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LOUIS XVII.
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Samedi 9 Novembre 1878.
13eapnée. N° 1,342.
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I e journal parait Ie Mercredi et le Samedi. Les insertions coütenl 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se paiept 30 centimes la ligne. On traite a forfait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles. Réclames ou Annonces, content 10 fr. les 100 exemplaires.
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I IV K
1» E F F K.
LES COUVENTS.
Depuis quelque temps, les journaux Iibé-
raux de Belgique s'acharnenl sur les convents
dc leur pays, lis publient des slatisliques
qui ont la prélention de figurer les richesses
de ces couvenls, et ils ameutent par la, contre
ceux-ci, les instincts pervers, les haines féro-
ces et lesappétils malsains de cerlaines fou-
les... libérales. lis décrient les couvenls; ils
voudraient les voir disparaitre, ils voudraienl
les voir (omber en poussiére ou les voircon-
verlir en casernesils calomnient, ils ba-
fouent, ils injurienl, ils vilipendent, ils me-
nacent les pauvres religieux el religieuses
qui les habitent; ilsdemandenl a grands cris
qu'on les chasse ignominieusemenl de nolre
pays
Et quel mal font done ces religieux, ces
religieuses eux qui ont tout abandonee
parents, biens, amis, plaisirs, et le reste,
disant un éternel adieu au monde, et cela
pour aller s'enfermer, pour le reste de leurs
jours, dans une prison qu'on nomine cou-
vent et cela pour se consacrer enlièremenl
a Dieu el se dévouer au prochain
Ces religieux, ces religieuses, prient Dieu
pour ceux qui ne prient pasils consolent
les affligésils rendent la paix a des umes
qui l'avaienl perdue.; ils enseignent admira-
blemenl la loi et la morale divinesils re-
meltent dans le chemin du bien, des atnes
qui s'en étaient écartéesils apprennent a
aimer Dieu, a aimer le prochain et a se
vaincre soi mème; ils donnent des exemples
admirables de charité cbrétienne, de dévoue-
ment, de désintéressement, de pénitence ils
font plus, a quelques-uns, pour la moralisa-
tion des masses, que tous les législateurs.
les gendarmes, les policiefs et les juges en
semble... Et la meute libérale d'aboyer
Ce sunt des fainêanlsA bas les con
vents
Ces religieux, ces religieuses s'adonnenl a
lous les genres de travaux. Ils étudient les
lettres, les sciences, les arts, l'histoire, la
philosophie, la théologie... Ils forment, a la
science el a la vertu, la jeunesse qui leur est
confiée, et tellemenl que beaucoup d'ennemis
des couvenls confient l'éducation de leurs
enfanls a ces éducateurs chrétiens. Ils soi -
gnent les malades, lesinfirmes, les vieillards;
ils secourent les pauvres. Ils défrichent la
terre, ils la cultivent; ils travaillent enfin....
Et la meute libérale d'aboyerCe sonldes
accapareurs de la richesse publique Dé-
barrassons nolre pays de la lépre monacale!
Par haine de !a religion el des religieux,
les libéraux, grands défenseurs de la liberté,
refusent a des hommes, le droit de former
une association, le droit de vivre, le droit de
lravailier et celui de mendier, le droit de
parler et celui de se taire, le droit de prier
et celui de prècher, le droit de batir un cou-
vent el celui d'ouvrir un jardin O li
berté.... libérale O tolérance libérale
CONFISCATION.
Nous signalons a l'allenlion des honnètes
gens un nouvel acte de confiscation posé par
le ministre Bara.
II existe a Dotlignies une fondation établie
au XVIIIe siècle par de pieux catholiques.
Cette fondation doit servir uniquemenl a en-
tretenir une école de Jïl/espour leur ap-
prendre a lired écrire, les principes de la
foi lal/iotujue.
La volonté des donateurs est claire et net
te, ils n'onl pas destine leur fortune a appren-
dre la libre-pensée aux jeu pes fil les et a ren-
dre gueuses les enfanls de Dottignies.
Ell bien, M. Bara n'a pas bésité a faire
signer au Roi un arrêté qui viole les inten
tions et la volonté des fondateurs. Cel arrèié
retire la fondation aux administrateurs légi-
mes; il corifisque l'école el les biens qui la
font vivre et il en fait cadeau a I'Adminislra-
lion communale.
On reconnait bien la I'ancien boursierdes
chanoines qui a iuventé l'inique loi des bour
ses d'études et qui s'apprêle a diminuer les
honoraires de messes ét a fixer le nombre de
chandelles qu'on pourra allumer a 1'église.
M. Bara veul singer Joseph II.
II n'ignore pas cependant que le peuple
beige na pas supporlé la tyratinie du Roi
sacrislain.
Le Monileur publie un arièlé royal qui
annule une délibéralion du Conseil commu
nal de Ruddervoorde, portant division du
cimetiére de cette commune conformément
aux prescriptions du décret du 23 prairial
an XII; en vertu de cette délibéralion, I'offi-
cier de police était chargé d'indiquer le lieu
dechaque inhumation dans la partie du ci
metiére affeclée au culte auquel appartient le
défunt. Voici le motif de I'ukase rendu par
M. Rolin-Jaequemyns:.
Attendu que pareilles divisions divi
sion a raisou des cubesn'onl été autori-
sées par Ie décret du 23 prairial (en suppo-
sanl que cette disposition soil encore applica
ble sous i'empire de la Constitution), que
dans les communes ou plusieurs cubes sont
professès, ce qui n'est pas le cas a Rudder-
voorde...
On sait que la maxime libérale, en matié-
re d'inhuination, c'est que l'auiorité com-
munale est maitresse sonveraine, que c'est a
die a decider sans appel. Cette doctrine a été
professée plusieurs fois a la tribune nationale
par des rninislres libéraux. Mais ellen'est
pas applicable et nos adversaires no I'admet-
tent que si les autorités communales usent
de leur pouvoir pour vexer les catholiques
el pour violer nos cimetières. Si au contraire
elles font respecter les droits des catholiques,
alors leurs decisions sont considérées commq.
non avenues et on les réforme. C'est ce qui
arrive a Ruddervoorde.
Le motif abégué par M. Rolin Jaequemyns
pour annuler la deliberation du conseil com
munal de Ruddervoorde, est vraiment phé-
noménal. C'est ce que I ''Union de Charleroi
met fort en relief dans les lignes qui suivent:
D'abord le inmistre suppose que Ie dé
cret est encore applicable, mais il n'en est
pas bien certain. Comprend-on qu'on base
un arrété royal sur unc loi problématique,
dont rexislence est douteuse. C'est déja ex
traordinaire.
Mais il y a autre chose. Ou Ie décret est
en vigueur, ou il est aboli, Dans le premier
cas, pourquoi n'esl-il pas appliqué et pour-
qnoi Ie gouvernement ne le fait-il pas appli-
quer dans toutes les communes oü il existe
plusieurs cubes? Mais si Ie décret de prairial
aéléabrogé par la Constitution comme le
suppose M. Rolin Jiequemyns, comment
peut-il l'iuvoquer pour annuler la délibéra
lion du Conseil communal de Ruddervoorde?
Est iI une autre loi qui interdise a un conseil
communal d'élablir des divisions dans le
cimetiére?
En tout élat de cause, M. Rolin-Jaeque
myns a posé un acle qui ne peut së jusfifier.
Eu effel, il a outrepassé son droit, il a pris
uue mesure purénient arbitraire, dans la sup
position oü Ie décret de prairial n'existerait
plus; mais si ce décret est encore en vigueur,
dans ce cas il permet la violation flagrante
de la loi dans toutes les.communes oü plu
sieurs cubes sont professès, car alors des
divisions doivent èlre établies dans les cime
tières, et c'est ce qui n'a pas lieu dans la plus
grande partie de ces communes. Quoi qu'il
fasse, le ministre releveur ne sorlira pas de
la. II faul dire que cen'est pas son premier
pas de clerc depuis qu'il a revèlu l'habit bro
de de ministre: ce ne sera pas le dernier.
LIBERIE DE SEPULTURE CHRET1ENNE.
Le Bien public fait les justes réflexions
suivantes sur l'arTèié royal prolubaat la di
vision du cimetiére de Ruddervoorde
Les considérants de l'arrèté soul les mê
mes qui ont déja servi pour la commune de
Jelte-Sl-Pierre. Toule la presse calholique a
déinontré rmanitedes motifs allégués, et M.
Rolm doit la reconnaiire lui-même. II y per-
sisle nèanmoins, en vertu du principe libéral
qu'il ne faul pas se mettre en frais d'imagi-
nation pour colorer une injustice iufligée a
l'Eglise calholique.
Soyez honnète, M. Rolin
Ou le décret de prairial existe encore, ou
il est abrogé.
S'il est encore en vigueur el nous vous
meltons au defi de citer un texte de loi qui
Taurail rapporlé il est de voire devoir
d'introduire la division par cubes dans Its
cimetières de Gand, de Bruxelles, etc. El
pour les communes rurales mémes, oü il n'y
a pas de consistoire protestant ou juif, nous
avons démontré, a 1'occasion de l'arrèté rela-
lif a Jelle-Sl-Pierre, que la division est de
droit.
Si, au contraire, le décret de prairial est
abrogé, alors fa police des cimetières ne
pourrait dans I hypothèse la plus libérale,
appartenir qu'a la commune. Dans ce cas,
les conseils communaux de Jette-St-Pierre
el de Ruddervoorde n'onl pas outre-passé
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Ypres-Poperinghe, 6.20 9,07 i0,05 i2,07 2,45 3,07 6,47 8,45 9,50
Thourout - Courtrai,
,45 (le
Poperinghe-Ypr-es, 5,15 7,15 9,33 11,00 11,30 2,20 5,05 5,30 9,30
Poperingne-Hazebrouck, 6,40 12,25 7,04 Hazebrouck-Poper'inghe-Ypres, 8,25 4,00 8,25.
Ypres-Roulers, 7,50 12,25 6,30. Roitlers-Ypres,.9,10 1,50 7,50.
Roulers-Bruges, 8,45 11,34 4,15 5,16 7,20 (10,00 Thourout.) Bruges-Roulers, 8,05 12,40 5,05 6,42.
5,15 mat.
Ypres-Courtrai, 5,34 9,52 11,20 2,40 5,25. Courtrai-Ypres, 8,03 11,05 2,56 5,40 8,49.
Ypres-Thourout, 7,20 12,06 6,07, (le Samedi a 5,50 au matin jusqu'a Langemarek.) Thourout-Ypres, 9,00 1,25
Samedi a 6,20 du matin de Langemarek a Ypres).
Comines-Warnéton-Le Touquet-Hpuplines-Armentières6,00 12,00 3,35. Armentières-Houplines-Le Touquet- Warnêton-
Gomines, 7,25 2,00 4,45. Gomines-Warnèton, 8,45 mat. 9,30 soir, (le Lundi 6,30.) Warnêton-Gomines, 5,30 11,10 (le
Lundi 6,50.)
Comines-Belgique, Comines-Fr'ance, Quesnoy-sur-Deüle, Wambrechies, la Madelaine, Lille, 7,20, 11,45, 6,43, 9,30.— Lille,
la Madelaine, Wambrechies, Quesnoy-sur-Deüle, Comines-France, Comines-Belgique, 5,55, 10,35,4,37,8,15.
Courtrai-Bruges, 8,05 11,00 12,35 4,40 6,37 9,00 soir. (Thourout.)— Bruges-Courtrai, 8,05 12,40 5,05 6,42.
Bruges-Blankenberghe-Heyst (Station) 7,22 9,50 11,27 12,40 2,27 2,50 5,35 6,40 7,35. (Bassin) 7,28 9,56 11,33 12,46 2,31 2,56 5,41
6,46 7,41 9,02. Heyst-Blankenberghe-Bruges, 5,45 8,20 10,10 11,25 1,25 2,45 4,10 5,30 7,35 8,45.
lngelmunster-Deynze-Gand,5-00, 9-41, 2-15. Ingelmunster-Deynze, 6-10,7-15. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58, 11-20, 4-41.
Deynze-lngelmunster, 12,00 S,20.
Ingelmunster-Anseghem, 0,05 9,40 12,35 6,13. Anseghem-Ingelmunster, 7,42 11,20 2,20 7,45.
Liehtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerque, 7,10 9,08 1,35 7.50 Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6,15
11,05 3,40 5,00.
Dixmude-Nieuport, 9,50 12,35 2,20 5,10 3,35 10,10. Nieuport-Dixmude, 7,15 11,55 4,20 5,56 6,50.
Thourout-Ostende, 4,50 9,15 1,50 3,05 10,15. Ostende-Thourout, 7-35, 10,16 12,20 6-15 9,15.
Selzaete-Eecloo, 9,05 1,25, 9,03. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-20, 5-05.
Gand-Terneuzen (station), 8-17, 12-25, 8-05. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 8-25. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 12,30 5,55
Selzaete-Lokeren, 9-04. 1,25, 9-03 (le Mercredi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaete, 6-00, 10-25, 5-25 (leMardi, 10-09).
COR.B.B8I»OI)IX)AlWCBi
COURTRAI, BRUXELLES.
BRUXELLES, COURTRAI.
Gourtrai dép.
Bruxelles arr.
6,37
9,20
10,53
1,35
12,33
2,25
3,42
6,10
6,35.
8,54.
Bruxelles dép.
CourtraL arr.
5,22 8,28
8,00 10,46
12,21
2,46
5,35
7,56
6,47.
8,44.
COURTRAr, TOURNA!. I.ILLEj
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Coui'trai dép.
Tournai arr.
Lille
6,37
7,28
7,42
9-37
10,15
10-42
10,56
11,47
12,OS
2,54
3,48
4,00
5,27
6,39
6,37 10,04.
8,47.
9,41.
Lille dép.
Tournai
Courtrai arr.
5,10
5,42
6,34
8,12 11,05
8,56 11,32
9,17 12,26
2,21
2,40
3,38
4,10
5,21
6,33
8,10
8,50
9,2S
COURTRAI, GAND.
GAND, COURTRAI.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,32
8,01
6,42
7,21
9,49
11,08
12,31,
1,51,
3,44
5,04
6,40
S,00
9-32.
10,20.
Gand dép.
Courtrai arr.
5,15
6,31
8,45
9,33
9.24
10,51
1,28
2,49
4,14
5,23
7,21.
8,12.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges d. 6,49 7,04 9,39 12,34 2,52 3,59 6,43 8,43 Bruxelles dép.5,22 7,20 7,25 9,00 11,06 1,35 3,02 4,53 5,55 5,01,
Gand a. 7,34 8,19 10,54 1,49 4,07 4,44 7,58 9,28. Gand arr. 6,00 8,38 9,36 10,27 1,23 3,25 4,16 6,13 7.23,7,35.
Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 5,58 9,31 10,42. Bruges - 7,15 p,23 10,51 11,20 2,33 5,01 6,50 8,15 8,50.
Aujourd'hui que la Révolution léve plus que
jamais la tête et force le vieux libéralisme a
marcher de son pas, nous croyons de cireonstance
l'extrait que nous empruntons ici au livre que
vient de publier M. Maxime de la Rochetterie.
IX.
Réclusion.
Simon n'eut pas de successeur. II semblait
qu'avee lui la Commune eüt épuisé tout ce qu'elle
pouvait inventer de tortures pour un enfant de
neuf ans. II n'en était rien cependant et l'imagi-
nation de Chaumette et d'Hébert tenait en réserve
pour le royal prisonnier un supplice plus affreux
encore que la société de Simon. Ce supplice
c'était l'isolement. Le malheureux prince fut ré-
légué seul dans une chambre au fond du deuxiè-
me étage. La porte de la chambre fut coupée a
hauteur d'appui, scellée a clous eta vis et gril lóe
du haut en bas avec d'ópais barreaux de fer.
Bans cette grille fut pratiqué un guiehet, fermé
par un énorme cadenas et muni d'une tablette de
bois. C'était par ce guiehet qu'on faisait passer
au captif sa grossiére nourriture, c'était sur cette
tablette qu'il devait lui-même poser les plats
vides et ce qu'il avait a renvoyer. II n'y avait
dans cette piece ni feu ni lumière le tuyau d'un
poële placé dans l'antichambre y donnait seul un
pen de chaleui'; seul, un réverbére, suspeiidu en
face des barreaux, y projetait quelques rayons
d'une lumière indécise. Quant a 1 air, il n arrivait
lé qu'ü travers la grille; pendant six longs mois
eet air ne fut pas renouvelé.
C'est dans ce misérable réduit que futenfermé
le fils de Louis XVI, ou plutót c'est dans ce che-
nil que fut renfermó le louveteau. Par un calcul
atroce ou une ótrange coincidence, il y entra,
l'anniversaire mème du jour oü avait péri son
père, le 21 janvier i794. t
Nul ne pénétrait dans ce repaire. L'enfant
devait balaycr lui-même son cachot et faire son
lit. Le garcon de cuisine qui lui apportait sa
nourriture, avait la consigne expresse de la
déposer sans dire un mot, et qui eüt osó désobéir
a la consigne de la Commune Pas un bruit du
dehors, pas uue voix amie, pas un jeu, pas un
livre pour distraire lés ennuis du captif'; pas un
soufile d'air pur, pas un moment de promenade
ou d'exercice. Le malheureux était seul avec ses
pensées et ses souvenirs; et il avait neuf ans; et
depuis six mois, on avait tout fait pour éteindre
ses pensées et anéantir ses souvenirs et s'il lui
en restait un, c'était peut-être un remords, le
remords de cette journée d'octobre, oü sans le
vouloir et sans le com prendre, il avait accusé sa
mère! Mais de ce jour-la heureusement, il n'avait
pas conscience.
De temps a autre, un municipal s'approchait
du guiehet pour s'assurer que le prisonnier
n'avait pas disparu. C'était le soir surtout, lors-
que sous le poids du vide et de l'isolement, l'in-
lbrtuné laissait se fermer ses paupiöres. Capet,
Capet, dors-tu Oil es-tu done Race de vipères,
lève-toi. L'enfant, réveille en sursaut, grelot-
tant de peur et de froid, se trainait jusqu'a la
grille. Me voici, citoyen, murmurait-il.
Viens ici, que je te voie. Me voici, quo
voulez-vous? Te voir, répondait lecerbère
en dirigeant sa lanterne sur le captif' transi.
C'est hien va te coucher housse, déeanille.
Et le pauvre petit retournait dqcilementse jeter
sur son grabat, jusqu'a ce que quelque autre
geólier, mü par la mème curiosité malsaine et
méchaute, recommeneat la scène avec les mêmes
injures et les mêmes ricanements
Que pouvait produire un pareil régime, disons
mieux, un pareil supplice, applique a un enfant
de neuf ans, que pouvait-il produire, sinon la
démence ou l'idiotisróe Au bout de quelques
semaines, le résultat, próvu et voulu paria Com
mune, était atteint. L'enfant était comme écrasé.
Son corps n'avait plus de nerf; son esprit, plus
de clartéses yeux, plus de larmes. II n'avait la
force ni de balayer sa chambre, ni de remuei' sa
paillasse, ni de soulever les plats de terre gros
siére dans lesquels on mettait sa nourriture ou
la lourde cruclie qui contenait son eau, ni mème
de se laver ou de réparer ses vètements troués.
Comme il ne pouvait plus rendro son linge sale,
on ne lui donnait plus de linge blanc. Ses draps
tombaient de pourriture, sa couverture était en
lambeaux. Bientót il en vint a ne plus öter son
pantalon et sa carmagnole en guenilles, a ne plus
mème songer a prendre les plus vulgaires soins
de propreté. Le manque d'air, la saleté, l'aban-
don, avaient épuisé ce qui lui restait de vie; la
vermine le rongeait; les rats et les souris infes-
taient sa chambre, et de grosses araignées noires,
velues et gluantes, couraient sur les murs de la
pièee, sur le grabat pourri qui lui servait de
couclie, et jusque sur ce cadavre vivant qui
s'appelait Louis XVII...!
Cet effroyable supplice dura six mois. Enfin, le
9 thermidor, une lueur d'espérance se leva sur
la France. Robespierre tombait, et la voix de la
nation, réveillée de sa torpeur, imposait aux
vainqueurs du jour la cessation des assassinats
et une apparence au moins d'humanité. En son-
geant aux victimes de la Terreur, on songea aux
prisonniers du Templeils ïi'ótaieiit plus que
deux: depuis le 10 raai, Madame Elisabeth était
allée rejoindre au ciel sa belle-soeur et son frére.
Le 11 thermidor, un arrêté du Comité de salut
public confia la garde des enfants de Gapet au
citoyen Laurent. Laurent était uu révolutionnaire
ardent, mais un honnète homme et uu coeur sen
sible. Le 43, a sa demande, plusieurs membros
du Comité et plusieurs muiiieipaux se rendirent
a la tour pour constater par eux-mêmes l'état
des captifs. On alia au cachot de Louis XVII. On
l'appela; il ne répondit pas. On ouvrit la porte,
et un hideux spectacle s'offrit a la vue
Dans une chambre ténóbreuse, d'oü il ne s'ex-
halait qu'une odeur de mort et de corruption,
sur un lit défait et sale, un enfant de neuf ans, a
demi-enveloppé d'un linge crasseux et d'uu pan
talon en guenilles, gisait immobile, le dos voütó,
le visage have et ravagé par la misère, dépourvu
aujourd'hui de ce rayon de vive intelligence qui
l'éclairait naguère; sur ses traits si délicats, on
ne voyait plus que la plus morne apathie, que
l'inertie la plus sauvage et qui semblait attester
la plus profbnde insehsibilité. Ses lèvres décolo-
rées et ses joues creuses avaient dans leurpaleur
quelque chose de vert et de blafard ses yeux
bleus eux-mêmes, agrandis par la maigreur du
visage, mais dans lesquels toute flamme était
éteinte, semblaient, depuis qu'ils ne réflétaient
plus l'azur du ciel, avoir pris, dans leur terne
immobilité, une teinte grise et verdatre. Sa tête
et son cou étaient rongés par des plaies puru-
lentes; ses jambes, ses cuisses et ses bras, gréles
et anguleux, étaient démesurément allonges aux
dépens du busteses poignets et ses genoux
étaient chargés de tumeurs bleue s et jaunatreg;
ses pieds et ses mains, qui ne ressemblaient plus
a une chair humaine étaient armés d'ongles
excessivement longs et ayant la dureté de la
corne. Une crasse invétérée collait comme une
poix sur ses petites tempes ces beaux choveux
blonds que devait toucher un jour la couronne
de France, et aujourd'hui livrés a la bonte de la
vermine la vennine lui couvrait aussi le corps;
la vermine et les punaises étaient entassées dans
chaque pli de ses draps et de sa couverture en
lambeaux....
Au bruit qu'avait fait la porte en s'ouvrant,
l'enfant avait tressailli par un mouvement ner-
veux; mais il ne s'était retourné que légèrement,
regardant a peine qui entrait, et frissonnant en
silence, comme un passereau sous l'ceil du vau-
tour. Cent questions lui furent faitesil ne ré
pondit a aucune, il laissa errer sur ses visiteurs
un regard vague, incertain, sans expression; on
l'eüt pris en ce moment, non pour un fou, hélas
mais pour un idiot. Etonné de trouver sur la
petite table son diner presque intact, un des
commissaires lui demanda pourquoi il ne man-
geait pas. Cette demande ne fut pas d'abord mieux
recue que les autres; mais, comme elle fut renou-
velée plusieurs fois par le plus ancien de la
députation, qui s'était approché de lui et dont il
avait pu remarquer la tète grise, l'attitude con-
venable et l'accent paternel «Non, je veux
mourir, dit-il enlin d'un ton tranquille et résolu
qui attestait, par l'absence mème de toute emo
tion, des soulfrances sans remède, un dégoüt
sans consolation et des chagrins sans espérance.
Ce furent les seules paroles qu'on put lui arra-
cher dans cette visite cruellement memorable,
qui n'amena que quelques ordres insigniiiants.
(A continuer).