ORGANE CATHOLIQUE DE L' A RRONDISSEMENT. MERCREDI 23 Avril 1879. 10 centimes le numéro. 14p année. N° 1389. On s'abonne rue au Beurre, 66, a \pres, et a tons les bureaux de poste du royaume. Resumé politique. L'opportunisme a été complétement battu aux élections complémentaires qui ont eu lieu hier en France. Dans le 8n arrondis sement de Paris !e candidat bonapartiste, M. Codelle, l'a emporté liaut la main sur son concurrent républicain, M. Clamageran; il a obtenu 6,509 voix contre 5,014. Dans la seconde circonscription de Bordeaux, Rlan- qui a été élu par 6,801 voix contre 5,330 données a M. Lavertujon. Ges résultats étaient prévus, mais ils n'en constituent pas moins de graves échecs pour le gouvernement. La majorité obtenue par M. Godelle ne diffêre pas sensiblement de celle qui a été accordée au 14 Octobre 1877 au vice-amiral Touchard, qui n'avait pas seu- lement recueilli les voix de la coalition des droites, mais encore celles de certains centres gauches timorés; h cette époque Imposition radicale a fait grand bruit des abus de la can didature officielle, auxquels le succès de M. ïoucbai'd"ëtait attribué. Aujourd'hui, les cir- constances out cliangé de tout au tout, et, en dépit de la profession de foi de M. Clamage ran, qui posait catégoriquement la question entire l'Empire et la République, le candidat impérialiste l'emporte une forte majorité. A Bordeaux aussi le résultat du scrutin est très-signiücatif. L'électiou de Blanqui est une nouvelle protestation des intransigeants con tre l'amnistie partielle décrétée par le gouver nement. Elle place le ministère dans une position très-délicate: force lui sera de gra- La persecution reiigieuse. cier Ie détenu de Glairvaux ou de demander l'annulatiou des voix attribuées au famoux conspirateur. Les élections pour les Cortes espagno- les ont répondu tout a fait aux espérances du gouvernement. Les groupes libéraux réunis de l'opposition ne compteront guère plus d'une soixantaine de voix. Ge chiffre est peu élevé en présence de celui des membres des Cortès, et le gouvernement reste le maitre absolu de la majorité. Mais tous les chefs des groupes de l'opposition ont été réélus il des majorités relativement considérables. En somme ces élections ne semblent apporter aucune modilication it la situation politique. Catastrophe de Frameries. l;n comité s'est formé en vue d'organiser une grande fête musicale au profit des fa milies des victimes de l'épouvantable accident de YAgrappe. Les membres du comité ont toute confiance en la généreuse charité de la population yproise; lis sont convaincus que leurs conci- toyens feront bon accucil aux listes de sous- cription qui vont être immédiatement mises en circulation. Les personnes étrangères if la localité, qui désirent participer it cette oeuvre de bienfai- sance, sont priées de bien vouloir faire par- venir leur obole it l'éditeur du journal. J. Antony, Ch. Breyne, A. Brunfaut, E. Brunfaut, II. Decoene, II. fweins-Storm, L. Lagrange, A. Mathieu, A. Petit, A. Stoffel, A. Yalcke, R. Vanhouver. LeConseil communal de Rousbrugge-Ha ringhe vicnt do. voter une protestation contre le funeste projet-Van Humbeeck. La pétition suivante, portant la signature de tous les Gonseiliers, a été adressée a la Ghambre des Représentants: Au panier. Quoiqu'il ait été démontré a toute évidence dans le Parlement que le ministre n'avait pas ]e droit de faire des bourgmestres ses com- missiounaires pour distribuer et afficher les élucubrations de la franc-mafonnerie, il vient de perpétrer de nouveau eet abus de pouvoir en leur envoyant encore des paperasses oü le mensonge et i'hypocrisie se disputent la palrne. Tous les bourgmestres catholiques doivent a leurs croyances, a leur honneur, a leur di- gnité, de ne pas se prèter a ce manége, qui tend a faire d'eux les valets de ministres vio lents, ennemis de la Religion, duRoietdu pays. Qu'ils jettent done au panier le fatras maponnique ou qu'ils le renvoient ii ses au teurs. G'est leur droit., c'est leur devoir! Journal d'Ypres, Le JOURNAL. D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipationest de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour Tétranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doiyent être adressés franc de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligno. Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Les nüméros SUpplé- mentaires content 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Flar.dras) s'adresser a VAgence Havas Lag;:re, et O Bruxelles, 89, Marché aux Herbés, et a Paris, 8, Place de la Bourse. QUI AMOLLIT LES AMES? QUI LES RETREMPE! Suite et Fin. Puis, la guerre venue, quand Dieu l'exauce et qu'a la tête de sa compagnie il est mortellement blessé: Mon ami, dit-il a son sergent, cache-leui' bien ma mort, de peur de les décourager. Mais avant d'aller reprendre ta place en bataille, tourne ma tête du cöté du combat, afin que je puisse voir si nous sommes victor.ieux. Et comme en ce moment meme un éclat d'obus venaitde lui broyer la jambe: Quelle chance! dit-il en souriant; si ma première blessure n'était pasmortelle, on serait for.cé de me faire l'ampu- tation. Mes amis, dit le capitaine d'Epinay, je vous aiappris de cornbattre en soldats, je vais vous apprendre a mourir en chrétiens... Portez armes! présentez armes! genou terre!... Et, après avoir recu le viatique devant ses soldats agenouillés: Maintenant, enfants, de- bout, en avant! au feu! Et pendant que ses hommes recommencent la Ette, le capitaine reeommande a Dieu ses six eufants, déja orphelins de leur mère. Priez pour nous qui allons mourir pour Les membres du comité vous, dit un mobile breton aux passants qui se moquent desa bannière. Et, comme ceux-ci continuent a sourire: Oui, bourgeois, reprend le petit soldat, priez, priez pour nous qui allons mourir pour vous. Reprenez courage,dit le Père de Bengy a un tout jeune paysan effroyablementmutilé; les doc- teurs assurent que votre état n'est [tas désespéré. Mais, mon Père, je veux bien mourir!... dit l'enfant de la Bretagne, a vee un regard d'indi- cible résignation. Et le général de Sonis, póre de dix .enfants, servant avec ses trois fils, dont l'un n'avait pas seize ans, et qui, blessé a Patay, amputó d'une jambe, meurt en disant: Je crois en Dieu le Père et le Fils et le Saint-Esprit. Vive la France! Et les deux fróres Nyvenheim, tombant sur le même champ de bataille, et les trois generations des Bouillé et des Luynes, les Biron, les Grancey, les Sabran, les Beaurepaire, les du Bourg, de Fromont, la Frégeollière, etc., etc. Les voila done ces amollis, ces dégénérés, les voila done, ces citoyens a qui le cléricalisme a enlevé tout courage. Les voiladepuis l'aïeul jusqu'au petit-lils! Ce sout ces héros de vingt ans, ces pères de familie, ces vieillards qui ont poussé le patrio tisme jusqu'au point de verser leur sang a tiots sous les ordres du chef révolutionnaire qui les A Messieurs les Président et Membres de la Chambre des Représentants. Messieurs, Le Conseil communal de Rousbrugge-Harin- ghe, a l'unanimité, considère comme un devoir de venir protester devant vous contre le projet de loi sur l'instruction primaire soumis a votre examen et a vos délibérations. Ce projet, Messieurs, portegravement atteinte et a Ia Jiberté d'enseignement proclamée' par la Constitution, et aux droits in violables .du père de familie, et a la Religion qu'il bannit denos écoles. Non-seulement il détruit ceque nous avons de plus clier comme catholiques, mais encore ce que nous avons de plus précieux comme citoyens. II sape par sa base les anciennes et nobles franchises de nes communes; il enlève a cel!es-ci une bienfaisante autorité dans l'école, tout en leur imposant, a Rencontre de toute nécessité, les pónibles charges d'un enseignement dispen- dieux et inutile. L'instruction, a Rousbrugge-Haringhe, ne laisse absolument rieu a dósirer: nous possédons deux écoles connnunales pour garcons et une école privée et adoptée pour tilles a laquelle est jointe une école gardienne; et eependant ces óta- biissements, recommandables a tous égards, offrant a notre population une instruction pri maire compléte, ne coütent a notre commune qu'une trös-minime somme comparée a celle outrageait. Ah! au lieu de chercher ces vains prétextes, au beu de formuler ces accusations dórisoires, que nos adversaires aient done la franchise de dire qu'ils n'ont qu'une cliose, une seule arepro- clier a nos prêtres et a nos religieux: c'est de ne pas aimer la Répulique! Et en cela, je le recon- nais, le reproche est mérité. Certes, c'est un grand crime de leur part de ne pas aimer, le gouvernement qui, en 70, comme en 48 et en 93, les a toujours persécutés, fusil- lés, guillotines. Mais eniiu ce crime sulfira-tril a convaincre l'opinion?... Sufflra-t-il convaincre ces pères de familie a qui l'on vient dire efïrontément: Les Frères coü tent trois fois moins, instruisent trois fois mieux, meurent trois l'ois plus, mais comme ils ne sont pas républieains, il ne faut pas leur confier vos enfants? Quant aux jésuites, lis ont dix fois plus d'ad- missions aux écoles; ils font de leurs élèves des savants et des héros, mais comme eux aussi ils ne sont pas républieains, vous devez les cbasser? 11 faut vraiment que les déniocrates comptent trop sur la bètise bumaine pour espérer d'etre suivis dans cette campagne. Ah! ils n'avaient qu'une manière, une seule, de lutter contre le cléricalisme, c'était de faire mieux et meilleur marché; d'avoir plus de bour ses aux concours, plus de médailles aux exposi- dont, d'après le nouveau projet de loi, nousde- vronsgrever le budget communal. Tant de bienfaits, matériels et moraux, nous les devons, Messieurs, a la liberté d'enseigne ment, que le projet de loi veut nous ravir, et la saltttairo entente entte le pouvoir religieux et le pouvoir civil, qu'il veut rompre. C'est done au nom des droits et des intéréts les plus sacrés de nos enfants, de nos families, de nos communes et de notre patrie que nous venons vous supplier, Messieurs, de rejeter le projet nouveau et de maintenir intacte la loi transac- tionnelle de 1842. Agréez, Messieurs, i'assurance de nos senti ments respectuenx. Rousbrugge-Haringhe, le Avril 1879. tions, plus d'admissibles au baccalauréat et aux Ecoles. Toute cette force dépensée en vain, il fallait l'employer au combat. Qu aujourd'hui encore, au lieu de perdre son temps a les injurier, M. Sarcey, ancien profes- seur, ouvre done un collége avec MM. About, Littré,\iolet-le-Duc... etcherchea les convain cre. Mais jusque-lè on haussera les épaules, et, avec Hamlet, on répétera: Des mots, des mots.» Ah les imprudents, d'avoir provoquó ces questions! les imprudents, de nous avoir forcé de soulever le voile sous lequel le clergó cachait son heroïsme et sa vertu. Hier, la plupart d'entre nous ignoraient ces clioses. Nous savions vague- ment qu il y avait des religieuses et des Sceurs admirables mais nous ignorions et leur nombre et jusqu'oü pouvait aller leur esprit de sacrifice. Ils nous ont forcés a lire ces livres ils nous ont forcés de compter ces oeuvres de charité qui couvrent Paris et la France et ces succès sco- laires qui éclatent dans tous les concours et ces actes d béroïsme qui couvrent les annates de la guerre. Et voila que, grace a eux, nous, les ignorants et les indifférents d'liier, nous devenons de vrais cléricaux. Le virus voltairien qui pouvait encore rester dans nos veines se dissipe peu a peu grace a ces hommes. Et non-seulement tout ce qui est catho- lique, tout ce qui est patriote, tout ce qui est francais, émerveilló des services qualeclergé

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1