ORGANE CATHOLIQUE DE L' A RRON DISSEMENT.
MERCREDÏ n Janvier 1879.
10 centimes le Numéro.
14 année.
N° 1303.
On s'abonne rue au Beuvre, 66, a Vpres, et a tous les bureaux de poste du royaume.
RÉSUMÉ POLITIQUE.
ENCYCLIQUE DE NOTRE SAINT PÉRE
LE PAPE LÉON XIII.
Le Saint Père vient d'adresser a tous les
évêques du monde calholique une lettre
encyclique oü la question sociale est traitée
avec les plus larges développements et avec
une admirable autorité.
La voix de Léon XIIl résonne comme
'écho de tous les siècles cathoIiqu.es. La
doctrine éternelle est présentée avec une
rare ampleur de pensée et avec une exquise
modéralion de forme. Le Rationalisme, le
Socialisme et le Nihilisme sont jugés de
haut par la première autorité de ce monde.
Le Pape dit aux Nations de la Terre: écou-
tez l'Eglise universelle, ne la craignez pas,
ne la persécutez pas; empires, républiqu'es
et royaumes, acceptez le concours désinté-
ressé de cette Mère de la civilisation; du
haut de cette cliairè de Pierre, je parle en
on nom le langage d'une sapience éprou-
vée par dix-huit siècles d'expérience.
La lettre de Léon XIII fera certainement
ine immense impression dans le monde,
l'ous les hommes de bonne volonté, quelle
que soit leur opinion ou quelque culte
ju'ils appaniennent, applaudiront au noble
angage du Saint Père.
Nous avons le ferme espoir que les suites
le facte public du Saint-Siége apostolique
eront heureuses pour les peuples, qui ont
ant besoin de la paix.
Après avoir rappelë ce qu'il a déjit dit
sur le socialisme, le communisme et le ni
hilisme, Léon XIII donne pour exemple des
ravages causes dans les nations par ces
détestables doctrines, les derniers atten
tats commis contre les souverains. 11 en
tire pour conclusion que la nécessité s'im-
pose plus que jamais de remédier it cette
funeste propagande par l'enseignement de
la doctrine catholique.
Dans ce hut, le Pape insiste tout parti-
culièrement sur-ce qu'on pourreil appeler
la déehristianisation du mariage, qu'il con-
damne de nouveau cotnme étant une source
de maux pour les families et favorisant les
progrès de l'immoralité.
Le Saint Père s'élève ensuite corilre la
fausse théorie de l'égalité entre les hom
mes, telle quelle est proclamée par la dé
magogie. «A la vérité, dit-il, il existe
entre les hommes une égalité voulue de
Dieu, quanth l'ordre surnaturel mais Dieu
a voulu de même que dans toute société ii
y eüt une hiérarchie, et cela est non rnoins
nécessaire dans l'ordre civil que dans l'or
dre religieux.
Après avoir ti ré de lit cette consequence
que les hommes n'ont pas seulement des
droits mais des devoirs devoirs des indi-
vidus vis-it-vis les uns des autres, devoirs
des membres de la familie envers leur chef,
et réciproquement, devoirs des citoyens
vis-it-vis de leurs gouvernements, le Pape
proclame que les gouvernements ont, eux
auss:, des devoirs vis-it-vis de leurs sujets,
principalement au regard de la religion.
Finalement, et après avoir fait un admi
rable exposé de ce que serail la société si
elle voulait entendre les enseignements de
TEglise et les siens, lc Pape déclare que le
monde ne retrouvera le repos qu'en reve-
nant it ces principes, et il engage les évê
ques it faire tous leurs efforts pour préparer
cette reslauration de l'ordre chrétien.
©lïs'onkfsüie ioczJc.
LA DESTITUTION DE M. DESAEGHER.
Le Progrès daigne nous accorder la pa
role, après nous avoir charitablement me
nace d'une inondation de prose de la part
de son propriétaire.
De la prose de M. Carton; jugez done,
ami lecteurcette prose faite sans s'en
douter comme le resemellage du savetier,
toute hérissée, aux yeux roulants. aux sour-
cils froncés, un peu poussive toutefois; cet
te prose qui prête aux commentaires, pro-
voque la répouse et découvre si bien le
défaut de la cuirasse, cette petite place
oü l'ort peut piquer a coup sur
Quel agrément pour le Progrès et quel
plaisir pour nous
Allons nous sommes prêts.
En attendant disons notre mot de la des
titution brutale qui a frappé M. Desaegher.
Lui aussi, il est relevé de ses fonctions;
(le Progrès remplace le mot.) II est rele
vé par une de ces mesures qui relève véri-
tablement ceux qui en sontl'objet et abaisse
ceux qui en sont les auteurs.
La politique est la settle cause détermi-
nante de eet acte violent. Mais le Progrès
n'a pas la franchise de l'avouer; il voudrait
donner le change it 1',opinion publique et
faire croire que M. Desaegher n'avait ni les
capacités ni les connaissancesrequises pour
remplir les fonctions de chef de bureau.
Ce n'cst pas la première fois qu'il parle de
la soi'te de eet honorable fonetionnaire.
Nous savons fort bien qu'on ne nait pas
ingénieur ou médecin; mais on lo devient
et Monsieur Desaegher était devenu un ex
cellent chef de bureau. Cela ne sera pas
difficile a prouver. L'opinion publique le
proclame et cela sulfit pour répondre aux
allegations malveillantes du Progrès.
De deux choses l'une: ou M. Desaegher
était h même de remplir ses fonctions ou il
ne 1'étail pas.
S'il l'était pourquoi M. Carton a-t-il éta-
bli des bureaux spéciaux it qui il confiait la
besogne, laissant le fonetionnaire principal
sans occupation et sans travail?
S'il ne l'était pas, pourquoi a-t-il conser
ve M. Desaegher pendant six ou sept mois?
II n'y a pas d'issue possible, et il est per
mis de dire au Progrès que ces dires ne
sont que de mauvaises plaisanteries.
Nous le répétons, M. Desaegher avait le
tort aux yeux de M. Carton d'etre catholi
que, et son sort était décidé dès le premier
jour. On a espéré quit force d'avanies et de
tracasseries il aurait donné sa demission.
Le rnoyen n'aboutissanl pas, il a fallu re
count' a la destitution, quelqu'odieuse que
fut pareille mesure.
M. Desaegher a été sacriüé.
11 est done établi que même dans les de-
grés inférieurs de la hiérarchie, la qualité
de catholique est une note d'indignité.
L'opinion publique s'est émue de ce fait
et elle proteste. On a comparé les agisse- j
ments de M. Ruzette el ceux de l'intérimaire
actuel. M. Ruzette avait conservé les em
ployés de son prédécesseur, il avait amé-
iioré leur position, il les traitait avec égard.
M. Carton juge bon d'ugir différemment. i
II ne respeclc ni les positions acquises ni
les situations personnelles. II destitue bru-
talement, car l'arrêté obtenu du Gouverneur
n'invoque aucun motif. C'est la mort
sans phrase. Le public n'accepte pas pareil
système d'exclusion, et il dit a haute voix
que les auteurs de ces faits en porteront la
peine.
Maintenant nous ne dirons pas: la parole
est au Progrès, mais nous attendons avec
impatience la prose de M. Carton.
11 v aura de l'agrément.
UN COUP - Ü'OEIL RETROSPECTIF.
La lecture des vieux journaux procure
souvent de bons moments; ilestdouxde
passer quelques heures avec ses souvenirs.
Ce plaisir nous ëchut dernièrement.
En parcourant quelques numéros du
Progrès, nous eümes la chance de rencén-
trer un article dans lequel, faisant allusion
la nomination de M. Carton en qualité de
commissaire interimaire, on voulait faire
accroire au public que 1'arrondissement
se ressentirait bientót de l'influence
salutaire de son ancien chef.
Cette assertion bardie nous arrêta net et
notre lecture fut interrompue par des re
flexions qui arrivèrent en foule.
Le Progrès appartient M. Carton, un
libérai yprois l'affirme et s'en plaint dans
une correspondance adressée la Flandre
libérale, et du reste qui ne le sait? 11 est
nourri de sa prose, animé de son souffle ca-
ractéristiqne; le journal comme le style,
c'est Thomme.
Cela étant, on s'élonne, non sans raison,
qu'un hoinme puisse posséder pareille dose
de fatuité, et que ce coup d'encensoir appli-
qué en pleine face, ait pu laisser le nez dans
sa forme naturelle.
Le Pacha d'Ypres a Ia mémoire bien
courte pour oser se produire aitisi devant
ses anciens adminislrés et se dire l'bommo
indispensable it 1'arrondissement.
Qu'a fait M. Carton en qualité de com
missaire?
Enfaitd'administratiomjlabusa de tousles
moyens pour liberaliser la population et le
corps élecioral, il s'afficha partout comme
despote, exclusif et intolérant. Sicvolo, sie
jubeo, sit pro ratione voluntas: telle a tou-
jours été sa devise. Ses partisans et ses ad-
versaires doivent en convenir. Aussi doit-il
serappelerla joie universelle qui accueillit
sa raise a la retraite, et comment son suc-
cesseut', M. le chevalier Ruzette, sut acqué-
ï'ir en peu de temps les sympathies unfVer-
Journal d'Ypres,
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I.e ministère francais a oblenii qurlqncs
mois de répit cl GaniheUa a rénssi a écarter ino-
ntenlanéinent la responsabililé qui va lui incomber.
Politique d'expédient deslinée a aggraver la
crise.
M. de Bisinark pen satisfait de ses luis con
tre les socialisles ei les membres dn Parlement,
demande parait-il mie lui qui antorise l'oiiverture
des Ifttres ii la frontière.
La pente de Farbilraire est raide. Une foisen-
gagé on glisse vite.
I.a politique du ministère liberal hollandais
amène la nécrssité d'augmenler les impóts pour
rombler tin deficit.
On la demandera a une revision de la contribu
tion pcrsonnelle et des patcntes.
I.a question des sucres ne sera pas abordée.
Nouveau ministère a Vienne sous la prési-
drnce du comte Loronini.
En Afghanistan la guerre semble prés de
finir.
Lord Beaeonsfield est rentré a Londres.
Les négocialions entre le Vatican et Berlin
continuenl.