dait le dernier soupir, el la pendule placéo a cölé de lui sonnail cinq hen res Irois quarts. Sa vie fmissait comme fin it le jour, et son ame s'envolait au moment mème oü les fidè- les ont conlume de réciter la salutation an- gélique. Le cardinal Bilio s'est levé et a prononcé d'une voix profondément émue ces paroles solennelles de I'Eglise Requiem oelernam dona ei Domine. Les assistants n'ont plus contenu leur dou- leur cardinaux, prélats, gardes, servileurs, se sont abandonnés a ce besoin de l'ame qui veut s'épancher dans les larmes et les cris. Tons se sont presses autour du lil modeste de l'Angélique Ponlife et ont baisé la main qui les avail bénis tantdefois. UUnivers a recu de Rome la dépêche sui- vanie: Rome, 14 Février, 1 h. 40, soir. Hier soir out eu lieu, les porles fermées, les funérailles du Souverain Poritife, en pre sence du Sacré-Collége, des prélats, des di- plomates accrédilés auprés du Vatican et des patriciens. Les chapelains de la basilique et les ex empts de la garde noble porlant le lit funé- bre ont passé devant la statue de bronze de l'apölre et devant la confession, puis ils sont entrés dans la chapelle du chceur. Les fidéles, agenouillés sur le parcours, contemplent une derniére fois les traits inal- lérés du grand Ponlife et font écialer leur douleur. Les chants terminés, le corps a étédéposé dans un double eercueil de cyprès et de plomb. Le majordorne, d'une main tremblan- le, a couvert le visage du voile de lm et a deposé auprés du corps les Irois bourses contenanl les médailles d'or, d'argent et de bronze, ainsi qu'un étui contenanl le par- chemin oü est inscrite la vie du Pape. A ce moment, les cérémoniers ontélendu sur tout le corps un voile de pourpre el la cloture du cerciieil ayarit éiéfaite par l'ap- position des sceaux, on a enfermé la dépouil- ie dans un troisième cercueil decliène,qui a élé placé au lieu aecoutumé. Anjourd'hui une grande foule se presse a Saint-Pierre et va s'agenouiller auprés du tombeau. La commission cardinalice, chargée de pour voir a la preparation du local pour le conclave, el eomposée des EEmes Pecci, Si- meoni, Sacconi, Borromeo et Di Pietro, est allée Lundi, dans 1'aprés-midi, visiter le pa- lais du Vatican, accompagnée des arcbitec- tes Vespignani et Martinucci. Les mesures a prendre ont éte résolues. L'Union recoil la correspondence suivanle datée de Rome, 11 Février: Les travaux d'aménagemeut des cellules, du conclave sont poussés avec aclivité. On ferme tous les arceaux du porlique de la cour de Saint-Damase. Celle cour sera com. prise dans la cloture du conclave. Les car dinaux occuperoul les apparlements des trois étages des irois corps de batiinents qui bor dent cette cour. Ces apparlements aboutisseni tous aux trois grands corridors vitrés connus sous le nom de Loges de Raphaël. Tous ceux qui occupaient ces apparle ments se hatent de déménager el vont se lo- ger soit dans le palais des chanoines de Saint - Pierre, soit aux environs de la Basilique. Chaque cardinal n'améfiera avec lui, parait- il, qu'un seul conclaviste el un valet de chambre. La nourriture leur sera préparée dans l'intérieur méme de l'enceinte du con clave. Les cardinaux seronl divisés par grou- pes de buit, et a chaque groupe sera aitacbé un cuisinier. La question de la proclamation el du cou- ronnement du nouveau Pontile n'a point encore élé disculée et ne le sera probable- ment qn'au moment oü Ie Pape sera fad. On ne sa it done point si le nouveau Ponlife sera annoncé du haul de la grande loge du por lique de Sainl-Piei re, ou du haul des loges de Raphaël, ou s'il nesera connu que d'une facon tout a fait privée. Du resle la question n'esl point la. L'im- portant, eest qu'un Chef soit douné au plus tó' a I Eglise; or, tout concorde de plus en plus a faire espérer que le conclave sera de courle durée. Les cardinaux enlreronl en conclave Lundi soir, 18. Espérons done que le Souverain Ponlife pourra élre proclamé le 22, jour de la féte de la chaire de Sainl- Pierre a Anlioche. Pie IX est le 252e Pape. Sur ce nombre, 15 furent francais, 13 grecs, 8 syriens, G allemands, 5 espagnols, 2 africains, 2 savoi. siens, 2 dalmales. 1 anglais, un portugais, 1 liollandnb, I suisse, 1 eandiote. A partir de 1523, tous les Papes ont élé pris parmi les cardinaux italiens. C'esl un usage, maisce n'est pas une régie. On compte 70 Papes proclamés saints. Sur les 252 ponlifes, non compris S' Pierre, 8 .-ont morts sans avoir siégé un mois, 40 ont siégé moins d'un an, 22 ont siégé d'un an a deux, 54 de deux a cinq ans, 57 de cinq a dix ans, 51 dedix a quinze ans, 18 de quinze a vmgt ans, et 9 plus de vingt ans. Pie IX, par les années de son pontifical, a dépassé tous les pontiles romains. Trois Papes seulement sont morts plus agés que lui. Un seul centenaire Grógoire IX, Conti, neven d'lnnocent III l'adversaire infatigable de Frédéric II. Personne n'exercait plus d'ascendant et n'avail la parole plus persuasive que Pie IX. Plusieurs agents diplomaliques, dont les femmes élaieril proteslantes, les ont vues converties a la foi cathohque par le Pape. Citons erilr'autres la duchesse de Gramont et Madame Sampayo. On nomme aussi une am bassadrice franqai.se, qui arriva trés vol la i - rienne a Rome, et qui, ayant demandé, après plusieurs mois de séjour dans la Ville éternelle, une audience au Saint Père par simple curiosité, sortit de cel entretien aussi pieuse qu'une samte et devirit une des catho- ques les plus ferventes et les plus charitables de TEurope. HOMMAGES RENDUS A PIE IX. Le service solennel célébré Jeudi all heures en l'église collégiale des SS. Michel et Gudule, a Bruxelles, pour le repos de l'ame de S. S. le Pape Pie IX, de glorieuse mé- moire, a revètu un caractère particulier de grandeur et de foi. Tout ce que Bruxelles compte de distingue dans le monde catboli- que avail lenu a honneur de venir rendre au Ponlife défunt un dernier hommage de regret et de filial amour. La collégiale était merveilleusemerit ornée d'une decoration funébre du meilleur goüt. Un immense dais noir planail sur l'autel et des teniures noires a franges blanches cou- vraient les cótés dn choeur, illumine comme l'auiel d'innombrables cierges. A l'entrée du chceur, au milieu de la croix que forme le vaisseau de l'église, coupant le transept, un nouveau dais a quatre pans rattachés aux co lonnes de souténement, surmontait un ina- gnifique catafalque or el velours noir,enlouré d'un quadruple étage de lumiéreset précédé d'un piédeslal oü reposaitsur un coussin de velours rouge une nare pontificale a triple couronne. Les porles lalérales, la chaire de vérité et le jubé disparaissaient également sous les (entures de deuil. A la droite de l'autel, un tröneaux cou- leurs que I'Eglise consacre au deuil blanc et violet était préparé pour Son Exc. Mgr Vannulelli, nonce apostolique, prélat offi ciant. Aux places réservées dans le chceur Ion remarquail la Maisou du Roi, représen- lée par M. le cotnie Th. Van den Straten Pon- thoz, grand maréchal de la cour, le genéral comte I. Van den Straten Ponthoz, aide de camp de Sa Majeslé. et le baron de Wykers- loolh, officier d'ordonnance. M. le comte G. de Lannoy, grand maitre, el plusieurs dames du palais en toilette de grand deuil, repré- sentaienl la Maison de la Reine. LL. AA. RR. le comte et la comtesse de Flandre étaienl représenlés par M. le comte F. d'Oultremenl de Daras, grand-mailie de leur maison, et par le capitaine de cavalerie M. du Roy de Blicquy. Le corps diplomatique presqu'au complet (les minislres il'Allemagne, de Russie, de Turquie et d l talie élaient absents) assistait a la cérémonie. On remarquail suriout la pre sence de S. Exc. M. John Savde Lumlev, ministre de S. M. la Reine d'Angleterre. LL. Exc. M. Ie chevalier de Bruto, baron de An- nos, ministre de Brésil, doyen du corps diplomatique; M. Merry del Val, ministre d Espagne; M. le baron Gericke de Herxvy- nen. ministre des Pays Bas; M. le comte Gholek, ministre d'Autriche Hongrie; M. le comte de Thomar. ministre de Portugal; el M. le marquis de Gabriac, ministro plcnipo- lentiaire de France, occupaient des places réservées prés de l'autel. Puis venaienl: MM. J. Malou, Delcour, Bernaei l, De Landlsheere et le comte d'Aspremonl Lytnden, minislres de Belgique, M. Thiebauld, ministre de la guerre, indisposé, s'était fait excuser. Les membres de la droite du Sénat el la Chambre des représenlants élaient au grand complet; M. le prince de Ligne. président du Senal, ancien ambassadeur de Sa Majeslé au- drés du Pape Pie IX, était empêché de se rendre a la collégiale par suite d'une attaque de goutle. Mentionnons aussi parmi lesséna- teurs présents M. le baron de Labbeville, membre de la gauche. Devant le catafalque, contre legrillage qui sépare le chceur de la grande nef, étaienl rangés une cinquantaine de vaillants défep- seurs dePie IX, les zouaves pontificaux. Qua tre d'enlreeux, revétus de la veste bleu d'a- cier a ceinture rouge, et coiffé du sc/m/is/ta a aigrette blanche, gardaient les coin< du catafalque. La grande nef était occupée par les éléves des colléges Saint Michel el Sl-Louis, et par ceux des Fréres de la Doctrine chrétienne. Le public proprement dit encombrail les nefs lalérales de l'église, el la haute sociélé fémi- nine de Bruxelles occupail le pourtour du choeur. L'aspecl du magntfique vaisseau était réellement imposant sous cette om- breur parliculière, si nons pouvons éxpri- mér ainsi, causée par le rouge scinlillement des cenlainés de cierges sur le fond noir mat des tentures el la lumiëre voilée des becs de gaz reconverts de crêpe. Comme rious l'avons dit, c'est Mgr Séra- phin Vannulelli, archevêque deNicée i.p. nonce apostolique, qui officiaitassisté de l'auditeur de la noncialure, M. I'abbé Rinal- dini, et du curé doyen de la collégiale, M. Nuyts. L'absoule fut dite successivement par les curés des quatre églises primaires de la capi- tale, MM. Nuyts, curé doyen de la collé giale; Donnet, curé-doyen de Sl-Jacques sur Caudenberg prolonot&ire apostique De- ruelle, curé de la Chapelle; Nerinckx, curé de l'église Sainte Catherine; Mgr le nonee termina la funébre cérémonie. Vers une heure s'est terminé le magnifi- que hommage rendu au Chef que la catholi- cité vient de perdre. Associés dans eet élan sponlané, tous les rangs de notre catholique population se sont serrés autour du cercueil d'un pére. Du haul des célestes splendeurs, que sa sainte bénédiction descende sur ses enfants qui sont venus aujourd'hui verser sur sa tombe, leurs larmes et leurs filiales priêres Aprés Ie service, tous les membres de la droite de la Chambre des représenlants se sont rendus en corps a la noncialure apostoli que, pour exprimer a S. Exc. I'archevèque de Nicée toute la part qu'ils prennent au deuil de I'Eglise. LOUISE LATEAU ET LA MORT DE PIE IX. On nous communique une letlre datée de Manages, 13 Févier, d'oü nous extrayons les lignes suivantesqui nous paraissenl de nature a inléresser nos lecleurs: Votis avez dü sans doute vous demander ce qui s'est passé dans la chaumiére de Louise Vendredi dernier, jour oü nous apprenions I'immense perte qui afflige I'Eglise par la mort de Notre Saint-Père Pie IX. C'est M. le doyen d'Alost, ce jour-la a Bois d'Haine, qui a appris la trisle nouvelle a Louise le Vendredi dans la matinée. Louise en a éprouvè la plus grande affliction et elle s'est mise a pleurer. Sa grande douleur a continué jusqu'au momenl-oü elleentre en extase, e'est-a-dire a 2 heures de l'aprés-mtdi. Pendant l'extase. M. lecuréde Bois-d'Hai- ne a prié avec les assistants pour Ie repos de l'ame de Sa Saintelé, et pendant les priéres Lomse s'est relevée daris son lil. C'esl-a-dire elle a soulevé ledessusducorpsetelleaélendu les mams en avanl, ce qu'elle fait quand on récite la priére: O Bone Jesu, l'expression de sa figure était joyeuse. Après I extase, M. le curé l'a inlerrogée comme il faü chaque vendredi, et lui a demandé: Louise, qu'avez-vous ressenti quand M. le Doyen d'Alost vous a appris la mort de Notre Saint Pére le Pape? Elle a ré- pondu: J'ai éprouvè une douleur plus grande que celle que m'a causée la mort de ma mère. Après l'extase cette douleur avait disparu. Louiseenvisageait l'événementavec une grande Iranquilhlè. Elle a dit aussi ce jour-la maisjenesau- rais dire en quel moment: Maintcnanl je pense bien que je n'ai plus longlemps a vi- vre. Ces détails sont certains, ils m'ont élé donnés par M. le curé de Bois-d'Haine. FRANCE. Le service officiel en l'honjieur de Notre Sl-Pére le Pape Pie IX a eu lieu le 14 Février a 10 heures du matin, a Versailles, siége du gouvernement. Deux escadrons de cuirassiers élaient allés a l'hólel de la présidence prendre le Maré chal, venu le matin de Paris. La gendarmerie mobile faisail la haiejus- qu'a la grille du chceur. La nef était remplie par la sociélé de Ver sailles: les dames en grand deuil. Dans le chceur, a droite, des places élaient réservées pour le Sénat et les deputations des différents corps d'armée;a gauche, pour l'Assemblée. Des candélabres, des lustres, jetaient dans la nef des lueurs funéraires. La catafalque était surmonlé de la liare; a chaque angle des faisceaux de drapeanx aux couleurs pontificales. et, a chaque pilier, les ëcussons du Pape. Le Maréchal a élé recu, a la porte, par le chapelain du chateau. Seuls, M. Dufaure et le général Borel as- sistaient a la cérémonie. MM. d'Abzac, de la Panouze et Robert accompagnaient le Maré chal. La Chambre n'est pas venue en corps; tous les députés de la droite étaienl présents. On a remarqué l'absence de M. Rameau, maire de Versailles, qui sans doute, a craint de mécontenter son conseil municipal. Tous les sénaleurs royalistes étaient pré sents. Le bureau du Sénat a lenu a paraitre au grand complet. Mgr l'évèque de Versailles a célébré le Saint Sacrifice dela messe, pendant laquelle la maitrise de la calhédrale el de Notre Dame a chanté les priéres liturgiques; la musique du génie a e.xécuté la marche funébre de Gurlner. La presse étrangére et la presse parisienne étaient représentées a la cérémonie. Aprés l'absoute donnée par Mgr l'évèque entouré du chapitre, le maréchal est reparti pour Paris et la foule, émue, s'est dirigée vers la catafalque, afin de prier encore pour Ie repos de l'ame du Grand-Ponlife. Dans la séance de mardi de la Chambre des Députés, M. A. de Mun a posé une ques tion au gouvernement re ativement aux ou trages qu'une certaine presse a pris a laohe, au milieu du grand deuil qui afflige I'Eglise catholique, de déverser sur le Pape el la Papauté. M. de Mun indique, en Ie flélrissanl dans l'indignation de son cceur et en tertnes élo quents, uu article du Réveilqu'il ne lit pas, car il déshonorerail la tribune, et dans le quel, sans respect pour la personne auguste du Souverain Pontife, et pour les dogmes les plus vénérables il mêle les plus cyniques plaisanleries a la plus ridicule ignorance. Le journaliste invective Dieu lui-mème, met les cardinaux en scène dans les lermes les plus oulrageanls et (ermine en accusant I'Eglise d'escroqueriej d'assassinal etdefai- néantise. Cet article est signé d'un astérique qui couvre, sans le cacher, le nom d'un des com plices les plus odieux de la Commune. Le gouvernement de la France ne saurait tolérer ce scandale. Voudra-l-il laisser cioire que M. Rochefort puisse insulter en France I'Eglise et la Papauté M. de Marcére, en l'absence de M. le garde des sceaux, a répondu que la justice est sai- sie et accomplira son ceuvre. Voici Ie lexte de la dépêche adressée qar M. Dufaure aux premiers presidents et aux procureursgénéraux Paris, 12 Février 1878. Le ministre de la justice a tous les pre miers presidents et procureurs gêné- ruux. Un service religieux sera prochainement célébré a l'oceasion de la mort du Pape, et des invitations vous serwnt adressées au nom du clergé, pour la cour el les tribunaux. J'eslune que la magistrature devra y répon- dre, el je laisse a la cour et aux tribunaux Ie som de décider s'tls devront s'y rendre en corps, par delegation uu mdividuellemenl. D'après les renseignemenls qui nous sonl lourms par les journanx de province, dit I Unionloutes les cours ont décidé qu'elles se rendraienl en corps et en robes rouges aux services funébres. Une seule compagnie fait exception, c'est la cour de Lyon. Elle a résolu qu'elle irait en .corps a la calhédrale, maïs en habit de ville. La magistrature fiancaise donne ainsi une bonne lecon au radicalisme gouvernemental, qui a trouvé le moyen d'écrire une circulaire froide, sèche el n'allribuanl pas a I'illustre défunt le litre de Sa Saintelé. C'est que pour Ie gouvernement radical il n'y a de saint que les communards qui Ie ménent. II est probable que pour Jeudi la nomina tion du suceesseur de S. S. Pie IX soil con- nue, ceci toutefois sous réserve des difficullos qui peuvnnl surgir; mais l'opinion générale a Rome est que le conclave ne durera guère plus que celui qui a nommé Pie IX. M. le comte de Chambord, doulotireuse- ment étnu par la morl du Souverain Pontife, a fail immédialement célébrer un service pour Ie repos de l'ame de Pie IX, dans la chapelle de Gorilz. M. le comte et Mu,e la comtesse de Cham bord assistaient a ce service avec toute leur maison. On lit dans la Voce delln Veritu du 13 Parmi les manifestations de condoléance des cours el des gouvernernents élrangersa l'occasion de la mort du Souverain Pontife Pie IX, celles de LL. MM. le Roi el la Reine des Beiges, ainsi que du gouvernement de Belgique sont arrivéesdes premières au Va tican. Le R. P. Goelhals, récammenl nommé évêque d'Evarie, a élé, lors d'un voyage qu'il vient de faire a Rome, promu au siége archiépiscopal d'Héliopolis. Le pape a lui-même annoncé cette promo tion a l'humble et saint religieux. C'esl la derniére nomination d'archevèque faite paree grand et regrelté ponlife. Pie IX a daigné de plus donner au vicaire aposto lique de Calcutta deux caisses de reliques, un magnifique pontifical en trois volumes, un riche calice, et d'aulres objets de religion non moins préoieux. CHRONIQUE ÉLECTORALE. Lu Voix du Luxembourg annonce que Ie candidal a la place de représentant de Virion laissée vacante par la mort de M. Dubois est M. le comte Louis de Briey, frére du regret té comte Albert de Briey, a qui l'arrondissemenl de Virion doit sa régénération politique. Nous nedoutons nullemenl, dit notre con frère arlonais, que cette candidature ne soit acclamée avec enthousiasme par tous les ca- tholiques, et que le nom de M. Louis de Briey ne sorle vielorieux de l'urneaune imposante majorité. Le Sénat a voté Samedi le budget de l'in- téiieur, puis il s'est ajourné jusque convo cation ultérieure. BULLETIN POLITIQUE. Le mouvement rélrograde exéculé simul- tanément par la flotle anglaiseet par l'armée russe devant Constantinople, est le résultal d'une transaction diplomatique. L'occupa- tion de Gallipoh et de Constantinople était saus doule un des événements mattendus dont parlail le marquis de Salisbury a l'ou- verture du Parlement. L'Angleterre a lant et si souvent reculé, que le prince Gorlchakoiï aura compris qu'il y avail une borne que le flegme britanmque ne pouvail plus consenlir a frauchir. L'éloignement des Russes de Gal- lipoli, sinon de Constantinople, était devenue pour les Anglais une question d'honneur. La diplomatie russe, si habile dans lotile cette affaire, auta accordé cette satisfaction bien mince a la susceptibililé britanmque. Cet acte de condescendence ne change absolu- meut rien d'ailleurs a la position politique et militaire que les Russes oceupent depuis le 31 Janvier. L'Angleterre ne sera pas isolée a la pro- chame conference de Baden-Baden. L'autri- che, menacée vers l'est par rétablissement de la domination russe sur les bouches du Danube, pa rail erifin décidée, s'il faut en croire le Journal des Üébuts, a soulenir vi- goureusement ses intéréts. D'autre part l'Al- lemagne, alarmée des succès de son alliée, semble se détacher du czar. La Post, organe particulier du prince de Bismark, reproche avec aigreur a la diplomatie russe sa perfidie el sa duplicilè. La Kreuzzeitung dotine la mème note et prune une alliance austro-al- lemande. Pour donner une idéé de l'excitalion des esprits a Berlin, il suffira de dire que Saine- di soir le bruit eourail en cette ville que l'Autnche allait occuper la Bosnië el l-'Herzé- govine. Ce bruit est peut élre prémaluré, maïs il est en tout cas certain que celle puis sance mobilise plusieurs corps d'armée. La Russie ne perd pas de temps. L'officieu- se Correspondence politique de Vienne fait remarquer que les relations de la Porie avec son vainqueur deviennenl de jour en jour plus amicales, ce qui lail croire qu'une paix définilive pourrait bien élre conclue avant la reunion de la conférence. Bieu plus, Midhat-Pacha déclare ou verte- ment a Londres que l'alhanee, dont nous avons parlé, enlre la Russie et la Turquie, est bien decidémenl conclue et qu'elle ne I eül pas élé si la Holte anglaise avail paru a Constantinople trois semames plus tót. C'est une nouvelle complication, el la moms gra ve, dans celle etrange question d'Orient.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1878 | | pagina 2