mesure digne de reprobation, comme
ORGANE CATHOLIQUE DE L'A RRONDISSEMENT.
MERCREDI 25 Juin 1879.
10 centimes le numéro.
14e année.
N° 1407.
On s'abonne rue au Beurre, 66, Ypres, et a tous les bureaux de poste du royaume
Lettre pastorale
Résumé politique.
La mort du Prince Napoléon continue
ii préoccuper l'opinion publique. Tous les
journaux out unanimement compati a ce
triste événement, h l'exception toutefois de
la République frariQaise et autres organes du
radicalisme. Ceux-ci, n'écoutant que la bas-
sesse de leurs sentiments, ont donné un
libre cours ti leur haine.
Le parti de l'Appel au Peuple n'a pris jus-
qu'd présent aucune décision, Un manifeste
du prince Jéróme,— le rouge, est atten
du. Quoi qu'il en soit, la cause de l'Empire
recoit une grave atteinte. II ne paraït pas
quelle puisse s'en relever.
Ce grave événement pourrait avoir une
grande influence sur la politique euro-
péenne.
L'Angleterre espérait, au moyen d'une
restauration impériale en France, arriver k
réunir dans une même alliance la France,
l'Autriche, l'Espagne et la Grande Breta-
gne et contrebalancer ainsi l'influence de
M. de Bismarck et des Etats du Nord. Tous
Journal d'Ypres,
Le JOURNAL D'YPRES paraït le Mercredi et le Samedi.
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DE
S. ÈM. LE CARDINAL-ARCHEVÊQUE
ETDENN. SS. LES ÉVÈQUES DE BELGIQUE
AU CLERGÉ ET AUX FIDÈLES.
(Suite, voir le numéro précédent
Mais, remarquez-le bien, N. T.-C. F., ce n'est
pas le manque de neutralitó absolue qui fait le
vice principal, la malignité essentielle de l'école
sécularisée, mais la neutralité elle-même.
Oui, c'est la neutralité qui rend l'école primaire
dangereuse pour la foi des enfants et funeste a
leur ame.
Le danger que ce régime de l'école sans reli
gion et partant sans Dieu présente pour la foi
de l'enfant, l'iniluence délétère qu'il exerce sur
son ame si impressionnable, se démontrent faci-
lernent, car ils résultent de la force des choses.
Ils résultent de la nature de l'enseignement
primaire séparé de la religion, de 1'insuffisance
de eet enseignement, des lacunes qu'il cause
dans l'intelligence, lacunes qui, chez le plus
grand nombre, ne se réparent jamais, et par la
même de sa tendance nécessaire, inévitable,
peut-on dire, a l'indiffórentisme et a l'incrédulité.
lis résultent de la nature de l'enfant, des besoins
moraux et religieux de son ame, besoins qui,
pour la gónéralité, ne trouvent leur satisfaction
qu'a l'école unie a l'Eglise, et auxquels l'école
neutre, sóparée de l'Eglise, ne veut ni ne peut
satisfaire. G'est ce que tous les pédagogistes
sensés reconnaissent et que les hommes d'Etat,
vraiment dignes de ce nom, ont proclamé en
Angleterre, en Allemagne et en France.
Ge n'est point toutef'ois sur ces données ration-
nelles, mais sur l'expérience que l'Eglise se l'on-
de pour declarer dangereuse, nuisxble de sa
nature, l'école neutre ou sécularisée. G'est ainsi
que le Pape Grégoire XVI, prenant en considé-
ration les mesures adoptées par le gouverne
ment anglais pour rendre accessibles alajeu-
nesse catholique de l'Irlande les écoles publi-
ques, jusque-la exclusivement protestantes, me
sures mettant sufflsamment a couvert, semblait-
il, la foi des catholiques. permit que les Evê-
ques de ce pays Assent l'essai de ces écoles, s'ils
lejugeaient a propos, jusqu'a ce que l'expérience
eüt démontré le danger ou l'innocuité de ce ré
gime scolaire. Mais eet essai ne fut autorisé que
moyennant l'emploide certaines précautions que
la Congrégation de la Propagande leur indiqua,
et a la condition que, si le résultat n'était pas sa-
tisfaisant, le Saint-Siége en füt exactement infor-
raé, aAn qu'il y apportat un prompt remède.
L'expérience ayant parlé aux Etats-Unis d'A-
mérique, dans les colonies anglaises, en Hol-
lande et dans d'autres pays, comme aussi en
Irlande, le Saint-Siége n'hósita pas a declarer le
régime de l'école neutre ou sécularisée DAN-
GEREUX ET NUISIBLE DE SA NATURE, a
reconnaitre qu'IL EST INSPIRE PAR UN ES
PRIT D'HOSTILITÉ GONTRE L'EGLISE ET PAR
LE DÈSIR D'ÈTEINDRE CHEZ LES PEUPLES
LA LUMIÈRE DIVINE DE LA FOI. (Voir la
lettre de Sa Sainteté Pie IX a Mgr Vicari, Ar-
elievéque de Fribourg, les propositions xvni
etXLvm condamnéespar le même Pape. I'In
struction de la Congrégation du Saint-Office
auxEvêques des États-Vnis, 30 Juin 1875.)
Un essai d'application, même mitigó, de ce ré
gime ayant été tenté récemment dans les écoles
Primaires de Rome par la municipalité de cette
T'Ue, a été réprouvé par Sa Sainteté le Pape
Léon XIII, en termes explicites, comme UNE
LR NOUVEL ATTENTAT A LA RELIGION ET
A LA PlÉTÉ DU PEUPLE ROMAIN. (Voir la
lettre du Pape Léon XIII a son Éminence La
Valetta, Cardinal-Vicaire, 26 Juin 1878J
En conséquence, appnyés sur l'autorité du
Saint-Siége et dociles a son enseignement; en
union avec les Evêques de toutela catholicité, et
notamment avec les vénérables Pères du II0 con-
cile national de Baltimore (1866 'Litre IX, chap.
I.), du l61' et du IV concile provincial de West
minster (1852 et 1873.), du 1°, du II0, et du III0
concile provincial de Québec (1851, 1854 et 1863.),
du Ior concile provincial de Halifax (1857.),
du concile provincial de Sydney (1869.), du
concile provincial d'Utrecht (1865.), du concile
provincial de Cologne (I860.), de l'assemblée
de l'épiscopat irlandais tenue a Maynooth le 18
Aoüt 1869 et a Dublin au mois d'Octobre 1871,
en acquit de notre charge pastorale nous dénon-
cous le régime scolaire que le pouvoir civil se
propose d'appliquer a notre pays, COMME DAN-
GEREUX ET NUISIBLE DE SA NATURE; NOUS
DECLARONS QU'IL FAVORISE LA PROPAGA
TION DE L'INCRÉDULITÉ ET DE L'INDIFFÉ-
RENTISME, ET QU'IL EST UN ATTENTAT A
LA FOI, A LA PIETÈ ET AUX DROITS RELI
GIEUX DU PEUPLE BELGE. Et, pour ces rai-
sons, NOUS LE RÉPROUVONS ET LE CON-
DAMNONS.
En conséquence encore, nous conformant a
l'enseignement du Saint-Siége consigne dans la
lettre, déja citóe, de Pie IX a l'Archevêque de
Fribourg et nous servant des paroles mêmes de
ce Pontile, NOUS AVERTISSONS TOUS LES
FIDÈLES ET NOUS LEUR DECLARONS QUE
L'ON NE PEUT EN CONSCIENCE FRÉQUEN
TER DE PAREILLES ÉCOLES, INSTITUEES
QU'ELLES SONT CONTRE L'EGLISE CATHO
LIQUE,
ltemarquez-le bien, N. T.-C. F., ces paroles
du Pape dórivent d'un principe et constituent
une régie, régie applicable a tous les pays, dans
tous les lieux, dit-il, dans tous les pays ou l'on
former ait, et sur tout oü l'on exécuterait ceper-
nicieux dessein de soustraire les écoles a l'auto
rité de l'Eglise, et oü par suite, la,jeunesse se-
rait misérablement exposée au danger de per-
dre la foi. C'est le principe et la régie que rap-
pelle aussi la Congrégation du Saint-Office, dans
son instruction aux Evêques des Etats-Unisj
approuvée par Pie IX le 24 Novembre 1875.
Si l'application de cette régie, dans toute sa
rigueur, est parfois impossible dans les pays oü
les habitants catholiques sont une faible minorité
mèlée a des dissidents de diverses sectes, man-
quent des ressources nécessaires pour établir
une école confessionnelle et n'ont point dans leur
voisinage, une école catholique accessible a leurs
enfants, il n'en est pas de même en Belgique.
Les tempéraments apportés ailleurs la régie ne
seront done presque jamais ni nulle part appli-
eables en Belgique.
Conséquemment, aucun père, aucune mère de
familie ne peuvent en conscience placer leurs
enfants dans une école publique soumise au ré
gime de la loi projetée, s'il y a dans la localitó
une école catholique, si, dans le voisinage, il
s'en trouve une accessible a leurs enfants, ou
s'il leur est possible de pourvoir de quelqu'autre
manière a l'instruction de ceux-ci. Cette défense
est applicable aux tuteurs et autres personnes a
qui sontconflés les enfants d'autrui.
Nous ne croyons pas nécessaire d'expliquer en
détail la conduite que doivent tenir les catholi
ques, chefs de familie, tuteurs ou autres, dans
toute situation différente de celle qui est définie
dans la régie précédente: ces situations ne seront
que momentanées, attendu que dans un avenir
trés-prochain, il sera établi dans chaque parois-
se une école catholique parfaitemeut organisée.
Dans les cas exceptionnels, chaque chef de fa
milie s'adressera au cure de sa paroisse, qui>
après avoir entendu ses raisons, en fera rapport
a i'óvêché, en la forme qui lui aura été indiquée;
et l'óvêque dócidera.
S'il n'est pas permis en conscience aux chefs
de familie de confier leurs enfants aux écoles
soumises au régime de la loi projetée, il ne peut
l'être a aucun catholique de concourir par des
actes spontanés au maintien de ces écoles, a
l'exécution de cette loi. Les catholiques ne peu
vent done accepter de fonctions scolaires, par
exemple, de faire partie des comités des écoles
Le Pape Pie IX, dans sa lettre itérativement
citée, a l'Archevêque de Fribourg, décide, et les
Evêques des Etats-Unis, de Hollande et d'Irlan-
de rappellent que c'est très-certainenient
pour l'Eglise, pour les laics el pour les clercs,
une obligation très-sérieuse d'anployer tous les
moy ens pour procurer dia jeunesse catholique
l'instruction et Veducation chrétiennes.
Ces devoirs que nous rappelle le Chef de l'E
glise, se résument en ces deux mots: AGISSONS
ET PRIONS! Secondons faction par la priére et
la priére par faction. Coniions-nous sur l'assis-
tance divine comme si tout dópendait unique-
ment de Dieu, et agissons, employons tous les
moyens humains, comme si tout dépendait de
nous seuls.
La lutte s'ouvre dés aujourd'hui; elle sera lon
gue et difficile. Vous l'accepterez, N. T.-C. F.,
avec une résolution digne de votre caractóre de
catholiques et de Beiges, en rópétant le cri de
vos ancêtres: DIEU LE VEUT! Dieu le veut!
il s'agit de l'honneur de son nom,de la conserva
tion de la foi et de la piété dans fame des enfants
et dans les families, du salut de notre chère et
catholique patrie. Nous ne soutiendrons cette
lutte avec succes que par de grands et constants
efforts de zèle, par d'abondants et persévérants
sacrifices d'argent, par le concours de la charité
de tous. Ges efforts, ces sacrifices, nous les ferons
avecl'aidedu Giel, et nous espérons que Dieu
vous inspirera a tous la volonté d'y concourir
généreusement.
'Jamais devoir plus pressant ne s'estimposéa
votre piété ni a votre patriotisme. Nous insis.
tons sur cette considération, et nous emprun-
tons, quant au sens, a eet effet, et nous faisons
nötres, en les adaptant a notre situation, les pa
roles que le saint et savant pontife qui gouverne
l'Eglise de Dieu, Léon XIII, adressa, il y a peu
de mois, a son Gardinal-Vicaire et par lui au
clergé et aux fidèles de Rome. La défense de
la vérité et de la religion nous incombe a tous,
clergé et fidèles; ls succès de la défense dépend
tout particulièrement de Fabondance des secours
pécuniaires dont elle disposera. Quant a nous,
nous sommes résolus a concourir, aussi large-
ment que nous le pourrons, a cette oeuvre catho
lique par excellence; nous y consacrerons toutes
nos ressources diocósaines et personnelles. Mais
que sont ces ressources si limitées au prix de
dépenses si considerables? Nous avons besoin
du concours, d'un large et génóreux concours de
nos ouailles.
Déja, il est vrai, en Belgique, depuis 1830,
nombre de families, chez lesquelles la naissance
et surtout la foi OBLIGENT, ont établi et main-
tiennent a leurs frais des écoles oü les enfants
puisent une instruction appropriée a leur condi
tion sociale, en même temps que la connaissance
de la doctrine catholique, et la pratique des
vertus chrétiennes- Mais il faut généraliser ces
bienfaits exceptionnels, et ils ne sauraient être
étendus partout que par le concours de tous.
Aussi espérons-nous, sommes-nous certains
osons- nous dire, que les catholiques beiges, ani-
més de l'esprit du bien et de l'amour de Dieu et
des ames, surtout ceux a qui la Providence a
donnó une large part des richesses de la terre,
convaincus comme ils doivent l'être, de la
nécessitó absolue et urgente de pourvoir le jeune
age d'écoles chrétiennes, se feront un devoir
et un honneur de nous fournir le moyen d'en
établir dans toutes les paroisses oü elles seront
nécessaires et de les entretenir.
Nous n'avons pas besoin de stimuler l'émula-
tion de notre clergé dans ce concours de tous les
lidèles a la création et a l'entretien des écoles
catholiques. Le clergé beige ne se laissera vain-
cre par personne en générosité ni en dévoue-
ment. Le sacerdoce catholique a toujours figuré
a la tête de toute oeuvre entreprise pour l'hon
neur de Dieu et le bien des ames: les glorieuses
traditions du clergé beige attestent avec éclat
combien il a toujours nobleraent compris sa
sublime mission, et disent comment il la rempiira
dans les circonstances présentes. Nous connais-
sons déja, de Ia part de nombre de nos prétres
relativement pauvres, des actes admirables de
charité en cette matière.
Si tous, px'êtres et laïcs, ne peuvent participer
a cette oeuvre par des largesses, il en est bien
peu qui ne puissent s'y associer par une aumóne
dequelques centimes par semaine, par année, et
tous y peuvent concourir, soit en rappelant aux
pères et aux mères de familie le trés-grave de
voir qui leur est imposé d'ólever ehrétiennement
leur familie, soit en euseignant les prières du
chrétien et le catéchisme aux petits enfants, soit
en embrassant eux-mêmes les fonctions de.mai-
tres ou de maitresses d'école. A l'oeuvre done,
N. T.-C. F., a l'oeuvre DIEU LE VEUT
Donnó a Malines, le 12 Juin 1879.
t VICTOR-AUGUSTE, CARD. DECHAMPS,
Archevéque de Malines.
f THEODORE, Evêque de Liége.
t JEAN-JOSEPH, Evêque de Bruges,
t HENRI, Evêque de Gand.
t THÈODORE-JOSEPH, Evêque de Namur.
t EDMOND, Evêque de Tournay.