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LES VAGABONDS
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13°année. N° 1,323.
Mercredi 4 Seplembre 1878
5
^Cx.AIV^
DE LONDRES.
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I p Journal parail le Mercredi et le Samedi. Les insertions content IS centimes la ligne. Les réclames et ahnonces judicial res se paient 30 centimes la ligne. On trade a forfait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros snpplémentaires commandos pour articles. Réclames on Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires.
Gand-Terneuzeri (station), 8-17, 12-25, 8-05. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 8-25. - Terneuzen-feand, 6-00 10-30 12,30 5,55.
Selzaete-Lokeren, 9-04. 1,25, 9-03 (le Mercredi, 5-10 matin). Lolceren-Selzaete, 6-00, 10-2o, a-2o (le Marai, 10-09).
JS8 K M fl f4 S» K F F BS.
Poperinglie- Ypres, 5,15 7,15 9,33 11,00 11,30 2,20 5,05 5,30 9,30. Ypres-Poperinghe, 0.20 9,07 10,05 12,07 2,45 3,57 6,47 S,45 9,50
Poperinghe-Hazebrouek, 6.40 12,25 7,04 Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8,25 4,00 8,25.
Ypres-Roulers, 7,50 12,25 6,30. Roulers-Ypres, 9,10 1,50 7,50.
Roulers-Bruges, 8,45 11,34 1,15 5,16 7-20 (10,00 Tliourout.) Bruges-Roulers, 8,05 12,40 5,05 6,42. Thourout- Courtrai,
5-15 mat.
Ypres-Courtrai, 5,34 9,52 11,20 2,40 5,25. Courtrai-Ypres, 8,08 11,05 2,56 5,40 8,49.
Ypres-Thourout, 7,20 12,00 6,07, (le Samedi a 5,50 du matin jusqu'a Langemarck.) Thoürout-1 pres, 9,00 1,25 7,45 (le
Samedi a 6,20 du matin de Langemarck a Ypres).
Comines-Warnêton-Lc Touquet-Houplines-Annentióres, 6,00 12,00 3,35. Armentiöres-Houphnes-Le Touquet- Vearneton-
9,30 soir, (le Lundi 6,30.) Warnéton-Gomines, 5,30 11,10 (le
Comines, 7,25 2,00 4,45. Comines-Warnèton, 8,45 mat. 9,:
Lundi 6-50.)
la Madelaine. Wambrechies, Quesnoy
Lille,
Comines-Belgique, Comines-France; Quesnoy-sur-Deüle, Wambrechies, la Madelaine, Lille, 7.20, 11,45, 6,43, 9,30.
luoy-sur-Deiile, Comines-France, Comines-Belgique, 5,55, 10,35,4,37,8,15.
2,31 2,56 5,41
Ing'elmunster-Deynze-Gand, 5-00, 9-41,2-15. Ingelmunster-Deynze, 6-10,7-15. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58, 11-20, 4-41.
Deynze-Ingelmunster, 12-00 8,20.
Ingelmdnster-Anseghem, 6,05 9,40 12,35 6,13. Anseghem-Ingelmunster, 7,42 11,20 2,20 7,45.
Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerque, 7,10 9,08 1,35 7.50 Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6,15
11-05, 3-40, 5-00.
Dixmude-Nieuport, 9,50 12,35 2,20 5,10 8-35 10,10. Nieuport-Dixmude, 7,15 11,55 4-20 5,56 6,50.
Thourout-Ostende, 4,50 9-15, 1,50 8-05 10,15. Ostende-Thourout, 7-35, 10-10, 12-20,6-15 9,15.
Selzaete-Eecloo, 9-05,1,25, 9-03. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-20, 5-05.
C0««.HSI»0)SDA.NCKS
BRUXEI.LES, COURTRAI.
xelles dép. 5,22 S,2S 12,21 5,35 6,47.
rtrai arr. 8,00 10,46 2,46 7,56 8,44.
Bruxelles
Courtr
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Lille dép. 5,10 8,12 11,05 2,21 4,10 8,10
Tourhai 5,42 8,56 11,32 2,40 5,21 8,50
Coui'trai arr. 6,31 9,17 12,26 3,38 6,33 9,28
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,42 6,35.
Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25 6,10 8,54.
COURTRAI, TOURNAI, LILLE.
Courtrai dép. 6,37 9-37 10,56 2,54 5,27 8,47.
Tournai arr. 7,28 10,15 11,47 3,48 6,39 9,41.
Lille 7,42 10-42 12,08 4,00 6,37 10,04.
COURTRAI, GAND.
Courtrai dép. 6,32 6,42 9,49 12,31, 3,44 6,40 9-32.
Gahd arr. 8,01 7,21 11,08 1,51, 5,04 8,00 10,20.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges A. 6,49 7,04 9,39 12,34 2,52 3,59 6,43 8,43 Bruxelles dép.5,22 7,20 7,25 0,00 11,06 1,35 3,02 4,53 5,55 5,01,
arr. 6,00 8,38 9,36 10,27 1 23 3,25 4,10 6,J3 7.23 7,3».
GAND, COURTRAI.
Gand
Courtrai
dép. 5,15 8.45 9.24 1,28 4,14 7,21.
i arr. 0,34 9,33 10,51 2,49 5,23 8,12.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Gaud a. 7,34 8,'19 10,54 1,49 4,07 4,44 7,58 9,28. Gand
Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 5,58 9,31 10,42. Bruges
7,15 9,23 10,51 11,20 2,38 5,01 6,50 8,15 8,50.
DEUX PROGRAMMES.
Nous avons en tout récemment ('occasion
d'msister sur le veritable caractère de la
propagande libérale, qui se donne la mis
sion de poursuivre Ie papisme sur le ter-
j. rain religieux coimne sur le terrain poli-
lique.
11 s'agit, on s'en sonvient, d'après la
Revue de Belgiquede la creation d'un jour
nal, que l'on chargerait de répandre l'meré-
dulilé dans les campagnes. II fa ut lacher de
délruire te sentiment calholique... arracher
les dmes a f Eg Use. Voila douc le hut. Quant
aux moyens, la Revue en parle aussi. S'en-
suit-il, dit-elle, que brusquement nous
devions aller arracher le bandeau donl,
depuis des temps séculaires, Rome a aveu-
glé nos populations rurales? Faut-il elïa-
roucher ces intelligences naïves el cham-
pèlres, qui tiennent a leur religion, autant
par habitude que par la crainte de l'enfer?»
Ob non! ces deslructeurs du sentiment ca-
tholique sonl bien plus avisés que cela, el
leur journal, ils Ie déclarent, ne portera
mème, dés I'abord, qn'tine main délicate
et prudente sur les questions religieitses.
Nous trouvons done la un programme
complet, un programme de decomposition
lente el prudente. Voyons maintenant un
programme d'action. Celui-la nous vieul
d'llalie; il porie pour litre: Association inter
nationale DES TRA VAIULEURS. RÉGION DE
1,'Itai.ie. Federation des Romag.nes, et con-
tienl un long el furieux appel aux socialises
anarchiques-révolulionnairesd tuus les
prolélaires, au people el d f armee.
Vous y lirez ces lignes insensées:
Et comme la cause première de tous les
maux qui affligent l'immense population des
Yoici la traduction d'une curieuse étude sur
les Vagabonds de Londres, publiée par le Neav-
York Herald et dout i'auteur ne serait lui-
même, d'après son dire, qu'un vagabond améri-
cain en tournée d'observation. Bien que l'on
sente que cette peinture de moeurs étranges
•ait été vue et vécue, on se refuse a croire que
le correspondant du journal américain soit autre
qu'un vaiilant reporter qui n'a pas craint de
descendre dans ces enters de la misère et du
vice, pour offrir a ses lccteurs un tableau fidéle
des repaires du vol et de la mendicitéa Londres.
Une nuit parmi les voleurs.
Celui qui essaie d'écrire sur les misères de
Londres a largement a faire. Semblable sujet a
été traité par des plumes plus expérimentées
que la mienne, mais, ceux qui ont traité cette
matière sont tous partis d'un mème point, c'est-
a-dire qu'ils ont envisage la question du liaut de
leur position sociale. Ils sont allés aux bureaux
des commissaires des pauvres demander des
statistiques, ils ont visité en amateurs les xvork-
Jiouses, les refuges, les établissements de cha-
rité, ils en ont examine les pensionnaires et ont
publié leurs impressions. J'ai voulu faire l'expé-
rience et en véritable vagabondétudier par
moi-même la vie et les moeurs de mes confrères
de Londres.
Un agent de police obligeant m'apprit que la
plus simple manière d'etre mis au poste était
d'etre truuvé en état d'ivresse. La punition con-
producteurs de la vasle surface du globe c'est
VElatl'Associalion internationale des tra -
vadleurs appelle le complet anéanlissement
de ce grand instrument de despotisme, el
vise a subslituer Wmarchie a I'autoritéles
controls aux lois, la propriété collective a la
propriété individuelle, rumour au mariatje,
ho mme a Dien et I1 unieer salisation du
li uvuil a la palrie
Et plus loin:
Insurgeons nous, insurgeons nous con-
tre les oppresseurs dc rhumamté; tous les
rois, les empereurs, les prés i de rils de répu-
bliques, les prèlres de toutes les religions
sont les vrais ennemis du peuple; délruisons
avec eux lootes les institutions juridiques,
politiques, civiles et rebgieuses.
Plus loin encore et pour finir:
Attention, attention! puissants de la
terre! La Revolution sociale est le terrible
boa qui s'apprète a vous broyer tous dans
ses anneaux fatals.
Attention, attention! II y a des millions de
Nobiling qui se lévenl.
Vive CInternationale! Vive la revolution
sociale!
Et qu 'on ne dise point que nous exngérons
en comparant, que le libéralisme, quand il
combat les idéés ullramontaines, la super
stition, le catholicisrne romain en un mol,
ne veut aucuriêment palronner les doctrines
subversives, qu'il n'a en vue, au contraire,
que faffranehissement de la science et le pfo-
grès social. Ces ptoleslalions sont contrédiles
par les actes. Ceci conduit a cela, la néga-
lion absolue a la licence absolue; et il sullit
de bicn examiner le langage des internatio-
nalisles italiens, |iour èlre convaincu que,
s'ds ne veulent plus d'aulorités, de lois, de
propriété, de manage ni de patrie, c'est
qu'ils ont commencé par substituer l'homme
d Dieu. Mais que font ils autre chose, ceux
siste, pour la première fois, a passer une nuit
au poste, et le lendemaiu matin a ètre conduit
devant un magistrat qui vous condamne payer
cinq shillings (6 fr. 25) ou, en cas d'impossibilité
de payera casser des pierres pendant cinq
jours. II y a bien aussi la mendicité, mais, la loi
étant très-rigoureuse pour les mendiants, je
choisis le premier moyen.
Comment on devient un vagabond.
J'envoie mon bagage a l'hötelje prends une
petite somme en menue monnaie et je pars. Je
ne tardais pas a être gris, j'y fus aidé par quel-
ques amis que je ramassai, afin de conserver la
couleur locale. Aussi le résultat fut-il bientöt
plus que satisfaisant, car avant que je n'eusse
atteint mon butceux qui m'entouraient me
frappèrent, me renversórent, s'emparórent des
quelques shillings que j'avais sur moi et me
laissèrent étendu sur le trottoir de la rue.
La première chose dont je m'apercus, c'est que
j'étais entre les mains de deux agents de police
fort experts. Je les jugeai tels a la facon très-
rapide avec laquelle ils me trainèrent le long
des rues glissantes de la ville.
Je me trouvai bientót l'lióte d'une celluie trös-
froide et très-étroite mais ma solitude fut de
courte durée, car la porte de fer s'ouvrant donna
passage a un de ces types pour lesquels j'étais
en train de devenir un martyr. Me regardant
un moment d'un oeil troubló par l'ivresse, il me
dit
Eh bien, qu'est-ce qui t'amène ici
Je suis gris.
ga c'est trop raidetu essayes de mettre
dedans un camarade. Vol, n'est-ce pas?
Après ces quelques paroles, il se laissa tomber
sur le seul banc de la celluie et s'endorniitconiine
qui proclament le duel d mort entre la
science et lafoi, ceux qui prétendent arra
cher les dmes u CEglise el délruire le senti
ment calholique?
La libre pensée a donné aux catholiques,
a tons les hommes d'ordre un avertissement
grave, d'aulant plus grave que e'esl désor-
mais avec renlhoosiasme du triomphe que
I accoiriplisseinent des prnjels de déchristia-
nisation sera poursmvi. En presence d'une
telle 'entreprise il n'y pas deux voies a pren
dre: tl faut lulter, lutter plus que jamais
avec toutes les forces du dévoueinenl, pour
éclairer el préserver les populations des vil
les el des campagnes. C'est plus qu'une pré-
pondérance politique, c'est la sociélé mème
qui est en cause.
LA LOGIQUE LIBERALE.
La Paix écrit un excellent article sur les
inconsequences du parti républieain en Fran
ce. II conclut en disant
Prenons acte de cette doctrine ullra-libé-
ralo pratiquée en Belgique el aillenrs encore,
parloul oü les révoliilionnaires peuvenl ex
ploiter le budget el les influences officie!les
dont ils abusent. La destitution de M. Re-
nouard (lisons Vramboul) tut été un crime;
celle de M. Bastien (lisez Ruzelte) et d'autres
magistrals conseillée,e.xigéeavecdemoindres
apparences de justice,serait une ceuvreloua-
ble et de salut public
Ou raisonne de mème en Belgique. Quand
l'opinion conservatrice exerce le pouvoir, on
lui denie le droit de préférer ses partisans a
ses adversaires, et les Fréres pourvus de
fonclions importanles recoivent l'ordre de
les garder, d'en user et d'en abuser dans un
inlérèl de parti centre les él u's de la patrie.
s'il était chez lui.
Avant le matin, nous étions cinq. Mon projet
avait réussimais je m'étais trompé dans le
choix de mon jour. La nuit du samedi est la
pire de toutes pour les habitués du poste, car le
magistrat ne siège point le dimanche. Vous pou-
vez vous faire uue idéé de la désagréable journóe
que l'on a a passer. Lorsque je m'apercus du
fait le matin, j'envisageai ma situation avec les
accompagnements du froid, de la faiin, et je ne
la trouvai rien moins qu'agréable. Mes confrères
cependant, prirent cela très-pliilosophiquement;
ils coinmandèrent des déjeuners substantiels et,
lorsqu'on les apporta, ils sortirent de l'argent
des plus singuliers endroits.
Un avait les revers de ses bretelles garnis de
petites poches pouvant toutes contenir un shil
ling. Un autre tira une pièce d'une demi-couronne
(2 fr. 50) de la patte de son gilet. Un troisième
un shilling des plis d'une épaisse cravate.
Ce dernier, se tournant vers moi, me dit:
- Copain, vous avez deux paletots, envoyez en
un au gargotier d'en face, il ie vendra, vous aurez
de quoi manger et quelques bobs en plus.
Un bobparmi les vagabonds et les voleurs,
signitie un shilling. Mon pardessus prit immédia-
tement le chemin du mont-de-piété, et je fus
bientót en possession d'un excellent déjeuner,
de quatre bobs et d'un tanner. Un tanner, en
aigot, veut dire six pence (60 centimes). Mon
pardessus valait environ 85 francs.
Justice expéditive.
Le lundi matin, nous fümes amenés devant
Son Hoiineur le magistrat, qui nous expédia
avec une rapiditó vraiment étonnante. Je vis un
agent de police baiser un livre crasseux. II dit
quelques paroles que je ne pus entendre, aux-
Quel vacarme on eiit fail clans les Chambres
et dans la rue, voire sous le balcon du Hoi,
si MM. d'Anelltan el Malou avaiept pratique
la théorie de MM. Rolin et Bura et remplacé
des gouverneurs et magistrals liberaux par
des catholiquesEn supposanl que nos amis
possent oblenu a eet effel la signature néces
saire, on leur eül fait lelleinenl peur que
pes mesures de folie proscription eussenl eté
d'une exécution impossible.
Nous n'oserions contredire.eri ce point les
publicisles que nous copions, mais nous
sommes mallieureusement autorisés a cott-
clure qu'ils fouleut aux pieds la logique et
la loyaulé a la fois.
LORD BEACONSFIELD.
Les hommes qui se préoccupent de I edu
cation de la jeunesse ont dü noter cette grave
parole prononcée derniérement a la tribune
parlementairede Londres:
Tout sysiérne d'cnseignemenl qui n'a
pas pour base la reconnaissance du gou
vernement piovidentiel du monde, ne
peut avoir pour résultat qu'un désastrc
national.
Celui qui faisail cette declaration n'étail
pas un clerical et n'appartient pas rnè.ne a la
religion calholique. Il a nom lord Beacons-
field el on ne lui refusera certes point quel-
que connaissance des cltoses de l'Etat.
Que penseronl de ce lémoignage nos pe-
tils politiques fiévreusement occupés cltaque
jour de séculariser renseignemenl el si bien
persuades de Fimportancc de leur emrepri-
se, qu'tl leur faut un ministère spécial pour
présider a cette oeuvre?
Ceux-la font fièrement abstraction du gou
vernement de la l'rovidencc. lis vousdecla-
quelles le magistrat répondit par ces mots
- Cinq shillings d'amende, ou cinq jours de travail
l'orcé, et je fus poussé dans une celluie voisine.
J'y retrouvai mon compagnon qui m'avait déja
conseillé de veudre mon pardessus. II était con-
damnéala mème peine. 11 me lit alors remar-
quer que le paletot qui me restait était très-bon,
quejepouvais le changer pour un autre d'oeca-
sion et avoir encore uu boni de25 francs. Mon
paletot suivit mon pardessus: je regus en échange
une espèce de misórablejaquette usée jusqu'a la
corde et 12 fr. 50 de surplus.
Je pouvais ainsi échapper au cassement des
pierres, mon couseiller in ayant informé que e'e-
tait un travail très-dur, dont il avait fait l'expé-
rience.
On nous appela ensemble pour payer notre
amende. Avant de sortir, il deroula encore son
énorme cravate et, après quelques recherches, il
sortit des plis un demi-souverain, le niontant de
son amende. C'étaii un récidiviste et lejuge avait
doublé la somme.
Nous quittames ensemble la triste demeur.e de
Dame Justice, nous n'étions pas amis, mais
- copaius, car j'étais dans cette période de Ja
vie oü on ne fait plus d'amis. Je suivis done mon
compagnon, qui s'engagea, sans prononcer tine
parole, dans un dédale d'allées et de ruelles ob
scures qui lui semblaient familicres.
Nous arrivons enfin devant une vieille maison,
située dans une eour ótroite et humide, dont la
porté fut poussée par 111011 compagnon et nous
pénétrons dans une espèce do cabaret célèbre....
parmi les vagabonds et les voleurs. Malgré cela,
par cette matinée froide et pluvieuse, l'endroit
était chaud et confortable. Au bout de la salie,
se trouvait un.comptoir oü ótaient assis un homme
et une jeune lille. E11 face, brülait un énorme 1'eu
(Je charhon de terre, Au milieu, il y avait des
reront qu'enlre leur école laique, entre la
sociélé civile el Dieu il ne doit y avoir rien
(leconirnun. Est ce que leur mission a eux
n'esl pas de former des ciloyens et rien que
des ciloyens?
Cette manière de scinder I'liomme, d'ad-
jnger sa moitié civile a l'Eiat, et d'abandon-
ner lelie rehgieux au régime hostile d'une
soi-disant neuiralité, est tont sinipletnenl
absurde; olie est de plus malfaisante au pre
mier chef.
Lord Beaconsfield a eu mille fois raison de
Ie dire: au bout du laïcisme dans l'école, il
n'y a qu'un désdslte national. Celui qui no
recommit pas la première de toutes les lois el
qui ne s'incline point devant i'aulorité suprè
me qui est a la base des lois divines el hu -
tnaines, celui-la, en principe, est un révolu-
lionnaire. Avec lui Ie désastre n'esl qu'une
question do fait, de téalisalion, peul - öl re de
tempérament ou d'oppuriuriiié.
CULTURKAMPF.
Notre gou vernement qui annonce Pinten-
lion de declarer a l'Eglise une guerre ouverle
pourra faire son profil des lignes suivantes
que nous extrayons d'un article publié dans
la Feuille de la Hessepar un protestant des
plus ha ut places de 1'Allemagne
Le C'dturkampf a étéun mécornpte inooï.
Ce qu'on voulail c'élait Paffaiblissemeni de
la liierarchiecaibobque, el ce qu'on a oblenu
c'eM un immense accroissement de sa puis
sance. Ou s'est trompé dans les moyens
d'altaque cl on a poussé dans le camp calho
lique toutes les personnes encore animées
d'un esprit de religion. Ces personnes se
soni inlimemertt unies a l Eglise et cette iri-
limilé a aincné une confralermlé dans la
lulie. Aussi n est ce un secret pour personne
(pie si le gouvernement avail encore le bon
tables grossières et des banes en bois. Environ
vingt personnes étaient la, buvant, niangeaut et
fumant.
Une femme aux allures masculines vint frapper
sur l'épaule de mon conducteur et, me désignant,
elle lui demanda oü it m'avait ramassé. 11 la re-
poussa en lui disant que j'étais son - copain.
Cette declaration faite a haute voix parut 111e re-
lever aux yeux de cette estimable.socióté.
Chassant ensuite deux fillettes, presque des
enfants, qui étaient a une table et qui, en revan
che, nous assaillirent de gros mots, nous primes
leurs places. Mon camarade demanda deux pintes
de hiére (half and half).
Une jolie jeune tille, vêtue de haillons, vint
nous ct nous demanda si nous ne voulions pas
manger quelque chose.
Donnez-lni six pencecopainme dit-il,
nous aurons du porc et du pain.
La tille prit la pièce, la jeta en l'air, la reent
dans sa bouclie et sortit. Elle revint bientöt,
apportant ce que nous avions commandé. Le
porc fut. vivement grillé devant le feu, ét je dois
avouer que jamais repas ne me fut plus agréablé.
Je compris alors que j'étais réellement un vaga
bond pur sang, car la nourriture et la chaleur
me causaient 1111 bien-être inlini et je me sentais
dans mon milieu.
Le repas terminé, mon compagnon tira d'une
des poelies niystórieuses de son vêtement une
pipe qu'il chargea et alluma dans le plus prpfond
silence. J'appelai la servante et lui donnai trois
pence pour m'achetor une pipe et du tabac.
Feu aprés, entouré de fumée, je ni'élancai dans
le pays des rêves. Et pourquoi pas? J'avais sur
le dos, il est 'vrai, un paletot usé, rebut du mont-
de-piété; j'étais entouré de voleurs, de iilous, la
lie des bas-fonds de Londres, mais tout ce monde-
la semblait m'ètre bienveillant, fendant une