèmes que c'est de la direction donnée a
Penseignement public que dépend, au point
de vue politique,ot religicux, Ie sort de la
Belgique. Catholiques, fertnerons-nous les
yeux a l'évidence de cel te situation? El ne
metlrons-nous pas tout cn oeuvre pour etn-
pécher la conspiration rriaconnique, ourdie
contre les jen nes générations, de réussirdans
son oeuvre de corruption el d'emprisonne-
ment
Dans le champ de Penseignement supé
rieur et moyen, nous aimons a le reconnai-
tre, la resistance a été depuis longtemps vic-
torieusement organisée. Nous rectteillons les
fruits du zèle de nos devanciers el de la sa-
gesse prévoyante de l'épiscopat. L'Universilé
catholique de Louvain a acquis une supério
rité indisCulable et la prospérilé de nos collé
ges religieux défie toute comparaison. II n'y
a done qu'a fortifier, a développer celte si
tuation et a se souvenir de eet axiome, attssi
applicable au.x littles de la pensée qu'a la stra
tegie militaire Vaincre, cast avancer
Mais pourquoi nous le dissimuler? Malgré
les efforts déployés depuis quelqtte lemps et
surtout durartt ces derniéres années, Porga
nisation de l'enseignemenl primaire, catho
lique libre, demeure nolre cöié faible. Nous
avons de bonnes écoles, mais nons n'en avons
pas assez. surlout dans les grandes villes oü
la propagande irréligieuse de l'enseignemenl
primaire officiel tend chaque jottr a s'accen-
tuer.
C'est done dans cel te direction que doivent
se porter les largesses du la dia-rité iet
l'aclivité du zèle. Nous devons, sans plus
larder, conquérir lout le terrain que nous
avons, grace a un excés de conftance, laissé
envahir par I'ennemi. On commence a le
comprendre darts quelques grandes villes
notaminent a Gand, mais il faut qtt'on le
comprenne parlout a Bruxelles, par ex-
emple et que l'on sache agir en consé-
qnerice. Une ceuvre est née tont expres pour
seconder ce mouvement: le Denier des
Eco/es catholiques. II est de notre honneur
el de noire devoir de la seconder, de la
propager et de lui assigner dans la hiërar
chie de nos cenvres un rang immédiatement
inférieur a celui de I'ceuvre par excellence,
le Denier de Saint-Pierre.
Un dernier mot et ce sera pour appeler
I'altenlion toute spéciale de ceux qui, n'im-
porle a quel litre, sedévouent a l'édncation
de la jeunesse, sur la nécessité de donner a
cette Education un caractère plus profondé
menl catholique que jamais. II faut que nos,
jennes gens sortentde nos écoles, non-senle-
menl avec des impressions chrétiennes, mais
avec des convictions inébranlables. Les im
pressions s'effacent au contact d'nne société
libre-penseuse comme ces minces couches de
badigeon qui disparaissent sous une pluie
d'orage; les convictions settles demettrenl,
triomphent des'suggestions du respect hu-
main etdes seductions corruptrices de notre
temps. L'Eglise peut avoir, bientót peut-être,
a traverser de redoulables crises. On recoil-
naitra les vériiables chrétiens a I'amouravec
lequel ils sauront la défendre el la servir au
prix de l'impopularité et des outrages d'uiie
civilisation qui ne sail plus rougir de
rien sauf de Jésus-Chrisl.
C'est a l'éducalion catholique a former ces
lutteurs des futurs combats. Qu'elle leur
ceigne les reins par les liens d'nne discipline
sévére, qu'elle leur fasse une religion forle
el élevée, qu'elle les arme surtout contre les
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Poperinghe- Ypres, 5-15, 7-00, 9-28, 11-00, 2-15, 5-05, 9-20. Ypres-Popertnghe, G-30, 9-07, 12-07, 3-57, 6-50, 8-45, 9-50. Pope-
ringhe-Hazébrouck, 6-53, 12-25, 7-10. Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-25, <-00, 8-25.
Ypres-Roulers, 7-50, 12-25, 6-45. Roulers-Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
Roulers-Bruges, 8-45, 11-34, 1-13, 5-16, 7-36 (9-55 Lichtervelde.) Thourout, 5-15 mat. vers Ostende. Bruges-Roulers, 8-25,
12-45, 5-05, 6-42. Lichtervelde-Gourtrai, 5-25 mat.
Ypres-Courtrai, 5-34, 9-46, 11-20, 2-35, 5-25. Gourtrai-Ypres, 8-08, 11-05, 2-56, 5-40, 8-49.
Ypres-Thourout, 7-18, 12-06, G-20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langemarck.) Thourout-A'pres, 9-00, 1-25, 7^45 (le
Samedi a 6-20 du matin de Langemarck a A'pres).
Comines-Warnèton-Lü Touquet-Houplines-Armentiöres, 6-00, 12-00, 3-35. Armentióres-Houplinos-Le Touquet- Warnêton-
Comines, 7-25, 2-00, 4-45. Comines-Warnèton, 8-45 mat. 9-30 soir, (le Lundi 6-30.) Warnêton-Comines, 5-30, 11-10 (le
Lundi 6-50.)
Courtrai-Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, 4-40 6-55, 9-00 soir. (Thourout.)— Bruges-Courtrai, 8-25, 12-45, 5-05, 6-42.
Bruges-Blankenberghe-Hevst (Station) 7-25, 9-20, 11-25, 2-50, 5-35. 7-35. 8-55. (Bassin) 7-31, 9-20,11-31, 2-56, 5-41, 7-41. 9-01.
Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58, 1P20, 4-41.
ItUgM unu.ivvuuvipiiv, W"»-*'-'. v v' 1
'Heyst-Blankenberghe-Bruges, 5-45, 8-25, 11-25, 2-45, 5-30, 7-25.
Ingelmunster-Deynze-Gand, 5-00, 9-41,2-15. Tngelmunster-Deynze, 6-10,7-15.
'7-21. Deynze-Ingelmunstër, 1-00.
Tngelmunster-Anseghem, 6-05, 12-55, 6-13. Anseghem-IngGlmunster, 7-42, 2-20,7-45.
Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Uünkorque, 6-30, 9-08, 1-35, 8-00. Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-35,
11-10, 3-40, 5-00.
Dixmude-Nieuport. 9-50, 2-20, 8-45. Nieuport-Dixmude, 7-30, '12-00, 4-20.
Thourout-Ostende, 4-50, 0-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thourout, 7-55, 10-10, 12-25,0-15.
Selzaeie-Eecloo, 9-05, 1,25, 8-25. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-15, 4-22.
Gand-Terneuzen (station), 8-17, 12-25, 7-30. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 7-45. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 4-40
Selzaete-Lokeren, 9-04. 1,30, 8-30 (le Mercredi, 5-10 matin).- Lokèrèn-Selzaete, 6-
-00, 10-25, 4-45 (le Mardi, 9-30).
COB.B.SSI'OIVDA.JVCBS
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép. 6,37 10,53 12,33
Bruxelles arr. 8,50 1,35 2,25
BRUXELLES, COURTRAI.
3,42
6,10
COURTRAI, TORNAf, LILLK.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Li 11e
6,37
7,28
7,42
9-37
10,15
10-42
10,56
11,47
12,08
2,54
3,48
4,00
5.34
6,39
6,35.
'8,54.
8,47.
9,41.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
5,22 8,28
8,00 10,46
12,21
2,55
5,35
7,56
0,47.
8,44.
LILLE, TORNA!, COURTRAI.
6,37 10,04.
Lille dép. 5,15 8,12 11,05
Tournai 5,42 "8,56 11,32
Courtrai arr. 6,42 9,49 12,31
2,21
2,40
3,44
4,10.
5.39.
6.40.
COURTRAI, GAND.
GAND, CORTRAI.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,32
7; 51
6-42
8,01
9,49
11,08
12,31,
1,51,
3,44
5,04
6,40
7,56
9-32.
10,20.
Gand dép.
Courtrai arr.
5,15
6,37
8,45
9,37
9.24
10,41
9,38
10,56
1,28
2,54
4,24
5,34
7,21.
8,47.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges d. 6,49 7,04 9,39'12,34 2,52 6,43 8,43. Bruxelles dép.5,22 7,20 7,25 9,00 dl,06 1,35 3,02 4,53 5,55. 5,04 8,00 8,20.
Gand a. 7,34 8,19 10,54 1,49 4,07 7,58 9,26. Gand arr. 6,00 8,38 9,36 10,27 1,23 3,59 4,11 6,01 7.17 7,02 9,09 10,«S.
Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 9,31 10,40. Bruges 7,15 9,23 10,51 11,20 2,38 5,01 6,58 8,16 8,50
■«-cüe&o—
La Revolution assure, avec son hypocrisie ordi
naire, que l'Eglise vent fondei', aiijourd'hui encore
sa domination retrograde sur Tignorance du pen -
ple. L'Eglise répond a cette calomnie par l'épa-
nouissement scolairedont nous sommes témoins,
par les succes officiels de ses écoles, officiellement
proclamés. Voila pour le présent. La involution
ajoute qu'en tout temps l'Eglise fut ennemie des
lumières et qu'il a fallu l'esprit de 1789 pour les
répandre. A ces men son ges la science contempo
raine a répondu et répond chaque jour par des
fails qui démontrent, a eet égard, que Tignorance
est tont enlière, en compagnie de la mauvaisc foi,
dans le camp de la libre-pensée. Mais il fallait pro-
pa'ger avec zèle dans les masses populaires cette
véritprinceps; c'est ce qu'tin opuscule dé la pré-
cieusc hililioihèque ii 25 centimes, du a la pltrme
de' J], E. Allain, viént de faire admirahlement.
Dans un petit nombre de pages, Fantenr a con-
centré ('essence des centaines de volumes qu'ont
publiés sur cette malière des mtultres dans I'art
d explorer Ie passé. Proflès-verbaux de visites
failes par les evêques et les archidiacres; regis-
tres municipaux oh étaient consignees les déli-
ii bérations relatives aux écoles; idles d'imp.osi
lions; correspondances des intendanls; rcgislres
a de 1 élat civil, voila, dit M. Allain, quelques-
unes des innombrablcs sources d'informalions
ii qui perinrttent aujonrd'hui de rendrdhti cómpte
ii précis de Pél-al de l'instructiön primaire dans
ii ces temps (ju'on hoés répiésenle dotal me des
temps de iéfiébres él d'ignorance. Et que disent
ces informations et tam d'autrcs Téchons de té-
sumer leurs révélations.
Du XlP-an XVI» siècle il v cut en France 2-i
universilés florissantes. On v complail, au moment
de Ja Revolution. !562 colléges, avec 72,747 élè
ves, dont les qnatres scplièmes recevaient enlière-
ment on partiellement l'instructiön gratuite: ce
qui établit relativement a l'pnscignemenl classiqne
nne décisive supériorité de l'ancien régime sur le
nouveau. A partir dn moment oh la familie béné
dictine fut introduile dans notre pays, chaque
monaslère cut sori éeole. L'aclivité de Charlemagne
cl le génie civilisaletir de l'Eglise les rélablirem et
en atigmcntérent Ie nombre. II est bien peti de
villes oii l'on n'ait conslalé, dés le XIe on XII"
siècle, ['existence d'établissemcnts primaires. En
plein moyen age, des parents et des luleurs, con-
i liant a des patrons on a des mailles leurs fils ou
leurs pupilles, slipulaient expressément que l'en-
fantaurait droit a fréquenlcr l'écolc. Anssi est-il
fait mention, a chaque instant, d'écolcs rurales
dans une foule de documents, et l'on ne peut guère
douter que la plupart des villages, mème aux
époques les plus agitées du XIV0 siècle, n'uient
eu des mailles enseignant aux enfants la Icdiire,
l'écritnre et le calcnl. Au XVle siècle, alors que Ic
protestantisme passait sur la France comme un
torrent de ravageurs, le catholicisme donna, par
ses conciles et ses synodes, un grand essor a l'ins
tructiön: des écoles gratnites étaient ouverles aux
pauvres; elles croissaient et se multipliaient, sous
Paction de l'Eglise, avec nne intarissable fécondité.
Aux XV[I° et XVIII" siècle, des renseigneincnts
plus complets, mieux éludiés que ceux des ages
precedents, prouvent que la plupari des paroisses,
et elles étaient plus nombreuses que de nos
jours, avaient leurs écoles respectives. M. Al
lain les signale dans plusieurs diocèses qu'il énu-
inère. En Franche Comté, par cxemple, ce qu'on
appela plus tard le département du Doubs possé-
dail, sous l'ancien régime, une universilé, einq
colléges el des écoles primaires dans tontes les pa
roisses. Les Mémoires du clergé de France font
connaitre d'après un recucil officiel de documents
publiéau milieu du XVIIIe siècle, l'exislence d'é
colcs nombreuses dans heaucoiip dc provinces.
Qui done peul ignorer Phistoire des écoles de
Paris aux XVll" et XVlil» siècles Qui ne salt
que le vénérable de la Salie, après avoir institué
|es Frères des Ecolrs cln élieiines. louda des Ecolcs
charitables dans un grand nombre dc nos villes;
qu'en 17155 un jurisconsulle en renom affirmait
que nos derniers rois avaient tronvé des écoles
presque partoul fondées que dans un Irailé du
gouvernement lemporel et spiriluel des paroisses,
puhlié en 1789, on lit II v a ordinairement
dans chaque paroisse deux écoles de rharité,
line poor fesgaTgorisetPaiitrepoiir lesfilles.il
L'université de Rordeaux en 1762. signale le
nombre infini des mailres d'écoles et des maitres
de pension. Quant il la nature de Penseigne
ment primaire avant 1789. elle consistait ii faire
bien apprendre ce qui devail êlre appris; on soi-
gnait l'éducalion, on lor mail des hommes plolöl
que des savants. Dans les campagnes, l'insti uction
était propagée el ordinairement donnée par les
prèlres; les inslituteui s, généralement noinmés du
consentemenl de Pevêque. du cnré el des parois-
siens, se recrutaient un pen pai tout. Leur posit ion
était eonsidérée cl reeberebée. Le taux et la mode
de la retribution scolaire qu'ils recevaient. variaient
selon les pays. Leur condition se diversifiait anssi
suivant les lienx elle élait en général fort accep
table. Pour maintenir cl développer ce grand mou
vement d'instruction populaire, nos rois venaient
en aide aux initiatives de l'Eglise: leurs édits et
déclarations placaieiU sous la direction des evêques
les écoles qu'ils instiluaientles deux pouvoiis
s'unissaienl pour éclairer et moraliser le peuple
sous la giide de la foi ehrétienne.
Que dire de la graluité Avant 1789, elle
s'exercail largement. Elle s'affirmait et se réalisait
par les dons privés, qui affluaient de tollies parts
sans graver le peuple, par des fondalions innonr-
brabies sur tous les points du territoire. Le con-
ci le de La Iran, au XII0 siècle, déclacail bautement
que l'Eglise était tenue de venir au secuurs dc ses
enfants, noii-seulemenl dans les besoins du corps,
mais dans ceux de l'ame. Les livres anciens a
l'usage des instituteurs indiquent, comme néces
saire el obligatoire, la graluité envers les pauvres.
El les fails confirmaient les paroles. Lescongréga-
lions leligieuses enseignantes, avant tout mises au
service des classes laborieuses, faisaient de la gra
luité une loi ahsoiue. Cette graluité. outre qu'elle
provenail de la générosilé privée, élait exclusive
ment l'apanage des pauvres: on n'avail garde
i. alors de rommettre celte colossale sotlise de
contraindre ii la graluité ceux a qui elle n'est
pas nécessaire, et d'instruire. aux frais de tous.
n ceux qui peuvent s'instruire a leur dépens.
(a coktlxcer.)