ORGA CATHOLIGUE DE L' A R RON D f SSEMEN T. SAMEDi 31 Mai 1879. 10 centimes le numéro. 14e année. N° 1400 i\s r On s'abonne rue au Beurre, 66, a \pres, et a tous las bureaux de poste du royaume. Résumé politique FRANCE. Le Sénat francais vient d'adopter un projet de loi qui porte de 22 a 32 le nombre des conseillers d'Etat. Depuis ia reorganisation du conseil en 1872 la com position de ce corps administralif avaitparu suffisante; les affaires avaient toujours été traitées avec la régularité voulue lors mème qu'elles étaient nombreuses et aujourd'hui qu'elles se présentent beaucoup moins' fré- quentes, elles étaient loin de réclamer une augmentation dans le personnel du conseii d'Etat. Mais le gouvernement avait besoin de renforcer son influence dans le haut tribu nal administratif, dont pourtant la première garantie de justice, comme pour tous les tri - buuaux possibles, doit être findépendance. Mis au pied du mur par M. Poriquet, député bonapartiste, M. le garde des sceaux n'a pas dissimulé que, dans sa pensee, le conseil d'Etat faisait partie intégrante du gouverne ment et devait être en compléte communauté d'idées avec lui. En d'autres termes, il a avoué sans vergogne que si l'on a créé dix nouveaux emplois de conseillers, c'est outre l'avantage de procurer des places pour changer la majorité dans le conseil. Yoila de la franchise, a moins que ce ne soit de l'impudence! M. Waddingion se trouve décidément dans l'impossibilité de continuer a jouer au triom- phateur dans les affaires relatives au traité de Berlin et a son exéculion. Sa note visant l'art. 24, par exemple, ne rencontre point partout l'accueil auquel il avait aspiré. On assure que l'Angleterre et la Russie seraient d'accord pour laisser lc gouvernement turc libre d'agir avec la Grèce comme il l'enten- drait. Naturellement lc gouvernement turc a refuse de céder l'Epire ii la Grèce et, plus naturellement encore, la note de M. Wad- dington aurait été considérée comme non avenue. Echec ii Constantinople, échec au Caire, refroidissement sensible avec l'Angle terre ct, pour surcroit de déveihe, interven tion probable de l'Allemagne dans les affaires égyptiennes, voila le résultat final des lines- ses de M. Waddington. II est temps que' le génois arrive a la rescousse s'il ne préfère céder le pas a M. Glémenceau. En définitivc, c'est le mieux qu'il puisse faire. ALLEMAGNE. Les journaux libé- i'aux commentent beaucoup ce fait qu'a la dernière séance du Reichstag, sur l'interven- tion personnelle de M. Windthorst, le centre a voté le projet de loi de réformes douaniè- res sans s'arrêter aux modifications de la commission, et ils présentent cette attitude des catholiques comme le résultat d'un mar ché conclu avec. le cbancelier, Nous n'eu croyons rien; mais quand ces mêmes jour naux affirment que le centre exige comme retour de sa participation ii la politique gou- vernementale le renvoi de M. Falk et l'abro- gation du Kulturkampf légal, ils nous pa- raissent beaucoup plus dans le vrai. Chambres legislatives. II faut que M. Olin se soitbien mal acquit- té de sa tache, en défendant Samedi le projet de loi sur l'enseignement primaire, pour que M. Frère-Orban ait cru devoir prendre la parole et présenter une nouvelle justification du système irreligieux que le ministère pré- tend introduire dans l'enseignement. Dans le discours qu'il a prononcé Mardi ii la Chambre, M. leministre des affaires étran- gères n'a produit aucun nouvel argument: a cette inferiority, l'orateur a voulu parer par le langage violent qui lui estcommun. M. Cornesse, qui a p'ris la parole après lc chef'du cabinet, a recherché quelle était hori g-ine de la réforme dont la Chambre est sai- sie; il l'a inuiquée du doigt, il l'a trouvée dans les nombreux documents macpnniques dont il a donné lecture a LAssemblée et qui ne manqueront pas de mettre sous leur vrai jour les tendances du parti qui s'impose au pays. M. Cornesse a continué Mercredi le dis cours qu'il avait commence: il a achevé de dévoiler les origines magonniques du projet de loi sur les écoles primaires. R a démontré la main de la franc-maco,nnerie dans cette perëécution renouvelée de Julien l'Apostatet que faisaient pressentir les multiples atteintes portées aux droits religieux des catholiques beiges. II a appelé .le nouveau département, ce ministère de combat sous prétexte de struction publique, d'un nom qu'il mérite a tous égards et qui lui restera: ministère de la guerre ii fintérieur, MINISTÈRE DE LA GUERRE CIVILE. L'orateur a trouvé l'occasion de protester incidemment contre l'expulsion de prêtres coupables d'etre ven us en Belgique se dé- vouer au bien des ames que le libéralisme s'efforce d'arracber il l'Eglise. Un court débat a suivi, dans lequel M. Rara a entrepris de justifier les arrêtés d'expulsiön critiques par M. Cornesse. Comme d'habitude, il a payé d'audace en insultant ses victimes et il a fait entendre que ce n'était lii qu'un com mencement. Ces procédés odieux out été justement flé- tris par MM. Cornesse, Nothomb et De Lants- hcere, auxquels s'est joint, avec une indé- pendance qui l'honore, un membre de la gau che, M. De Fuisseaux, La Chambre a appris avec autant de sur prise que de regret la mort d'un de ses mem bres, M. De Becker, représentant de Louvain, qui est décédé Mardi dans cette ville presque subitement. Une députation a représenté fassemblée aux funéraillqs du fègretté dé- funt, qui ont eu lieu a Louvain, aujour- d'liui, Samedi, ii onze heures. Le Sénat a consacré sa séance de Mardi ;i l'examen du projet de loi cóntenant le livre II du code de commerce révisé. Cette partie du code est relative aux payages, au contrai de louage maritime, au transport des passagers, ii l'bypothèque des navires, a leur assurance etc. II n'y a pas eu, ;i proprement parler, de discussion', mais un simple échange d'obser- vations entre le rapporteur, M. d'Anetlian, et M. Rara, ministre de la justice. Amendé dans plusieurs de ses articles, le projet a été adopté a l'unaitiinité des 47 mem bres présents. Beste maintcnant a la Cham bre des représenlants a se prononcer sur les amendements et cette oeuvre utile sera ter- minée. Le Sénat a abordé Mergredi l'examen du budget des travaux publics. M. Biart a critique nos relations postales avec les pays d'Amérique. M. Balisaux, de Charleroi, a reproché au ministère de sacritier les intéréts économi- ques du pays pour agiter des questions poii- tiques. Tont l'intérèt de la séance se résumé dans ce discours, ou le cabinet Frère-Graux-Yan Humbeeek est nettement accusé de sacrifier les colonnies pour un principe. Et quel prin cipe encore! On n'atlend pas sans une vive curiosité la réponse que feront ii cette mise en demeure de l'industrie en soufi'rance nos gouvernants au coeur léger. lis paraissaient littérale- ment abasourdis sous le coup de cette cor rection fraternellc 'mattendue. De mieux on mieux. M. Victor llallaux, alias Victor de la Hes- baye, fondateur et rédacteur en chef de la Chronique, va, dit-on, poser sa candidature pour les Chambres a Bruxelles. 11 croit l'opi- nion libérale dc la capitale assez avancée pour que lc corps electoral tolère sans indi gnation une pareile candidature. I Grand Dieul cü s'arrêtera-t-on? LA Imposante cérémonie. EN MÉMOIRE DES VICTIMES I)E CATASTROPHE DE L'ACRAPPE. Le Hainaut rend compte d'une imposante cérémonie qui a eu lieu ;i Frameries, au milieu d'un immense concours de monde, venu dc tous les points du Rorinage et. du nord de la France, en mémoire des victi mes de la catastrophe de YAyrappe. Ce récit touchant faitun contraste frappant avec les manifestations atliées dont Fenterre- ment. civil de feu M. J. Anspach a été récem- meril l'occasion. Voici ce récit Journal d'Ypres, A IS T Le JOURNAL, D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 53 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent tin Dócembre. Les articles et communications doivent être adressés franc de port a Fadrqs.se ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Les numéros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exernplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (exeepté les 2 Flandres) s'adresser a 1 'Agence Havas Lgffiteet C»> Bruxelles, 89, Marché aux Horbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse. O c? Jir en - A dix heures, les abords de la fosse de l'A- grcippe sont converts d'une loule compacte a travers laquelle nous nous ('rayons ditiicilement un passage. On voit au loin urie croix portee par un eniant döchceur, Ie clergé s'avahee lenternent enehantant le chant des inorts. Pénétrons dans la cour. Kile n'a plus eet aspect navrant des pre miers jours de-la catastrophe. Le terrain a été déblayé de tout ce qui l'encombrajt. A droite, on apercoit les batiments avec leurs murs lézardés, leurs fenèires brisées et leurs toits détruits. C'est au milieu do ces ruines que se trouve le puitsde la fosse. Ati-dessus du iron béant est suspendu un eul;;t pret a descendre et chargé de maté- riaux de tous genres pour servir aux travaux qui s exécutent au fond. Derrière on aperqoit la grande cherninóe du charbonnage qui s'élève dans les' hirs en lancant une fumée épaisse et noire; elle indiquo de loin aux vovageurs le lieu o(i s'est passé le terrible drame., Dans le fond de la cour se trouve un corps de batiments; c'est la que sont les bureaux. Un es- calier en pierre conduit directenient dans une petite place qui a été transformée en chambre funèbre. Un christ entouré de cic-rges se détache dans le fond noir parsepié de larmes d'argent. Peu a pcu la cour se remplit de monde et la foule devient si compacte qua plusieurs endroitsil il est impossible de circuler. Quand le vénérable curó de Frameries suivi du clergé de la paroisse fait sou entree, toutes les tètes se découvrent et les conversations cessent. Alors, au milieu du reeueillemeut général, un Frangais, M. Werquin adjoint au rnaire de Lijie, pronouce d'une voix forte mais reijdue tremblante par l'émotion, un discours dans lequel il annonce <|ue Lille o'ffre 20,000 francs aux victimes de la catastrophe. Aussitót après, un imposant cortege s'est for- mé pour se rendro a l'Eglise oft devait avoir lieu, a onze heures, un service solennel pour le repos des ames des tnalheureuses victimes du grisou. Sur le passage toutes les rues sont en- combrées de monde et le cortége nes'avance que lenternent au milieu de la foule muette, s'incline respectueuseruent. t'oici comment cortége était coniposè: les enfant» de choeur 1 d'eux porte la croix derrière, deux jeurês Al les vctues de noir avec de grands voiles blancs- 1'Harmonie de Frameries avec son drapeau re- couvert d'un crêpe; le clergé de Frameries; les décorés de la catastrophe; une députation de la ville de Lille, composée de MM. Werquin. ad- joint au maire, Bouchée et Cliarles, conseillers munioipaux, Taffart, secrétaire général de la mairie de Lille; le conseil comnnmal de Frame ries, compose de MM. Corbisier, bourgniestre Ch. Passeiecq et B. Lupant, échevins, Ch. Denis' Lambert, A. Caudron, Ed. Demoustriers, Antob oé, Pluvinage, Viucheut, CanUueau etCrinier qui le Un ii

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1