II I 9 li I La note dominante est toujours: guerre implacable au calholicisme, ccdoryphora so cial, el a la prclrailte qn'il faul exterminer et faire disparaitre du monde. Voila le but. Le moyen sera le suffrage universel. Nous I'aurons, s'est écrié un orateur, en proférant d'andacieuses menaces! Nous organiserons tine manifestation tnonslre; nous réunirons 100,000 signatures. La bourgeoisie qui nous prend pour des imbeciles, nous refusera. Mais une armée de 100,000 ouvriers mar- chera sur Bruxelles, ct alors nous prendrons ce que Ton nous refuse. Ces provocations direcles a la guerre civile mettenl bientöl en verve d'autres citoyens. Un énerguméne signale M. de Hemptinne et le Bien public aux vengeances prochaines du populaire. On sail ce que cela veut dire. La harangue se termine par l'apothéose du depute saxon Liebknccht tanl de fois em- prisonné pour ses excitations au désordre. Une ovation enthousiaste est faite a I'agila- leur. Puis Ie ciloyen Verbauwen imitanl en cela de nombreux journaux se livre aux blasphèmes les plus odieux contre la confes sion et contre la Sainte-Eucharislie. La Marseillaise clot la séance. Nous nous demandons s'il est bien permis par nos lois d'exciter ainsi publiquemenl des citoyens a se ruer contre leurs irères, a ren- verser par la force nos institutions nalionales eta designer aux fureurs idiotes des révolu- tionnaires les ölages dont les tèles doivenl servir a satisfaire les vengeances du socialis me. Esl-ce la l'excrcicc purel simple de la liberté? El n'y a-t-il pas dans de leis excès un danger profond el imminent pour la sécu- riléet pour l'avenirdu pays? Que diraient nos adversaires si, au lieu des leurs, les nólres, dans des meetings publics, faisaient appel a la haine contre le gouver nement et contre le Hoi, au massacre des francs-macons? lis se taironi en face du Congrès de Gaud: on ne lire pas contre ses propres uhlans! La troisiéme journée du Congrès est de nature a faire réfléphir les gens senses, amis de l'ordre et de la pairie. Dans les discours, la rage, la provocation s'accentue. Et, celte fois, plus de 2,000 personnes écoulent avide- ment el couvrent de bra vos les paroles épou- vanlables des haranguenrs. L'ouvrier doit avoir tout; pour ètre mai- tre, il doit tuer le bourgeois et le capital; et pour tuer tout cela l'ouvrier doit, par le suffrage universel, s'empurer de toutes les ressources du pays. Le succès exige une vicloire préliminaire; il faul frappcr le prèlre; avcc le prètre on ne raisonnepas, on le supprime. Bismark, a dit un Allemand, nous pour- suit. nous einprisonne; mais il pour suil, il emprisonne aussi les ullramonlains, el ainsi il travaille pour nous-MÈsiES,quaiid nos maximes auronl corrompu 1'armée, alors nous aurons des fusils, des canons ct nous lés tournerons contre la bourgeoisie et le prèlre, qui seront bientöl suppritnés. Nous aurons le plaisir d'assisler a l'ago- nie des prètres, des bourgeois, qui. cou- cliés dans les ruisseaux des rues, monrront de faim, lentenient, lerriblement sous nos yeux! Et quels blasphèmes proférent ce? sauva- ges du XIXC siècle: Le ciel, nous n'en voulons pas; ce que nous demandons c'est l'enfer avec toutes les voluptés qui le précédent. Mort aux bourgeois, s'est écrié le citoyen Vanbeveren! Périsse la société aetueile! En dehors du monde des ouvriers manui Is. rien n'a le droit de vivre; lont doit ètre condam- né a mort! Et tout cela se hurle, avec permission des autorités, dans un pays honnête. ennemi du désordre! Sous le masque de l'exercice dc la liberté on provoqne au renversemenl de nos institutions, on declare une guerre implaca ble au Roi; on pousse les misérables a assas- siner les prètres, les catholiques, les proprié- taires! Et pas un journal liberal n'ose désavouer ces infartftms! Et Ie pouvoir se tail. -Nous rougissons de ce quo dc tels a ba is - sements puissent déshonorer la Belgiquc el nous nous demandonssi un pays qui donne a l'anarchie Ie droit dc propaganda publique absolue ne marche pas rapidement a sa ruïne! Ie lapis a la suite de l'élablissement a Bru xelles d'un pourrissoir général, oü M. Ans- pach prétend ensevelir catholiques, protes tants, israélites. Iibres-pensenrs, enfin, tout ce qui se heurte el se combat dans la vie. Les catholiques protestenl et les juifs essaient de se soustraire également a l'arbitraire de l'édilité bruxelloise. C'esl le renouvellement dc la lulte qui se poursuit a Gand avec un succès donl la libre-pensée n'a pas a s'applau- dir. Le Geuzenhof est repoussé par tons ceux (pii n ont pas oublié et renié les tradi tions de leurs families, et les cimetières bé- nils des environs recoivent les dépouilles mortelles de tous les catholiques dignes de ce norn. C'esl la revendicalion d'un droit impres criptible, c'esl une protestation permanente contre l'usurpation gueuse, el les catholiques bruxellois doivenl a eux-mêmes, a leurs croyances, a la liberie que sanctionne la Constitution d'imiter le bel exemple que Gand a donnè. II faul que la gueuserie se voit refoulée dans son repaire d'athéisme et de barbaric si énergiquemenl flélri par l'au- torité royale; il faul qu'une flètrissure indé- lébile soit imprimée conslammenl au front des hommes pour qui 1830 est un cuisant souvenir. Auoune concession ne peut leur ètre faite sur ce terrainnotre droit, rien que notre droit il peul ètre méconnu, violé aujour- d'hui, demain, après demainmais il ne le sera pas toujours tl aura, quoi que fassenl nos ennemis, son tieure de triomphe, dont l'énergie de nos amis Bruxellois pourra accélérer l'arrivée. Gand leur a tracé la route; qu'ils y entrent résoiümenl et courageusement Dieu l'era le reste. ENSEIGNEMENT OFF1CIEL. L'Echo du Parlement nous vante a tori et a travers l'enseignement officiel. M. Altmeyer vienl d'etre enlerré civile- ment. Le corps professoral de I Universilé y assistait, les loges maconniques et la libre- pensée y étaient rcprésenléescela ne nous regarde pas. Mais que faisail la le corps professoral de Vatlience et le discours de M. Branquart préfei des études,parlant aunoinde l'athenée? Esl-ce tpie l'enseignement officiel, lanl vanté par le Journal-Hg mans, est devenu libre- penseur et maconnique? Que faisail la l'en seignement ofiiciel? Insultait-il a la foi catho- lique? Tout ce que nous savons, et cc que nous apprend le compte-rendu de I'Echo du Par lement, c'esl que M. Altmeyer fut pendant de longues années [irofesseur a VAthenée de Bruxelles. Les families chréliennes sonl done infor- niées que dans les athénées on peut tester longtemps professeur et étre enlerré civile- rnent. Voila done un enseignemenl qui donne des garanties (A mi de lOrdre.) DROITS DES CATHOLIQUES. La quest on des cimetières est revenue sur LE PROCHAIN CONCLAVE. La presse libérale est inguérissable. II y a quinze a vingl ans qu'elle fait mourir le Saint-Père, et le Saint-Père continue a pré- sider aux destmées de l'Eglise et a prier pour ceux de ses ennemis-que Den couche successivemeiit dans la lombe. N'importe il est écrit dans le programme de nos ad versaires, que la nouvelle de la mort du Pape et de la reunion du prochain con clave doit figurer a tout instant dans les colonnes de leurs journaux, el le program- me s'exécute et les bètes d'encre obéis- sent ponctuellement a leur consigne. Voici en elfet, ce que nous lisous dans Indé pen dan cc Nous avons publié 1'autrejour une infor mation d'un de noscorrespondanls relative a la pretention de l'Allemagne d'cxercer le droit de veto a l'égard du prochain conclave. Les journaux allemands out commenlé cette nouvelle el plusieurs ont mèine cru devoir la démentir catégoriquement. II est certain ce- pendant que l'Allemagne ne pourra pas se désiniéresser coinplétement de cette grande affaire, et il n'est pas donleux que, le cas échéant, el le saura faire valoir ses intéréts et ses droits. Ace propos, on nous écrit de Ro me que ce n'csl pas avec le Vatican seul que des confiits pourraienl surgir sur cette ques tion; mais aus>i avcc la France, l'Espagne, et particulièremeul avec l'Aulriclie. Nedirail oh pas que le Conclave va s'ou- vrir demain?Assurément cette auguste assemblee sera, lorsqu'clle aura lieu, une grande allaire mais fraiiclnment, pour les foüilles qui représentent le parti des lu- mières, comme Ylndépendance, la préoccu- palion que leur inspire cette grande af j faire nous parait insohle. De vrai, MM. les chevaliers de la libre pensee el du rationa lisme, si le catholicisme est, comme vous le diles, une religion qui finil, et si la Pa- patité est, toujours d'après voire langage, une institution vermoulue, un inotïensif anachronisme, pourquoi en parler si long- temps a l'avance Pourquoi surtout lui don- ner l'importance d'un fait inquélant pour les gouvernements les plus puissants de l'Euro- pe?... Ce pourquoi, il ne faul pas ètre bien per- spicace pour le deviner. Le Pape aujourd'hui plus que jamais, est la clef de voute de l'ordre social et politique, et comme loule une ecole s'est le vee en Europe qui pretend fonder eet ordre social en dehors du Pape et contre le Pape, on guette la morl du Saint Pére pour assayer d'enchainer et de vincnler son successeur. Tentative insensée! Saint Pierre-ès-lïens lout impuissant qn'il parait, est plus puissant que les hommes. Mes divi nes promesses sonl avec lui et il voit passer les Césars el les tribons; il voit la tombe se fermer sur ses plus cruels persécuteurs et ses lévres que mille puissance n'a jamais pu cadenasser, vont jusqu'aux extrémités du globe porter la foi cl la vérilé, la civilisation et la vraie liberté. Tel nous apparait aujourd'hui encore l'im- mortel Pie IX et lelie sera, dans l'avenir, la Papauté, n'en déplaise a toute espèce de veto humain, qu'il émanc des cabinets diplotnatiques ou des casernes d'un conqué- ranl quelconque. Nous le répétons, les divi nes promesses soot la, et nous avons le droit et le devoir de les invoqueret de les rappeler aux patrons du« prochain conclave. (Pairie.) a faire feu. line pi-mijère décharge ent lieu. Un hypothétique vicloire puisse donner les re gréviste tombait raiite mort et plusieurs autre? étaient biessés et aussitöt emportés au loin i>ai- INTÉRIEUR. On écrit de Bruges: Nous avons enlretenu dans le temps nos lecteurs du projet formé par la direction de notre Cercle catholique de joindre a celui-ci une section des Beaux-Arts, comprenant: une parlie littéraire, bibliolhéqne el confé rences, et une parlie musicale représentée par un corps complet d'harmonie. Le projet était beau, l'entreprise utile, et dés lors les hommes de dévouemenl qui avaienl pris sur eux de metier la chose a bonne fin, pouvaient ètre sürs de réussir: les lisles de souscription se sont convenes comme par enchanlemcnt el deux mois se sonl a peine écoulés que voila déja le corps d'harmonie bien et dümenl conslitué sous la présidence d'honneur de M. le sénaleur Van Ockerhoul et sous la direction de M. Reyns, maitre de chapelle a la cathedrale. Nous ne ferons leloge ui du président, ni du jeune artiste qui a si gracieusemenl ac- cepté la charge un peu lourde qu'on lui of frail: ils sonl connus tous les deux. Quant aux èléments qui coinposenl le corps de musique lui-mème, nos amis ponrront en juger sous peu, puisque la première répéti- tion se donnera le Sainedi 29 Se[itembre, de 8 a 10 heures du soir.au local du Cercle catholique. II sera donnéen outre une séré- nade a l'installalion du nouveau gouverneur. Applaudissons des deux mains a l'inilia- tive prise par la direction du Cercle catholi que, au succès qui l'a suivie, et répétons encore: en avant! Concordia res parvrn crescunl! GREVE DAN'S LE BORINAGE. GRAVES DÉSORDRES. Nous empi'untons au Journal de Mons les renseignements qui suivent - A endredi, vers midi, deux bandes de grévis- tes, venant l'une de Dour et l'autre de Wasmes, arrivaient devant le puits n°G, des Vanneaux, charbonnage d'Hornu et Wasmes, qui était bien- tót cerné de toutes parts. - Du ter ris qui domine l'établissement ils ,je- taient des pierres sur los gendarmes, commandés par le maréchal des logis Heintz. Ces braves défenseurs de l'ordre public s'étaient établis sur les pontons, d'oit ils rece- vaient les projectiles de la foule surexcitóe que ne pouvaient calmer les avertissements pater- nels de MM. Colmant, bourgmestre do Wasmes, et Médicis, commissaire de police. Ces derniers voyant leurs efforts vains, or- ganisèrent aussitót la defense, car il n'était pas un instant douteux a leurs yeux que de graves désordres allaient se produire. En effet, le Hot de l'émeute allait sans eesse grossissant et un nouveau groupe débouchant du sentier de Warquignies venait se joindre au premier. Une nouvelle grêle de pierres com- menca. Les fenêtres de l'établissement volérent en éclats. Le maréchal des logis Ileintz recevait un projectile en pleine poitrinetrois autres gendarmes étaient également atteints. - La position de la force armée devenait de plus en plus dangereuse. 11 fallait se résigner leurs compagnons. C'est a ce moment tragique que vènait se compléter la catastrophe par l'arrivée d'une nouvelle bande de grévistes qui faisait irruption par Tissue qui se trouvé a cöté du chemin de i'er de Mong a Dour. Dans la cour do l'établissement, les mutins s'emparèrent de grosses pieces de bois dites boutriaux et, en servant comme de javelots, s'apprètèrent a les lancer sur les représentants de Tautorité. Une deuxièrne collision était inevitable. Mal- gré les exhortations pressantes de MM. Colmant et Médicis, qui faisaient appel au sentiment de la familie et du respect des lois et de la propriété, les grévistes, au nombre de plus de 500, les re- poussent jusqu'a Tentrée du carré dont la porte, qu'ils veulent enfoncer a Taide d'un bélier, est solidement barricadée. Acculés contre cette porte subissant les insultes et les coups des furieux, la situation du bourgmestre, du commissaire de police et de leurs agents devient des plus dangereuses. - A co moment M. Colmant recoit a la jambe un coup de baton, auquel il riposte en cinglant violement le visage de son agresseur a l'aide d'une solide canne. Celui-tombe piétiné par la foule qui envahit la rampe conduisant au trait en chantantA bas Malou devenu leur crie de ralliement. - C'est alors que les gendarmes, voulant venir au secours des autorités de Wasmes, se décident a ouvrir la porto et en dégagent Tentrée a coups de crosse et de baïonnette. Cette charge ne suffisant pas et des gendar mes étant biessés, ils font feu pour la deuxièrne fois, et dans la rnêlée indescriptible qui s'en suit on peut voir des grappes vivantes tomber d'une grande hauteur de chaque cóté de la rampe. C'était un spectacle terrible. De tous les cötés et a travers champs les grévistes se sauvent, emportant plusieurs bies sés, poursuivis par les gendarmes, qui arrêtent trois des principaux meneurs. Après line lutte qui avait dure environ une lieure et demie et dont nous venons de raconter les tristes et ómouvantes péripéties, force res- tait done a Tautorité. - Nous avons assisté a plus d'une scène déchi- rante. Un mallieureux gréviste blessé mortelle- ment a l'épaule était étendu sur le sol, livré aux soins des docteurs Dethier et Petit, qui recon- naissaient bientöt l'impossibilité de le sauver. Son fróre, présent a son agonie, pleurait a cliau- des larmes; on dut Tarraclier de force a ce dou loureux spectacle. Nous avons également vu le mallieureux jeune homme de 18 ans qui, frappé d'une balie a la tempe, dans la première bagarre, a trouvé la mort. Sa main gauche était encore dans sa pocho tenant une carotte. 11 nous serait impossible d'évaluer exacte- ment le nombre des biessés, car pendant Téchauf- fourée los grévistes emportaient, comme nous le disons plus liaut, loin du théatre de Taction, leurs compagnons qui tombaient. C'est ce qui explique la trainee do sang que nous avons pu suivre derrière le domage et qui se reproduit le long d'un mur au dessus duquel ils ont fait passer, a l'aide d'une échelle, leurs biessés aux gens appostés dans le sentier de Warquignies a St-Gbislain. Le houilleur tuó est de Dour, on le nomme Jean-Philippe Capouillet. Hilairo Legan, de Wasmes, a pu recevoir les derniers sacrements; il a dü expirer dans la soi- rée de dimanche, car son état était dósespóré vers cinq heures. Mons, dimanche soir, 23 septembre. J'ai parcouru aujourd'hui le Borinage, le plus grand ealme régnait partouta Dour, point de départ de la bande de grévistes d'avant-hier, on jouait ii la balie et on faisait de la musique a Wasmes on ne rencontrait personne dans les rues, les ouvriers répandus dans les campagnes travaillaient a la rócolte des pommes de terre; a Frameries seulement un incident s'est produit: quatre femmes ont voulu exciter les hommes a la révolte, ces mégéres ont étó immédiatement arrêtóes ct conduites ainsi que deux ouvriers a la prison cellulaire de Mons. Sur les murs de Wasmes a été affiché ce matin nil arret defendant les attroupements ou rassem- blements de plus de quinze personnes. sullals qu'eRe eiit produils au debut de la campagne, el a une autre saison. Sur ces entrefdites.rhiver arrivera, et avec lui tout le cortege de ses cruelles intempéries, des pri. vations el des maladies que I'hivernage dans un pays saccagé, exposé a de brusques variations de temperature, entraine inevita- blement pour les grandes armées. Cette prolongation de la guerre, si grosse de misères el de souffrances pour les armées et les populations orientales, n'est pas moins menacante pour l'Occident. Qui sait oü s'ar- rètera le vaste mcendie allumé par la Russie el fomenté par la Prusse? A ce point de vue, il serait intéressant de connaitre cequele prince de Bismark a demandé au comte An- drassy, et ce que celui-ci a cru pcfivoir lui promctlre. REVUE POLITIQUE. Les bruits de mediation enlre la Turquie el la Russie ont déja disparu, pa rei Is a ces éphémères qu'un mèmejour voit naitre et mourir. La guerre exlerminatrice que la po litiquerus.se a déchainée sur ces malheureu- ses conlrées de LOrient n'est pas encore prés de fiuir: les veinesdu peuple russe out enco re de larges torrents de sang a lépandre avant que l'on puisse parler sèrieuseinenl de paix. Ce n'est point sous l'affronl doses ré cents échecs que la Russie consenlirq a de- mander une mediation qui serait l'eiiregis- trement desa défaite definitive, et quand aux Turcs, il serait aussi malaisé qu'injuste de prélendre leur imposei des conditions qu'ils ont repoussées avant la guerre "t dont leurs vicloires ont au moins démonlré le caraclére présomptucux. La guerre conliniiera done, en dépil des entreiiens de Salzbourg. De nouvelles ren contres meurlrières auronl lieu avant l'liiver, mais ne résoudront rien, la campagne aetuei le étant dés a présent manquée pour les Russes. Quand mèine ceux-ci reinporleraienl la victoire dans la balaille qui est imminente enlre les troupes russes et Larmée de Méliè- met-Ali, ce résiillat assurerail lout au plus aux Russes la possibililè de prendre leurs quarliers d'hiver sur la rive droile du Da nube. II est, en effet, trop lard pour que cette LA GUERRE. Lecorrespondant du Daily News, da ris Ie camp russe, envoie a ce journal la dépêche suivante écrite dans un langage érriouvant el qui rend comple de la lutte sanglante qu'ont soutenue devant Plevnaavec un égal héroïsme, les Russes et les Rournains allies et les Turcs, pendant les deux journées de inardi el de mercredi De la route de Lovaiz. Skobeleff avait soigneusement préparé le terrain. A quatre heures, il avait fait pla cer vingl pièces d'arlillerie sur la pointe de la colline qui domme Plevna. Je vis a mille mètres de la redoute d'immenses nuages de fumée se répandre dans les airs, tandis qu'a cinq ou six cents métres sur ina gauche, relenlissait comme un bruit de tonnerre. Je compris que Skobeleff, ayant exposé son artillerie sur une position aussi avancée, était résolu a tenter un suprème effort pour s'emparer de la redoute. C'était une double redoute située dans Ie renfoncernenl du chemin de Lowalz, prés de Plevna. II avail fail descendre ses troupes sur (e flanc de la inontagne, a cóté de la place qn'il convoitait. Les Turcs ouvrirent sur le champ contre lui les canons de la redoute; 1'arlillerie de Skobeleff riposla avec beaucoup de précision. Le général mil autant que possible ses troupes a Tabri, landis que lés canons ne ces- saienl de répandre des bouletsetdc la mi- traille dans la redoute. II lit lellemenl manoe- vrer ses canons que plusieurs piéces sonl complétemenl détériorees. II était évidem- ment décidé a tout risquer pour emporler celte redoute et pour que, Plevna n'étanl pas prise, il n'y cut pas de sa faule. Ce feu dura pendant trois heures. Un instant après que Kriloff eul essuyé son se cond échec, voyant que l'artillerie turque, dominee par la sienne, commencait a se rela- cher, Skobele!f crul le moment favorable a l'altaque qu'il projetait. II avail quatre régimenis de ligne, et quatre bataillons de francs tireurs. Après avoir donnè aux arlilleurs l'ordre de soulenir le feu pour couvrir ses troupes, il assembla deux régiinents (ceux de Vladunirski et de Zoozolkski) ct y joignil deux bataillons de francs-tireurs, a 1,200 métres de l'escarpe. II fit ensuite cesser Ic feu et avancer ses troupes. Celles-ci s'élancérent le fösil sur l'épaule, au son de la musique. drapeaux au vent el disparurent en un clin d'md dans le brouillard et la poussiére. b Quand el les reparurent, c'était tout nrés de la redoute. II y ent alors un moment d'hé sitation dans la première colonne. A l'instan Skobeleff préeipila dans la rnêlée un régi ment de renfort et attendil le résullat de ce concours. Ce renfort enlraina avec lui la première colonne, mais la redoute turque, flambaiil et fumant, crachait une telle nuée de boulets, que les assaillants fléehirent une seconde fois. b Skobeleff se tenait au milieu de cette pluie de boulets sans qu'un seul l'alteignit. Tous les membres de sou escorte ont éle lués ou biessés. b Done, la première ligne s'élant arrèlée de nouveau, Skobeleff jeta sur le glacis un quainéine régiment celui de Libansky le seul qui lui reslat. Ce nouveau ilol enlraina les autres a sa suite jusqu'au bord de l'es carpe; mais les boulets relombérent plus nombreux et plus drus que jamais, frappant les soldals par cenlaines sans que Ie combat se décidat. Les assaillants hésitérent une troi siéme fois. II n'y avait pas un instant a per die pour prendre la redoute. b Skobeleff n'avait plus que deux bataillons de francs tireurs, 1'élile des troupes de cette arme. Se nieltant a leur tête, il s'elanca lui- mème en avant. II rallia les trainards, rejoi- gnit les indéeis el leur inspira son propre courage. II rassembla toute la colonne et l'en- Iruina l'épéc au poing. L'épée de Skobeleff fut cou|n e en deux. Un peu plus tard, au moment oü il s'elanca pour franchit'le fossé, il roula par terre avec sou cheval qui ne se releva plus. Skobeleff, qui n'avait pas été atleint, se remit en un instant sur jiied et donna le signal a ses troupes qui s'ébranlérenl en faisant reteniir l'air d'un formidable en, franchirent Ie fossé l'escarpe, la contre escarpe et le parapet et se précipilèrent, comme une trombe, dan»

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1877 | | pagina 2