II I
9 li I
La note dominante est toujours: guerre
implacable au calholicisme, ccdoryphora so
cial, el a la prclrailte qn'il faul exterminer
et faire disparaitre du monde. Voila le but.
Le moyen sera le suffrage universel. Nous
I'aurons, s'est écrié un orateur, en proférant
d'andacieuses menaces! Nous organiserons
tine manifestation tnonslre; nous réunirons
100,000 signatures. La bourgeoisie qui nous
prend pour des imbeciles, nous refusera.
Mais une armée de 100,000 ouvriers mar-
chera sur Bruxelles, ct alors nous prendrons
ce que Ton nous refuse.
Ces provocations direcles a la guerre civile
mettenl bientöl en verve d'autres citoyens.
Un énerguméne signale M. de Hemptinne et
le Bien public aux vengeances prochaines
du populaire. On sail ce que cela veut dire.
La harangue se termine par l'apothéose
du depute saxon Liebknccht tanl de fois em-
prisonné pour ses excitations au désordre.
Une ovation enthousiaste est faite a I'agila-
leur.
Puis Ie ciloyen Verbauwen imitanl en
cela de nombreux journaux se livre aux
blasphèmes les plus odieux contre la confes
sion et contre la Sainte-Eucharislie.
La Marseillaise clot la séance.
Nous nous demandons s'il est bien permis
par nos lois d'exciter ainsi publiquemenl des
citoyens a se ruer contre leurs irères, a ren-
verser par la force nos institutions nalionales
eta designer aux fureurs idiotes des révolu-
tionnaires les ölages dont les tèles doivenl
servir a satisfaire les vengeances du socialis
me. Esl-ce la l'excrcicc purel simple de la
liberté? El n'y a-t-il pas dans de leis excès
un danger profond el imminent pour la sécu-
riléet pour l'avenirdu pays?
Que diraient nos adversaires si, au lieu des
leurs, les nólres, dans des meetings publics,
faisaient appel a la haine contre le gouver
nement et contre le Hoi, au massacre des
francs-macons? lis se taironi en face du
Congrès de Gaud: on ne lire pas contre ses
propres uhlans!
La troisiéme journée du Congrès est de
nature a faire réfléphir les gens senses, amis
de l'ordre et de la pairie. Dans les discours,
la rage, la provocation s'accentue. Et, celte
fois, plus de 2,000 personnes écoulent avide-
ment el couvrent de bra vos les paroles épou-
vanlables des haranguenrs.
L'ouvrier doit avoir tout; pour ètre mai-
tre, il doit tuer le bourgeois et le capital; et
pour tuer tout cela l'ouvrier doit, par le
suffrage universel, s'empurer de toutes les
ressources du pays.
Le succès exige une vicloire préliminaire;
il faul frappcr le prèlre; avcc le prètre on ne
raisonnepas, on le supprime.
Bismark, a dit un Allemand, nous pour-
suit. nous einprisonne; mais il pour suil, il
emprisonne aussi les ullramonlains, el ainsi
il travaille pour nous-MÈsiES,quaiid nos
maximes auronl corrompu 1'armée, alors
nous aurons des fusils, des canons ct nous
lés tournerons contre la bourgeoisie et le
prèlre, qui seront bientöl suppritnés.
Nous aurons le plaisir d'assisler a l'ago-
nie des prètres, des bourgeois, qui. cou-
cliés dans les ruisseaux des rues, monrront
de faim, lentenient, lerriblement sous nos
yeux!
Et quels blasphèmes proférent ce? sauva-
ges du XIXC siècle:
Le ciel, nous n'en voulons pas; ce que
nous demandons c'est l'enfer avec toutes
les voluptés qui le précédent.
Mort aux bourgeois, s'est écrié le citoyen
Vanbeveren! Périsse la société aetueile! En
dehors du monde des ouvriers manui Is. rien
n'a le droit de vivre; lont doit ètre condam-
né a mort!
Et tout cela se hurle, avec permission des
autorités, dans un pays honnête. ennemi du
désordre! Sous le masque de l'exercice dc la
liberté on provoqne au renversemenl de nos
institutions, on declare une guerre implaca
ble au Roi; on pousse les misérables a assas-
siner les prètres, les catholiques, les proprié-
taires! Et pas un journal liberal n'ose
désavouer ces infartftms! Et Ie pouvoir se tail.
-Nous rougissons de ce quo dc tels a ba is -
sements puissent déshonorer la Belgiquc el
nous nous demandonssi un pays qui donne
a l'anarchie Ie droit dc propaganda publique
absolue ne marche pas rapidement a sa ruïne!
Ie lapis a la suite de l'élablissement a Bru
xelles d'un pourrissoir général, oü M. Ans-
pach prétend ensevelir catholiques, protes
tants, israélites. Iibres-pensenrs, enfin, tout
ce qui se heurte el se combat dans la vie.
Les catholiques protestenl et les juifs essaient
de se soustraire également a l'arbitraire de
l'édilité bruxelloise. C'esl le renouvellement
dc la lulte qui se poursuit a Gand avec un
succès donl la libre-pensée n'a pas a s'applau-
dir. Le Geuzenhof est repoussé par tons
ceux (pii n ont pas oublié et renié les tradi
tions de leurs families, et les cimetières bé-
nils des environs recoivent les dépouilles
mortelles de tous les catholiques dignes de
ce norn.
C'esl la revendicalion d'un droit impres
criptible, c'esl une protestation permanente
contre l'usurpation gueuse, el les catholiques
bruxellois doivenl a eux-mêmes, a leurs
croyances, a la liberie que sanctionne la
Constitution d'imiter le bel exemple que
Gand a donnè. II faul que la gueuserie se
voit refoulée dans son repaire d'athéisme et
de barbaric si énergiquemenl flélri par l'au-
torité royale; il faul qu'une flètrissure indé-
lébile soit imprimée conslammenl au front
des hommes pour qui 1830 est un cuisant
souvenir.
Auoune concession ne peut leur ètre faite
sur ce terrainnotre droit, rien que notre
droit il peul ètre méconnu, violé aujour-
d'hui, demain, après demainmais il ne le
sera pas toujours tl aura, quoi que fassenl
nos ennemis, son tieure de triomphe, dont
l'énergie de nos amis Bruxellois pourra
accélérer l'arrivée.
Gand leur a tracé la route; qu'ils y entrent
résoiümenl et courageusement Dieu l'era
le reste.
ENSEIGNEMENT OFF1CIEL.
L'Echo du Parlement nous vante a tori et
a travers l'enseignement officiel.
M. Altmeyer vienl d'etre enlerré civile-
ment. Le corps professoral de I Universilé y
assistait, les loges maconniques et la libre-
pensée y étaient rcprésenléescela ne nous
regarde pas.
Mais que faisail la le corps professoral de
Vatlience et le discours de M. Branquart
préfei des études,parlant aunoinde l'athenée?
Esl-ce tpie l'enseignement officiel, lanl vanté
par le Journal-Hg mans, est devenu libre-
penseur et maconnique? Que faisail la l'en
seignement ofiiciel? Insultait-il a la foi catho-
lique?
Tout ce que nous savons, et cc que nous
apprend le compte-rendu de I'Echo du Par
lement, c'esl que M. Altmeyer fut pendant
de longues années [irofesseur a VAthenée de
Bruxelles.
Les families chréliennes sonl done infor-
niées que dans les athénées on peut tester
longtemps professeur et étre enlerré civile-
rnent.
Voila done un enseignemenl qui donne
des garanties
(A mi de lOrdre.)
DROITS DES CATHOLIQUES.
La quest on des cimetières est revenue sur
LE PROCHAIN CONCLAVE.
La presse libérale est inguérissable. II y
a quinze a vingl ans qu'elle fait mourir le
Saint-Père, et le Saint-Père continue a pré-
sider aux destmées de l'Eglise et a prier
pour ceux de ses ennemis-que Den couche
successivemeiit dans la lombe. N'importe
il est écrit dans le programme de nos ad
versaires, que la nouvelle de la mort du
Pape et de la reunion du prochain con
clave doit figurer a tout instant dans les
colonnes de leurs journaux, el le program-
me s'exécute et les bètes d'encre obéis-
sent ponctuellement a leur consigne.
Voici en elfet, ce que nous lisous dans
Indé pen dan cc
Nous avons publié 1'autrejour une infor
mation d'un de noscorrespondanls relative a
la pretention de l'Allemagne d'cxercer le
droit de veto a l'égard du prochain conclave.
Les journaux allemands out commenlé cette
nouvelle el plusieurs ont mèine cru devoir la
démentir catégoriquement. II est certain ce-
pendant que l'Allemagne ne pourra pas se
désiniéresser coinplétement de cette grande
affaire, et il n'est pas donleux que, le cas
échéant, el le saura faire valoir ses intéréts et
ses droits. Ace propos, on nous écrit de Ro
me que ce n'csl pas avec le Vatican seul que
des confiits pourraienl surgir sur cette ques
tion; mais aus>i avcc la France, l'Espagne,
et particulièremeul avec l'Aulriclie.
Nedirail oh pas que le Conclave va s'ou-
vrir demain?Assurément cette auguste
assemblee sera, lorsqu'clle aura lieu, une
grande allaire mais fraiiclnment, pour
les foüilles qui représentent le parti des lu-
mières, comme Ylndépendance, la préoccu-
palion que leur inspire cette grande af j
faire nous parait insohle. De vrai, MM. les
chevaliers de la libre pensee el du rationa
lisme, si le catholicisme est, comme vous le
diles, une religion qui finil, et si la Pa-
patité est, toujours d'après voire langage,
une institution vermoulue, un inotïensif
anachronisme, pourquoi en parler si long-
temps a l'avance Pourquoi surtout lui don-
ner l'importance d'un fait inquélant pour les
gouvernements les plus puissants de l'Euro-
pe?...
Ce pourquoi, il ne faul pas ètre bien per-
spicace pour le deviner. Le Pape aujourd'hui
plus que jamais, est la clef de voute de
l'ordre social et politique, et comme loule
une ecole s'est le vee en Europe qui pretend
fonder eet ordre social en dehors du Pape et
contre le Pape, on guette la morl du Saint
Pére pour assayer d'enchainer et de vincnler
son successeur. Tentative insensée! Saint
Pierre-ès-lïens lout impuissant qn'il parait,
est plus puissant que les hommes. Mes divi
nes promesses sonl avec lui et il voit passer
les Césars el les tribons; il voit la tombe se
fermer sur ses plus cruels persécuteurs et ses
lévres que mille puissance n'a jamais pu
cadenasser, vont jusqu'aux extrémités du
globe porter la foi cl la vérilé, la civilisation
et la vraie liberté.
Tel nous apparait aujourd'hui encore l'im-
mortel Pie IX et lelie sera, dans l'avenir, la
Papauté, n'en déplaise a toute espèce de
veto humain, qu'il émanc des cabinets
diplotnatiques ou des casernes d'un conqué-
ranl quelconque. Nous le répétons, les divi
nes promesses soot la, et nous avons le droit
et le devoir de les invoqueret de les rappeler
aux patrons du« prochain conclave.
(Pairie.)
a faire feu. line pi-mijère décharge ent lieu. Un hypothétique vicloire puisse donner les re
gréviste tombait raiite mort et plusieurs autre?
étaient biessés et aussitöt emportés au loin i>ai-
INTÉRIEUR.
On écrit de Bruges:
Nous avons enlretenu dans le temps nos
lecteurs du projet formé par la direction de
notre Cercle catholique de joindre a celui-ci
une section des Beaux-Arts, comprenant:
une parlie littéraire, bibliolhéqne el confé
rences, et une parlie musicale représentée
par un corps complet d'harmonie.
Le projet était beau, l'entreprise utile, et
dés lors les hommes de dévouemenl qui
avaienl pris sur eux de metier la chose a
bonne fin, pouvaient ètre sürs de réussir:
les lisles de souscription se sont convenes
comme par enchanlemcnt el deux mois se
sonl a peine écoulés que voila déja le corps
d'harmonie bien et dümenl conslitué sous la
présidence d'honneur de M. le sénaleur Van
Ockerhoul et sous la direction de M. Reyns,
maitre de chapelle a la cathedrale.
Nous ne ferons leloge ui du président, ni
du jeune artiste qui a si gracieusemenl ac-
cepté la charge un peu lourde qu'on lui of
frail: ils sonl connus tous les deux. Quant
aux èléments qui coinposenl le corps de
musique lui-mème, nos amis ponrront en
juger sous peu, puisque la première répéti-
tion se donnera le Sainedi 29 Se[itembre, de
8 a 10 heures du soir.au local du Cercle
catholique. II sera donnéen outre une séré-
nade a l'installalion du nouveau gouverneur.
Applaudissons des deux mains a l'inilia-
tive prise par la direction du Cercle catholi
que, au succès qui l'a suivie, et répétons
encore: en avant! Concordia res parvrn
crescunl!
GREVE DAN'S LE BORINAGE.
GRAVES DÉSORDRES.
Nous empi'untons au Journal de Mons les
renseignements qui suivent
- A endredi, vers midi, deux bandes de grévis-
tes, venant l'une de Dour et l'autre de Wasmes,
arrivaient devant le puits n°G, des Vanneaux,
charbonnage d'Hornu et Wasmes, qui était bien-
tót cerné de toutes parts.
- Du ter ris qui domine l'établissement ils ,je-
taient des pierres sur los gendarmes, commandés
par le maréchal des logis Heintz.
Ces braves défenseurs de l'ordre public
s'étaient établis sur les pontons, d'oit ils rece-
vaient les projectiles de la foule surexcitóe que
ne pouvaient calmer les avertissements pater-
nels de MM. Colmant, bourgmestre do Wasmes,
et Médicis, commissaire de police.
Ces derniers voyant leurs efforts vains, or-
ganisèrent aussitót la defense, car il n'était pas
un instant douteux a leurs yeux que de graves
désordres allaient se produire.
En effet, le Hot de l'émeute allait sans eesse
grossissant et un nouveau groupe débouchant
du sentier de Warquignies venait se joindre au
premier. Une nouvelle grêle de pierres com-
menca. Les fenêtres de l'établissement volérent
en éclats. Le maréchal des logis Ileintz recevait
un projectile en pleine poitrinetrois autres
gendarmes étaient également atteints.
- La position de la force armée devenait de
plus en plus dangereuse. 11 fallait se résigner
leurs compagnons.
C'est a ce moment tragique que vènait se
compléter la catastrophe par l'arrivée d'une
nouvelle bande de grévistes qui faisait irruption
par Tissue qui se trouvé a cöté du chemin de i'er
de Mong a Dour.
Dans la cour do l'établissement, les mutins
s'emparèrent de grosses pieces de bois dites
boutriaux et, en servant comme de javelots,
s'apprètèrent a les lancer sur les représentants
de Tautorité.
Une deuxièrne collision était inevitable. Mal-
gré les exhortations pressantes de MM. Colmant
et Médicis, qui faisaient appel au sentiment de
la familie et du respect des lois et de la propriété,
les grévistes, au nombre de plus de 500, les re-
poussent jusqu'a Tentrée du carré dont la porte,
qu'ils veulent enfoncer a Taide d'un bélier, est
solidement barricadée.
Acculés contre cette porte subissant les
insultes et les coups des furieux, la situation
du bourgmestre, du commissaire de police et
de leurs agents devient des plus dangereuses.
- A co moment M. Colmant recoit a la jambe
un coup de baton, auquel il riposte en cinglant
violement le visage de son agresseur a l'aide
d'une solide canne. Celui-tombe piétiné par la
foule qui envahit la rampe conduisant au trait
en chantantA bas Malou devenu leur crie de
ralliement.
- C'est alors que les gendarmes, voulant venir
au secours des autorités de Wasmes, se décident
a ouvrir la porto et en dégagent Tentrée a coups
de crosse et de baïonnette.
Cette charge ne suffisant pas et des gendar
mes étant biessés, ils font feu pour la deuxièrne
fois, et dans la rnêlée indescriptible qui s'en suit
on peut voir des grappes vivantes tomber d'une
grande hauteur de chaque cóté de la rampe.
C'était un spectacle terrible.
De tous les cötés et a travers champs les
grévistes se sauvent, emportant plusieurs bies
sés, poursuivis par les gendarmes, qui arrêtent
trois des principaux meneurs.
Après line lutte qui avait dure environ une
lieure et demie et dont nous venons de raconter
les tristes et ómouvantes péripéties, force res-
tait done a Tautorité.
- Nous avons assisté a plus d'une scène déchi-
rante. Un mallieureux gréviste blessé mortelle-
ment a l'épaule était étendu sur le sol, livré aux
soins des docteurs Dethier et Petit, qui recon-
naissaient bientöt l'impossibilité de le sauver.
Son fróre, présent a son agonie, pleurait a cliau-
des larmes; on dut Tarraclier de force a ce dou
loureux spectacle.
Nous avons également vu le mallieureux
jeune homme de 18 ans qui, frappé d'une balie a
la tempe, dans la première bagarre, a trouvé la
mort. Sa main gauche était encore dans sa pocho
tenant une carotte.
11 nous serait impossible d'évaluer exacte-
ment le nombre des biessés, car pendant Téchauf-
fourée los grévistes emportaient, comme nous
le disons plus liaut, loin du théatre de Taction,
leurs compagnons qui tombaient. C'est ce qui
explique la trainee do sang que nous avons pu
suivre derrière le domage et qui se reproduit
le long d'un mur au dessus duquel ils ont fait
passer, a l'aide d'une échelle, leurs biessés aux
gens appostés dans le sentier de Warquignies a
St-Gbislain.
Le houilleur tuó est de Dour, on le nomme
Jean-Philippe Capouillet.
Hilairo Legan, de Wasmes, a pu recevoir les
derniers sacrements; il a dü expirer dans la soi-
rée de dimanche, car son état était dósespóré
vers cinq heures.
Mons, dimanche soir, 23 septembre.
J'ai parcouru aujourd'hui le Borinage, le plus
grand ealme régnait partouta Dour, point de
départ de la bande de grévistes d'avant-hier, on
jouait ii la balie et on faisait de la musique a
Wasmes on ne rencontrait personne dans les
rues, les ouvriers répandus dans les campagnes
travaillaient a la rócolte des pommes de terre; a
Frameries seulement un incident s'est produit:
quatre femmes ont voulu exciter les hommes a
la révolte, ces mégéres ont étó immédiatement
arrêtóes ct conduites ainsi que deux ouvriers a
la prison cellulaire de Mons.
Sur les murs de Wasmes a été affiché ce matin
nil arret defendant les attroupements ou rassem-
blements de plus de quinze personnes.
sullals qu'eRe eiit produils au debut de la
campagne, el a une autre saison. Sur ces
entrefdites.rhiver arrivera, et avec lui tout le
cortege de ses cruelles intempéries, des pri.
vations el des maladies que I'hivernage dans
un pays saccagé, exposé a de brusques
variations de temperature, entraine inevita-
blement pour les grandes armées.
Cette prolongation de la guerre, si grosse
de misères el de souffrances pour les armées
et les populations orientales, n'est pas moins
menacante pour l'Occident. Qui sait oü s'ar-
rètera le vaste mcendie allumé par la Russie
el fomenté par la Prusse? A ce point de vue,
il serait intéressant de connaitre cequele
prince de Bismark a demandé au comte An-
drassy, et ce que celui-ci a cru pcfivoir lui
promctlre.
REVUE POLITIQUE.
Les bruits de mediation enlre la Turquie
el la Russie ont déja disparu, pa rei Is a ces
éphémères qu'un mèmejour voit naitre et
mourir. La guerre exlerminatrice que la po
litiquerus.se a déchainée sur ces malheureu-
ses conlrées de LOrient n'est pas encore prés
de fiuir: les veinesdu peuple russe out enco
re de larges torrents de sang a lépandre
avant que l'on puisse parler sèrieuseinenl de
paix. Ce n'est point sous l'affronl doses ré
cents échecs que la Russie consenlirq a de-
mander une mediation qui serait l'eiiregis-
trement desa défaite definitive, et quand aux
Turcs, il serait aussi malaisé qu'injuste de
prélendre leur imposei des conditions qu'ils
ont repoussées avant la guerre "t dont leurs
vicloires ont au moins démonlré le caraclére
présomptucux.
La guerre conliniiera done, en dépil des
entreiiens de Salzbourg. De nouvelles ren
contres meurlrières auronl lieu avant l'liiver,
mais ne résoudront rien, la campagne aetuei
le étant dés a présent manquée pour les
Russes. Quand mèine ceux-ci reinporleraienl
la victoire dans la balaille qui est imminente
enlre les troupes russes et Larmée de Méliè-
met-Ali, ce résiillat assurerail lout au plus
aux Russes la possibililè de prendre leurs
quarliers d'hiver sur la rive droile du Da
nube.
II est, en effet, trop lard pour que cette
LA GUERRE.
Lecorrespondant du Daily News, da ris Ie
camp russe, envoie a ce journal la dépêche
suivante écrite dans un langage érriouvant
el qui rend comple de la lutte sanglante
qu'ont soutenue devant Plevnaavec un
égal héroïsme, les Russes et les Rournains
allies et les Turcs, pendant les deux journées
de inardi el de mercredi
De la route de Lovaiz.
Skobeleff avait soigneusement préparé
le terrain. A quatre heures, il avait fait pla
cer vingl pièces d'arlillerie sur la pointe de
la colline qui domme Plevna. Je vis a mille
mètres de la redoute d'immenses nuages de
fumée se répandre dans les airs, tandis qu'a
cinq ou six cents métres sur ina gauche,
relenlissait comme un bruit de tonnerre. Je
compris que Skobeleff, ayant exposé son
artillerie sur une position aussi avancée,
était résolu a tenter un suprème effort pour
s'emparer de la redoute.
C'était une double redoute située dans Ie
renfoncernenl du chemin de Lowalz, prés
de Plevna. II avail fail descendre ses troupes
sur (e flanc de la inontagne, a cóté de la place
qn'il convoitait. Les Turcs ouvrirent sur le
champ contre lui les canons de la redoute;
1'arlillerie de Skobeleff riposla avec beaucoup
de précision.
Le général mil autant que possible ses
troupes a Tabri, landis que lés canons ne ces-
saienl de répandre des bouletsetdc la mi-
traille dans la redoute. II lit lellemenl manoe-
vrer ses canons que plusieurs piéces sonl
complétemenl détériorees. II était évidem-
ment décidé a tout risquer pour emporler
celte redoute et pour que, Plevna n'étanl
pas prise, il n'y cut pas de sa faule.
Ce feu dura pendant trois heures. Un
instant après que Kriloff eul essuyé son se
cond échec, voyant que l'artillerie turque,
dominee par la sienne, commencait a se rela-
cher, Skobele!f crul le moment favorable a
l'altaque qu'il projetait.
II avail quatre régimenis de ligne, et
quatre bataillons de francs tireurs. Après
avoir donnè aux arlilleurs l'ordre de soulenir
le feu pour couvrir ses troupes, il assembla
deux régiinents (ceux de Vladunirski et de
Zoozolkski) ct y joignil deux bataillons de
francs-tireurs, a 1,200 métres de l'escarpe.
II fit ensuite cesser Ic feu et avancer ses
troupes. Celles-ci s'élancérent le fösil sur
l'épaule, au son de la musique. drapeaux au
vent el disparurent en un clin d'md dans le
brouillard et la poussiére.
b Quand el les reparurent, c'était tout nrés
de la redoute. II y ent alors un moment d'hé
sitation dans la première colonne. A l'instan
Skobeleff préeipila dans la rnêlée un régi
ment de renfort et attendil le résullat de ce
concours. Ce renfort enlraina avec lui la
première colonne, mais la redoute turque,
flambaiil et fumant, crachait une telle nuée
de boulets, que les assaillants fléehirent une
seconde fois.
b Skobeleff se tenait au milieu de cette
pluie de boulets sans qu'un seul l'alteignit.
Tous les membres de sou escorte ont éle lués
ou biessés.
b Done, la première ligne s'élant arrèlée
de nouveau, Skobeleff jeta sur le glacis un
quainéine régiment celui de Libansky
le seul qui lui reslat. Ce nouveau ilol enlraina
les autres a sa suite jusqu'au bord de l'es
carpe; mais les boulets relombérent plus
nombreux et plus drus que jamais, frappant
les soldals par cenlaines sans que Ie combat
se décidat. Les assaillants hésitérent une troi
siéme fois. II n'y avait pas un instant a per
die pour prendre la redoute.
b Skobeleff n'avait plus que deux bataillons
de francs tireurs, 1'élile des troupes de cette
arme. Se nieltant a leur tête, il s'elanca lui-
mème en avant. II rallia les trainards, rejoi-
gnit les indéeis el leur inspira son propre
courage. II rassembla toute la colonne et l'en-
Iruina l'épéc au poing.
L'épée de Skobeleff fut cou|n e en deux.
Un peu plus tard, au moment oü il s'elanca
pour franchit'le fossé, il roula par terre avec
sou cheval qui ne se releva plus. Skobeleff,
qui n'avait pas été atleint, se remit en un
instant sur jiied et donna le signal a ses
troupes qui s'ébranlérenl en faisant reteniir
l'air d'un formidable en, franchirent Ie fossé
l'escarpe, la contre escarpe et le parapet et
se précipilèrent, comme une trombe, dan»