ORGANE CATHOLIQUE DE L'A RRONDISSEMENT.
MERCREDI 18 Juin 1879.
10 centimes le numéro.
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Résumé politique
FRANCE. La discussion du retour des
Cliambres a Paris est chose décidée par 19
voix de majorité au Sénat. Sur 279 votants,
149 sénateurs se sont prononcés pour, 130
contre.
La discussion a été des plus animées Same
di au Sénat. Orateurs de la droite et de la
gauche se sont pendant une longue séance
succédé la tribune pour soutenir les uns les
dangers, les autres les avantages du retour
de Paris.
La présence de tous les ministres et celle
de certains sénateurs mandés expres, comme
notre ambassadeur a Londres par exemple,
1'amiral Pothuau, pour venir assister aux
débats, indiquait assez quelle importance le
gouvernement attribuait ii cette discussion,
en même temps que son incertitude et ses
craintes quant au résultat final.
-La discussion générale du projet de loi
relatif a l'enseignement supérieur, ii la Cbam-
bre des députés de Versailles, a produit un
tumulte extraordinaire.
M. Paul de Cassagnac, ayant accusé M.
Ferry de décbainer des calomnies systéma-
liques et de falsifier les pieces.
M. Gambetta, président de la Chambre, in-
vita forateur ;i modérer son langage.
M. de Cassagnac n'en tint point compte et
il insista sur le mot falsifications et pro-
nonya le nom de M. Girerd. (Protestations.
Cris: la censure.
M. Gambetta proposa alors la censure avec
exclusion temporaire. (Applaud issements a
gauche, agitation, tumulte.)
II. Gambetta se couvre eusuite et la séan
ce est levée de fait.
Un refuge de nuit.
M. Teste, dans Paris-Journal, rend compte
en termes émus et avec des détails intéressants
de l'inauguration d'une maison de refuge fondée
par VfEuvre de VHospitalité de Nuit. Cette oeu
vre est née d'hier; elle date a peine d'une année.
Sa première maison de refuge a été fondée 59,
rue de Tocqueville. On ne saurait trop faire con-
naitre cette institution, dont un digneprêtre, M.
labbé Hardouin, inspiré peut-être par les èta-
blissements de ce genre, qui existent a Rome,
a Madrid, a Geneve, a Londres, a Berlin, a New-
York, a eu la glorieuse initiative. Kile a pour
but d'olfrir un gite au voyageur isolé, sans ar
gent et sans abri; au jeune homme qui, sembla-
ble a l'enfant prodigue, a dóserté la maison pa-
ternelle; a l'ouvrier ou employé sans domicile,
paree qu'ils n'ont pu payer leur terme; au con
valescent qui sort de l'hópitalau pnsonnier qui
vient de recouvrer la liberté; au travailleursans
ouvrage, qui est venu demander aux cbantiers
encombrés de Paris un travail qu'il n'a pas en
core trouvé. Nous les rencontrons, a deux ou
M. Margaine fait évacuer les tribunes.
M. Gambetta sort de la salie. Des scènes
tumultueuses continuent dans fhémicycle.
La séance est reprise après une longue
interruption.
Après quelques explications de M. de Cas
sagnac, la Chambre prononce contre lui la
censure avec exclusion pour trois jours.
M. Gambetta invite M. de Cassagnac ii
quitter la tribune.
M. de Cassagnac traite le gouvernement
entier d'infame.
M. Gambetta dit que toutes les paroles de
M. de Cassagnac seront désormais considé-
rées comme délit de droit commun et consé-
quemment déférées au procureur de la répu-
blique.
La discussion du projet Ferry est renvoyée
au lendemain.
Le congrès se réunira Jeudi ou Samedi.
ITALIË. 11 s'est fait quelque bruit
dans la presse italiemie et frany-aise aulour
d'un incident qui s'est produit, il y a quelques
jours, la Chambre des députés d'Italie. La
Chambre discutaii le tracé d'une ligne de
chemin de fer du nord de l'Italie allanl de Nice
h Coni. Au cours de cette discussion et en
faveur de l'un des deux projets en présence,
un député, M. Biancheri, l'ancien président
de la Chambre, ayait fait valoir l'intérêt des
populations nipoises, dont les sentiments
de sympathie pour l'Italie, a-t-il dit, ne se
sont jamais éteints. C'était lh une parole
imprudente, mais qui aurait passé inaperyue,
si M. Depretis, parlant dans le même sens,
n'avait repris et accentué pour son compte
l'argument de M. Biancheri, en ajoutant que,
malgfé les circonstances douloureuses qui
trois heures après minuit, ces malheureux, er
rant tristement, pour ne pas tomber aux mains
do la police, jusqu'a ce que, le jour revenant, ils
puissent pénétrer dans une église ou dans quel
que monument public, pour y goüter unpeude
sommeil.
L'CEuvre de l'hospitalité de nuit leur effre un
abri gratuit et temporaire, sans distinction d'age,
de nationalité ou de religion, a la seule condition
qu'ils observent, sous peine d'expulsion imme
diate, les mesures de moralité, d'ordre et d'hy-
giène prescrites par le réglement. L'entrée dans
l'établissement a lieu tous les soirs, de 7 a 9 lieu-
res. Les hommes qui s'y présentent sont tenus de
donner tous les renseignements sur leur indivi-
dualité. lis ne peuvent y passer plus de trois
nuits consócutives, a moins d'une autorisation
spéciale d'un des membres du conseil d'aduiinis-
tration. Le coucher est lixé a 9 heures et demie.
La décence la plus rigoureuse est exigée pendant
tout le séjour. Le lever se fait a 5 heures ou a
0 heures, süivant la saison. Aces deux moments,
ia prière estdite en commun: cliacun doit obser
ver le silence, et se tenir découvort, soit debout,
soit a genoux, comme il croit devoir le faire
après quoi, on leur souhaite affectueusement le
Tont séparée de l'Italie, Nice n'avait pas cessé
d'appartenir a la familie italiemie.
Ce langage, dans la bouche du président
du conseil a éveillé les justes susceptibilités
du gouvernement francais. On a parlé a ce
propos d'une démarche qu'aurait faite immé-
dialement M. de Noailles chez M. Depretis,
lequel se serait empressé de donner a l'am-
bassadeur de France les explications les plus
satisfaisantes. On a dit aussi que M. Wad-
dington avait'télégraphié ii M. de Noailles
afin d'obtenir que les déclaralions échangées
entre M. Depretis et M. Biancheri fussent ou
rayées du compte-rendu sténographique des
débats, ou modifiées de telle tacon que le
texte en pourrait être approuvé par l'ambas-
sade de France.
Quoi qu'il en soit, une dépêche de Rome,
d'origine officieuse apparemment, a depuis
rétabli le sens exact des déclarations de M.
Depretis, et tout indique que l'affaire n'aura
aucune suite facheuse pour les rapports d'a-
mitié entre les cabinets de Paris et de Rome.
RUSS1E. Un corrcspondant russe
de la Gazette de Cologne fair remarquer que,
a l'inverse de la revolution de 1863, les pro-
vinces polonaises etbaltiques del'empire rus-
se sont restées étrangères a la propagande
nihiliste. Cette attitude de populations qu'on
supposait prêtes a se jeter dans le mouve
ment révolutionnaire aurait, suivant ce cor-
respondant, des conséquences favorables ii
ces provinces qui verraient prochainement se
réaliser des vceux restés stériles jusqu'a pré
sent. II va sans dire que nous laissons a la
feuille rhénane la responsabilité de ces in
formations.
ESPAGNE. Les autorités viennent
de découvrir une fabrique de faux billets de
bonsoir ou le bonjour. Avant de partir, on fait
son lit, on balaie sa place, on se débarbouille.
Trente minutes se sont óconlées: ón sort pour
chercher de l'ouvrage. II estbien entendu que
les höt.es sont soumis l'obóissance aux gérants
et surveillants de la maison. Nous ne inentiön-
nons ici que les prescriptions principales: il èe-
rait trop long de descendre dans le détail. Mais
cela suflit pour que l'on se rende compte que ces
pauvres abandonnés trouvent la un peu de re
pos, d'honnêteté, d'encouragement..., en un mot,
un peu de lorce et d'espoir, en attendant l'emploi
de leurs bras.
Les bienfaits ne s'arrêtent pas la. On leur
donne un morceau de pain ou des bons de four-
neau; on leur distribue du linge et des vête-
ments envoyés par les amis bienfaisants. Après
leur avoir rendu un peu de vigueur physique et
morale, on les met en état de se présenter chez
les particuliers ou chez les industriels pour sol-
liciter du travail.
La maison de la rue Tocqueville a pu recueil-
lir, du 2 Juin au 31 Décembre 1878, c'est-a-dire
en sept mois, 2,874 individus, qui ont passé 14,305
nuits, soit prés de 5 nuits par tête. C'est une bien
curieuse chose que la statistiquede ses pension-
la Banque d'Espagne de 500 piécettes. Plu-
sieurs arrestations ont été opérées.
Le Sénat poursuit sans incident la discus
sion de l'Adreese en réponse au discours du
tröne'.
PARAGUAY. Des nouvelles du Para-
gvay annoncent que Godoy, un des chefs de
l'opposition, a renversé le président Barreiro
et s'est emparé du pouvoir.
La Procession ct les Pompiers.
On nous avait appris que le Conseil com
munal d'Ypres avait décidé que dorénavant
le Corps des Pompiers et sa musique n'ac-
compagneraient plus les processions. Nous
n'avons pas voulu d'abord ajouter foi a cette
nouvelle si peu vraisemblable. Naïveté de
notre part! Est-ce que nos libéraux ne sont
pas capables de tout?
La chose est bien vraie, tellement vraie
qu'a la procession de la Féte-Dieu, les Pom
piers brillaient pour la première fois non plus
par l'éclat de leurs casques, mais par leur
absence.... 11 en sera toujours ainsi h I'ave
nir. Ainsi l'a voulu notre très-libérale Admi
nistration communale.
Peu nous importe, franchement, que les
Pompiers accompaguent ou non le St-Sacre-
ment. Dieu n'a pas plus besoin de la protec
tion de ce corps armé, que la lune de ses
prompts secours en cas de conflagration. II
peut se passer du respect forcé et de la pom-
pe officielle. Mais nous voyons avec bonheur
que le libéralisme se démasqué et qu'il mon-
tre ii nu sa face liaineuse et impie. Nous
prenons acte de la décision du Conseil com
munal, ne fut-ce que pour prouver ii l'occa-
sion combien nos libéraux sont pénétrés de
naires On y voit 26 professeurs, 17 élèves en
pharmacie, 31 horlogers et bijoutiers, 406 em
ployés de commerce et comptables, 1 journaliste
hélas! 1 secrétaire-général de prefecture
hola1 chirurgien de marine, 1 ingénieur ci-
vil, 5 interprêtes, 3 acteurs, 3 musi'ciens, 490 cui
siniers et garcons marchands de vins, etc.., to
ont été embauchés' pour l'Exposition; 9 paries
magasins du Louvre, de la Paix, etc.; 8 par
l'Ouestet Ie I'aris-Lyon, etc.
Par exemple, on n'a pu toujours leur trouver
des emplois correspondant a leur profession. Un
chapelier et un coiffeur se sont faits hommes
d'équipe. Un hachelier a été réduit a balayer les
rues. Mais, enfin... mieux vaut cela que de cre-
ver de faim. Et, pour faire tout cela, 1 'CEuvre de
l'hospitalité de nuit ne disposait que de 17,580
fr. 15 c. de recettes ses dépenses se sont éle-
vées a 9 fr. 0 5 de plus. II a fallu déployer des
prodiges d'économie. Gens Irivoles, qui gaspil-
lez l'argent, voyez quel bien on peut faire avec
17,589 f'r. 20 c.i 2,874 individus ont été secourus.
Plusieurs centaines ont pu retrouver un emploi,
une profession.
La maison du boulevard de Vaugirard est ba-
tie sur le même planun généreux donateur, M.
Journal
- lUlOlO&l) V cO(j J0