ORGANE CATHOLIQUE DE L' A R R O N DISSEMEN T.
MERCREDI 10 Février 1870.
10 centimes Ie Numéro.
14" année.
N° 1371.
LETTRS PASTORALE
On s'ahonne vue au Beurrc, 60, a Ypres, et a tons les bureaux de poste du rovaume.
Mandement de Carème,
üouloureusement émus des paroles pro-
oncées par le Roi a l'ouverture de la ses-
ion legislative, et alarmés de plus en plus
e tout ce qui transpirait des intentions du
ïinistère reiativement a la parlie dogmati-
ue et educative de la loi de 1842, nous
'avons pu vous taire notre douleur ui nos
raintes, ni vous laisser sans direction a
approche d'une grande épreuve, ou plutöt
'une persecution du caraelèré le plus per-
de et le plus dangercux. La gravité des
irconslanees nous faisait un devoir de
ariër, et de revendiquer les acnes des eri-
nits cathol'iques, au nom du Fils de Dieu
ui les a rachetées de sou sang, au nom de
Egiise qui est leur mère. Nous vous avons
xposé, dans une première lettre pastorale,
uelques considerations sur la néeessité de
omier une instruction et une education
florale et religieuse a l'enfance dans l'école,
tquelle, dans un pays catliolique, doit ètre
i succursale de la familie et de l'Eerlise ca-
toliques. Nous avons démontré que la loi
e 1842, parf'aitement en harmonie avec la
lOiistitution, reconnait explicitement celte
écessité, et que, loyalement appliquée,
lie y satisfait. Elfe fouctionne depuis tren-
j-six ans: elle a fait ses preuves. Sous le
apport civil, elle a rempli, elle a surpassé
attente du legislatuur; si elle n'a pas tou-
aui s et partout tenu ses promesses sous 1c
apport religieux, la faute en est a ceux qui,
hargés de l'exécuter, en out faussé l'esprit.
lous vous avons pressé d'associer vos ei-
arts aux nötres pour sauvegarder la foi et
es mceurs de l'enfance, l'inténêt le plus ca-
iiLal de la familie et de la société, de l'Egli-
e et de I'Etat, et pour faire respecter vos
roits les plus précieux de citoyens ct de
atholiques, si iuiquement menacés. Enfin
ous vous avons demandé de conjurer le
iel avec nous d'épargner a notre chère
elgique 1'épreuve la plus dangereuse oü
11e puisse êlre engagée, rapplication
l'enfance du régime éducatii de l'école
aus Dieuet Faffront le plus sensi-
le qu'une nation chrétienne puisse rece-
oir, l'apostasie professée en son nom
t majgré elle par la loi du pays.
Notre appel a produit sur vos esprits et
ur vos occurs, N. T.-C. F., l'effet que nous
devions attendre de votre attachement a la
religion de vos pères, et de la fermeté tra-
ditionnelle des Beiges a Fencontre de l'op-
pression de leur foi catholique par le pou-
voir civil. Vous nous avez promis le con
cours de vos efForis et de vos prières. Nous
bénissons notre Dieu et Sauveur Jésus-
Christ de l'admirable dévouement et des
généreux desseins qu'il vous inspire. Déja
s'organise partout la resistance légale; déja
de chaque foyer catholique comme du pied
des autels s'élèvent vers le Ciel d'ardentes
supplicaiions. Contiuuez, redoublez vos
efforts avec Fénergie, inais aussi avec Ie
calme qu'inspire la conscience d'un grand
devoir a remplir et d'un droit saeré a re
vendiquer et a faire prévaloir. Continuez.
redoublez vos prières, avec la conviction
de la gravité de l'épreuve qui s'annonee,
mais aussi avec la ferme espérance non-
seulement d'obtêiiir mais encore de hater lc
seeours d'en haul, le triomphe de vos
droits, la paix et le salut du pays.
Nous vous le répétons aujourd'lmi, N. T.
C. F., avec plus de raison encore que nous
vous le disions, il y a quelques semaines:
AG1SSEZ ET DRIEZ! car le danger appro
che, il arrive, il est vcnu.
Le projet du Gouvernement a vu le jour;
la Chambre des Représentants en est sai-
sie, vous en Connaissez les dispositions.
En ce qui coneerne la religion, la loi pro-
jetée se borne a L'exclure du programme de
l'enseiguement douné aux frais de I'Etat.
L'cnseignement religieux, dit-elle ii Y article
4, L'k.NSE!G.NE.MENT religieux est LA1SSÉ AU.
so IX DES KAMILLES ET DES Ml NISTRES DES DIVERS
CULTES.
Nous ne pouvons exposer iei loutes les
consequences qu'entraine celte disposition
de 1 article 4, même au jioint de vue parti
culier de l'enseignement de rinstiluleur et
de rinstruclion des enfants; il nous faudrait
pour cela donner a eette lettre pastorale,
servant de mandement de carème, une éten-
due que pour eette raison, elle ne comporte
pas. Mais il est une consequence que nous
devons vous signaler, paree que, a elle
seule, elle suffit pour faire voir clairement
tout ce qu il v a de délélère, tout ce qu'il y
a d insensé dans celte disposition de l'arti-
ele 4, la position intenable préparée a l'in-
slituteur eommunal catholique qui sera obli
ge de s'y conformer, et Faction désastreuse
qu'exercei-a sur Fame de l'enfant l'école sou-
mise au régime projeté.
L existence de Dieu, unique en sa nature,
auteur de tout ce qui exisle, conservateur
et gouverneur de Funivers et du monde mo
ral, rémunérateur de la vertu et vengeurdu
vice, bien qu'étant desoi une vérité de rai
son, est néarimoins un objet d'enseignement
et de foi, une doctrine religieuse, une
cfoyance, non-seulement pour les enfants,
mais encore pour les hommes faits en gene
ral. Ge n'est point la raison ni la philoso
phic, mais le christiauisme qui a rendu aux
nations la claire et compléte eonnaissance
de eette vérité. Or ee dogme, c'est-a-
dire l'ensemble des notions qu'il implique,
sera exclu, nécessairement exclu, eoniuie
toute doctrine religieuse, du programme
de l'cnseignement primaire eommunal. L'é
cole primaire communale sera done, en
vertu de la loi projetée, ENE KGOLE SANS
i DIEF.
I
Le pi'ojet de loi place cependant la mora
le en tête des matières de l'enseiguement
dans les éeoles primaires de I'Etat. Mais
vous ne vous laissérez pas attirer it ce lcur-
re. Qu'est-ee en eft'et que Ia morale sans
Dieu C'est la morale indé pendant e de Dieu,
c'èst-a-dire une règlë que cbacun se fait a
soi-mème, une regie variable comme la vo-
Ionté de l'homme, qui, au lieu de dominer
l'intërêt individuel, s'y subordonne, et qui,
bien loin de réprimer les passions, en legi
time les écarts. C'est la morale de ceux qui
n'en ont pas. Sera-ce peut-être dans Ia
morale universelle que l'enseiguemeiit de
I'Etat puisera la science des devoirs, que la
loi projetée décrète de donner a l'enfance
Mais le projet de loi exclut tout d'abord
de l'école l'enseignement et la pratique des
devoirs de l'homme envers Dieu et mê'me
la notion de Dieu'. Quelle 'efficalcité aura
sur l'esprit et sur le cocur de l'enfant
une morale dont on ne lui apprend ni a
respecter, ni a aimer, ni même ii connaitre
l'auteur? D'ailleurs eette morale est une loi
sans sanction cbez un maitre qui n'est pas
chrétien. En eff'et, en dehors des solutions
tommies par le christianisme, la raison, la
philosophic est incapable d'expliquer en
quoi consiste la recompense que Dieu des
tine li la vertu, et quels chatimenls il réser
ve au vice dans la vie future. Bien plus,
elle est incapable de determiner les moyens
d'expiation que le coupablc doit employer
pour apaiser la justice de Dieu, et les condi
tions auxquelles sa elémenee subordonne le
pardon; elle porte ainsi l'homme coupable,
réduit a sa seule raison, ou a trop présu-
mer ou a désespérer de la elémenee divine,
double cause de persévérence dans le mal.
Parents chrétiens, est-ce celte morale
vaine, inefficace que vous voulez faire en-
seignef a vos enfants
Nous donnerons la suite de ce mande
ment dans notre prochain numéro. Les
cireonstances si graves que nous traver
sons nous obligent de répandre le plus pos
sible la parole de ceux qui sont établis pour
nous guider dans la vie.
Quelle matière plus importante que cel le
de l'enseignement.
Résumé politique.
Voltaire
projel du gouvernement.
II fuut écraser l'inramc! seeriait Voltaire
di'igaoble mémoirc; el. de sa large main il
creusait unit et jour la fosse oil il voulait
faire descendre le Christ et sou Egiise.
Depuis Voltaire el la Revolution fianfai-
se, le libéralisme, né de eè couplë hideux.
a fait un pas immense. La fosse éiait creu-
sée, mais le fossoyeur n'etait plus. Notre
ministre de 1'IrisiFuetion publique s'esl.
chargé de le remplacer et de continue? son
oeuvre sacrilege.
Eeoutez le langage du Vénérable E.-. Van
Humbeeck a la réuuion des Loges en T864:
Journal d Ypres,
Le JOURNAL D YPRES parait ie Mercredi et le Samecli.
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La/Jite, et O Bruxelles, 80, Marehó aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse.
ET
de S. E. le Cardinal Archevêque
et de NN. SS. les Evêques de Belgique.
NOS TRÈS-CHERS FrÈRÉS,
c?
On annonce de Rome la publication d'une
lettre apostolique de Notre Saiut-I'ère le Pape
Léon XllII, accordant un Jubilé universel.
Le Jubilé commencera le 2 Mars pour se ter
miner le ,lr J,uin.
En Italië, les partis en présonce se reeon-
stituent. A droiteon est d'accord pour fusioneer
tons les elements en line masse compacte sous le
nom - d'opposition coüstitutionnelfe.
-M. Sella accepte la présidonce a la condition
formelle que les catholique» soieut exclus du
parti.
t.a gauche, pour se reéonstituer sérieiisement,
prétend élirniner lesrépublicains.
Révolutionnaires des deux cótés de la Gliani-
bre, les premiers rejettent ce qui devrait êlre la
tête de tout pouvoir sérieux, les seconds ont
peur de leur queue.
La France vogue en plein dans les difllcul-
tès. «Une des plus grandes puissances se mêle
- de ses affaires intérieures et fait une enquête
des plus détaillées.
li autre part, il s'emblerait que M. Jules Grévy
serait la dernière concession des puissances au
parti révolutionuaire. M. Gambetta n'eüt pas été
reconnu paries gouvernepients étrangers.
La question de I'amnistie prêoccupe le minis
tère. Celui-ci n'a pps pil aller aussi loin que les
radicaux le désirent, ni donner tout ce qu'il eva it
promis.
La première nation du monde, entre les mains
de la Revolution, court droit a sa perte.
Les affaires d'Orient no sont pas terminées.
Le traité spécial entre la Turquie et la Rus&ie est
signé, Gn craint malntenant que ce traité ne
cache une alliance entre ces deux puissances, ou
ne soit tout ou rnoins la souree d'é'vénements im-
prévus.
ET LE