Les annulations prononcëes par M. Bara montent déjh h plusieurs centaines, de sorte que toutes les dispositions prises par les do nateurs restent saus effet. 11 faut done mettre le ministère hors d'état de nuire aux senti ments de piété des catholiques. Statistique electorale. Aujourd'hui que le ministère propose une nouvelle loi, supprimant plusieurs 'milliers d'électeurs, la statistique suivante ne sera pas dénuée d'intérêt. Les chiffres sont em- pruntés aux documents officiels. lis rensei- gnentle nombredes personnesexercant diffé- rentes professions et celui desélecteurs géné- raux fournis par chacune de ces professions. Les premiers chiffres sont ceux du dernier grand recensement (1866), les autres se rap portent l'anriëe 1878, ils sont done anté- rieurs l'escamotage de 20,000 électeurs auquel le cabinet s'est livré déjii il v a quel- ques mois Cultivateurs Grands industriels Bouchers Boulangers Brasseurs Meuniers Macons Orfèvres Imprimeurs Cabaretiers Boutiquiers Négociants Banquiers et courtiers. Juges et employés Avocats Notaires Ministres des cultes Professeurs Artistes peintres Commis. Ces chiffres d'électeurs se rapportent, com- me nous l'avons dit, a l'année dernière. De- puis lors on a rayé des listes électorales 3,000 cultivateurs et 2,000 ministres des cultes et l'on prépare une nouvelle hécatom- be de 6,000 électeurs. Le nombre des cultivateurs ayant droit de vote est réduit ii 23,000, le nouveau projet l'abaissera a 18,000, les prétres serönt ré- duits 500 Après le vote de la nouvelle loi, le nom bre despaysansélecteurs sera réduit a 18,000 sur un total de 532,000 cultivateurs (chiffre de 1866; aujourd'hui il dépasse 600,000). soit 3 p. c. Et tandis que la profession agri- cole, la plus nécessaire, la vraie base de la richesse nationale, n'est représentée que par ce chiffre dérisoire trouvé encore trop considérable, le cabaret, qui a pris les proportions d'une plaie d'Egypte,a lui 10,000 voix, 10 p. c. du corps électoral L'agriculture 3 p. c. d'électeurs, le caba ret 10 p. c.! Ce rapprochement ne caracté- rise-t-il pas notre situation actuelle N'est- ce pas la condainnation la plus éclatante du système qui nous régit. (Bien public.) (1) Les.juges seuls. (2) Approximativement. Seance de la Chambre. La Chambre a commencé Mardi la discus sion des articles du projet de loi scolaire. L'article ler du projet de loi a fourni h M. De Lantsheere l'occasion d'un excellent dis cours dans lequel il a montré que eet article ressuscite l'ancien système des arrêtés en matière d'enseignement, alors que la Consti tution beige n'admet le règlement de cette matière que par la loi. M. I)e Lantsheere a énergiquement reven- diqué aussi les droits de la commune, pou- voir constitutionnel que l'on transforme en humble serviteur et payeur du ministère. Le discours de M. De Lantsheere, d'une logique serrée et frappante, a fait justice du prétexte d'intérêt général qui sert au libéra lisme pour s'emparer de l'enseignement po pulaire et l'escroquer au profit de l'irréligion et des haines anti-catholiques. Naturellement, M. P. Van Humbeeck s'est efforcé de réfuter l'argumentation de M. De Lantsheere. Pour le V.*. ministre, l'Etat dé- crète souverainement ce qui est d'intérêt général. Dès lors, l'Etat peut s'emparer et doit s'emparer de tout ce qu'il lui plait. La commune ne peut qu'être fiére d'être absorbée airisi par l'Etat. M. Kervyn de Lettenhove a énergiquement insisté, ii l'exemple de M. De Lantsheere, sur la violation des droits de la commune qui résulte du projet de loi. La discussion de l'art. 1"' n'a plus présenté après le discours de M. Kervyn qu'un inté- rêt de détails et d'appréciation. Diverses questions ont été posées au ministre par MM. Reynaert, Tack, Woeste et, Visart, en ce qui concerne les écoles gardiennes. Mis sur le gril, M. Van Humbeeck s'est retourné lourdement, faisant des réponses embarrassées, enchevêtrées, retirant d'une main ce qu'il retirait de l'autre. II résulte de ces réponses entre autres que le gouvernement de la Loge est décidé a neutraliser même les écoles gardiennes de fagon a y interdire aux petits enfants la priè- re et tout enseignement religieux. M. Woeste a pris acte de cette déclaration qui achève de faire apprécier le projet du fossoyeur. Le 23 Mai dernier, M. Bockstael demanda au ministère s'il était vrai que 152 miliciens de la levée de 1876, arrivant a Mons au jour fixé par l'autorité militaire, avaient été obli ges de coucher sur un sac de paille, rien n'étant prêt pour les recevoir. Le Kornel Van Humbeeck ne répor.dit pas un mot a l'interpellation de l'honorable député de Mons, mais M. Frère promit de prendre des renseignements et de les communiquer a la Chambre. Une quinzaine de jours a peu prés s'est écoulée depuis, et aucunc communication ii eet égard n'a été fait a la Chambre. C'est ([ue Mons est si loin de Bruxelles! Et d'autre partce ne sont que des milicieus qui ont été traités comme du bétail! Dès lors!... On lit dans le Journal d'Anvers: Faute d'une majorité imposante on s'estimera fort heureux dans les régions offi- cielles si le projet de loi Van Humbeeck passé avec trois ou quatre voix de majorité. Voici le dernier résultat du pointage: Par suite de l'absence forcée de MM. Allard et Bricoult, députés de Tournai et d'Ath, la majorité nominale qu'on espérait pour le projet de loi se trouvera réduite de deux voix. On sail d'ailleurs que M. Victor Tesch s'est éclipsé ces jours derniers et qu'il ne sera pas de retour d'Allemage pour le jour du vote. Le vide qu'a fait dans les rangs de la gau che la mort de M. Anspach se trouve compen- sé it la droite par M. De Becker, représentant de Louvain. I 11 faut done compter sur quatre voix de majorité pour le vote de la loi. Au Sénat, le sort du projet de loi est plus douteux, et jusqu'a présent aucun OEdipe libéral n'a osé risquer une conjecture. Enseignement primaire. La discussion parlementaire engagée entre les apötres honteux de l'école sans Dieu et les défenseurs de la loi de 1842 a cu a la Chambre des représentants le dénouement prévu: une majorité de sept voix de deux voix, si l'on fait abstraction du vote des mi nistres s'est prononcée en faveur du pro jet dicté par la Franc-mayonnerie et présen té par le fossoyeur du catholicisme. Un seul libéral, M. Pirmez, n'a pas voté avec la gauche; encore s'est-il réfugié dans l'abstention, n'osant pas s'opposer au sic ja- beo de la Libre-pensée dirigeante et honorer par un vote plus courageux des convictions que la presque unanimité de son parti pro- fessait en 1842. L'art. 33 (fondations) a fourni a M. De Lantsheere l'occasion de présenter de justes considérations sur le détournement des fon dations catholiques faites en faveur de l'en seignement chrétien et que l'Etat athée va eonsacrer a soutenir un enseignement anti- chrétien. M. De Lantsheere a demandé au gouvernement quelles mesures il compte prendre pour assurer l'exécution de la vo- lonté des fondateurs. M. Bara a répondu que l'enseignement religieux n'est que l'accessoire de ces fonda tions et qu'en conséquence ce ne sont pas des fondations d'enseignement religieux. Dès lors le gouvernement est décidé ii confisquer ces fondations au profiit des écoles la'iques. Rarement nous avons entendu das accents plus éloquents que ceux de M. De Lansheere lorsqu'il a flétri ce vol manifeste, cette spo liation criante qui permet de qualifier le li béralisme de parti des malhonnêtes gens. Aussi la droite les a-t-elle applaudis avec enthousiasme. Sous ces coups de lanière cinglés de main de maitre M. Bara s'est livré a de vé- ritables accès de rage mais d'arguments et de raisons point, et c'est M. De Lantsheere qui a eu le dernier mot. M. Rogier, un revenant de 1830, qui a hé- las beaucoup oublié et peu appris, est ve- nu finalement balbutier qu'il n'est pas autre- ment satisfait de la loi, mais qu'il la votera paree que... l'on a bien voté la loi de 1850. D'ailleurs il reeonnait que la loi produira dans le principe certains etfets facheux... pour le parti libéral. M. Malou a relevé avec une éloquence émue les regrets de M. Rogier et les aveux de M. Jottrand: Vous avez appelé cette loi une loi de guerre! Oui, c'est une loi de guerre, de divison et de malheur pour le pays! M. Jottrand a eu beau retirer son mot et M. Frère-Orban l'atténuer en l'appelant loi de guerre defensive, la juste appréciation de M. Malou, pleine de tristesse et de vérité, restera le mot de la tin. C'est ce que M. Jacobs a fort bien démon- tré en réfutant les récriminations ridicules de M. Frère contre l'ultramontanisine, qu'il a dépeint comme voulant le renversement de la Constitution dont les catholiques sont en réalité les derniers fidèles. La question d'ail leurs est de savoir s'il y a encore une Con stitution viable après les violations que cette malheureuse transaction a subie de la part du parti libéral, aujourd'hui radical socialiste gueux et républicain. Les coups de votes les coups de pavés et les coups d'arrêts en ont fait une véritable ruine! La gauche a passé au second vote des amendements après avoir donné un million du Trésor aux travaux babyloniens du Palais de justice (voté par 93 voix contre 26 et 8 abstentions). Finalement la loi de guerre a été votée par 67 voix contre 60 et une abstention, cello de M. Pirmez. On lit dans un journal très-gueux de Bru xelles: Est-il vrai que, le jour de l'enterrement de M. Jules Anspach, un express de M. Rolin- Jaequemyns, ministre de l'intérieur, franchis- sait, vers '10 heures du matin, le seuil de l'hótel provincial, rue du Chêne, et qu'il était porteur d'une dépêche par laquelle M. Rolin demandait :'i M. Dubois-Thorn quelle allait être son attitude en presence du caractère civil de la cérémonie, qui était fixée pour 2 heures de l'après-midi? Est-il vrai que M. le gouverneur, de trés clerical acabit, aurait répondu h cette de- mande: Je m'abstiendrai d'y paraitre? Est-il vrai, qua 10heures 3/4, le minis tre faisait remettre au même fonctionnaire l'ordre d'avoir a prononcer un discours, a tenir un coin du poêle et ii s'acquitter dece double devoir en étant revêtu de son costume officiel? Tout le monde sait, qu'è 2 heures, M. Dubois-Thorn pronongait son discours et chacun se rappelle sa presence a la cérémo nie dans les conditions qu'aurait ordonnées M. Rolin. Est-il vrai que, sans la precaution prise par M. le ministre, M. Dubois-Thorn aurait laissé enterrer M. Jules Anspach sans Iui ren- dre les derniers devoirs? Aulant de questions auxquelles il nous serait bien agréable de voir répondre M. le gouverneur de la province de Brabant. Pour notre part, dit le Journal d'Anvers, nous demanderons: Esl-il vrai que M. Rolin se soit porté it eet abus de pouvoir, cette inquülifiable immix- tion dans des questions de conscience? Est-il vrai que M. Dubois-Thorn a baissé la tête devant eet ordre inquisiteur émané de son Eminence Incapable? Autant de questions sur lesquelles il nous serait bien agréable d'avoir une réponse pre cise. Le même journal, en veine de liberté de conscience, reproche avec amertume a M. Rolin, la piété de... Madame la gouvernante du Limbourg. C'est étendre un peu loin la résponsabilité ministérielle. Néanmoins nous sommes sürs qu'aux yeux de plusieurs libé- raux le cas paraitra grave. On jase beaucoup, parait-il, h Hasselt, dit la Causerie, des menées ultramontaines de la femme du nouveau gouverneur du Lim bourg, qui est ostensiblemdnt mêlée a toutes les oeuvres pies. L'orthodoxie de madame déteinl visible- ment sur le libéralisme de monsieur; aussi, INDIVID. ÉDECT. phop. 532,317 26,132 5 p. c. 4,000 4,000 100 10,405 2,228 25 14,024 3,133 25 10,263 1,977 25 7,503 2,153 30 4,558 12 4,069 758 17 4,481 617 13 27,630 10,030 40 33,307 9,165 24 13,518 8,587 67 584 648 110 1,011 476(1)46 1,535 1,135 81 1,187 983 83 11,090 3,126 27 8,917 1,268 15 1,109 744 70 21,234 14,334 68 22,913 5,000(2)22

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 2