ORGANE CATHOLiqUE DE L'A RRONDISSEMENT. MERCRED1 9 Avril 1879. 10 centimes Ie numéro. 14ft année. N° 1385. On s'abonne rue au Beurre, 66, a Ypres, et u tons les bureaux de poste du royaume. Le JOURNAL D YPRES parait le Mercredi et le Samedi Le prix <ie l'abonnementpayable par anticipationest de le pays; pourl'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent tin Décembre. Les articles et communications doivent ètre adressés franc de port a l'adresse ci-dessus. fr. 50 c. par an pour tout Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, t franc la ligne. Les numéros supplé- mentaires content to francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Flandres) s'adresser a VAgence Harms Lajfhtc, et G,c Bruxelles, 89, Marché aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse. Résumé politique. La question d'Orient menace de mettre jes nations de nouveau aux prises. La Russie qui a le plus grand intérêt de tenir cette ques tion ouverte, soulève des difficultés au sujet de la Roumélie oriëntale. 11 est question de faire occuper cette province par des corps d'armée de divers pays. La Porte a accepté cette occupation mixte. L'armee russe restera en Roumélie jusqu'a l'arrivée des troupes des Puissances. Le Khédive d'Egypte donne de la beso gne aux gouvernemenls européens. II vou- drait se débarrasser de la surveillance qu'il est forcé de subir et conti-nuer en paix ses folies dépensières, mais la France et l'Angle- terre, au nom des créanciers de l'Egypte, prennent des mesures rigoureuses pour faire respecter les engagements financiers. M. Windhorst, le chef des catholiques au Reichstag alleman#, a eu uue entrevue avec M. de Bismarck. Les commentuires vont leur train. Quel a été le sujet.de la con versation? Les uns disent qu'il s'agit du Kul- turkamph, lesautresque les tarifs douaniers ont fait le sujet de l'entretien; mais nul ne le sait. La Germania, organe catholi'que, écrit qu'il ne convient pas que cette conversation soit rendue publique. Nous savons, par les faits antérieurs, que M. de Bismarck étant en cause, la plus grande réserve est de ri gueur. D'après les dernières nouvelles il s'agirait des biens de la familie de Hanovre actuelle- ment encore sous séquestre. Les projets Ferry contre la liberté de 'enseignemeiit rencontrent en France uue opposition générale. Les libéraux eux-mêmes ne manquent pas de critiquer le ministre. Leurs organes, et entre autres la Revue des deux Monties, publient des articles oü les prétentions ministérielles soul traitées com me elles le méritent. Les catholiques ont formé des comités, et organise un pétitionnement general qui ren contre partout le plus grand succes. Le retour des Chambres a Paris ne fait plus l'objét d'un doute. Le centre gauche cè- té et les deux Chambres iront siéger a Paris tvant peu. C'est se mettre dans la gueule du °up et placer le gouvernement sous le coup des émeutes radicales. Les moyens de precaution et de defense ïtixquels on songe seront bien illusoires. L'Univers publie l'importante dépêche lue voici: Rome, le 6 Avril, 10 li. 45, matin. On assure que le Rape prépare une Ency- dique relative a la question de I'enseignemenl. La situation financière de l'ltalie s'em- brouille grandement. La discussion du bud get n'a produit que les ténèbres les plus épaisses. L'ne chose seulement est claire, c'est que le pauvre peuple meurt de faim et que les impöts ne produisent pas les sommes nécessaires aux fantaisies d'une politique né- faste. En '1878, 7,000 paysans ont émigré. En 1876, on compte 1,024 suicides et 9,163 ho micides. 25,000 lots de terrain ont été ex- propriés par le tisc poui' cause de non paie- meiit de l'impót. Enfin de 69,000 moulins qui existaient en Italië, 29,000 sont fermés. quels résultals produits par la belle politique des Italianississimes! Nous iivrons cela aux admirations imbéciles de notre Progrès. II a souvent chanté les bientaits dout jouit l'ltalie une et indépendante. II tient maintenant le sujet du dernier couplet de sa chanson. La loi Van llumbeeck. Le Progrès se met de la partiefii juge h propos d'entrer en scène et de défendré le projet de loi Van llumbeeck. Ses patrons, MM. Carton et C", avaient beau jeter les hautscris, il y a quelques mois, mais c'était pour la forme, ils sentaient le besoin de conserver devant les populations catholiques certains dehors de modération et de respect pour ia religion catholique: un moyen de se rendre possible en temps elec toral. Depuis ils se sont légèrement modifies, lis acceptent le projet Van llumbeeck. La loi de •1842, qu'ils n'avaient combattue que rare- ment, ne peut plus ètre maintenue. C'est la faute au clergé. Le Progrès écrit cela! Ce n'est peut-être pas sérieux. D'après lui c'est le ciergé qui a tué sa propre oeuvre, eu iutervenant a litre d'autorité dans l'enseignement Mais c'est la le principe même de la ioi de 1842. L'enseignement religieux est inscrit en tête du programme de l'enseignement pri maire. La compétence du clergé est recoimue et admise par la loi. II a nommé comme inspecteurs ecclésias- tiques les Principaux de ses colléges. Voilh le mal et voila pourquoi le Progrès est convain- cu qu'il taut réformer la loi de 1842. L'argu- ment peut être probani pour les lecteurs du Progrès, probablement très-brevetés comme ceux de 1 'Echo du Parlement, mais pour les gens senses c'est autre chose. Le Progrès admet que le projet de loi va peut-être au-dela de cette nécessité. On a eu Au panier les affiches ministérielles. Voila le cliemin qu'il faut faire suivre aux paperasses que les Ministres envoient aux Communes sous le couvert des Gouver neurs. C'est la conclusion logique de la discus sion soulevée aux Chambres par l'interpella- tion de M. Visart. Le ministère s'est débattu en vain. M. Ro- lina argoté, M. Frère a injurié, M. Rara a cliercbé a faire dévier le débat avec sa fa- conde de triste aloi, il reste établi que ces Messieurs n'ont pas le doit de faire afficher, par les administrations communales, leurs élucubrations de parti. Ils n'ont pas ce droit ni par eux-mêmes, ui par intermédiaire. Les Bourgmestres peuvent renvoyer ces paiicartes a leurs auteurs, les colier a l'en- vérs ou les jeter au panier. Nous nous permettons de recommander le tort, dit-il, de ne pas inscrire dans le pro jet de loi tout ce qu'il y a dans Fexposé des motifs; il espère voir redresser ce tort lors de la discussion de la loi. Oh a eu tort a plus d'une reprise et il faut J être naïf comme le Progrès pour avoir 1'air de s'y laisser prendre. On a eu tort d'abord d'exprimer dans le discours du Tröae des principes absolument contraires aux enseignements de l'Eglise ca tholique. Mais il le fallait pour rallier les avancés a la politique ministérielle. On a eu tort de rédiger un texle de loi qui pouvait se prêter a toute espèce d'interpréta- tiou et satisfaire les avancés comme les doc trinaires. Mais c'était une mesure de pruden ce conseillée par les prétentions des avancés. On a eu tort de produire un exposé de mo tif's après la publication du projet de loi. Mais c'était un moyen de rassurer les modérés saus rien perdrc de l'opinion des radicaux. On a eu bien plus grand tort d'agir comme j le Progrès et d'ossayer de détournei' l'opinion publique. Le projet de loi est jugé. II passera ou il ne passera pas aux Chambres; nous affirmons qu'il ne sera pas appliqué dans la presque totalité du pays. M. Van Humbeeck y a mis sa marque de fabrique. C'est un moyen de jeter le catholi- cisme dans la fosse. Cela, personae ne l'oubliera. La liberté d'enseignemenl subsiste encore et les catholi ques sauront en proliter. l'QEuvre des Vieux Papiers. L;i du moins elles produiront quelque bien. MM. Woeste, Kervyn de Lettenhoye, Ja cobs et Coruesse out démontré, la loi h la main, que les prétentions ministérielles étaient inadmissibles. Rien n'est resté de- bout des misérables arguments invoqués par les ministres. M. Woeste a clairenient défini les obliga tions des bourgmestres Si j'ouvrenos lois, a-t-il dit, que M. le ministre de l'intérieur aurait bien fait de consulter avaiit de donner aux gouverneurs les ordres que nous criti- quons, si je les ouvre qu'y vois-je C'est qu'aux termes de la loi communale, le seul devoir du bourgmestre, comme agent de 1 Etat, réside dans l'exécution des lois et des arrêtés pi'is en vue de cette exécution. Or, s'agit-il dans le cas actuel de l'exécu tion d'une loi, s'agit-il d'un arrété pris en exécution d'une loi Mais non; la loi qui forme l'objet des cir culaires ministérielles que nous critiquons, n'est encore qu'un projet, et nous espérons bien que les pouvoirs publics, cédant h la pression de l'opinion, n'introduirÓnt pas dans notre legislation les réformes néfastes dont le gouvernement a pris l'initiative. II n'y a done pas de loi; mais si même il y avait une loi, est-ce que le gouvernement aurait le droit qu'il s'arroge Sans doute, encore une fois, il peut pres- crire aux bourgmestres les mesures qui out pour objet l'exécution des lois ou des arrêtés pris en exécution de lois. Mais ce qu'il n'y pas ie droit de faire, c'est de leur ordonner de publier, de répandre des affiches, qui ne sont que des plaidoyers en sa faveur, des oeuvres de poléiniquece qu'il n'a pas le droit d'exi- ger, c'est qu'ils se fassent les hérauts, les porte voix du gouvernement, pour célébrer les mérites de sa politique. Aucun ministre n'a osé suivre l'honorable depute d'Alost sur le terrain de la légalité oh il s'est placé, et il est avéré aujourd'hui que les bourgmestres peuvent hardiment livrer h 1'oeuvre des vieux papiers les documents que le cabinet ou le gouverneur leur enverra dé- sormaispour prónerje projet-Van Humbeeck. Ce qu'il a fait jusqu'ici est un excès de pou- voir, attentatoire a la liberté des administra tions communales, excès qu'il faut énergique- ment réprimer. M. Jacobs est allé chercher M. Rara jusque dans son dernier refuge. Exbumant une loi de la répubique franpaise, il faut que les libéraux aient toujours recours a ces temps d oppression pour justifier leurs actes arbi trages, le ministre de Injustice avait pré- tendu que les administrations communales étaient obligees de concourir h l'exécution des lois, arrêtés et ordonnonces,

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1