ORGANE CATHOLIQUE DE L'A RRONDISSEMENT.
SAMEDI 19 Avril 1879.
10 centimes le numéro.
14e année. N° 1388.
On s'abonne rue an Beurre, 6(5, a nes, et a tous les bureaux de poste du royaume.
Résumé politique.
L'attcutat dirigé contre l'Empcreur de
Russie et celui qui vient d'etre commis contre
le prince Milan de Serbie k Nick préoccupent
l'attention publique.
Les Gouvemements se sont emus. Le bruit
court a Berlin que le prince de Bismarck pré
pare une dépêche-circulaire proposant des
mesures communes de süreté contre les agis
tments révolutionnaires.
Nous ne reproduisons ce bruit que sous
toutes réservés, car il est assez grave.
Toutefois, nous devons rappeler qu'après
les deux attentats de Hoedel et de Nobiling
sur l'empereur d'Allemagne, le prince de
Bismarck a fait des ouvertures a plusieurs
cours souveraines pour leur proposer une
ligue commune contre la Révolution. 11 ne
serait pas étonnant que l'attentat de Sokoloff
ait réveillé l'attention du chancelier d!Alle-
magne et l'ait confirihé dans son projet pri-
mitif.
Les projets des nihilistes étaient connus.
Depuis plus de lmit jours, des dépêches éma-
nées de la police secrete de Berlin les avaient
renseignés h St-Pétersbourg.
L'Estafette publie le télégramme suivaut
de son correspondant spécial:
Berlin, 15 Avril, 11 h. 15.
On est assez inquiet ici de la tournure que
prennent les affaires intérieures de la Bussie,
et on n'a pas ménagé les conseils confiden-
tiels.
II est certain (jue la politique du prince
Gortschakow a acccéléré le mouvement révo-
lutionnaire et ébranlé l'ancienne organisation.
La Pc rsécution Religieuse.
La guerre d'Orient a découvert toutes les
plaies intérieures et tous les vices de la ma
chine gouvernementale, tandis que les char
ges et les conséquences de cette guerre sont
au-dessus des forces de l'Etat.
Cette situation, compliquée de la fermen
tation générale dans le monde slave, est
d'autant plus menacante qu'elle peut tout
aussi bien aboutir k un cataclysme intérieur,
que chercher une solution dans des conflts
extérieurs, les grandes revolutions trainant
presque toujours la guerre k leur suite. On
est généralement d'avis ici que la révolution
franqaise de 89 frappe a la pofte de la
Russie.
La guerre des Zoulous continue. Une
colonne de 6,000 hommes est en route pour
débloquer Ekowo; 35,000 Zoulous lui bar-
rent le passage. Un premier combat a eu lieu
oü les Anglais out eu un léger avantage.
En Afghanistan, Yacoub-Khan se pré
pare a une guerre a outrance.
Denier des Ecoles catholiques.
La fête, organisée Lundi dernier au profit
de cette oeuvre, a admirablement réussi. Les
Fanfares catholiques et les amateurs qui ont
bien voulu prêter leur concours k cette soirée
musicale, ont rivalisé do zèle et d'entrain.
Leur dévouement a été récompensé. Non-
seulement ils ont été accueillis avec les mar
ques de la plus vive sympathie, mais la quête
a produit une belle somme. Les dons qui
arrivent encore cliaque jour font monter le
produit du Concert a plusieurs centaines de
francs.
Honneur k ces hommes dévoués! Ils ont
Rpporté une bonne part k l'oeuvre la plus né
cessaire dans les circonstances actuelles.
A l'enseignement officiel sans Dieu, il faut
opposer i'enseignement catholiquc.
Protestation
contre la loi-Van Hurabeeck.
Les protestations contre la loi sur l'Ensei-
gnement primaire, continuent k se produire
dans tout Ie pays. Notre arrondissement ne
reste pas en arrière. Le Dimanche de Paques,
un meeting a eu lieu k Neuve-Eglise; plus de
600 personnes y assistaient. Le lendemain,
réunion a Reninghelst, oü l'on comptait plus
de 500 personnes.
MM. Surmont de Volsbergbe Struye
Louis Riebuyck et Iweins ont exposé sous
leurs différents aspects les funestes projets
du Libéralisme. Leur parole faisait une pro-
fande impression sur l'auditoire. Nos catho
liques populations tiennent trop k leur reli
gion pour accepter sans contestation un
enseignement dont Dieu serait banni.
On remarquait a ces reunions, présidées
par M. Spillebout, plusieurs Bourgmestres et
Echevins, et un grand nornbre de personnes
influentes et considérées.
De nouveaux meetings sont annoncés: le
20 a Moorslede, oü MM. Spillebout, Bie-
buyck et Verriest porteront la parole; le mé-
me jour a Poperinghe, orateurs inscrits: MM.
Iweins, Struye et Surmont; le 27, grand
meeting a Warneton, et le Dimanche suivant
k Dickebusch. D'autres réunions encore se-
ront organisées.
Encore une Lettre de gouverneur.
Le ministère joue de malheur dans les ma
noeuvres qu'il tente pour abuser les popula
tions.
M. Bara n'a pas hésité a donncr lecture k
la Gluunbre d'une lettre administrative du
gouverneur catholique de Gand, M. le comte
de T'Serclaes, pour essayer de faire croire
que ce haut fonctionnaire approuvait les cir
culaires et les placards mensongers du cabi
net. M. de T'Serclaes en a pris occasion de
faire connaitre par une lettre publique que
ses sentiments reiigieux l'óbligeaient k re-
pousser complètement les projets impies du
cabinet.
La même mésaventure est arrivée au cabi
net dans une autre province, le Limbourg.
Profitant de ce que les fonctions de gou
verneur étaient remplies intérimairement,
dans cette province, par un membre de la
députation permanente, bien connu comme
catholique, nos ministres lui ont envoyé, im-
primées k Bruxelles et ornées k l'avance de
sa signature, les affiches déloyales dans les-
quelles ils s'arment d'un passage tronqué
d'une circulaire de M. de Theux, pour pré
senter eet homme d'Etat comme un partisan
de leur système impie.
M. le chev. de Menten s'est exécuté, mais
il a profité de la première occasion pour
éclairer les populations sur la valeur de cette
affiche, en adressant la lettre suivante k la
Gazette de Saint-Trond
Journal d'Ypres,
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Nous trouvons dans le Figaro, qui ne nous a
pas habitués a pareille fortune, un article trop
rernarquable pour ne pas être cité en entier.
Bien qu'écrit au point de vue de l'actualité fran-
qaise, il peut merveilleusement s'appliquer a la
situation beige. On l'aurait pu intituler Salutem
ex inimicis
QUI AMOLLIT LES AMES
QUI LES RETREMPE
Tout d'abord, les républicains avaient essayé
d'expliquer leur guerre contre l'Eglise par le
mal qu'a fait l'Eglise en arrêtant la marche de
l'intelligence humaine.
Mais, a cela, on leur a répondu l'histoire a la
main.
On leur a montré, dèsles premiers temps, les
reiigieux sauvant l'agriculture et les lettres ré-
tablissaut les notions de droit et de propriété, at-
taquant la barbarie par tous les bouts puis,
quand cette barbarie a disparu pour faire place
a la féodalité, protégeant le peuple contre la ty-
rannie de ses nouveaux maitres, proclamant
l'égalité des ames, régénérant l'hsmme de guerre
en mettant sur son creur la croix, symbole du
sacrifice relevant la dignité de la femme, lut-
tant partout contre les abus en un mot repré
sentant la liberté dans les siècles féodaux com-
me ils avaient représenté la lumière dans les
siècles barbares.
Véritable révolutionnaire comme le Christ
révolutionnaire qui vient briser les chaines,
émanciper Fesclave, et qui, au lieu de lutter
contre la société a main armée, lutte contre les
passions de l'honime, avec la seule arme de
l'Evangile.
Ne pouvant nier ces faits reconnus par tous,
nos démocrates ont voulu se rejeter sur la diffé-
rence des temps. Oui, ont-ils dit, dans le passé
les reiigieux ont rendu de grands services a la
France; mais aujourd'hui leur róle est lini. Après
avoir représenté la science et le travail dans les
siècles de ténèbres, dans nos siècles de lumière
ils ne représentent plus que Fignorance et la
paresse
A cela on leur a répondu, non par des raison-
nements, mais par des faits. Comparant le Frère
au maitre d'école, la Sosur a Finstitutrice, le pro-
fesseur au Jésuite, on leur a demandé oü était
l'infériorité. Tableau saisissant que l'on devrait
reproduire chaquejour de la facon suivaDte
Dans quelle proportion se trouvent lesécoles
congréganistespar rapport aux écoles laïques?—
Elles sont un peu plus nombreuses.
Ont-elles moins de nominations Elles en
ont trois fois plus.
Sur les deux mille bourses mises au concours
depuis trente ans, combien ont été obtenues par
les Frères 1 1,547.
Combien par les laïques 494.
Que coütent les Frères De 7 a 900 fr.
Que coütent les laïques? De 1,600 a 2,000 Ir.
Quelle est la proportion des succes des Jésui-
tes par rapport aux laïques Ces succès sont
dix fois plus grands.
Combien une seule de leurs maisons a-t-elle
fait entrer d'élèves a l'ócole de Saint-Cyr 1,284.
Combien a l'école poly technique 458. Com
bien a l'école navale? 189. A l'école forestière
59. A l'école centrale 288.
Ces succès vont-ils en grandissant ou en di-
minuant?—La rue des Postes, qui, il y a vingt
annóes, ne faisait recevoir qu'un élève a l'école
militaire, en fait recevoir quatre-vingts aujour
d'hui.
Dans les expositions de France et de Fétran
ger, les écoles congréganistes ont-elles la même
supériorité Médailles d'orpour l'agriculture
et 1 industrie médaille d'or pour le dessin; mé
daille de l" classe pour les beaux-arts; diplome
Monsieur le rédacteur,
II m'est tombé hier sous la main une reproduc-
d'lionneur pour l'enseignement; médaille de lr'
classe pour la géographie et les ecienees, etc.,
etc.
Eh bien, ouise sont écriés alors nos adver-
saires, poussés dans leurdernier retranchernent.
Oui, les reiigieux obtiennent plus de sucoès que
les laïques. Mais s'ils instruisent mieux, ils élè-
vent mal. S'ils font des savants, ils ne font pas
des hommes. Et le jour oü, selon la parolede M.
Garnbetta, le jour oü le paysappelle les citoyens
ólevés par de tels maitres, lejour oü on veut
leur purler de sacrifice, de dévouement a la
patrie, on se trouve en face de natures amollies
et débilitées.
Telle est la nouvelle campagne inaugurée par
toutes les feuilles de la démocratie.
Ah cela est un reproche grave, par exemple,
et qui, mérite d'etre approfondi. Dans la situa
tion oü est la France, s'il est vrai que ces hom
mes éuervent la jeunesse, s'il est vrai que, tout
en enseignant bien les lettres, ils ne trempent
pas les ames; s'il est vrai que, tout en sachant
bien mourir eux-mêmes, ils ne savent pas l'ap-
prend're aux autres, je ne suis pas assez bon
catholique pour les défendre, et, au nom du pa
triotisme, je demanderai qu'on leur enlève les
enl'arts pour les conlier aux laïques.
Examinons done ensemble sur quoi repose eet-