5 ORGANE CATHOLÏQUE DE L'A RRONDISSEMENT. SAM EDI 29 Mars 1879. 10 centimes Ie Numéro. 14" annéc. N° 1382. On sabonne rue au Beurre, 60, a Ypres, et a tous les bureaux de poste du royaume. Résumé politique. La rentrée des Ghambres frangaises ;i Paris rencontre de vives répulsions ;i la Chambre haute. Au reste on amènera aisément les sé- nateurs récalcilranls du centre gauche a un accorninodcincnt. Les libéraux ne sont pas de taille ii tenir tête au radicalisme. Pour calmer leurs terreurs, ori parle de restreindre les pouvoirs du Conseil municipal de Paris, a l'égard de la Préfecture de police. Mais le Conseil municipal, appuyé sur les clecteurs révolutionnaires, laissera-t-il rédui- rc son influence et ses prerogatives? Le projet de loi-Ferry, contre l'enseigne- ment catholique, continue a provoquer un mouvement énergique d'opposition dans le pays tout entier. Les Evêques prennent la tête dans cette agitation legitime et salutairc. On discute en Allemagne ï'hypothèse de la dislocation de 1'Alsace-Lorraine. Le simu- lacre d'aulonomie laissée ii cette province, frangaise de coeur, constitue pour l'empire allemand un principe de dissolution. 11 s'ngi- rait done d'incorporer la Lorraine dans ia province prussienne de Trèves, et de consti tue r l'Alsace en grand-duClié allemand. Ghroniquc parlementaire. En séance du 25 Mars, la Chambre a adopté un projet de loi, allouant un crédit de fr. -1,800,000 pour l'érection d'un palais monumental au Champ des Manoeuvres, ii Bruxelles. Ce crédit ne vise que l'évaluation du gros ouvrage. Les frais d'ornementation suivront a leur tour. Le travail comprend un gigantesque arc- de-triomphe. M. Woeste, qui avait les plans sous les yeux, a fait la description du monu ment: Un arc-de-triomphe greffé sur deux gar es de chemin de ferü! L:i discussion du budget des travaux pu blics a found a M. Struye l'occasion de dé- fendre les intéréts matériels si longtemps niéconnus de farrondissement d'Ypres. Nous publions ci-dessous son discours. Le lendemain, le même orateur, par mo- lion d'ordre, s'est plaint des intidélilés com- mises au compte-rendu analytique. Ainsi que fa fait remarquer l'lionorable membre, le compte-rendu lui avait attribué toute une sé rie de questions aussi ininteUigentes quinin- telligibles. M. Struye a rappelé que e'est la seconde fois en peu de jours qu'on travestit ainsi ses paroles. Nous croyons qu'un compte-rendu, si lar- gement rétribué aux frais des contribuables, devrait offrir plus dé garanties d'exactitude et d'authenticité. La droite a voté contre un crédit demandé par le nouveau ministère de 1'instruction pu- blique.Ce n'est pas aux catholiquès ;i graisser une machine uniquement dirigée contre eux. Le 27, M. Delael a revendiqué en un ex cellent discours, les droits de la langue fla- ïnande, trop souvent méconnus par la bureau cratie officielle et libérale. M. Beernaert, l'aucien ministro des travaux publics, a traité magistralement la question des voies naviga- bles, si importante pour notre province. La discussion du budget des travaux pu blics continue. Discours de M. Struye. Journal d'Ypres Le JOURNAL DYPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étrauger, le port en sus. I.es abonnementS' sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent ètre adressés franc de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, l franc la ligne. Les numéros supplé- mentaires content 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Flandres) s'adresser it X'Agence Havas Lafflte, et GIC Bruxelles, 89, Marché aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse. M, Struye. Messieurs, je uem'arrêterai pas a établir de nouveau la situation d'infériorité oü se trouve Farrondissement d'Ypres au point de vtiedes conditions du transport. Notre arrondissement est dans des conditions telles que son commerce, son industrie et par conséquent la prospérité publique, ne sauraient y prendre leurs dévejoppemènts naturels. Messieurs, ce n'est pas la richesse du sol, ce lie sont pas les capitaux, ce n'est pas l'intelligence et l'aetivité de ses habitants qui font défaut. Ce so Lit des moyens couvenables de communication et de transport, ce sont des tarifs modórés, en rapport avec ceux du reste du pays, qui nous manquent. Eloignés des centres producteurs et des sour ces oil se puise la matière première, eloignés aussi des grands marchés, nous avons plus be- soin qu'ailleurs de la célérité et du bas prix des transports, et, pour plus de raisons qu'ailleurs, le gouvernement eüt dü nous assurer ces condi tions. Malheureusement il n'en est encore rien Les ministres qui se sont succédé n'ont été que trop dans le cas d'entendre les justes doleances et les légitimes revendications des habitants et des mandataires de Farrondissement d'Ypres. Une nouvelle pétition, revétue des signatures de nos commercants, de nos industriels et de nos cultivateurs, est venue, encore ces dernières se- maines, appuyer ces instances et ces reclama tions réitérées. L'an dernier, messieurs, nous croyions ctre arrivés au terme de cette période néfaste. Tout le róseau ferró des Flandres, grace aux proposi tions équitables faites par l'lionorable M. Beer naert, semblait devoir passer aux maiqs de l'Etat. Nos tarifs, tant pour les voyageurs que pour les marchandises, allaient ètre ce qu'ils sont sur toutesleslignes du gouvernement. Nous allions enfln nous trouver dégrevés des 25 p. c. de surtaxe que les compagnies nous indigent de- puis si longtemps. Vainespoir. Nos principales lignes, notamment ia ligne Poperinghe-Courtrai qui nous meten communication directe avec les centres produc teurs du Hainaut et avec les autres centres com- merciaux et industriels du pays et de Fétranger, nos principales lignes restèrent et sont encore, a notre plus grand détriment, aux mains de la compagnie de la Flandre occidentale. Qui plus est, au cours de l'année, la compagnie a encore suréleyé, entre plusieurs points, ses tarifs surannés et actuellement elle nous fait subir un régime plus duret plusmauvais que ce lui dont nous nous plaignions antérieurement Depuis ia reprise de l'Ostende-Armentières et du Lichtervelde-Furnes, sur plusieurs points, notamment a Lichtervulde, les coincidences des trains sont plus mal ótablies, les correspondan- ees moins süres que jamais, et les voyageurs se trouvent astreints a changer de train plus sou vent que par le passé. Si ces derniers désagrémentsrésultenten par- tie du défaut d'entente entre les deux adminis trations, de grandes pei'tes de temps et des re tards vexatoires sont néanmoins directement imputables a Fadministration des chemins de fer de l'Etat. Je mentionnerai quelques faits, que l'on peut vóriiierau livret officiel: Ligne Ostende-Armen- tières, ligne Lichtervelde-Furnes. Les voyageurs d'Ypres vers Oster.de et vice- versa perdent réglementairement, par tous les trains, de 37 a 51 minutes a Cortemarck-Thou- rout. Les voyageurs d'Ypres vers Dixmude, Nieu- port, Furnes et vice-versa, perdent réglemen- tairement a Cortemarck, par tous les trains, do 45 minutes jusqu'a une heure et 5 minutes. Si les voyageurs d'Ypres veulent prendre la ligne de l'Etat jusqu'a Thourout, ce qui est la voie la plus courte et la plus économique, pour aller a Bruges, et de même s'ils veulent retour- ner par cette voie, a ohaque train ïls perdent de 32 a 49 minutes. Pourquoi ne pas fixer les départs d'Ypres vers Cortemarck-Thourout un peu a Favenant de I'ar- rivée utile en ces stations Pourquoi ne pasavancerles heures de depart de Thourout-Cortemarck vers Ypres et proliter ainsi d'autant a destination Pourquoi, d'autre part, l'Etat continue-t-il d'appliquer l'ancien tarif aux voyageurs sur l'Ostende-Armentières? Ne sommes-nous plus assez pressures et malmenés par la compagnie anglaise, sans que le gouvernement perpétue, sur les lignes rachetées, l'ancien tarif et un ré gime impossible? Et cependant, messieurs, rien n'est plus facile, parait-il, que de porter remède a la plupart de ces misères. Entre Ypres, Cortemarck et Thourout, Fad ministration peut facilement, semble-t-il, faire gagner une demi-heure aux voyageurs de Far rondissement d'Ypres, sans rien faire perdre aux voyageurs des autres arrondissements. Toutes les correspondances vers Ostende, vers Courtrai, vers Dixmude, Nièuport et Furnes étant maintenues, on peut gagner une demi-heu re, un peu plus, un peu.moins, au depart et au retour dans les stations d'Ypres, de Boesinghe, de Langemarck, de I'oeicapelle, de West-Roose- beke et de Staden. L'Etat fera seulement alors une jaste et néces saire concurrence a la ligne anglaise, concurren ce profitable pour les conditions éventuelles de reprise, profitable en cas de non reprise, profi table au trésor, profitable immédiatement aux voyageurs, surtout si l'Etat n'oublie plus d'ap pliquer aux voyageurs le tarif de l'Etat sur une ligne de l'Etat. Jepriedonc l'lionorable chef du département des travaux publics d'appeler la plus sérieuse attention de son administration sur cette situation inouïe et intoléixibie et je le prie de prendre aussitót telle mesure que de raison pour faire cesser des anomalies sans precedents, je pense, dans les annales de son département. Messieurs, je le reconnais, depuis la reprise de l'Ostende-Armentières les marchandises nous arrivent du centre du pays a meilleur compte dans les stations entre Poelcapelle et Ypres mais malheureusement elles n'y arrivent qu'avec des retards plus considerables, et les avantages du dégrèvement se perdent ainsi trop souvent, en tout ou partie, dans les dommages causés par la lenteur des livraisons. Eu égard aces dommages et a tous les autres cötés facheux de notre positionpourquoi l'Etat ne nóus applique-t-il pas un système de faveur qui, m'assure-t-on, est encore appliquè sur certains points et pour certaines marchan dises. Pourquoi ne nous applique-t-il pas le princi pe de la plus courte distance, ce principe en ver- tuduquei on fixe les prix du transport, non en raison des distances réellemout parcoui ues sur les lignes de l'Etat; mais en comptant seulement la distance qu'on aurait eu parcourir par les chemins de fer les plus directs, alors même que ceux-ci se trouvent encore aux mains de sociétés concessionnaires A ce système, nous profiterions sur le prix ce que uous profiterions a la reprise nióme de l'Haze. hrouck-Courtrai, e'est-a-dire encore environ 10 p. c.. Et e'est ce que nous avions lieu d'espérer, et e'est ce que nos populations attendaient du ca binet précédent. Mais, quoi qu'il en soit de ce point, messieurs, ce qu'il y a de plus facheux, e'est que les avan tages actuellement acquis par la reprise de l'Os tende-Armentières ne protiteut, en dehors des stations entre Poelcapelle et Ypres, a aucun autre point des lignes de notre arrondissement. Pour tont le reste de Farrondissement, sur les sections d'Ypres a Poperinghe-Abeele, d'Ypres a Roulers, d'Ypres a Comines-Warneton, les avan tages sont nuls ou a peu prés, paree que la com pagnie anglaise neutralise et absorbe, par droit de réinscription et par surtaxe a titre de nou veau parcours, le dégrèvement résultant du transport eflectué par les lignes de l'Etat jusque dans ia station d'Ypres. Que l'lionorable minjstre me permette, a ce propos, de lui demander pourquoi il ne s'est pas, suivant les déclarations de son prédécesseur mis en mesure d'exercer le droit de parcours qu'a l'Etat sur la section d'Ypres a Confines, sec tion faisant partie de la ligne d'Ostende-Armen- tióres; pourquoi il n'a pas ainsi assure aux villes de Confines et de Warneten tous les bónéfices et tous les dógrèvements résultant du régime de l'Etat, alors que ces villes y out évidemment droit. Que l'lionorable ministre me permette aussi d'insister pour que le tronjon de Lichtervelde- l'lfielt, dont la réadjudication a subi de facheux retards, soit livré a l'exploitation, sans nouveaux dólais, quand le terme marqué sera échu; car Farrondissement d'Ypres a un intérêt majeur, surtout dans la situation actuelle, a se voir plus directement raccordé par les lignes de l'Etat au centre du pays, aux marchés et aux grands foyers de production. IjM

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1