ORGANE C ATHOLIQUE DE L'A RRONDISSEMENT.
SAMEDI 7 Juin 1879.
10 centimes le numéro.
14e année. N° 1402.
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Résumé politique
Nous sommes sans nouvelles de la question
Blanqui. D'après nos confrères parisiens, Ie
délai d'amnistie serait expiréhier a minuit et
pourtant nous n'avons pas appris encore
qu'une mesure ait été prise a l'égard du pri-
sonnier de Clairvaux. Est-ce que le gouver
nement répüblicain, trompant toutes les pré-
visions, aurait pris sur lui d'escamoter aux
gaucbes famnistie du vieux révolutionnaire?
Nous en douterons jusqu'a preuve évidente
du contraire. On a beau nous assurer que le
gouvernement sc eon tentera de gracier Blan
qui demain, c'est-ii-dire de manière a lui
enlévcr, avec le benefice de famnistie, toute
chance de devenir eligible, nous n'y croirons
qu'h la toute dernière extrémité. Plutót que
d'admettre cette hypothèse, nous dirons que
le gouvernement n'a pas épuisé son sac k
malices; nous demanderons si e'est par lia-
sard ou par inspiration que M. de Mazade, le
cbroniqueur de la Revue des deux Mondes,
parte d'unè prorogation du délai d'amnistie
dans sa dernière quinzaine politique. Dans
eet ordre d'idées, tout nous semble possible,
excepté Ja fermeté du gouvernement répübli
cain devant les sommations redoublées des
gauches.
Continuant leur campagne de recrimina
tions contre le gouvernement britannique,
les journaux républicains prennent a tache
d'expliquer au mfeux.de leurs intéréts fintér-
vention de l'Allemagne dans les affaires de
l'Egypte; ils vont même jusqu'a menacer l'An-
gleterre d'une évolution grave dans le
groupement européen Poverini! 11 fa ut
citer ce langage pour se faire une idéé de
l'outrecuidance et de l'insanité républieaines:
Le fait de l'intervention de M. de Bismark,
dit la feuille de M. Gambetta, résultat forcé
des hésitations excessives de la politique
anglaise, n'est que le précurseur d'une évo-
lution grave dans le groupement européen,
évolution k laquelle l'Angleterre devra, si
elle s'opère, un isolement d'autant plus
complet et frappant qu'elle aura volontalre-
ment laissé échapper l'occasion de sortir de
ce röle d'inertie qui naguère a si fort en-
dommagé son prestige. La Répulique
francaise dit qu'on avait espéré un moment
que lord Beaconsfield montrerait plus d'éner-
gie que M. Gladstone, mais il n'en est rien.
Quel fond peul-on faire sur un gouverné-
ment qui se dérobe k peu prés sur tous les
terrains? Quelle confiance peut-on avoir
dans la durée de ses résolutions? Sou atti-
tude décourage les meillëures intentions,
les sympathies les plus sincères. On nc
peut construire surun sable mouvant; on
'ie peut sc fier it des projets dont la mobi-
lité déconcerte les moins incrédules. Telle
est la position it laquelle la politique de
lord Beaconsfield conduira gradüëjlement
«l'Angleterre en se retranëhant dans f ab-
stention après avoir affirmé bien haut des
intentions c'ontraires.
On est saisi d'une pitié profonde en lisant
ces lignes. Ce qui y saute aux yeux, en effet,
c'est que eet isolement dont l'Angleterre
serait frappée, le peu de confiance qu'in-
spireraient ses résolutions, la mobilité de
,.ses projets construit sur le sable mouvant,
son attitude qui déeouragerait les meillëures
sympathies,toutes ces expressions retombent
comme de poignants sarcasmes sur la mal-
heureuse France! Et pour surcroit de mal-
lieur, voici que M. de Bismark une dépê
che nous apporte cette nouvelle aboride
tout a fait dans les vues du gouvernement
répüblicain; voici qu'il menace indfrectement
le khédive d'une intervention armée s'il n'o-
bëit pas bien vite aux injonctions de l'Alle
magne. Tout cela est bien cmbrouillé et bien
menacant.
Nous recevons de Rome, dit YUnivers,
la dépêche suivante, qui montre que le gou
vernement italien n'a pas sugarder longtemps
l'attitude hypocrite sur laquelle il comptait
pour obtenir certaines concessions auxquel-
les il sait bien que le Papc neconsentira ja
mais
Rome, 2 Juin, 2 li. 45 soir.
Le gouvernement vient de s'emparer par
violence de liobservatoire remain.
Lc père Ferrari, qui avait succédé au père
Secchi comme directeur de eet obserVatoire,
a déclaré qu'il ne céderait qu'k Temploi de la
force.
Lc délégué et les gardes onl alors entrainé
lejésuite hors de l'observatoire.
Ee Voltaire a requ de Saint Pétersbourg la
dépêche suivante
20 Mai 2 Juin.
Les nihilistes, le 31/19 Mai au soir, ont
fait une bien mauvaise plaisanterie au gou
verneur de Kieuw, lis se sont introduits,
cliez lui au nombre de six et, tombant k l'fm-
proviste sur le gouverneur, ils ont commencé
par le baillonner; cela fait, ils font deshabil
le et. lui ont infligé cinquante coups de verge.
Après quoi ils sont partis, n'ayant été vus ni
entendus de personne.
Ou cherche les coupables.
Hollande.
On nous écrit de la Haye que, d'après les
dernières nouvelles de Paris, le prince d'O-
range souffre beaucoup d'une oppression de
poitrine, qui s'est aggravée par une pleurésie
diapbragmalique. Depuis Dimanclie soir,
l'état du prince s'est.uil peuamélioré. Le prin
ce Alexandre, arrivé de la Haye, se trouve
auprès de son frère. La princesse Mathilde
soigne le malade.
Les JéSuites et M. Ferry.
La Liberté a publié ces jours-ci un excel
lent article qui répond par des tints aux alle
gations mensongères et aux caiomnies de M.
Ferry
Les membres de la Compagnie sont pres-
que tous des hommes éminents. Toutes les
professions liberates sont representees parmi
eux. Le Père de Montfort, pour prendre quel-
ques noms au.has.3rd, est un officier du génie
(Lcole poly technique); le P. Turquand, un
officier d'artillerie (Lc. pol.); le P. Jomard,
un ingénieur des ponts et cliaussées (Lc.
pol.); le P. de Benazé, un ingénieur des con
structions na vales (Lc. pol.).; le P. d'Esclai-
bes, un ingénieur des mines (Ec. pol.); le P.
Saussier est un ancien officier de marine, qui
est un camafade d'Ecole navale de nptre di1-
ï'ecteur; le I'. Bernière est aussi un ancien
officier de marine; le P. Deplat a été égale-
ment capitaine de vaisseau.
Les Pères de Lajudic, Escoffier, Fèvre,
sörtent de Saint-Gyr; les deux premiers ont
été officiers d'état-major, le troisième de
chasseurs a cheval.
Le Père Joubert, qui a été longtemps
professeur a Rollin, est docteur ès-sciences;
lc Père Leg'ouix, qui a été recu le premier k
l'Ecole normale (section des sciences,) est
docteur ès-sciences naturelles; le Père Ver-
dier est. agrégé d'liistoire.
Franchement, sans être fanatique, on
ne peut s'empêcher de hausser les épaules en
voyant un avocat comme M. Jules Ferry se
permettre d'interdire a des pères de familie
deconfier leurs enfants k de tels hommes,
sous prëtexte qu'ils sont indignes d'enseigner.
11 serait aussi équitable de dégradei' le père
de Benazé qui a été nonnné chevalier de la
Légion d'honncur pour avoir sauvé son navi-
re dans une expédition au pöle Nord. Le seul
penseur logique dans cette question, ce n'est
pas Ferry, c'est Ferré; il ne s'est pas anmsé k
contester au Père OliVaint, qui avait été pro
fesseur a Charlemagne, lc droit de faire rue
Lhomond ce qu'il pouvait faire rue Saint-
Anloine, il l'a tué...
La Liberie raconte ensuite les massacres
de la Commune
C'est le 4 Avril 1871on le sait, qu'un
bataillon de fédérés envabit l'Ecole de la rue
Lhomond, et demanda qu'on lui livrat les ar-
mes cachées. Pour la foule les arrnes ca-
cliées sont le mot vague que les prétendus
lettrés remplacent par le mot menées occultes
ou agistments ténébreux. Ce sont les mêmes
phrases toutes f'aites; seulement l'hom'me du
peuple, en les cniployant, est plus sincere.
Fau te d'armes qui ne se trouvèrent pas, on
saisit lc Père Ducoudrax, le Père Anatole de
Bengy et le. Père Clere, qui furent bientöt re-
joints au Dépot pat' le Père Ülivaint et te
Péfë Caubert, arrêtés rue de Sèvres.
Ce n'est pas 1e cas d'emplöyëf une ex
pression consacrée et de répéter que les dé
tails de l'effroyable agonie de ces malheureux
otages sont dans toutes les mémoires. 11
parait que dans certaines mémoiresd'hommes
d'Etat, ces horreurs exereées sur de vieux
prêtres n'ont laissé que le désir de tourmen-
ter un peu, par de voies en apparence plus le
gates, ceu.x que la Commune a épargnés
On volt que les hypocrites menées des
prétendus lettrés et les projets odieux
du sieur Ferry produisent une indignation
générale. A la protestation des cléricaux
vient se joindre la protestation de tous ceux
qui ont quelque souci de la liberté et 1e res
pect des services rendus.
Au Musée.
Decidément le Progrès tient a consoler M.
Alphonse Vandenpeerebooni de elimination
que certains autocrates d'Ypres lui ont fait
subir.
Le nom de M. Alphonse est devenuune
réclame. II a écrit un article dans je ne sais
quelle revue. Le Proyrès en prolite pour
essa'yer un émpïatre de sa coniposition et cal
mer les douleurs de son fétiche.
Nous croyoris savoir que l'élimination a
produit des effets graves et qu'on serait beu-
reux d'y apporter des soulagements.
Le procfiain numéro du Progrès contieodra
sans doute la recette d'un clysière emollient,
dü a la collaboration d'un pbarmacien litte
rateur.
Aux personnes pieuses.
Un arrêté royal du 31 Mai annule encore
onze donations f'aites aux églises de Cuerne,
Loo, Pervyse, Nieuport, St-Jacques.k Bruges
et Zarren et k quatre bureaux de bienfaisance,
par des catboliques qui désiraienl obtenir des
services religieux après leur mort et faire
des largesses aux pauvres.
En présence de cette persécution systéma-
tique, organisée par l'ancien boursier eano-
nial Bara, nous répétons de nouveau nos
avertissements aux personnes pieuses: tout
legs et donation qu'elles feront par acte public
ou même olographe, tendant k faire célébrer
des messes pour le repos de teurame, sera
annulé ou dénaturé par le ministère. 11 faut
done, ;i tout prix, l'empêclier de tripoter leur
dernière volonté et donner, de leur vivant,
de la main a la main, k des personnes de
confiance, l'argent ou les biens qu'elles dost i-
nenta la celebration de services religieux.
Journal d'Ypres,