MOLIÈRE ET BOURDALOUE,
p.aANc
Mercredi 10 Octobre 1877
12l' année
Lp Journal parait Ie Mercredi et le Samedi. Les insertions coütent 1b centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se paieut 30 centimes la ligne. On traite d forfait pour les insertions par année.
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II E ]?I I S EB K V E SS.
L'ÉGLISE ET LE SOCIALISME.
VEcho du Parlement a fait sienne der-
nièrement celte absurde [iroposilion
L'Église romaine, par les tendances do-
minalrices deses papes, par ses dogmes ty-
rannKpies, par son oubli de ses propres prin
cipes, par ses dêsirs et par sa haine contre
le libéralisme el la liberté est l'alliée natu
relle du socialisme.
Dégagée de sa boursouflure et l'élégan-
ce inexprimable de forme dont l'écrivain
l'a revèlue, rargumenlalionse réduit a PaCür-
malion suivanle
Le principe d'autorité que VEcho du
Parlement désigne par ces mols dogmes
lyranniques, fait de l'Église l'alliée natu
relle du socialisme... condamné el anathéma-
Lisé cent fois par elle, ma is il n'importe?
De demonstration, du inince bout de
preuve, il n'y a pas mème l'ombre.
Jupiter parlé. Téméraire celui qui ne
s'incline pas!
Ce ne sont pas les soeialistes du Congrès
de Gand qui sont capables de croire de pa-
reilles absurdités. Leur langage est bien diffé
rent ils disent, eux, que l'Église est leur
seul adversaire sérieux, et ils rendent grace
a M.de Bismarck de la persécution dirigée
contre le catholicisme, persécution qui ne
peut manquer de tourner a l'avantage du
désordre.
Encore une fois, au Icr siècle l'Église a
anathémalisé le communisme des Nicolaïies;
au Umc, au III,ne, au lVme, elle a combaltu le
communisme des Gnostiques; au Vme siècle
elle a condamné solennellement le commu
nisme des Pélagiens; a notre époque Pie IX,
a qui un certain M. Considérant jetait le défi
de parler, a flétri du haut du tröne pontifical
(Louis Veuillot*
seule le rej>résenle intégralement, ont lo«
jours formellemenl enseigné la distinction
des deux pouvoirs, de Dieu, et de César.
L'Etat, Ie ponvoir, sans doute, ont des
droits, dans le systéme chrétien; mais ces
droits n'exislent et ne leur sont conférés par
Dieu, qu'en vue de la personne, pour la
personne seule dont le christianisme est venu
reslaurer la notion si complement perdue
par le monde païen. C'est ici l'une des vért-
tables bases de la civilisation moderne.
Le catholicisme, on l'oublie trop a notre
époque, est essentiellement humain. II n'est
social et politique, a proprement parler, que
paree qu'il est humain.
II met l'Etal bien au-dessusde 1'homme,
les affaires de l'Etat bien aprés celles de la
conscience. L'Eiat, la nation, la familie mème,
ne sont, a ses yeux, que des nombres;
l'hornme est la véritable unilé. L'Etat, la na
tion, la familie, sont des biens utiles el néces
saires, quoique purement lerrestres et par
suite pèrissableselles existent pour 1'hom
me, et non 1'homme pour elles.
Nous sigualons a ('attention des penseurs
cette observation trés juste du Comte Franz
de Charnpagnyque nous avons été heureux
de relrouver a l'appui de ce que nous écri-
vions.
Reste l'accusalion d'intolérance dogmati-
sans cesse ressassée contre l'Église. Nous
nous contenlerons d'y faire cette réponse
pérernptoire l'Église est intolérante, comme
la vérité, comme la lumiére du soleil, el de
la mêrne manière qu'elles.
Les malhématiques et les sciences posttives
sont les alliées du socialisme» au mème
titre que l'Église. Rien en effet, de plus into
lérant el de plus dominateur qu'tin axiome.
L'n principe démontré s'impose; l'espril n'est
Mais Ie bon sens comprenü; le sophisme
le révolte. II répond qu'il y a autorité et
autoritéque Tojtz/orzVe telle que la concoit
lc christianisme est tout ce qu'il y a au mon
de de plus contraire au despotisme socialisle,
payen en liberal; et il passe son chemin en
haussant les épaules et en déplorant lont haul
que certaine presse serve a égarer les sim
ples et a faire les délices des imbeciles, si
nombreux au 19mc siècle.
L'INTERNATIONALE.
Nons avons publié hier, dit le Bien public,
des extraits de correspondsnces adressées de
Saint-Pótersbourg au Journal de Bruxelles
el a VU nicer s et signalant Tagitation révolu-
tionnaire Qai se fait jour de plus en plus en
Russie. Ce /ait, sur Jequel nous appelions
Tallention il y a deux mois déja, donne une
idéé de la puiBsaflce d'extension que posséde
le socialisme dans un pays oü le catholicis
me ne peul lui dispuler le terrain el. repous
ser ses agressions. II constitue la meilleure
réponse a un article de VEloile beige qui fait
acluellemenl Ie toutr de* la presse doctrinaire.
L'Etoile, comunentaiit nn entrefilet de la
Norddeutsche AUgemeine Zeititng, qui si-
gnalait le danger de la puopaga.nde socialisle,
faisait observer que, si ce dan'^er esl a
craindre dans l'empire alletnand, p**ays
suffrage universel, il n'en est pas de Lneme
en Belgique, oü le corps electoral se compo
se de censilaires. II serail absurde, d'après le
journal gueux, de supposer que ceu.\-ci con-
senlenl a prèter la main a VInternationale
dont ils doivent deventr les victimes.
Les faits se chargent de réfuler péremp-
toiremenl le raisonnement de I'Etoile, Ce
ÜS»
COB.B.E8r>OMTDAIÏCES
Poperinghe- Ypres, 5-15, 7-00,9-28, 11-00, 2-15, 5-05, 9-20. Ypres-Poperinghe, 6-30, 9-07, 12-07, 3-57.
rmghe-Hazeorouck, 6-53, 12-25, 7-10. Hazebi;ouck-Poperinghe-Ypres, 8-25, 4-00, 8-25.
6-50,".8-45, 9-50. Pope-
Ypres-Roulers, 7-50, 12-25, 6-45. Roulers-Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
Roulers-Bruges, 8-45, 11-34, 1-13, 5-16, 7-36 (9-55 Lichtervelde.)
12-45,5-05, 6-42. Lichtervelcle-Courtrai, 5-25 mat.
Tkourout, 5-15 mat. vers Ostende. Bruges-Roulers, 8-25,
8-49.
-
Tkourout-Ypres, 9-00, 1-25, 7-45 (le
Ypres-Gourtrai, 5-34, 9-46, 11-20, 2-35, 5-25. Courtrai-Ypres, 8-08, 11-05, 2-56, 5-40, 8
Ypres-Thourout, 7-18, 12-06, 6-20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqua Langemarek.
Samedi a 6-20 du matin de Langemarek a Ypres).
Comines-\Varnêton-Le Touquet-Houplines-Armentières, 6-00, 12-00, 3-35. Armentières-Houplines-Le Touquet- Warnêton-
Comines, 7-25, 2-00, 4-45. Comines-Warnèton, 8-45 mat. 9-30 soir, (le Lundi 6-30.) AVarnèton-Comines, 5 30, 11-10 (le
Lundi 6-50.)
Courtrai-Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, 4-40 6-55, 9-00 soir. (Tliourout.)— Bruges-Courtrai, 8-25, 12-45, 5-05, 6-42.
Bruges-Blankenbergke-Heyst (Station) 7-25, 9-20, 11-25, 2-50, 5-35, 7-35. 8-55. (Bassin) 7-31, 9-26, 11-31, 2-56, 5-41, 7-41. 9-01.
Heyst-Blankenoerghe-Bruges, 5-45, 8-25, 11-25, 2-45, 5-30, 7-25.
Ingelmunster-Deynze-Gand, 5-00, 9-41, 2-15. Ingelmunster-Deynze, 6-10,7-15. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58, 11-20, 4-41.
7-21. Deynze-Ingelmunster, 1-00.
Ingelmunster-Anseghem, 6-05, 12-55, 6-13. Anseghem-Ingelmunster, 7-42, 2-20,7-45.
Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerque, 6-30, 9-08, 1-35, 8-00. Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-35,
11-10, 3-40, 5-00.
Dixmude-Nieuport, 9-50, 2-20, 8-45. Nieuport-Dixmude, 7-30, 12-00, 4-20.
Thourout-Ostende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Óstende-Thourout, 7-55, 10-10, 12-25,6-15.
Selzaete-Eecloo, 9-05,1,25, 8-25. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-15, 4-22.
Gaud-Terneuzen (station), 8-17, 12-25, 7-30. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 7-45. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 4-40
Selzaete-Lokeren, 9-04. 1,30, 8-30 (le Mercredi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaete, 6-00, 10-25, 4-45 (leMardi, 9-30).
COURTRAI, BRUXELLES.
Gourtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,42 6,3o.
Bruxelles arr. 8,50 1,35 2,25 6,10 8,54.
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles cldp. 5,22 8,28 12,21 5,35 6,47.
Courtrai arr. 8,00 10,46 2,55 7,56 8,44.
COURTRAI, TORNAI, LILLE.
LILLE, TORNAI, COURTRAI.
Gourtrai dép.
Tournai arr.
Lille
6,37
7,28
7,42
9-37
10,15
10-42
10,56
11,47
12,08
2,54
3,48
4,00
5.34
6,39
8,47.
9,41.
6,37 10,04.
Lille dép.
Tournai
Gourtrai arr.
o,lo
5,42
6,42
8,12
8,56
9,49
11,05
11,32
12,31
2,21
2,40
3,44
4,10.
5.39,
6.40.
COURTRAI, GAND.
GAND, CORTRAI.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,32
7,51
6-42
8,01
9,49
11,08
12,31,
1,51,
3,44 6,40 9-32.
5,04 7,56 10,20.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Gand dép. 5,15 8.45 9.24 9,38 1,28 4,24 7,21.
Courtrai arr. 6,37 9,37 10,41 10,56 2,54 5,34 8,47
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges d. 6,49 7,04 9,39 12,34 2,52 6,43 8,43. Bruxelles dép.5,22 7,20 7,25 9,00 11,06 1,35 3,02 4,o3 o,oo o,01 S,00 8,20.
Gand a. 7,34 8,19 10,54 1,49 4,07 7,58 9,26. Gand arr. 6,00 8,38 9,36 10,27 1,23 3,59 4,11 6,01 i.h i,02 9,09 10,-6.
Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 9,31 10,40. Bruges 7,15 9,23 10,51 11,20 2,38 5,01 6,o8 8,16 8,o0
par
Suite. Voir le numéro précédent.
Suivent quelques chapitres non moins intéres
sants et nous trouvons, entre autres passages,
cette belle page
- Louis XIV ne fut pas un saintdo terribles
reproches atteignent sa mémoire. Cependant,
tout compté, il était chrétien, et du nombre de
ces grands rois qui, pour employer encore une
parole de Bossuet, comprennent le sérieux de
la religion. Entouré de Batteries et de séduc-
tions, il eut le bon sens de ne point fermer les
lèvres sacerdotalos et le bonlieur de ne point
repousser ce glaive de lumiére qui venait cou-
rageusement attaquer son coeur hautain.
Quelques années après sa mort, un religieux,
qui avait prèché neuf stations a la cour et qui se
rendait le témoignage de n'y avoir jamais dissi-
mulé la sóvérité des devoirs de la vertu, avouait
que son courage était bien soutenu par la pré-
sence du rol. Son attention, dit-il, tenait en res
pect toute la cour. II l'avait Cue dés le temps le
moins sérieux de sa jeunesse elle ne se relacha
point par l'inflrmité de l'age. II paraissait attaché
d'esprit a ce qu'on disait, comme aux affaires
importantes il en causait avec ses familiers et
ne dissimulait point les impressions qu'il en avait
gardées. Prompt reconnaitre le mérite de l'ora-
teur, il se rendait indulgent pour ses défauts. II
gardait a l'église, plus que partout ailleurs, l'air
de majesté qui lui était naturel, et il s'en faisait
une maxime de conscience. Un jour qu'il était au
les doctrines anarchiques qu'on voulait ap-
puyer sur l'Évangile
N'écoiilez pas s'esl écrié Ie Pontife, ces
systémes de depravation, qui, en abusanl
des mols de liberie cl d'égalilé, ont pour
bul principal de répandre dans le peuple les
pernicieuses inventions du communisme et
du socialisme... N'écoulez pas ces chefs du
socialisme qui, bien qu'agissant par des
méthodes el des moyens divers, ont pour but
d'agiler el d'habituer pen a peu a des acles
plus criminels les ouvriers et les classes po-
pulaires, trompés par leur langage artificieux
et séduils par la promesse d'un élat social
plus prospère... La socièié serail bouleversée
de fond en comble par des lulles civiles, pat-
des usurpations, par des meurtres, puis quel
ques hommes enrichis des dépouilles du
grand nombre, s'empareraient du ponvoir,
au milieu des ruines accnmulées.
On n'a pas oublié les mandements admi
rabies des Evèques de France en 48 et en 49
nous nous bornerons ici a rappeler le nom
de Mgr Salinis et celui de Mgr Gerbet qui a
si clairement démontré les rapports de filia
tion directe unissant le socialisme au ratio
nalisme et au libéralisme.
En vérité, on sedemande après cela qui
VEcho du Parlement espére tromper, mème
parmi ses a bon nés
Mais nous entendons l'objection Le soeia-
lisme enseigne la domination de l'Éla't, la
souveraineté absoluedu ponvoir sur l'indi-
vidu, et il en est de mème de l'Église ro-
maine, qui veut confondre les deux pou-
voirs dans sa main.
Mensonges que tout cela, nos adversaires
lesavenl aussi bien que nous; mensonges et
colomnies, que rien ne justifie, que rien
démontrera jamais.
Le christianisme en effet et l'Église qui
sermon, on lui apporta des lettres du Dauphin,
qui commandait l'armée il ne les voulut ouvrir
qu'après en avoir demandé le loisir au prédlca-
teur. Mon pére, dit-il, je vous demande pardon;
permettez-moi de lire la lettre de mon fits.
G'était la nouvelle de la prise de Philipsbourg.
II se prosterna pour remercier Dieu, et le prédi-
cateur continua.
Poursuivant sa thése, qui est que la chaire des
Bourdaloue, Mascaron, Bossuet, moralise bien
autrement et plus courageusement que le théatre
de Molière, M. Veuillot cite des extraits des
prédications faites devant Louis XIV
- Mmc de Montespan, remplacant Mn° de la
Vallière, étalait le faste de l'adultère a la cour
du roi très-chrétien, au milieu des adulations
des grands et des poètes. Les pródicateurs ne
restèrent pas muets. Un jour, en 1669, l'année
qui suivit la représentation Amphitryon, Mas
caron, prèchant le carême devant le roi, para-
phrasa l'histoire cle David, et prononca les paro
les foudroyantes que le prophete Nathan avait
adressées au royal ravisseur de la femmè d'Urie:
Tu es ille vir, c'est toi II voulait être compris,
il s'arrèta sur ces charbons ardents- Si le res
pect que j'ai pour vous, Sire, ajouta-t-il, ne me
permet de dire la vérité que sous des enveloppes,
il faut que vous ayez plus de pénétration que jé
n'ai de hardiesse. Mais si, avec toutes ces pré-
cautions et tous ces ménagements, la vérité ne
peut vous plaire, craignez qu'elle ne vous soit
ötée et que Jésus-Christ ne venge sa parole mó-
prisée.
Plus loin, après plusieurs citations cette belle
péroraison de Bourdaloue
Chrétiens, anathème a qui vous dira jamais
qu'il y ait pour vous d'autres lois do conscience
que ces mèmes lois sur lesquelles les derniers
(les hommes doivent être jugés de Dieu et ana
thème a quiconque ne vous dira pas que ces lois
générales sont pour vous d'autant plus terribles
que vous avoz plus de penchant a vous en óman-
ciper, et que vous êtes a la cour dans un plus
évident péril de les violer.
Mais, ajouto M. Veuillot
Dans le temps que Bourdaloue parlait ainsi,
Molière disait a AMPHiTRYON-Montespan, pour le
consoler
Un parlage avec Jupiter
N'a rien du lout qui ddshonore
Si l'on parle de guerre courageuse et hardie
contre les vices du temps, il nous sembte que le
jésuite Bourdaloue est un autre héros que le
comódien Molière. Et si l'on objecte que Bour
daloue ne risquait rien a parler comme il l'a fait,
que risquait done Molière? Bourdaloue s'était
mis a couvert a force de vertus, Molière a force
de services le religieux avait conquis la liberté
cle sa parole en vivant pauvre, chaste, mortiflé,
désintéressé de toutce qui ne regardait pas la
cause de Dieu; le comédien avait acquis cette
liberté par l'audace de ses flatteries, et par le
zèle avec lequel il immolait au roi tout ce qui
gênait ses vices.
Lorsque Bourdaloue eut prèché le sermon sur
l'impuretó, le roi quitta la chapello grave et
rêveur. Los courtisans se rogardaient sans oser
s'adresser la parole. Cependant tout le monde
était occupé de ceque l'on venait d'entendre; on
avait besoin d'en parler, besoin surtout de savoir
ce que pensait le maitre. Le maitre se taisait le
jésuite, solitaire et évité, reprit le chemin de sa
celluie. Avant d'y rentrer il resta probablement
plus véritablemerit libre qu'en y adhérant
et il y a folie chez ceux qui le rejettenf.
L'argumentalion que VEcho du Parlement
met en avant se retourne contre le libéralis
me qui, a l'heure oü nous sommes, en re-
vienl a lanolion de l'Etat grec comme
s'expriment les-doeleurs du parli, c'est-a-dire
au paganisme.
La prétendue morale indépendante n'est
au fond, quele vieux stoïcismeles« religions
nalionales «sonldu pur paganisme; pourquoi
n'en serait-il pas de mème de toules les fa-
meuses découvertesetdes conquèles« immor
telles »de la Révolution
Paganisme, tout cela, qu'on ait la loyaulé
d'en convenirü Sans doule, il y a une sorle
de domination que l'Église approuve c'est la
dominalion de la vérilé sur Terreur, du bien
sur le mal, de la lumiére sur les tènèbres, de
Tesprit sur la matière, de la croix et de la
civilisalion sur la barbarie.
Soulenir que l'Église calholique est l'alliée
du socialisme, équivaul a prélendre que le
spiritualisme est l'alliédu matérialisme. Car
le spiritualisme professe lui aussi la domtna-
lion de l'ame sur la brute, sur la bêle, et il
n'existe pas entr'eux d'oppositïon plus nelle-
ment déclarée qu'entre le communisme el le
Syllabus.
On eonnail l'absurde proposition dc Hegel:
La matière est autre que l'espril;
L'espril est autre que la matière;
Done ils sonl tons les deux autres-,
Done ils sont tous deux la mème chose.
C'est a cela que revient tout ce raisonne-
ment de VEcho du Parlement
L'Église calholique prèché Vautorité-, le
socialisme prèché Vautorilé. Done TEglise et
le socialisme sont ideniiques.
suivant sa coutume, plusieurs heures au confes-
sionnal a recevoir les aveux de ces pénitents
pauvres dont le nombre était si grand autour do
lui qu'il avait du refuser d'y admettre Mme do
Maintenon, déjè plus influente que les maitresses,
et qui disait eïfé-mème a cette occasion Et pour-
tant ma conscience n'était pas a dtidaigner.
L'homme apostolique vit le triomphe de sa
parole et de ses prières. Mme de Montespan
quitta la cour et n'y fut point remplacée. Le roi
revint a son épouse dédaignée, et ses moeurs,
jusqu'a la lin de ses jours, furent celles d'un
chrétien.
Toutes les grandes pièces de Molière sont pas-
sées en revue par M. Veuillot; Tartufe a son
tour comme et mieux que les autres. Voici le
récit cl'une représentation a laquelle a assisté
l'auteur du livre.Rien, dit-il, r.ö donne la gloire
a coup plus sur que de s'en prendre adroitement
aux abus de la piété, sous couleur de venger la
vraie dévotion
Pour s'en convaincre, il sufïit d'assister a une
représentation de cette pièce, non pas mème
devant un public ómu des passions anticléri-
cales et qui veut pieusement guerroyer contre
les jésuites, mais en temps caline et quand les
spectateurs ne songent qu'a prendre un amuse
ment. J'en ai fait l'expérience.
G'était un dimanche. L'assemblée, peu nom-
breuse, n'était point lettréeles acteurs remplis-
saient froideinent leur office. A part un vénérablo
ministre de la religion réformée,_ duquel j'avais
l'avantage de me trouver voisin, je ne voyais vó-
ritablement pas qua personne'pütpenser a mal.
Les deux premiers actes passèrent avec langueur;
la bouffonnerie du pauvre homme fit ii peine
sourire. On prit doucement la scène très-peu
tendre des deux amoureux, et l'on ne se dérida
un peu qu'aux lazzis d'Orgon, chercliant l'occa-
sion de soullieter Doriue. Alais quand Tartufe
parut avec sa mine fleurie etson habit austere,
il y eut comme une rumeur de hainele parterre
se sentit en présence cle rennemi il devint at-
tentil' et ne laissa passer en silence aucun des
bons endroits, je veux dire aucun, do ses vers
enfiellós oü les pensées et le langage mèmo de
la piété prennent la physionomie et deviennent
l'expression de la plus noire scólératesse. L'ordre
donné a Laurent,Je mouchoir présenté a Doriue,
surtout l'empresseinent cle Tartufe auprès d'El-
mire, toutes ces charges excessives furent accep-
tées comme autant de traits observes sur nature
et comme la figure mème de la dévotion, pkoto-
graphiée sur le fait. Le plaisir alia croissant jus
qu'a la fin. L'ecclésiastique réformé n'était pas
le dernier a manifester son allégresseil donna
plusieurs fois le signal des applaudissements.
C'était ce docteurcélébre par raboudanco et la
facilité de ses bénédictions, qui fait des livres oü
le christianisme est réduit a rien et qui parle
cloux du haut d'un beau ventre. 11 sentait bien,
lui, par raison logique et philosopkique, oü por-
taient les coups de Molière. Du foncl de sa stalle,
qu'il emplissait des luxueuses dimensions de sa
personne admirablement nourrie, tenant a deux
mains sa lorgnette braquée sur les suaves mer-
veilles qui jouaient Marianne, Elmire et Doriue,
n'ayant point de hréviaire a dire, point de pri-
sonniers a visiter, point de liaire sur le corps,
point d'inquiétude dans l'esprit, point d'ames a
sauver, le pauvre homme rien ne rempóchait de
sayourer tant cle lardans qui ne gónent ni n'attei-
guent son ministère et qui vont tous a l'adresse
des papistes. Je me reudaiscompto cle ses applau
dissements. Mais ce pesant public des dimanclies
compose de demi-bourgeois, gens de petite ren
te et de petit négoce, dont aucun peut-être n'avait
^encontré jamais ni vrai ni faux clévot, oü ces
mm