ORGANE C ATHOLIQUE DE L'A RRONDISSEMENT.
CAUSERIE SCIEN TIFIQCE.
SAMEDI 5 Avril 1879.
10 centimes le numéro.
14* année. - N° 1384.
On s'abonne me au Beurre, 6(4, k Ypres, et a tous les bureaux de poste du royaume.
Meeting de Wervicq.
Dimaïiche, 30 Mars, a eu lieu, Wervicq,
un Meeting de protestation contre le projet
Van Humbeeck.La grande salie,dite le Cha-
pjtre,était beaucoup trop petite pour conte-
nir les pères de familie et les électeurs accou-
rus de tous les points du canton, llormis sur
l'estrade, oü avaient pris place un grand
nombre de notabilités, presque tout le monde
se teiiait dcbout; on ne voyait que des têtes
serrëes les unes coulre les autres. Le Meeting
a dii se tenir fenêtres ouvertes, afin de per-
mettre a un très-grand nombre de personnes,
qui ne pouvuient troaver place a l'intérieur
de la salie, d'entendre les orateurs. Plus d'un
millier de personnes étaient lit.
La reunion était présidée par Monsieur
Auguste Verhaeghe, qui donna successive-
ment la parole ii Al. l'avocat Verriet, du bar-
reau de Courtrai, a M. l'avocat Golaert, du i
barreau d'Vpres, et ii M. Struye, membre de j
la Clïambré des Keprésèntants.
M. Verriest porta la parole en ilamand.
11 dissipa d'abord les préjugés de ceux qu'il
est convenu d'appeler les braves gens et qui
n'ont aucuue cspèce de bravoure, non plus
pour faire le bien que pour s'opposer au mal. j
lis laissent tout passer, tellement quit tout
prendre tout pourrait bien être pire encore,
et se consolant sans cesse de tous les biens
perdus par ce qui reste encore de bien. Ils
désertent ainsi la défense des intéréts com-
niuns pour se confiner dans une égoïste tran-
quillité, qui est bien prés d'etre l'équivalent
de la défection totale ou de l'ignominieuse
trahison. Ainsi findi-vidu, la familie, la pa
trio, la société, l'Eglise sont livrés par eux
aux entreprises des méchauts. Ainsi avons-
nous descendu insensiblement et peu ;i peu la
pente de l'abime. Ainsi sommes-nous mainte-
nant subitement entratnés par une force, qui
demain sera irrésistible si aujourd'liui nous
n'y mettons un frein. Or ce frein ne peut être
que la resistance combinée de tout ce qui est
catholique.
Le régime de la Loi dc 18-42, loyalement
pratiquée, est fait pour tout préserver et tout,
sauver. Ce régime a fait ses preuves: il n'a
point élevé des generations révolutionnaires.
Grace a cetle éducation primaire oil la reli
gion domine, quand toute l'Europe fut ébran-
lée et bouleversée, la catholique Belgique
sut résister a la tourmente. Sa foi, ses
moeurs, ses habitudes et ses vertus cbrétien-
nes étaient alimentées cliaque jour par toutes
nos écoles populaires. La société, la patrio,
la familie sont encore aujourd'liui sauvegar-
dés parTesprit clirélièn et par lui seul.
G'est eet, esprit clirétien que la loi nouvel
le a pour but de détruire. Désormais il ne
pourrait plus y avoir de Prêtre, de mai-
tres ch'rétiens a l'Ecole, plus de Religion ni
enseignée ni pratiquée dans l'Ecole. Ainsi
dispose le projet de loi.
Gette école irréligieuse, anti-chrétienne,
doit être imposée ii toutes les communes, a
tous les hameaux, pour les lilies comme pour
les garpons, pour les petits enfants comme
pour les adultes; partout ces écoles seront
aux fi-ais des communes et imposées arbi-
trairement au nombre voulu par le ministre,
avec des maitres et des inaitresses formés
obligatoirement dans des écoles normales
d'oü la Religion chrétienne doit étre bannie,
tout comme de l'Ecole primaire, comme de
l'Ecole gardienne et comme de l'Ecole d'adul-
tes.
Voilé ce que le Gouvernement nous prépa
re et voila a quoi tout clirétien, tout pèrc,
toute mère, tout citoyen doit s'opposer. 11 y
va de fame des enfants, de favcnir des fa
milies, du sort de la Patrie, du bien-êtré pu
blic et de l'existence mêinede la civilisation
chrétienne.
Dieu merci, nous sommes encore la catho
lique et fibre Belgique, cette Belgique qui ne
s'est jamais laissé asservir par les oppres-
seurs de sa foi. Ai Guillaume, ni Joseph II,
ni les Gueux du I" siècle n'ont eu raisou de
noti-e foi et de nolre liberté. Xous, nous au
reus raisou des Gueux du XIX1' siècle comme
nos ancêtres et nos pères ont eu raisou des
pères et des ancêtres de ceux-ei, c'est-;j-dire
des Or'angistes, des Josépliistes et des Gueux.
Nos fossoyeurs ont beau se promettrè la
mort et l'eiiterrement du Gatholicisme, ie Ga-
tholicisme leur survivr'a et les meitra au tom-
beau.
Get apereu superficiel, cette esquisse in-
forme d'une magriifique et magistrale confé
rence n'en saurait donncr une juste idée.
Impossible d'exposer d'une facon plus sai-
sissante l'organisme, tous les rouages et tout
le jeu de cette formidable machine de guerre,
ctressée par la Franc-Alagoniierie contre l'E
glise catholique et la Belgique chrétienne. M.
l'avocat Verriest paria une lieure et demie,
sans désemparer, avec une clarté et une
nettelé qui n'appartiennent qu'aux esprits
supérieurs, avec une lucidité et une vivacité
d'expression qui n'est propre qu'a notre in
comparable langue flamande. Ses phrases,
bien coulees et bien martelées, sonnaient
franches comme fairain. D'un bout it l'autre
c'élait la note catholique et beige, la vraie et
pure gamme flamande que le Conférencier
faisait entendre. Lne heurect demie durant,
l'immense auditoire ne laissa pas se perdre
une parole de l'orateur toujours placide el
calme dans sa force et dans son énergie. 11
semblait subir les applaudisSemênts plutót
que les provoquer. II parlait ;i l'honneur de
la Yérité seule. Aussice millier d'hommes si
divers de condition et ^instruction lui ren-
daient unanimement le bon témoignage, le
témoignage djavoir éclairé leur esprit, satis-
fait leur cceur, fortifié leur volonté. Chacun
devait se seritir plus Beige et plus chrétien
quand AI. Verriest avait fini de'parler. Ge
discours est un de ceux dont les auditeurs
causeront partout, au foyer comme dans les
lieux publics, avec les adversaires el avec les
amis. Pareille conférence constilue un mérite
devant Dieu et devant la Patrie.
La seance fut suspendue pendant dix minu
tes. M. l'avocat Golaert prit a soil tour la pa
role. L'orateur s'adressa a Ja population de
langue francaise. II le lit avec eet accent dc
Journal d'Ypres,
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Nous croyons très-fermement que la Républi-
que n'est absolument pour rien dans la rigueur
des hivers et dans la mauvaise qualité ou i'in-
«óffisance des récoltes. Mais nous croyons non
inoins fermement que Dieu seul estle maitre de
la nature, que seul il règle le cours des saisons
et qu'il a ses motifs pour nous punir et nous ré-
compenser dans nos biens. Nous croyons encore
que les immortels principes de 89, auxquels on
'ait honneur du progrès des sciences en ce siècle,
ont surtout contribué au développement de l'art
des ialsilications. La suppression des maitrises
et des corporations do métiers a eu pour résul-
|at de créer 1'individualisme. Le marcliand est
'Solé dans la société comme Robinson dans son
l'e; il lutte le grand combat pour la vie, et ses
l'lus terribles ennemis ne sont pas des anthropo-
phages, mais ses propres confrères. Comme il
1a plus de corps, il n'y a plus d'esprit de corps,
n d honneur de corps, ni de répression dans le
-orps. Chacun agit a sa guise et interprète a sa
,a*on 'e principe moderne du commerce, qui est
e niettre entre le prix d'achat et le prix de vento
a plus grande difference possible,
Lx tra it de l'Univers.
II y a done aujourd'liui une science de la falsi
fication, science de progrès surtout, car a chaque
falsification nouvelle, on voit surgir un cliimiste
qui indique le moyen de la recöüiiaitre.
II y a quelques années, on fabriquait du vin
a vee du bois de campêche. Depuis quelque temps,
on parle beaucoup de la fuchsine. Mais voici M.
Jousset de Beilesme qui fait savoir a l'Académie
qu'on se sert moins de fuchsine pour colorer les
vins que des résidus de la fuchsine que l'on nom-
me grenat dans le commerce.
La fuchsine, en effet, est franchement rouge;
étendue d'eau, elle est rose; c'est la couleur du
jus de groseille et non celle du jus de raisin. Le
grenat, au contraire, est de couleur vineuse et sa
nature se rapproclie singulièrement de celle du
vin. Le type de ee genre de produit est le colo
rant Blauchard, dout un demi-litre sufiit pour
transformer en vin rouge une piece de vin blanc.
M. de Beilesme a voulu savoir si le grenat est
dangereux pourl'ócönomie. 11 a fait une vingtaine
d'expériences sur les animaux, lesquelles se sont
constamment terminées par la mort du sujet, au
bout d'un temps qui n'a pas dópassé trois semai-
nes pour les mammitères et six somaines pour
les grénouilles. It a l'ait absorber le grenat, soit
eu mélange avec la uourriture, soit en injections
stomachales, sous-cutanées, iiitraveineuses oü
trachéennes.
Les effets sont plus énergiques et plus rapides
par le dernier procédé.
L'urómie est le caractère saillant de la mort par
le grenat. Elle est consecutive a l'état du rein
dont la surface sécrétante est considérablement
réduite par des granulations violettes qui se
déposent en couches.
Ln rapport mis par M. Lunier sous les yeux
dei académie da médecine constate qu'il se fait
en ce bon pays vignoble de Trance une consom-
matiou de I2u litres de vin par an et par habitant.
Ln 1833 cette consommation n'était que de CO
litres, juste la moitié. On i'rérnit en pensant a co
que depuis cette époque les Francais ont absorbé
de campêche, de grenat, de fuchsine et autres
ingredients malfaisants ou malpropres. Geserait
la se condauiner a ne baire que de 1'eau. Mais le
rernède est un peu dur.
Ce méme rapport de M. Lunier donne quelques
chiffres intéressants.
La consommation du cidre n'est que de 20 litres
par habitant. Mais on boit de l'eau-de-vie pour
faire passer le cidre et on remet du cidre par
dessus pour l'aire passer la soil.
En 1828, la consommation de la bière était de j
8 litres par habitant. Elle est aujourd'hui de 22.
Nous n'en sommes pas plus spirituels pour cela.
L'alcool, dont la consommation était de 2 litres
par tète en 1837, est représenté aujourd'hui par
un chiffre de 3 litres. G'est un progrès. Les dé-
partemeuts qui consomment le plus d'alcool sont
ceux, les malheureux, qui ne connaissent pas la
vin.
Voici les conclusions de M. Lunier relative-
merit a l'alcool:
1° C'est dans les départements qui consom
ment le plus d alcool que les excès de boisson
determinant le plus de morts aecideutelles,
2° Les cas d'ivresse poursuivis sont cinq fois
plus nombreux dans les départements qui con
somment surtout de l'alcool que dans ceux qui
boivent principalement du vin. Hen est de méme
des cas de folie ayant pour cause l'alcoolisme.
La proportion est presque partout en rapport
avec la consommation directe des alcools. 11 n'y
a d'exception quo pour la Vendée et la Charente
Inférieure, qui ne consomment que des vins
blancs, et ion sait que ces vins, pris en excès,
sont presque aussi dangereux, sous ce rapport'
que l'eau-de-vie.
Tout le monde a mango, au moins approxima-
tivement, de ces huitres succulentes, de couleur
verte, qui nous viennent de Mapennes ou d'Os-
tende.
Pour leur donner cette couleur, on les place
dgns iles pares remplis d'eau de mer, oü on les
abandoime pendant plusieurs mois, en ayant soin
de ne renou veler j'eau que très-rarement.
Les savants qui veulent connaitre la fin du fin,
ne se sont pas eontentés de reconnaitre avec le
vulgaire que les malheureuses bétes, traitées de
la sorte, étaient bien meilleures a manger, lis ont
cherché la cause de cette coloration, Valmont de