mesure digne de reprobation, comme ORGANE CATHOLIQUE DE L'A RRONDISSEMENT. MERCREDI 25 Juin 1879. 10 centimes le numéro. 14e année. N° 1407. On s'abonne rue au Beurre, 66, Ypres, et a tous les bureaux de poste du royaume Lettre pastorale Résumé politique. La mort du Prince Napoléon continue ii préoccuper l'opinion publique. Tous les journaux out unanimement compati a ce triste événement, h l'exception toutefois de la République frariQaise et autres organes du radicalisme. Ceux-ci, n'écoutant que la bas- sesse de leurs sentiments, ont donné un libre cours ti leur haine. Le parti de l'Appel au Peuple n'a pris jus- qu'd présent aucune décision, Un manifeste du prince Jéróme,— le rouge, est atten du. Quoi qu'il en soit, la cause de l'Empire recoit une grave atteinte. II ne paraït pas quelle puisse s'en relever. Ce grave événement pourrait avoir une grande influence sur la politique euro- péenne. L'Angleterre espérait, au moyen d'une restauration impériale en France, arriver k réunir dans une même alliance la France, l'Autriche, l'Espagne et la Grande Breta- gne et contrebalancer ainsi l'influence de M. de Bismarck et des Etats du Nord. Tous Journal d'Ypres, Le JOURNAL D'YPRES paraït le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipationest de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent tin Décembre. Les articles et communications doivent être adressés franc de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Les numéros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Flandrés) s'adresser a VAgence Havas Laffite, etC'° Bruxelles, 89, Marché aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse. DE S. ÈM. LE CARDINAL-ARCHEVÊQUE ETDENN. SS. LES ÉVÈQUES DE BELGIQUE AU CLERGÉ ET AUX FIDÈLES. (Suite, voir le numéro précédent Mais, remarquez-le bien, N. T.-C. F., ce n'est pas le manque de neutralitó absolue qui fait le vice principal, la malignité essentielle de l'école sécularisée, mais la neutralité elle-même. Oui, c'est la neutralité qui rend l'école primaire dangereuse pour la foi des enfants et funeste a leur ame. Le danger que ce régime de l'école sans reli gion et partant sans Dieu présente pour la foi de l'enfant, l'iniluence délétère qu'il exerce sur son ame si impressionnable, se démontrent faci- lernent, car ils résultent de la force des choses. Ils résultent de la nature de l'enseignement primaire séparé de la religion, de 1'insuffisance de eet enseignement, des lacunes qu'il cause dans l'intelligence, lacunes qui, chez le plus grand nombre, ne se réparent jamais, et par la même de sa tendance nécessaire, inévitable, peut-on dire, a l'indiffórentisme et a l'incrédulité. lis résultent de la nature de l'enfant, des besoins moraux et religieux de son ame, besoins qui, pour la gónéralité, ne trouvent leur satisfaction qu'a l'école unie a l'Eglise, et auxquels l'école neutre, sóparée de l'Eglise, ne veut ni ne peut satisfaire. G'est ce que tous les pédagogistes sensés reconnaissent et que les hommes d'Etat, vraiment dignes de ce nom, ont proclamé en Angleterre, en Allemagne et en France. Ge n'est point toutef'ois sur ces données ration- nelles, mais sur l'expérience que l'Eglise se l'on- de pour declarer dangereuse, nuisxble de sa nature, l'école neutre ou sécularisée. G'est ainsi que le Pape Grégoire XVI, prenant en considé- ration les mesures adoptées par le gouverne ment anglais pour rendre accessibles alajeu- nesse catholique de l'Irlande les écoles publi- ques, jusque-la exclusivement protestantes, me sures mettant sufflsamment a couvert, semblait- il, la foi des catholiques. permit que les Evê- ques de ce pays Assent l'essai de ces écoles, s'ils lejugeaient a propos, jusqu'a ce que l'expérience eüt démontré le danger ou l'innocuité de ce ré gime scolaire. Mais eet essai ne fut autorisé que moyennant l'emploide certaines précautions que la Congrégation de la Propagande leur indiqua, et a la condition que, si le résultat n'était pas sa- tisfaisant, le Saint-Siége en füt exactement infor- raé, aAn qu'il y apportat un prompt remède. L'expérience ayant parlé aux Etats-Unis d'A- mérique, dans les colonies anglaises, en Hol- lande et dans d'autres pays, comme aussi en Irlande, le Saint-Siége n'hósita pas a declarer le régime de l'école neutre ou sécularisée DAN- GEREUX ET NUISIBLE DE SA NATURE, a reconnaitre qu'IL EST INSPIRE PAR UN ES PRIT D'HOSTILITÉ GONTRE L'EGLISE ET PAR LE DÈSIR D'ÈTEINDRE CHEZ LES PEUPLES LA LUMIÈRE DIVINE DE LA FOI. (Voir la lettre de Sa Sainteté Pie IX a Mgr Vicari, Ar- elievéque de Fribourg, les propositions xvni etXLvm condamnéespar le même Pape. I'In struction de la Congrégation du Saint-Office auxEvêques des États-Vnis, 30 Juin 1875.) Un essai d'application, même mitigó, de ce ré gime ayant été tenté récemment dans les écoles Primaires de Rome par la municipalité de cette T'Ue, a été réprouvé par Sa Sainteté le Pape Léon XIII, en termes explicites, comme UNE LR NOUVEL ATTENTAT A LA RELIGION ET A LA PlÉTÉ DU PEUPLE ROMAIN. (Voir la lettre du Pape Léon XIII a son Éminence La Valetta, Cardinal-Vicaire, 26 Juin 1878J En conséquence, appnyés sur l'autorité du Saint-Siége et dociles a son enseignement; en union avec les Evêques de toutela catholicité, et notamment avec les vénérables Pères du II0 con- cile national de Baltimore (1866 'Litre IX, chap. I.), du l61' et du IV concile provincial de West minster (1852 et 1873.), du 1°, du II0, et du III0 concile provincial de Québec (1851, 1854 et 1863.), du Ior concile provincial de Halifax (1857.), du concile provincial de Sydney (1869.), du concile provincial d'Utrecht (1865.), du concile provincial de Cologne (I860.), de l'assemblée de l'épiscopat irlandais tenue a Maynooth le 18 Aoüt 1869 et a Dublin au mois d'Octobre 1871, en acquit de notre charge pastorale nous dénon- cous le régime scolaire que le pouvoir civil se propose d'appliquer a notre pays, COMME DAN- GEREUX ET NUISIBLE DE SA NATURE; NOUS DECLARONS QU'IL FAVORISE LA PROPAGA TION DE L'INCRÉDULITÉ ET DE L'INDIFFÉ- RENTISME, ET QU'IL EST UN ATTENTAT A LA FOI, A LA PIETÈ ET AUX DROITS RELI GIEUX DU PEUPLE BELGE. Et, pour ces rai- sons, NOUS LE RÉPROUVONS ET LE CON- DAMNONS. En conséquence encore, nous conformant a l'enseignement du Saint-Siége consigne dans la lettre, déja citóe, de Pie IX a l'Archevêque de Fribourg et nous servant des paroles mêmes de ce Pontile, NOUS AVERTISSONS TOUS LES FIDÈLES ET NOUS LEUR DECLARONS QUE L'ON NE PEUT EN CONSCIENCE FRÉQUEN TER DE PAREILLES ÉCOLES, INSTITUEES QU'ELLES SONT CONTRE L'EGLISE CATHO LIQUE, ltemarquez-le bien, N. T.-C. F., ces paroles du Pape dórivent d'un principe et constituent une régie, régie applicable a tous les pays, dans tous les lieux, dit-il, dans tous les pays ou l'on former ait, et sur tout oü l'on exécuterait ceper- nicieux dessein de soustraire les écoles a l'auto rité de l'Eglise, et oü par suite, la,jeunesse se- rait misérablement exposée au danger de per- dre la foi. C'est le principe et la régie que rap- pelle aussi la Congrégation du Saint-Office, dans son instruction aux Evêques des Etats-Unisj approuvée par Pie IX le 24 Novembre 1875. Si l'application de cette régie, dans toute sa rigueur, est parfois impossible dans les pays oü les habitants catholiques sont une faible minorité mèlée a des dissidents de diverses sectes, man- quent des ressources nécessaires pour établir une école confessionnelle et n'ont point dans leur voisinage, une école catholique accessible a leurs enfants, il n'en est pas de même en Belgique. Les tempéraments apportés ailleurs la régie ne seront done presque jamais ni nulle part appli- eables en Belgique. Conséquemment, aucun père, aucune mère de familie ne peuvent en conscience placer leurs enfants dans une école publique soumise au ré gime de la loi projetée, s'il y a dans la localitó une école catholique, si, dans le voisinage, il s'en trouve une accessible a leurs enfants, ou s'il leur est possible de pourvoir de quelqu'autre manière a l'instruction de ceux-ci. Cette défense est applicable aux tuteurs et autres personnes a qui sontconflés les enfants d'autrui. Nous ne croyons pas nécessaire d'expliquer en détail la conduite que doivent tenir les catholi ques, chefs de familie, tuteurs ou autres, dans toute situation différente de celle qui est définie dans la régie précédente: ces situations ne seront que momentanées, attendu que dans un avenir trés-prochain, il sera établi dans chaque parois- se une école catholique parfaitemeut organisée. Dans les cas exceptionnels, chaque chef de fa milie s'adressera au cure de sa paroisse, qui> après avoir entendu ses raisons, en fera rapport a i'óvêché, en la forme qui lui aura été indiquée; et l'óvêque dócidera. S'il n'est pas permis en conscience aux chefs de familie de confier leurs enfants aux écoles soumises au régime de la loi projetée, il ne peut l'être a aucun catholique de concourir par des actes spontanés au maintien de ces écoles, a l'exécution de cette loi. Les catholiques ne peu vent done accepter de fonctions scolaires, par exemple, de faire partie des comités des écoles Le Pape Pie IX, dans sa lettre itérativement citée, a l'Archevêque de Fribourg, décide, et les Evêques des Etats-Unis, de Hollande et d'Irlan- de rappellent que c'est très-certainenient pour l'Eglise, pour les laics el pour les clercs, une obligation très-sérieuse d'anployer tous les moy ens pour procurer dia jeunesse catholique l'instruction et Veducation chrétiennes. Ces devoirs que nous rappelle le Chef de l'E glise, se résument en ces deux mots: AGISSONS ET PRIONS! Secondons faction par la priére et la priére par faction. Coniions-nous sur l'assis- tance divine comme si tout dópendait unique- ment de Dieu, et agissons, employons tous les moyens humains, comme si tout dépendait de nous seuls. La lutte s'ouvre dés aujourd'hui; elle sera lon gue et difficile. Vous l'accepterez, N. T.-C. F., avec une résolution digne de votre caractóre de catholiques et de Beiges, en rópétant le cri de vos ancêtres: DIEU LE VEUT! Dieu le veut! il s'agit de l'honneur de son nom,de la conserva tion de la foi et de la piété dans fame des enfants et dans les families, du salut de notre chère et catholique patrie. Nous ne soutiendrons cette lutte avec succes que par de grands et constants efforts de zèle, par d'abondants et persévérants sacrifices d'argent, par le concours de la charité de tous. Ges efforts, ces sacrifices, nous les ferons avecl'aidedu Giel, et nous espérons que Dieu vous inspirera a tous la volonté d'y concourir généreusement. 'Jamais devoir plus pressant ne s'estimposéa votre piété ni a votre patriotisme. Nous insis. tons sur cette considération, et nous emprun- tons, quant au sens, a eet effet, et nous faisons nötres, en les adaptant a notre situation, les pa roles que le saint et savant pontife qui gouverne l'Eglise de Dieu, Léon XIII, adressa, il y a peu de mois, a son Gardinal-Vicaire et par lui au clergé et aux fidèles de Rome. La défense de la vérité et de la religion nous incombe a tous, clergé et fidèles; ls succès de la défense dépend tout particulièrement de Fabondance des secours pécuniaires dont elle disposera. Quant a nous, nous sommes résolus a concourir, aussi large- ment que nous le pourrons, a cette oeuvre catho lique par excellence; nous y consacrerons toutes nos ressources diocósaines et personnelles. Mais que sont ces ressources si limitées au prix de dépenses si considerables? Nous avons besoin du concours, d'un large et génóreux concours de nos ouailles. Déja, il est vrai, en Belgique, depuis 1830, nombre de families, chez lesquelles la naissance et surtout la foi OBLIGENT, ont établi et main- tiennent a leurs frais des écoles oü les enfants puisent une instruction appropriée a leur condi tion sociale, en même temps que la connaissance de la doctrine catholique, et la pratique des vertus chrétiennes- Mais il faut généraliser ces bienfaits exceptionnels, et ils ne sauraient être étendus partout que par le concours de tous. Aussi espérons-nous, sommes-nous certains osons- nous dire, que les catholiques beiges, ani- més de l'esprit du bien et de l'amour de Dieu et des ames, surtout ceux a qui la Providence a donnó une large part des richesses de la terre, convaincus comme ils doivent l'être, de la nécessitó absolue et urgente de pourvoir le jeune age d'écoles chrétiennes, se feront un devoir et un honneur de nous fournir le moyen d'en établir dans toutes les paroisses oü elles seront nécessaires et de les entretenir. Nous n'avons pas besoin de stimuler l'émula- tion de notre clergé dans ce concours de tous les lidèles a la création et a l'entretien des écoles catholiques. Le clergé beige ne se laissera vain- cre par personne en générosité ni en dévoue- ment. Le sacerdoce catholique a toujours figuré a la tête de toute oeuvre entreprise pour l'hon neur de Dieu et le bien des ames: les glorieuses traditions du clergé beige attestent avec éclat combien il a toujours nobleraent compris sa sublime mission, et disent comment il la rempiira dans les circonstances présentes. Nous connais- sons déja, de Ia part de nombre de nos prétres relativement pauvres, des actes admirables de charité en cette matière. Si tous, px'êtres et laïcs, ne peuvent participer a cette oeuvre par des largesses, il en est bien peu qui ne puissent s'y associer par une aumóne dequelques centimes par semaine, par année, et tous y peuvent concourir, soit en rappelant aux pères et aux mères de familie le trés-grave de voir qui leur est imposé d'ólever ehrétiennement leur familie, soit en euseignant les prières du chrétien et le catéchisme aux petits enfants, soit en embrassant eux-mêmes les fonctions de.mai- tres ou de maitresses d'école. A l'oeuvre done, N. T.-C. F., a l'oeuvre DIEU LE VEUT Donnó a Malines, le 12 Juin 1879. t VICTOR-AUGUSTE, CARD. DECHAMPS, Archevéque de Malines. f THEODORE, Evêque de Liége. t JEAN-JOSEPH, Evêque de Bruges, t HENRI, Evêque de Gand. t THÈODORE-JOSEPH, Evêque de Namur. t EDMOND, Evêque de Tournay.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1