B
(note de la redaction).
S
et aveugles Ie libéralisme, soi-disanl modéré,
lui-mème nourrit contre l'Eglise. Lesancê-
tres de nos inodernes Gueux disaient: «Plu
lót Turcs que Papisles! Nos libcraux d'au-
jourd'hui prennenl pour devise: Plutól
les émissaires de I 'Internationale que des
prudhommes calholiques!
II serail plus habile que loyal de relevcr
ce propos de I"Eloile en I'appliquant aux
elections qui ont eu lieu Diniancbe a Gand;
mais la vérilé nous oblige a reconnaitre que
la lisle qui a échouó «'avail aueune leinte
cléricale. Elle élail au conlraire palro-
née par le Journal de Gandpar I'holel-de-
vilie el par plusieurs autres influences peu
prodigues desympalhies pour les calholi
ques. Le libéral le plus inlransigeanl pouvail
done appuyer la lisle de la Ligue des élec-
leurs libres sans crainle de comproineltre
son puritanisme libéral.
Ajoutons que les vainqueurs eux-mêmes
onl pris soin de définir el d'accentuer leur
vicloire en arboranl le drapeau rouge sur-
monlé du bonnet phrygien et en braillant
la Marseillaise.
Quoi qu'en dise VElotle, e'est done une
lisle exclusivement rougesans bleus ni
noirs, que les électeurs ouvriers ont fail en-
trer au Conseil des prudhommes de Gand.
C'est un des signes du lemps el il nous
parait digne d'etre remarqué par les libé-
raux qui croient le moment venu dechasser
Ie prétre de l'école el diapprendre a nos
populations a mépriser le ctergè.
PETIT BILAN MINISTERIEL.
II y a peu de jours, utie feuille minïsté-
rielle vantait la modéralion du cabinet libé
ral. Quelle oulrecuidance!... Dressons un
peu Ic biIan modérantiste de ces messieurs
de la rue de la Loi el voyons cequ'ilsont
porléa leur aclif depuis leur arrivée au pou-
voir. Pas de pbrases, des l'aits, rien que des
fails:
1° Créalion du ministère de l'instrnclion
publique, vraie machine de guerre dirigée
contre l'enseignemenl calholique et libre;
2° Démission forcée de M. le prince de
Caraman-Chimay, gouverneur du Hainaut,
lype de loyauté administrative et politique;
3° Relèvemenl brulal et grossier de M.
Ruzelle, le gouverneur si svmpaihique de
la Flandre occidentale, de ses fonclions el
nomination de
4° M. Heyvaert, procureur du Roi a Bru-
xelles, chargé, commel'adit un des confi
dents du minislre deslilulionnel Rolin, «de
surveiifer la dépulation permanente de la
province, suspeclée de catholicisme;
5° Déplacement cafard, hypocrite et en
tapinois de fonclionnaires attachés a leurs
convictions calholiques;
6° Menaces faites a' d'autres qui ne tarde-
ront pas a ètre suivies d'exécution;
7° Distribution parliale des fonds alloués
au gouvernement pour faciliter les voyages
de membres de l'enseignemenl a l'Exposition
de Paris; parmi eux on remarque le poële
gueux Jan Van Beers, d'Anvers. le protégé
des De Wael et des Van der Taelen, plus une
kyrielle de professeurs et d'instituteurs
gueux;
8° Décoralion en qualité de chevalier de
l'ordre de Léopold du sieur De Geyler, un
énerguméne qui a écrit le Chant des Gueux
un chant hostile a la religion et a la royauté.
Et pour couronner le tout: loi d'ostracis-
me électoral privaut 20,000 ciloyens beiges
des plus intelligents el des plus respectables
de leurs droits politiques.
N'esl cc pas qu'elle est belle la modéra
lion de nos adversaires?... Et nous ne som
mes qu'au prologue, a l'ouverture! Que se-
ra-ce de la pièce elle-mème qui commencera
a se jouer en Novembre prochain? Palrie
EDUCATION VRAIE.
Les calholiques anversois viennent de
prendre une initiative qui, nous en sommes
convaincus trouvera des imitateurs partout
oü l'enseignemenl populaire sera transformé
en moyen de propagande anti catholiqne.
VEscaul annonce en ces termes cette nou
velle, qui sera accueillie avec joie, dit-il, par
tous les parents calholiques:
II fallait empèeher que la jeunesse füt
ainsi égarée, il fallait ériger des écoles oü
non-seulement l'enfant du bourgeois peu
aisé, mais aussi les enfants de la classe ou-
vriére pussent recevoir une instruction el
une education conformes aux sentiments
religieux et moraux des parents.
Ce but, poursuivi par quelques philanthro
pes, est aujourd'hui atleinl. A partir du lr
Octobre, il sera ouvert en notre ville des
écoles diles paroissiales pour les enfants
dont les parents ne sont pas en état de faire
les frais d'une école parlicuIière.
L'ceuvre des Ecoles paroissiales est ap-
pelée a prendre une grande extension et,
nous n'en doutons pas, trouvera un puissant
appui auprés des amis du peuple calholique,
qui contribueront ainsi a mëttre le petit
bourgeois eu état de donner a ses enfants
l'instruction nécessaire el une bonne éduca-
lion sans devoir les envoyer a des écoles
dont lout sentiment religieux est banni et oü
toute inspection est iuterdite au prétre.
Deux Ecoles paroissiales s'ouvriront
le lr Octobre: l'une rue des Peignes, 59, l'ali
tre rue du Gaz, local Saint-Vincent; les le-
cons seront données par les meilleurs pro
fesseurs diplörnés.
KAWOÏJ IET MI'S ETTE.
Depuis hier, Ia commission organisatrice
du banquet a offrir a M. le chevalier Ruzette
siégepour ainsi dire en permanence, afin de
prendre toutes les mesures nécessaires a la
réussite de la manifestation deDimanche.
Uier au soir, une réunion de cinquante
jeunes gens prèls a accepter les délicates
fonclions de commissaires, a eu lieu dans un
des salons de la Concorde. Tous onl promis
leur concours act if. lis portcront une co-
cardeaux couleurs rouge et blanche.
A l'arrivéede tous les trains, jusqu'a celui
de midi et demi, des commissaires selrou-
veront Dimanclie a la gare du chemin de fer;
ils donneront aux amis él rangers tous les
renseignemenls voulus.
La musique calholique d'Ypres a promis
de vènir prendre part a la fèle et de donner
une aubade a M. Ruzette pendant le diner.
L'harmonie de la Concorde se fera aussi
entendre,
Le bureau de la Federation des Cercles
calholiques se rendra a mjdi et demi chez
M. Ruzette, afin de lui remettre uncadresse
de sympathie et de protestation contre l'acte
inique posé par le ministère.
Tous les convives sont priés de vouloir se
trouver enlre 1 hen re et l beore et demie
aux Halles, afin que le banquet puisse corn -
meneer a 1'hen re lixée, 1 heure el demie.
Les cartes jannes remises aux souscrip-
teurs portent un N° correspondant a celui de
la table a laquelle ils sont priés de prendre
place.
A leur entré dans la salie, les commissai
res leur désigneront ces places.
A la table d'honneur s'assiéronl 115 con
vives, leis que: anciens ministres, sénaleurs,
reprósentants,conseiIIers provinciaux, bourg-
meslres de villes importantes, étrangers de
distinction, etc.
Le banquet aura lieu a la lumiére: les
nombreux lustres de la salie des Halles se
ront garnis de globes et de riches candela-
bres orneront la table d'honneur.
Le service des tables sera fait par plus de
cinquante servants, auxqueis viendront se
joindre les laquais des principales maisons
de Bruges.
Les toasts, sont limités par la commis
sion.
Nous finissons en renouvelanl le conseil
que la Patrie donnait hier a nos amis; qu'ils
se gardent des faux avis et des fausses dépê
ches que des louslics brugeois ne manque-
ront pas de lancer.
Nous pouvens garantir que la santé de M.
le chevalier Ruzette est parfaile: rentré avant
hier des Ardennes francaises, il a appris avec
émotion les manifestations que l'on prépare
en son honneur el ne désire pas qu'elles
soient remises.
BULLETIN POLITIQUE.
NECROLOGIE.
M. Van der Donckl, dépulé d'Audenarde,
vient de mourir a Cruyshaulem, a lage de
80 ans.
La Chambre perd en lui un député aetif et
consciencieux: il y siégeait depuis vingl-cinq
ans.
L'enterremenl du doyen d'age de la Cham
bre a eu lieu a Cruyshaulem, Vendredi, a 3
lieu res de relevée.
CBsrimijjaac locale.
On lit dans la Patrie
Que nousayons un gouverneur de la pro
vince dans M. Heyvaert, nous le nions, et
lui-mème lienl a le détnonlrer: ce monsieur
n'est et ne sera jamais ici qu'un procureur du
libéralisme le plus accentué. II l'a déja prou-
vé en fermant les yeux sur mainle infraction
a la loi commise parses amis politiques, lui
qui, dans une circulaire de fanfaron, procla-
maitque la loi serait son unique guide.
Mais cela ne sullil pas au Ills de feu le ta-
bellion de Ghistelles: d a voulu établir qu'il
n'est qu'un seclaire libéral, par les deux
piéees suivantes
L Association libérale de l'arrondis-e-
ment d j.tres, réuine eu assemblée géué-
1le, adresse a Monsieur le Gouverneur
ses plus sincéres et ses plus cbaleureuses
felicitations.
Elle [tlace en lui loule sa confiance el lui
promet lout son concours.
\oici le réponse du procureur gueux:
M. Henri Carton,
Président de CAssociation Libérale
h' Ypres.
»Vifs remerciments pour les felicitations
d uae association sur Ie concours de la-
quelle je savais pouvoir compter en toutes
circonstances et qui sera un de mes meil-
leurs auxiliaires. 0
Le Gouverneur(Signé) HEYVAERT.
Uu chef de province et un commissaire
d'arrondissement qui s'entendent pour faire
la guerre a la catholique Flandre occidentale,
voila certes de |a politique nouvelle a
cette Fiandre qui n'envpie que 11 membres
libcraux au Conseil provincial, et 2 libéraux
a peine au Parlement!
Aussi prédisons-nous a M. Ie procureur
dans ses tentatives pour liberaliser notre
province le succés qu'il a oblenu ces jours-ci
dans ses receptions annoncées a grands fra
cas. Saul les fonclionnaires con train ts d'y
assister Monsieur e: Madame Hcvard so.it
restes dans un isolemeut, complet. Cela de-
vail ai river.
un étudiant pauvre et capable. Puis attendez ma
mort pour juger ma vio.
Pendant cinquante ans, Staszic permit a la mal-
veillance de noircir ses actions; il savait qu'un
temps viendrait oü toute la Pologne lui rendrait
justice.
Le 20 janvier 1826, trente mille Polonais se
pressaient tristement autour de sou cercueil et
cherchaient a toucher le drap mortuaire, comme
si c'eüt été une relique précieuse et vénérée.
L'armée russe ne pouvait comprendre l'hom-
mage rendu par le peuple de Varsovie a eet
liomnie illustre. Son testament révélait laraison
de son apparente avarice. Ses vastes terres
avaient été divisé'es en cinq cents portions, dont
chacune devait devenir. la propriété d'un paysan
libre, son ancien serf. Une école, d'un plan admi
rable, devait ètre étabüe pour enseigner divers
métiers aux enf'auts des paysans. Une sornrne
réservée était destinée aux malades et aux
vieillards. Une petite taxe annuelle devait être
payée par chacun des serfs libérés pour acheter,
peu a peu, la liberté de leurs voisins, condamnés,
comme its l'avaient été, a un travail dur et ingrat.
Après avoir ainsi pourvu a l'émancipation de
ses paysans, Staszic disposait de six cent mille
tlorins pour fonder un liópital-modèle, et d'une
autre somme considerable pour élever des jeu-
nes gens pauvres et studieux. Quant a sa sceur,
il lui laissa seulement la petite rente qu'il lui
faisait pendant sa vie; car c'était une personne
prodigue et extravagante, qui dépensait sans
réflexion tout l'argent qu'elle recevait.
Etrangè destinée que celle de Stanislas Staszic!
Martyr de la calomnie tant qu'il vécut, après sa
mort sa mémoire fut bónie par la multitude re-
connaissante dont il avait assure le bonlieur.
Traduit du russe de W. Cus.ux, par Brumaxdicr
On se souvient qu'au moment de sou arreslation
Nobiling avoua avoii- eu des complices depuis, il
a répélé cette declaration mais on n'a pu lui arra-
cher Ie moindre éclaircissement a ce sujet. Pen
dant ces deux derniers inois, la police prussienne
a arrêté une vingtaine de personnes sbupconnées
d'avoir trempé dans l'a tiental contre l'empcreur
Guillaume mais toutes ces personnes sont au
jourd'hui relachées, et, nous apprend la Gazette
d Augsbourg, ii la police est arrivée a cette con
viction que les complices de Nobiling ne sont pas
en Allemagne, et qu'ils ne sont autres que les chefs
des comités secrets de l'Internationale, siégeanta
Londres et a Paris.
On lit dans le Journal officiel be Pyriuont
Les gazettes s'occupcnl d'un manage de notre
anguste princesse Emma avec le Roi des Pays-Bas.
Les uns disent que les ftancailles out eu lien, d'au
tres prétendent qu'elles auront seulement lieu au
printemps prochain. D après nos informations,
tons ees bruits sont faux; il n y a de vrai qu une
chose c est que le Hoi a annoncé sa visite a Arol-
sen pour l'automne.
Ce démenti, fait observer la Gazette de Colo
gne, est très-incomplet, et probableinent non sans
intention. On con teste settlement que les fianeailles
aient déja eu lieu, ou qu'elles se leronl au inois de
février. Mais enlre Ie passé et I'avenir plus éloigné,
vient se placer la prochaine visite du Roi.
Les operations du 4' corps d'armée autricliien
dans 1'angle enlre la llosna et la fronlière serbe
ont été inaugurées par des succes notables que
constate le journal ofliciel de Vienne. Ces troupes,
venant des confins militaires, out traversé la Save
a Beretzka Pelanka et out successivement occupé
les localilés siluées sur les bords de la 'i'inja jus
qu'a Uobrova. Ces succès paraissent loutefoisavoir
été obtenus au prix de combats contintiels et
acharnés.
FRANCE.
Paris, 16 seplembre.
Sous ee litre les Religieuses au Senegal,
nous IL-ons dans un journal peu calholique, la
Patrie, de Paris
Ene dépêche de Bordeaux, répélée par tons
les journaux, annonce que «quatre religieuses
viennent de partir pour la cólé du Senegal, oü
sévit une épidémie terrible et oü la petite colonic
franeaise paie chaque jour a la mort le tribui de
nouvellés victimes. Ces religieuses vont remplacer
celles qui ont succombé en soiguaut les malades.
Elles partent sans que rien les y oblige elles
vont, elles aussi, au danger el probablement a la
mort, sans que rien les y contra igneelles y vont
simpiement paree qu'elles veulent secourir ceux
qui souflfreni et paree qu'elles ont la foi.
Si I on s'étonnait de leur admirable dévouement,
si on les louait de leur héroïsme, elles répondraient
avec sincérilé qu'elles sont très-Bères d'avoir oblenu
|a faveur d aller au feu et d'avoir été préférées
a cent antres qui le demandaient comme elles.
Partout oü il y aura un danger a affronter,
partout oü une épidémie peupiera les villes de
cadavres, el jusqiie dans les colonies les plus
loifltaines partout oü des inalbeureux auront
besoin d'etre secourus, disputes a la mort a force
de sollicitude et de soms, les soeurs arriveront
pour accomplir leur mission. Dans lous les pays
étrangers, oü leur abnegation est connue, on les
admire, on les ai me, ou les vénère en revan
che, certains Francais les dénigreni, les altaquent,
lts oiilragcnt et demandent que leurs congréga-
tions soient dispt-rsées ou détruiles.
Quand ua citoyeuveul faire preuve de
radicalisme, quand un journal vent caresser la
populace brutale qui détesle les vertus qu'elle se
sent incapable de compreiior.e, ce citoyen et ce
journal tombenl sur les congrégations religieuses,
ils exigenl qu'ou expulse les soeurs de leurs astles
ou de leurs écoles. Aussilöt que la Répubiique
apparail, ees passions liebétées se révetlleul, et la
persétuliou recoiumence.
En altendant que nous revenions a des lemps
inoins orageux, moins chargés de coières hauieu-
ses el de bèlise mallaisaiile, 011 iioiis pei metlra de
poser une question au Siecle, ii la Réfubuque
francaise et autres fcuilles ijui réclament la sup
pression des soeurs dans les bÓpitaux el leur
reiuplaceqjeut par tjes in[jrii|i(ires lappies I!
Cette question la vpjc.i Ces junruaux vou-
draient ils avoir l'obiigeance de puliljer la |js(e
des ti citoyenii -slaVques, républicaines (el pas
obiigaloires, Uieu merci!) qui sont parties pour
aller au Senegal secourir les inouranls et disputcr,
a force de soins et de dévouement, des Francais a
l'épidémie.
Ce serait la, pour celles qui ont la prélendue
vocation, one belle occasion de prouver que les
partisans des inürinières laï pies 11 onl pas risqiié
a la légere line ulée aussi iinpraiicable que ridi
cule. Nous alleiidons la lisle de ces ciloyeiiues
el nous l'alléüdroiis luuglenlps Eu general
quand ces femines lillies parleol e'e-t pour
Geuève 011 pour Bongival.
Ou lil dans lOcéuu
La icllre de Mgr l'évêqtie de St-Brieuc donne
fidéle rl émuuvante la pliysiouomic de la scène
finale de l'expulsiun des Soeurs de Poullaouè'n.
Iiis repetitu pluccutdit-on quelques fois iioiis
pensons que l'adirge peut s'appliquer ici aussi,
sanscrainie de l'ailguer le lecteur, croyon-uous
pouvoir donner une deuxième édition de cel épiso
de, suivant la relation d'un témoin oculaire, qui
ajoute quelques détails accessoires que. dans sa
lettre a M. Bardoux, Mgr David a cru pouvoir
négliger.
Le Maréchal des logis de Carhaix est dans la
salie, suppliant les digncs religieuses de sorlir.
Mme la supérieure répond avec calme a ses ex
hortations.
Quel scandale vous allez donner sorlez
done, mesdames
Monsieur, ce n est pas nous qui donnons le
scandale, ce sont ceux qui nous chassent
Madame, je sais, mais nous sommes ici
qualre gendarmes, nous allons venir tous les
quatre.
Ils arrivent en efTet lous les quatre, avec le
maire a peine entrés, ils chassent les prêtres et
les autres personnes présenles M. le rectéur de
Poullaouè'n, M. Le Borgne, M. Lécnyer, vicaire
de Pouguer, M. Allain, président du eonseil de
fabrique, MM. Quilliou et Le Bras, la sceur du
recteur, une petite pensionnaire et le domestique
des Soeurs.
Ces personnes, (émoins gênants de l'iniquité
qui allait s'aeeomplir, une fois dehors, les quatre
gendarmes renlrent dans la salie, oü il n'y a plus
que les trois pauvres saintes filles, calmcs, rési-
gnées, soutenues par la force d en haul. A ce
moment VsJngeltls sunnait, elles étaient a genoux
disant Vjngtlus.
Laissons-les achever leur prière dit l'un
d eux. Quand elles out lini et se sont relevées, les
gendarmes, très-émiis et corifus, sans nul doute,
de cette triste mission, les prient en grace de
vouloir bien sortir, car ils vont ètre contrahits
d user de violente.
- I'aites messieurs, ce qui vous est comman-
dé, répond stoïquement ou plulót chrétiennem'ent
1 héroïque supérieure.
Et comme elles rcslaient immobiles, pr'enant
leur courage a deux mains, les gendarmes se
mettenta les pousser toutes les trois. Quand les
hommes du piétoire cessaient de pousser, fortes
de leur droit et fidèles a l'obéissance, les saintis
vierges du Seigneur cessaient de marcher. Les
gendarmes poussaient encore, et ainsi s'achyvait
la besogne de M. Duma rest
Cet épisode nous rappelle un fait analogue
perpétré, il y a peu d'années, sous nos yeux, a
Ypres mêrne. Seulement les gendarmes de la
Répubiique frangaise y ont mis, semble-t-il,
plus de formes que nos policiers, et n'ont pa's
mangé les fricadelles des bonnes soeurs.
LA FAMINE EN CHINE.
appel a l'auaióne.
Une efl't-oyable famine désole tout le nord de
la Chine, la Mongolië et la Corée. Les journaux
cliinois estiment a plus de cinq millions le chitt're
des xictinits. Dans plusieurs iirovinces les cas
d'anthropophagie se multiplient. Vers le milieu
de mars, la Gazette officielle de Pékin publiait
un rapport du gouverneur du Honan qui consta
te expressément ce fait horrible. Non-seulement,
d'après ce rapport, lessurvivantsse nourissaient
des cadavres des morts, mais on était venu a ce
point que les plus forts tuaient les plus faibles
pour les manger.
Un évêque catholique, Mgr Crassi, coadjuteur
du vicaire apostolique du Cben-si, écrit de son
cótó
- Au Chen-si, le sol n'est plus qu'un affreux
désert sans un brin d'herbe; les deux tiers des
habitants sont morts de faim. Les cadavres ne
sont plus ensevelisils servent de pature aux
survivants. L'anthropophagie est a l'ordre du
jour; les parents mangent leurs enfants, et la
chair humaiije a remplacé dans les marches la
viande de bouclierie, qui en a disparu depuis
longtemps.
Enfin, des milliers de femmes et de jeunes
filles sont vendues pour quelques pièces de
inonnaie par leurs parents ou lours maris, comme
en témoigne l'article suivant, que nous lisons
dans le 2'imes du 24 juillet
L'horr-ible famine qui ravage actuellement le
nord de la Chine doit navrer les coeurs les plus
durs. Tous nous devons être émus profondément
par cette pensee: des milliers, des millions de
nos semblables se meureqt flans les tortures de
la faim, et qu aypns-noüs fait pour les soulager?
pour les sauver Chacun d'entre nous doit s'e
demander: Mot, qu'aije faitJe n'isnorais
point cette eilroyable famine, j'avais eu toute
occasion de sayoir que ces infqrtunés sont deve-
nus enfin, a force de souifrir et de lutter contre
la mort, Jous et cannibales que dos enfants sont
exposés en vente pour l'alimentation publique
et que des femmes et des jeunes filles sont ven
dues aux Mahometans pour un peu de graiu ou
d'écorce de grains; que ces femmes et ces jeunes
filles sont livrées ators a l'esclavage, a l'infamie
a une destinée pire que la mort de la faim.
Deux ou trois shillings (aujourd'hui quelques
sous) sufiisent pour racheter une de ces infortu-
nées, et, moyennant quelques shillings de piUs
une d'entre elles est nourrie et maiutenue dans
les maisons de refuge ou orphelinats établis par
les missionnaires. Nous empruntons les termes
mènies d'un des plus grands organes des mis
sions en nous écrivantPour une telle oeuvre
y toute femme, toute jeune fille en Europe doit
donner son superfluet si elle n'a point de
superflu, elle doit donner de son nécessaire.
Les aumónes pour le rachat des femmes et
des jeunes lilies sont reeues et expédiées par
les bureaux de tous les principaux journaux
des missions la voie Is plus rapide est d'adresser
a M. l'abbé I.averrière, directeur des Mis.
sions catholiques a Lyon -. ou bien a M.
Vrangkx, supérieur des Missions belges de
Mongolië, a Scheut, prés Bruxelles.
Depuis ce saisissant appel, le Times n'a cessé
de recueillir des aumónes, et quelque nombreu-
ses et magnifiques qu'elles soient en Angleterre,
d'en demander sans cesse de nouvelles, car les
besoins sont immenses la mort n'attend pas:
CINQ MILLIONS de personnes sont mortes de
faim CINQ MILLIONS
Mais il reste une population de 70 millions
qu'il s'agit de sauver. On a vendu et livré a
l'esclavage, a la mort, plus souvent a l'infamie,
hélasun grand nombre de femmes et de jeunes
filles, que Ton aurait pu racheter et sauver en
sacritiant un peu de son superflu, unpeu de son
luxecependant il en reste des millions encore
a racheter, a préserver de la plus horrible des
tinée.
La Belgique catholique ne voudra pas rester
insensible a cet appel.
Depuis trois mois, lisons-nous dans la Volks-
zeitung, de Cologne, la population de Scltan-si,
Shen-Si, Ho-Nan, Schang-Tong, Pótchély, n'é-
chappe a la mort épouvantable de la faim que
par les dons qui viennent d'Europe, et particu-
lièrement de la protestante Angleterre... Ce
serait le devoir spécial de Ia noblesse allemande
de s'attacher a cette oeuvre de sauvetage d'oü
dépendent la vie et l'bonneur de tant de milliers
x de nos frères et de nos soeurs.
Ce que dit le journal allemand h ses compa-
triotes, catholiques et protestants d'Allemagne,
nous le répétons a nos compatriotes de Belgique,
et nous n'ajouterons rien de plus.
Pensez seulement qu'il y a déja la-bas HUIT
MILLIONS d'hommes, de femmes, d'enfants, qui
sont morts lentement, tués par la faim
Les offrandes des personnes charitables se
ront regues avec reconnaissance au Bureau du
Journal.