griefs formulés par M. Carton. II est resté clans les termes stricts du reglement minis- tériel et s'est borné it viser le rapport de M. Carton et la réponse de M- Desaegher. Des documents authentiques, prétendüraent produits, il n'est pas question. Notre Commissaire a raison de dire que c'est a ses vives instances que M. Hévard a cédé; car sans ces vives instances M. De saegher n'aurait jamais été démissionué. Mais la solution avait été préparée de longue main: M. Desaegher devait dispa- raitre. Nous dirons pour quel motil'.M. Car ton espérait obtenir sa demission volon taire. Après avoir abreuvé son chef de bureau de vexations, de tracasseries et d'humiliations de toute sorte, après l'avoir laissé seul, sans besogne, lui retirant les employés sous ses ordres, et se composant un bureau extraordinaire, voyant que M. Desaegher ne donnait pas cette démission si désirée, M. Carton se decida a recourir aux moyens violents; il demanda la des titution de son employé. II fallait des motifs. Après six mois de recherches, il ne trouva que ceux-ci: M. Desaegher ne connaissait pas la so- lution qu'il fallait donner aux affaires, ni même la suite qu'il convennait de donner aux dossiers; il renvoyait les pièces a telles fins que de droit, et il y a une foule de dossiers qui ont voyage quinze ou vingt fois d'une commune une autre. C'est habilement présenté, mais M. Car ton sait mieux que n'importe qui le peu de valeur du grief qu'il énonce. Da formule a telles fins que de droit est employé it tous les degrés de la bureau cratie, depuis le ministère jusqu'au commis sariat lorsqu'il s'agit d'affaires d'intérêt com munal et que les administrations cornmu- nales sont seules it même de traiter. Ainsi en est-il des questions de domicile de secours par exemple. Deux communes sont en contestation sur un point de ce genre. Qui en dehors d'elles pourra fournir les explications nécessaires et indispensa- bles it la decision a prendre par l'autorité supérieure? Les communes défendent leurs droits, parfois avec acharnement. II y a lieu de lesentendre en tous leurs moyens. Iln'ap- partient pas it un commissaire fiit ilmémè M. Carton darrêter 1 instruction d'une affaire et de ne pas renvoyer un dossier une dixième ou une vingtième fois si les argu ments produits en dernier lieu laissent la question douteuse. Et d'un. Passons au suivant. II existe des irrégularités trés regret- tables et très-graves dans les documents les plus essentiels de Ia miiiee notam- ment dans le registre de visit 3 des mé- decins. Même habileté dans la manièrede présen ter le grief et même exagération de la part de M. Carton. M. Desaegher n'est ici pas plus coupable que son prédécesseur et que M. Carton lui- même. Le document essentie! de ia milice est Ie icgistie de tirage surlequel sont consignees conformément h Partiele 44 de ia lol, les decisions prises en seance publique par le Conseil de milice. Celui-li seul fait loi et sert de garantie aux interesses. Nous meltons M. Carton au défi de prou- vei que ce document nest pas absolumeut complet et irréprochable. II aura beau i chercher, ergoter ou grogner, il ne trou- verarien mettre charge de M. Desaegher nous disons absolument rien. A cöté de ce registre Ia loi en prévoit un second (art. 35) destiné constater les avis des hommes de l'art. C'est la répétition des indications inscrites au registre principal. Son importance est considérablement moindre. Aussi ce registre a été de tout temps compléte au bureau et non pas tenu simultanément avec le registre principal, ce qui est matériellement impossible. On se contente au Conseil de milice d'inscrire une indication, soit le n° du milicien, soit son nom pour pouvoir le compléter ensuite. Ces errements ont été suivis de tout temps, sous M. Carton, assisté de M. Die ters, comme plus tard. Nous pourrions montrer des pages blanches aux années 1868 et 1869. On ne le niera pas, espérons- nous. Ou done est la culpabiiité grave que M. Carton cherche a tirer d'un usage qui n'est que la continuation de ce qu'il f'aisait iui- mème. II ne suffii pas d'etre habile pour èlre cru, il faul ètre vrai avanl lout. Et dedeux. Voyons Ie Iroisiéme. Lesieur Desaegher s'est permis de gral- ter et d'altérer des documents portam ma signature. Tout hoinme qui lira cette phrase doit se dire que M. Desaegher a commis un faux pumssable. Quand on se nomine M. H nri Carton, qu'on a la pretention d'etre un per- sonnage considerable et consideré, et qu'on occupe des functions elevèes, on se devrait a soi-même de ne porter des accusations de ce genre qu'a bon escienl. Mais M. Carton pré - (ére insmner et laisser eroire a un fait cou pable, c'est commode, peul-ètre; ce n'est assureinent pas juste, in loyal. Quand il s'a git d'adversaires, a I'appui d'une accusation attssi grave, on apporte des preuves. Eiies manqueut a M. Carton. Ce farneux gratlage est tout simplement la correction d une erreur de copisle. Si MDesaegher n avail pas redressé ceite erreur, M. Carton metiaii sa liaule et puis- sauteslgnaiuresousunesottise.il y aurail fait belle el julie figure. Mais peul-êlre qu'il aune a fane cette figure-la. Voila tous les grids de M. Carton an grand complet. Qu'en resle 1-1I? Qu'on sort-it souvent? Du vent, a dn le fabuliste. Mais comme M. Desaegher devait dispa- paraiire, on I'a execute purement et simple ment au mépris de toute justice. Notre commissaire voudratt donner le change a I'opimou publique et fane eroire que M. Desaegher eta 11 un homme ahsoiu ment incapable, et que depuis sou entree an commissariat un reiachement general s'étaji prod uil daus i administration, au grand de triment des iijiéièts publics. Lui seul, M. Carton, serail capable de reor ganise) les services lombes en soaiïrance Sil a accep-.e le.- [auctions da commissaire interimaire ce n'est pas par ambition! Oh nonMais tout uiiimeni pour replaeer le commissariat sur le pied ou il étail lorsqu'il I a quitté, il y a huit uns. Vuila un coup d'oncensoir appliqué de main de maitre et qui ne prouve qu'une formidable dose de suflisariccliez M. Car ton, Mats cela n'est pas asscz pour etablir que i'adnnnistration n'élait pas faite réguliere ment sous les prédécesseurs de M. Carton. Cel homme qui se croit si capable el qui vante son expérience a tous moments, ne parviendra jamais a faire avaler pareille bourde au public, surtout aux bourgmeslres et autres membres des administrations pu- bliques. B en au contraire. Les sympathies que MM. Rnzette et Surrnont ont rencontrées pariout, el les témoignages nombreux que M. Desaegher a rtcus d'un grand nombre de hberaux, leur permettent de dédaigner les attaques de M. Carton, L'opinion publique en a fait justice et toutes les forfanteries de M. Carton ne diininueront pas l'impression que son acte odieux a produite dans ('arron dissement. II y a une assertion dans la leitre de M. Carton, qui est vraie. Rendons lui cette jus tice. II veul rétabiir le commissariat sur le pied ou il étail il y a huil aris. C'est son bul en diet. II veul faire du commissariat une offieine électorale, oü l'on travaille les I is les, 011 l'on organise les elections jusque dans les plus minimes détails, une usine oü l'Association liberate (président M. Carton) puisse travailler a l'aise, et la Federation (vice-président M. Carton) trouver des cor- respondants. Quelle est alors la besogne des employés du commissariat? La question est intéressan te auiaut qu'embarrassan e. Si M. Carton répondait! Voila la besogne 6 iaquelle M. Desaegher ne voulait s'abaisser et pour Iaquelle il aurait été un témotn gênant. On coinpreud qu'il devait disparailre. Le rnoltf vrat el unique d'une mesure dont la brutalilé révolte est la tout entier. Voila pourquoi ou privé de son einploi un iionnéie bomme, un digne pére de familie. M. Carton essaie aussi d'une arme qu'on est étonnè de voir outre ses mains. II veul user du ridicule Cette arme, qui demande une main legére, enlre les mains du Dacha d'Ypres Aulant vaudrail mettre une plume aux pieds d'un hyppopotaine. Quel leinps fut jamais pius fertile en mi racles de cette sorte. M. Desaegher étail boulanger au moment de sa nomination. M. Carton I'aflirme. Maïs les fails donnent un démenti formel a son assertion. Et et-la fut-il Etie boulanger n'a rien de déshonorant el ne prouve pas qu'on soit an imbecile. Puis il n'y a pas de sot métier, il n'y a que de sottes gens pour le dire. M. Carton d'ailleurs a-t il autrefois ou mamtenant [iris ses employes dans des situa tions si relevées, qu'il puisse se permeltre des critiques de ce genre Nous avons en tend u parler d'un cx casquettier el d'aulre chose encore. Et qu'aurail il dit si. en 1847, au moment oü la politique nouvelle le bombarduil com missaire d'aiTOndissement a Ypres, un jour nal avait écrit a ce |>ropos il fallait un administrateur et on a pris un en fiamand cola se nomme eeneu groenen advokaat t Toutes ces attaques soat dangereuses avanl de les entamei tl fa ut él re a l'abri de la riposte. M. Desaegher offrail du resle eet a vantage de pouvoir correspoudre en fiamand avec les administrations d un arrondissement pres- qu'exclusivement compose de communes (lamandes. Ce n'est pas le fort de notIe commissaire inlérimatre et encore moins de son successeur prochain le sémillani neven de notre grand hoinme. II y a des autogra- phes pour prouver cela. Enfin M. Carton s'est aventuré sur un autre terrain oü nous lui conseillons de s'arrèter ce terrain est trop mauvais, trop rabotem pour lui. It y chopperail. Sans cramte d'ètre dementi par personne nous affirmons que M. Ruzelte a considers, blemeiit ameliore sous tous les rapports, ei cela dés sou eutrée eu functions, la position de ses employés. Nous savons comment M. Carton traitaii ses subordonnes, quels égards il avail pour eux et quels emoluments tl leur don nail. D'aulres le savent comme nous 1 Is peuv^m apprécier la d fFerence. Nous disons qu'ellt n'est pas avantag'euse pour M. Carton. Notre Dacha termine sa leitre par un der- nier coup d'audace il olïre derechef sou rapport ofiiciel. Ce document ne nous efTraie pas plus que le papier qu'il nous a envoys il y a queiques jours. Nous prornetlons dt trailer notre correspondaiit avec tous les honneurs düs au rang illustre qu'occupe ut si bant et si puissant Seigneur. LE DROJET DU GOUVERNEMENT. Voir notre numéro du 25 Janvier. L'article 4 du projet de loi pose done k principe de l'enseignement sans Died: l'enseignement religieux est laissé ai soin des families et des ministres des di- vers cultes. Ainsi se realise le voeu di libéralisme: le prêtre hors de l'école! 11 est vrai que l'article continue: Un lo- cal dans l'école est mis a la dispositie des ministres des cultes pour y donner soit avant, soit après l'heure des classes, l'enseignement religieux aux enfants 4 leur communion fréqüentant l'école. Mais ce n'est la qu'1111 pallialif, un trompet Uceil, un gue't-apens indigne. Les prudents du parti liberal, en vue de elections et du pouvoir, n'osent pas pose: le principe dans son efïrayante nudité; c'es pour cela qu'ils ont admis cette restrictioi qui le rend encore plus odieux et plus dé loyal. 11 est done entendu que si le projet pas se—et il passera, M. Frére l'a juré,- l'enseignement religieux sera facultatifp eölé des leqons de rnaintien et de politessi qui soat obligatoires. Le père de famillt pourra, s'il le juge convenable, forcer soi enfant it se présenter a l'école une hetu'i avant la classe, ou a y rester une heurt après, pour recevoir du ministre de soi culte 1'enseignement de la Religion. Gek n'ira que tout juste ii des enfants, d'habituS de mieux disposés ;i jouer qu'a écouter leu: maitre. Supposous même qu'ils prêtent utf oreiile attentive ii l'enseignement du catej ehisme, le maitre dêcole aura soin de Ié designer a leurs camarades et de les fair passer pour des crétins et des cagols. t)i voil ce que deviendront l'enseignement m bgieux et le ministre du culte chargé del' donner: l'objet de la raillerie, du mépris bientöt de la haine! Nous n'hésitons pas a le dire, si, dans ces conditions, queiques enfants gardenl. leur foi, ils seront une intime exception une exception aussi rare qu'une perle suf uu fumier.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 2