ORGANE CATHOLI OU E DE L' A R RON DISSEMEN T. MERCRËDÏ 11 Juin 1879. 10 centimes le numéro. 14° année. N° 1403. i,ooo: On sahoimc vue au Reurre, GG, a pres, et a tons ies bureaux de poste du rovaunu Résumé politique Elle va boil train, l'ère de.prospërité inaii- gurée par Cavour et Garibaldi! N'était que le sud de la malheureuse pe- ninsule a les cliauds rayons du soleiirien n'ëgaïérait pfeut-être la misère de ses habi tants. Aussi émigrent-ils en masse. S'ils conli- nuent de s'expatrier sur une aussi vaste échelle; l'ancien royaume de Naples devien- draun desert. Le Pungolo lui-même no peut sedéfendre dejeter un cri d'alarme: la vérité est quelquefois plus forte que Gesprit de parti. Une commission parlementaire a bien été formée dans le but de mettre une digue au courant, d'empêcher les nouveaux sujets de la maison de Savoie de fuir en Amérique, mais elle n'y a pas réussi, ct, loin de diminuer, l'exode s'accroït. Tout; au plus est-ii permis de dire quelle est parvenue a dresser une statistique a la fois très-irtslruclive et très-dësolante. Ainsi pour prendre les choses en gros, environ quarantc mille i'ndividus se risquent tous les douze mois it traverser Föcéan. Le chiffre est énorme, vu le total de la popula tion. Plus de la moitié de ces cherehéürs de fortune apparlienneiit ii la classe agricole. Les artisans y figurent pour un cinquième. Beaucaup ne se réclament d'aucune profes sion. lis s'embarquent par centaines et revien- nent par dizaines. Qui pourrait dire les victimes de ces tristes odyssees! Combien servent de pature aux poissons de la mer, et combien n'abordent aux rivages de La Plata que pour y mourir dans le dénüment, avec le regret du cloclier de leur village! A moins de les avoir ressenties, ou lie saurait coneevoir ce qu'il y a de douleurs dans ces existences jetées au basterd, loin du berceau et des tombes des a'ieux Et, outre qu'elle enlèvc des bras précieux, cette (Emigration est un drainage des ecus dont les finances du pays se passeraient fort. Elle emporte annuellement, au bas mot, quinze millions de francs rien que pöur cou- v''ir les dépenses des frais de voyage. Ses retours d'espèces sont médiocres: a peine deux millions de francs par an. On estime, e'i moyenne, que sur cent emigrants il n'en est pas plus de quatre qui puissent envoycr des secours aux parents ou aux amis restés en arrière. Les causes du mouvement sont sansdoute dberses; toutefois il en est une qui les do- ni'ne toutes: l'incroyable lourdeurdes impóts. Dans la belle Italië, le lisc est une sorte de pieuvrc sans pitié! II absorbe dans des pro portions inouïes, sans jamais parvenir ii se rassasier. Qui n'a entend u parler de ces taxes fantastiques sur le sel et Ia moüture du blé? Par son fait, le pain commence a dëvenir un objet de luxe. De lit cc désir, la nécessité mi me de s'expatrier. 11 est impossible de s'i- maginer une détresse surpassant celle de' la classe agricole de cos provinces, écrit un correspondant du 'Times. Non que les petits propciétaires ou les mer- cenaires de la charrue aient seuls ii soufFrir d'une pareille situation ses contre-coups atteignent plus baut. Dans les rues de Naples ou de telle autre ville, un pauvrc boiiteux vous aborde, vous étranger; frappé de son air encore respetable, vous cliercbez ii vous renseigner sur son compte, et voici la répon- se que vous recevez invariablement: Fami- glia in decadenza! II est certains mots qui out l'éloquence des cbiffres. Un problème reste it rësoudre: Comment se fait-il que la oü les soucis du lendemain étaièut jadis chose presquo incormue, règnent niainlenant ld gêne, la détiesse ct taut de cruelles préoccupations Les paysans des Galabres et de la Terre de Labour répondent bien ii leur manière, il est vrai; mais ce sont des ignorants plus anxieux d'avoir un quar- tier de clièvre pour leur diner, que jaioux dc pénétrer la fin du progrès moderne. Nous attentions une solution moins indigne des beautés académiques de nol re précieuse dé mocratie. Les nouvelles donriées par la Corres- pondance provinciale, de Berlin, de la santé de FEmpereur d'Allemagne, soul médiocre- inent satisfaisantes. L'entlure causée par la chute qu'a faite FEmpereur persiste et le contraint ii garder non-seulement la chambre, mais encore lc lit. Un journal de Paris dönné, it co sujét, la nouvelle süivahtë, qui Üëmande ii être confir- mée: Les fêtes de Berlin sont contremandées. La santé de FEmpereur d'Allemagne donueii sa Familie de très-sérieuses inquietudes. Un télégramme de Berlin, adressé ii la Patrie, assure qué FEmpereur Guillaume songc ii abdiquer prochai'nement. Les campagnes hors Ia loi. Nous avons fait ressortir, ces jours der- niers, l'infériorité des campagnes dans la composition du corps electoral. Le libéra lisme a si bien travaillé, tordu et falsifié uotre régime électif que les ruraux qui consti tuent la grande majorité dos Beiges en soul, pour ainsi dire, virtuellement exclus. Voici quelques données, basées sur l'expé- rience ct qui aclièvcnt de démontrer, a eet égard, Tiniquité de Ja legislation qui nous régit et que nos gouveruants projettent d'ag- graver encore par de nouvelles fraudes legis latives. Un fermier exploitant dix hectares ce qui n'est encore que de Ia petite culture doit avoir uu capital d'au moins Ir. 10,000. En Flandre, ou 'évulue gënéralement ce capital au décuple du taux du fermage. Gr, le prix moyen du fermage, d'après le dernier Annuaire statistique officiel, est, pour tout, le royaume, de fr. 103 par hectare. Cette moyenne est nécessairement plus l élevée dans les provinces flamandes, oü elle peut être évaluée ii fr. 130 par hectare. Mais, pour n'être pas suspects d'exagéra- tion, nous prenoiis un loycr moven dè 100 fr. par hectare. Cette (''valuation iustiïie nolre appréciation doiihéè plus liautune exploi tation de dix hectares suppose un capital décuple du loyer annuel, soit 10,000 fr. Ge chiffre se répartit conimc suil. a) Une tête de gros bétail par hectare (ou son équivalent, en génisses, veaüx, pores), a raison de 400 fr. par tête, soit fr. 4,000. b) Un cheval de labour Fr. 730. c) Fumurés en terre (la moitié de l'exploita- tioil soit 5 hectares ayant repu une fu- mure complete a raison de 40,000 kil. de f'umier d'étable volant 1 centime par kil.), valeur Fr. 2,060. d) Cinq hectares (demi-fumure et engrais arti- ficiels a 200 I hectare) valeur fr. e) Instruments araloires de toute espèpe, cbarrues, vébicüles, lierses, rouléaux, outils Fr. 2,200. f) Semences en terre et récolte sur pied, Fr. 3,000. Soit ensemble une somme de 12,930 Fr. pour ce qui concernc la culture proprcmenl dite. A cette somme il faut ajouter encore le fonds de roulemcnt, le mobilier de la maison, les éparg'nes dé la Familie placés en rentes et, obligations. Ce n'est done pas exagérer que d'évaluer l'avoir moyen d'un Fermier exploitant 10 hectares söulement ii une somme de 23,000 Francs. Cependant s'il n'est pas lui-même propriétaire, il ne sera pas électeur. 11 ne le sera pas menie s'il exploite 20, 30, ou même 40 hectares Mais que possèdent done le cabaretier, le cpmmis que possèdent le petit boutiquier, l'avocat, le médecin, le juge que nous voyons souvent, presqué saus aucune Fortune, tigurer sur les listes éleetorales Les agricülteürs, ceux qui font valoir lc sol, sont done iniquement méconnus et sacri- fiés par notre syslème électoral. La fortune réelle n'est pas représentée et la fortune Active, c'est-a-dire négative, entre dans les cornices sous le couvert d'une patente plus ou nioins' frélatëe. Si nos législateurs voulaient loyalement la justice, s'ils voulaient appliquer le régime représentatif (lans sa sincérité logiquepvoilü un abus qu'ils s'empresseraient d'extirper En Angleterre, la loi donne 1'électoiMt soit au propriétaire, soiüil'usagcr de la proprièté Mais on sail, assez que ce n'est point en ce pays que nos libéraux vont e,tierelier des exemples bons imitcr (Bietl pnblie.) La discussion du projet de loi Van Ilum- beeck commencera au Sénat lc Lundi 16 courant. Quel sera le sort de cette loi, véritable dë- claration de guerre aux cathobques, devant le Sénat, qui passe pour un corps sage et pour uu pouvoür modérateur? M. Ilymans, dans sa lettre it la Meuse, se pose implicite- ment cette question, et voici sa réponse M. Malou, dans soa discours, a fait en tendre que la loi serait amendée par la Cham bre haute, mais riejh n'est vonu jusqu'ici con- tii'mér ce pronoslic. II est question tout au plus de' l'abstëntion' de deux sénateurs qui séfaient le prince de Ligne et M. de Labbe- ville Mais Farticle nouveau que Ton a inséré, dans la loi en vue de garautir d'une t'agon ollieiclle la neutralité absolue de Técole aura peut-être pour eflfet de rallier lés voix liési- tantes. On parite, dit VA mi de l'Ördre, d'autres sénateurs, de trois au moins, qui hésitoraiént lout autant que le prince de Ligné et quo l'ho- norabie sénateurde Pbilippevillè. Ón écrit de Bruxelles a la Gazette de Liége Le projet passera au Sénat. Le gouver nement se déclare rassuré. Un sépateur jus qu'ici récalcitrant déclarait que les explica tions du ministère l'avaient rassuré. En voila encore un dont la satisfaction atteSté bien l'existcnce des brouillards qui planènt sur sa conscience. On avail cité comine cóupables de s'assöcier a l'opposition ca'tbolique, MM. les sénateurs Dolez et de Labbëville: ils out été gagnés par M. Erère. Seul de la gauche, jusqu'ü présent, le prince de Ligne prétend rester lui-même, mais il ne cache pas qu'il n'est plus suivi. M. dc Baillet-Latour, représentant de Plii- lippeville, a voté pour la loi-Van llumbceck. Dourquói? G'est ce quel'on se demande. Eu 1830 bien plus, en 1876 encore M. de Baillet se déclarait pubïiquement partisan de la loi de 1842. 11 a done trouvé son cliemiu de Damas, et le Court ier de Bruxelles oxpli- que ainsi celte conversion: On nous assure que M. de Baillet exp'li- Journa! res, pour tout Le JOUaNAL D'YPRSS parait le Mercredi et le Sameili. Le prix de l'abonnemintpayable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an le pays; pour l'étranger, le port en sus. Lés abonnements sont d'un an et se regularisent fin Décembre. Les article,? et communications doivent ctre adressés franc de port a l'adrcsse ci-dessus Les annonces content 15 centimes la ligne.Les Reclames dans le corps du journal patent 30 centimes la ligne.— Les insertions judiciaires1 franc la lignè. 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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1