ORGANE CATHOLIQUE DE L'A RRONDISSEMENT. MERCREDI n Mars 1879. 10 centimes le Numéro. 14° année. N° 1377. On s'abonne rue uu Ueurre, 66, a Ypres, et a tons les bureaux de poste du royaume. Résumé politique. La raise en accusation des ministres du 16 mai.reste loujours la grosse question du moment. Un revirement semble s'opérer dans la Chambre franchise. M. Clémenceau, le vrai chef' des radicaux, bésite, parait-il et une majorité est sur le point de se for mer en faveur du refus de poursuites. Le gouvernement n'abandonne pas la po sition qu'il a prise. Le ministère et M. Gré- vy lui-même, sont décidés a se retiree, si la Chambre votait les conclusions du rapport Brisson. C'est une erise avec un inconnu formidable. Quelle sera Fatlitude des puis sances européennes? Bismarck et ses Prus- siens ne pourraient-ils pas être chargés de nettoyer la République? D'ailleurs il est certain que le Sénat ab- soudrait les prévenus. Cette consideration arrête les radicaux. La Chambre aussi a peur cTelle-même.» Ce qui rend la situation plus difficile encore, c'est que le gouvernement u'a pas de majorité k lui dans la Chambre. S'il est certain de faire repousser la demande de poursuites, ce n'est que grace au concours de la droite. Une majorité de coalition n'est bonne que pour rendre un gouvernement impossible. Quel que soit done Tissue du vote, il est fort probable que le ministère sera sous peu oblige de se retirer; la erise gouverne mentele sera remise de quelque semaines. Le Khédive d'Egypte a réussi ii se débarrasser de Nubar-Pacha au moyen d'u- ne émeute fomentée par lui, it ce qu'il pa rait. MM. R ivers - Wilson et de Blignières sont maintenus au ministère qui est présidé par le bis du Kiiédive. L'Angleterre et la France ne tarderont guère a être obligees de prendre vigoureu- sement en mains ies droits des riombreux créanciers du prince égyptien. De mauvaises nouvelles nous arrivent de Turquie. Quoique la paix de Berlin soit signée depuis longtemps, on n'est pas en core arrivé a une entente. La Russie tra- vailie en cc moment ;j coups de circulaires dernier, parle d'une politique franche et loyale dont le but serait d'arrêter' certains développements d'un caractère ii porter de nouvelles attcirites a l'ordre de cboses inau- guré et sanctionné par le Congrès de Viea- ne; ce document signale également la per turbation profonde que produirait un mou vement révolutionnaire plus accentué et plus décisif dans un grand pays du conti nent. Voila un nouveau point noir a {'horizon. Discours de M. Struye. Nous reproduisons le discours prononcé récemment k la Chambre par M. E. Struye. Ces paroles si franches et si éioquentes ont fait une profonde impression. Elles répoii- detit adnnrablement aux sentiments du pays. Ce discours est une fiére protestation. Ainsi que nous l'avons dit, attaqués comme catholiques, c'est comme catholiques que nous devons répondre. Notre député l'a fait. Los catholiques dc Tarrondissenrent d'Ypres lui en sont re- con naissants D'aulre part la Turquie a concentré en Macédoine une armée de 7ö,000 hommes, en prévision de difiicultés sérieuses du cöté de la Grèce. L'n rapprochement assez marqué sem ble s'étre fait entre l'Angleterreet la Russie. Une note, émanée du gouvernement anglais et recue a St-Pétersbourg a la tin du mois Journal d'Ypres, Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Saraedi. Le prix de 1'abonnenientpayable par anticipationest de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent tin Décembre. Les articles et communications doivent étre adressés franc de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Los insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Les numóros supplè- mentaires content to francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Flandres) s'adresser a 1 'Agence llavas Laflite, et O Bruxelles, 89, Marché aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse. M. Struye. Messieurs, comme catbolique et député d'un arrondissement catbolique, je tiens a motiver rricm vote négatif. Je le ferai franchise; je tacherai de le faire avec netteté et précision. Rn Belgique, nous avons, de par la Constitu tion, ie droit d'exiger que le gouvernement nous l'asse, dans 1'enseignement public, une part pro- portionnelle a notre nombre. L'immense majorité de nos families est catbo lique. Elles ont le droit, de par la liberté de conscience, de par la liberté des cultes et en raisou de l'égalité des citoyens deyant la loi, el les ont le droit d'avoir pour leurs enfants un enseignement public conforme a leurs croyances. Leur religion, leur conscience, leur löi, leur raison leur interdisent de oonlier leurs enfants a des ócoles qui ne sont pas catholiques. Et cependant, ce sont ces écoles que le gou vernement ne veut plus ni maiutenir, ni créer. En Belgique, ce n'est que l'iniime minorité des lamilles qui vit et meurt sans croyances religieu- sgs. Et le gouvernement pretend sacriflerles droits positifs de l'immense majorité des Beiges aux convenances problématiques de cette inlime mi norité. Le gouvernement veut que toutes ies Cela peut avoir une portée plus grande que écoles publiqu.es, a commencer par les écoles les canons raves. j gardiennes jusqu'aux universités, soient établies a lavantage exclusif des incroyauts, des in- ci o} ants qui duns la géuéralité de uos commu nes ne se rencontreut pas. (Interruptions a gauche.) Si les droits constitutionnels d'une infime mi norité sont respectables ce que nous ne con- testons pas, est-ce une raison pour cesser de respecter les droits de l'ijnmense majorité Agir comme veut le faire le gouvernement, c'est exercer la tyrannie; ce n'est plus respecter et pratiquer la liberté. Les mots: Liberté ct éga- lité devantla loi sont encore maintenus; mais la cliose substantielle, la liberté réelle, l'égalité vraie sont supprimées. C'est pourquoi, messieurs, je voterai contre le budget de l'instructioii publique. Je voterai contre le budget de l'instruction pu blique, paree que l'Kglise n'aura plus ni autorité ni surveillance dans l'éeole publique, et que la foi et les mcBurs ehrétiennes de la jeuuesse y seront nécessairement compromises. Je voterai contre le budget, paree que les en fants catholiques ne peu vent fréquenter de sern- blables écoles. Yous exciuez absolument de notre enseigne ment public tout élément de catliolicisme; vous exciuez absolument de nos écoles publiques l'au- torité de l'Eglise. Cette autorité tutélaire, qui sauvegardait nos intéréts les plus sacrés, n'aura plus rien a voir ni dans la discipline de nos écoles publiques, ui dans le régime des études, ni dans la formation et la conduite des niaitresdorenavant ces écoles serout pleinement, exclusivemént sou- mises au bou plaisir des gouvernants du jour quels qu'ils soient, aux caprices d'une opinion variable et mobile, ïnomentanóment dominante. Non, nous ne pouvons admettre pour les en fants de lamilles catholiques uu système d'ódu- cation placé en dehors de la foi catbolique et de l'autorité de l'Eglise, un système d'éducation qui a exclusivement en vue la connaissance des cbo ses purement naturelles, les seuls intéréts de la vie présente, sans tenir compte de la vérité ré- vélée. L'immense majorité de la nation croitque Dieu a constitué l'Eglise pour diriger et former les hommes, pour determiner leurs rapports entre eux, pour régir tous leurs actes nioraux suivant une doctrine et une régie qui viennent de lui. L'immense majorité de la nation croit a la né- cessitó de Taction de l'Eglise sur les institutions de la société humaiue. Pour la prospérité de 1 a.tat autant que de la religion, 1'autoritó ritodó- ratrice de l'Eglise et sa force salutaire ne peu- vent être écartées de Téducation publique. L'es- prit ehrétien seul peut conserver inébranlables les löndemehts de 1 ordre social ot de la tran- quillité publique; Tesprit ehrétien seul peut pro curer et dóvelopper la vraie civilisation. Bien plus, nous catholiques, nous savons que 1 esprit ehrétien seul lournit aux bompies ce qui leur est nécessaire pour atteindre leurs óteruél- les destinées, ces éternclles destinées intérèt suprème de tous. Votre instruction qui n'aura pour objet que la nature, pour but que la vie terrestre et sociale, votre instruction qui s'éloignera des vérités ré- vélées, tombera successivèment et fataleiuent dans toutes ies variétés de Terreur et du nten- songe. (Bruit a gauche.) Votre éducatiou qui prétend se passer du se- cours de la doctrine chrétienne et de la disci- liline morale du cfiristiauisme, cette education ue peut que produire une generation aussi fu neste a i'Etat qu'a la familie- Telle est la foi, messieurs, je le répète, de l'immense majorité de la nation beige, car tels sont les enseignemeuts de l'Eglise catbolique, a laquelie cette immense majorité veut rester li- dele; telles sont aussi les lejoiis de l'bistoire et de i'expérieace quotidienne. (Murmures a gauche) Ces vérités évidentcs, ces vérités d'expérien- ce umverseMe, on les trouve inscrites partont, non-seufement dans les documents pontifleaux et dans les mandements de J'épiseopat (Ricane- ments, exclamations a gauche.), mais dans les livres des philosophes spiritualistes les plus en renom, dans les discours et les rapports des hommes d'Etat los jdus éminents, dans ie coeur de prés de cinq millions de Beiges C'est le cri de la conscience, méme lorsqu'ejje n'est pas en core arrivés a étre chrétienne, méme lorsqu'elle n'est plus oomplétement chrétienne. (Très-bjen très-bien a droite. Mais, messieurs, je ne trouve rien de sembla- bledans les declarations ministérielles ni d'liier, ni du mois d'aoüt, ni du mois de novembre, ni du mois de décembre. J'y rencontre partout la con tradiction la plus carréede ces vérités, qui sont cependant de sens cómmun au milieu de notre civilisation chrétienne. Oui, c'est de sens comicun, la foi du peuple et la saine raison i'attestent, il faut, dans 1 'intérèt social, dans l'intérét des families, dans l'intórét propre des enfants et des adolescents, il laut qu'a l'éeole, dés l'age le plus tondre, la jeuuesse soit iustruite avec soin des vérités et des princi pes de la religion; il l'aut que la jeuuesse y soit diligemment formée a la piété (Ricanements k gauclie), a Tbonnóteté des mceurs, et ainsi a la bonne conduite dans la vie civile. (Nouveaux ricanements.) 11 le laut malgré les discours de la majorité libérale, malgré les declarations ministé rielles, malgré l'Exposé des motifs et le texte du projet de loi sur l'enseiguement primaire Et paree qu'il le faut, nous catholiques, qui, je le répète, formons malgré toutl'immence majo rité de la nation, nous allirmerons toujour» et sans cesse cette nécessité, par notre parole, par nos votes, par nos actes, par tous moyens légaux, Que le gouvernement le saehe, il n'y aura ni trève, ni repos, dans le pays eatholique, avant que dans les écoles publiques, principalement dans les ócoles populaires, uirectement destinées aux enfants catholiques, l'enseiguement religieux n'ait été replace au premier rang, et n'y diamine de telle sorte l'instruction et Téducatiën que les autres CQnpissanc.es n'y apparaissent que com- me secondares et accessoires. Le grand intérèt social est la. (Clameursa gauclie. Très-bien a droite.) Entretemns les orateurs de la majorité du gou vernement nous l'ontdèclaré carrément, leparti libébal n'occupe le pouvoir que - pour accorhplir la grande oeuvre de la régónération et de Ia sé- cularisation de Tenseignemeut. Toutes nos éco les publiques doivent étre régéuéróes dans ies eaux de la franc-maeonnerie; les écoles de I'Etat doivent étre multipliées a l'inüni; elles doivent couvrir la surface du pays. Par l'enseiguement généralisé, uuiversel de i'Etat, il faut abattre l'Eglise romaine 1 (Interruption.) Vous nous 1 avez dit ici, en termed formels et expres- belenda est Carthago, il faut abattre l'Eglise de Rome. Nous le savins bieu, ou n'a pas laissé passer par les Annates parlemeniai- res ce cri siuistre, qui faisait écho au discours, désormais fameux, prouoncé en lSd-l par le fu- tur ministro de l'instruction publique; mais si la sténographie existe encore, elle doit en faire foi. (Interruptions de MM. Jottrand et Couvreur.( - IL faut abattre l'Kglise de Home, cette de claration a élé littéralement laite devant cetta Chambre, et elle a été littéralement cuuverte des applaudisseménts de la gauche tout entière. An- cun des membres de Tassemblée ne Ta oublié Bien plus, elle a été ratiliée par le chef méme du

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