ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT.
SAMEDI 20 Juillet 1879.
10 centimes Ie numéro.
14° année. N° 1416.
On s'abonne rue au Bcurre, 66, k Ypres, et a tous les bureaux de poste du royaume
Resume politique.
FRANCE. La Patrie dit tirer (Tune
source autorisée une nouvelle qui, si elle est
exacte, ne compliquera pas peu les embarras
du gouvernement francais
Si M. Blanqui n'était pas réélu ;t Bor
deaux, trois radicaux sont décidés A donner
lour demission et ;i provoquer la triple élec-
tion de Blanqui dans ces colléges électoraux.
Les trois députés sont MM. Clémenceau,
Bonnet-Duverdier et Emile-Brutus Bouchet.
Paris, Lyon et Marseille.
MM. Laisant et Madier de Montjau ont,
croy.ons-nous savoir, vivement insisté auprès
de leurs collègues de l'extrême gauche afin de
les-faire revenir sur cette décision; maisils
n'ont pu y parvenir.
ANGLETERRE. Le Standard annon
ce que M. Shaw, le leader des IIome-Rulers,
proposera un amendement au bill d'enseigne-
ment supérieur pour Flrlande, demandant
des modifications dans le réglement général
d'enseignement secondaire, afin de rendre la
nouvelle loi acceptable pour les membres
irlandats du Parlement.
D'importantes nouvelles nous arrivennt
du Zoulouland. L'armée britannique a rem-
porté une grande victoire. Une dépêche offi-
cielle de Cape-Town (voie de Saint-Ymcent)
en date du 6 Juillet annonce que Cetewayo
n'ayant pas accepté les propositions de lord
Chelmsford et ayant fait tirer sur farmée an-
glaise, le général britannique s'est avancé le
3 juillet vers les positions de fennemi et a
complétement battu les' Zoulous, dont les
pertes sont énormes. Ulundi a été pris et
détruit.
ÉTAÏS-UNIS. Le gouvernement de
New-York a regu un avis qui constate que de
nombreuses bandes d'Indiens s'unissent au
chef Sitting Bull, avec lequel elles paraissent
vouloir faire une démonstration contre le gou
vernement.
La fiève jaune continue ses ravages a
Memphis.
Le ministre d'Haiti apprend que le pré
sident B. Canal a abdiqué; l'élection d'un
nouveau président aura lieu prochainement.
Discours prononcé par M. Berten,
k la Chambre des Représentants, contre
le projet de loi d'impöt sur la plantation
du tabac indigène, en séance du 22 Juil
let 1879.
Discours
prononcés par Mgr Dchacrnc
et M. Struye,
la Chambre des Représentants, lors de la
discussion des cródits sollicités pour tra-
vaux d'utilité publique, en séance du 23
Juillet 1879.
Journal d'Ypres,
Le JOURNAL, D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
I,e prix do l'aljonnementpayable par anticipationest de 5 fr. 50 c. par an pour tout
la pays; pour l'étranger, le port en sus.
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Les articles et communications doivent être adressés franc de port a l'adrbsse ci-dessus.
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Pour les annonces de Franco et de Belgique (excepté les 2 Flandres) s'adrosser a 1 'Agcnce Iiavas
LaffiteetCi0 Bruxellos, 89, Marché aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse.
M. Berten. Messieurs, après les discours
prononcés par mes lionorables collègues, MM.
btruyc et Tack, il me reste certainement peu
de chose a dire et j'aurais pu me dispenser de
prendre la parole sur la proposition d'imposer la
culture du tabac indigène, si je no tenais a moti-
ver mon vote sur eet impót, que je considère
comme établi sur uaa fausse base.
Ce n'est certainement pas en ce moment, oü
l'agriculture souffre tant do la concurrence dó-
sastreuse qui lui est faite par l'Amériquo, qu'il
y a lieu d'imposer une taxe nouvelle a notre agri
culture.
Le gouvernement devrait, au contraire, faire
tout ce qui est possible pour protéger l'agricul
ture et spécialement la culture du tabac et des
autres plantes industrielles, seule ressource
restante pour sauver la fortune agricole de la
ruine dont elle est menacée par la crise qu'elle
subit actuoliement.
C'est done a tort, d'après moi, quo M. le mi
nistre des finances, cherchant ajustifier, dans
l'Exposé des motifs, son projet d'impöt sur la
culture du tabac, émet la craiute qu'un droit
plus élevó, grevant le tabac étranger, provoque-
rait vraisemblablement un développement con-
sidérable de la culture intérieure, au détriment
du chüfre de. nos importations II me parait
que, loin de craindre ce dóveloppemént, il y a
lieu de le favoriser, quand bien mèrne l'importa-
tion du tabac étranger subiraitmomentanément
une diminution.
Au surplus, cette, pré vision ne pourrait soréa-
liser que pour les tabacs d'une qualité équiva
lente a celle produite par notre culture indigène
et ne s'étendrait nullement aux autres tabacs.
A cette occasion, je ferai remarquer que les
tabacs étraugers sont indistinctoment imposés au
même droit d'importation, quelles que soient
leur qualité et leur valeur. Est-iljusto de perce-
voir un im'pöt uniforme sur lïmportatioo de eeux
valant seulement 50 francs les 100 kilogrammes
et sur les qualités se payant jusqu'a 500 francs
L'augmentation du droit d'importation n'aura
aucune influence sur ceux-ci, tandis qu'elle sera
sensible sur ie.s autres: il en résulte que le tabac
de la pipe du pauvre sera grevé d'uno taxe égale
a celle percue sur le fin cigare du riche.
II me parait évident que ce n'est pas dans cette
taxe uniforme d'importation de produits de va
lours si diverses qu'on peut trouver la propor-
tionnalité de l'impöt dont on voudrait frapper
la culture indigène, laquelle ne produit quo des
tabacs d'une valeur ne dépassant pas, en moyen
ne, de 80 a 90 francs les 100 kilogrammes.
Jo crois inutile, messieurs, do vous démontrer
qu'en imposant la plantation du tabac, on n'at-
teindra pas, commeM. le ministredes finances le
soutenait dans son discours de Jeudi, le con-
sommateur du tabac; mais, en réalité, seulement
le cultivateur, chargé du montant de l'impöt,
sans pouvoir le recouvrer lors de la vente do son
produit, qu'il est la. plupart du temps force de
céder au prix offert par le nógoce, qui, lui, pro-
fitera du droit, au détriment du fermier, qui l'au-
ra payó.
Les orateurs qui m'ont prócédó ayant sufiisam-
ment prouvó et établi l'énorraitó de la taxe, je
ne m'ótendrai pas plus longuement a eet égard.
Je ne puis cependantme dispenser d'observer
que les terres oü se cultive le tabac étant assu-
jetties, comme toutes les autres, a {'impót fonder,
il parait impossible de justifier la taxe excep-
tionnelle dont 011 voudrait les grover a cause de
cette plantation.
Si ce nouveau système devait s'étendre succes-
si vement aux autres plantes industrielies, leur
culture deviendrait entièrement impossible et
nous rendrait tributaires dc l'étranger.
L'importance de cette taxe exceptionnel-le,
atteignant et dépassant même la valeur locative
moyenne, l'Etat fiuirait par prólever des droits
ógaux au revenu du sol, soit ceux d'un usufrui-
tier.
Et c'est un tel impót que M. Ie ministre quali-
fle des plus inolfensifs, d'une extréme modicité,
insignifiant et aussi léger que possible, ajoutant
que les occupants des 1,700 hectares qui se plan
tent annuellement en tabac, n'auront certaine
ment pas a se plaindre.
Je suis d'autant moins de son avis quo la plan
tation se rópartissant inégalement dans les di
verses parties du pays, la charge nouvelle ne
pèserait pas proportionnellement sur les diver
ses provinces, mais, au contraire, particulière-
ment sur la Flandre occidentale et tout spéciale
ment sur certaines communes de l'arrondisse-
ment d'Ypres, lesquelles supporteraient a elles
seules prés du quart de la taxe nouvelle.
J'ajouterai que la contribution foneière a tou-
jours été et est encore plus élevée dans la Flan
dre qu'ailleurs.
Aussi, 110 doit-ou pas s'étonner que le projet
de loi ait soulevé dans la Flandre occidentale
de nombreuses reclamations de ia part des culti-
vateurs.
Indépendamment do ces róelamations si fon-
dóes, il s'en est produit d'autres. L'association.
agricole d'Ypres, dans la petition qu'elle a pré.
sentóe a la Chambre, proteste, au nom de l'agri
culture, contre le nou vel impót.
Enfin, le conseil provincial de la Flandre occi
dentale, après s'étre longuement occupé de l'im
pöt. sur la platatiou, a adopté, dans sa séance du
10 de ce mois, les conclusions du rapport tendant
émettre auprès du gouvernement le vosu de
supprimer du projet de loi sur les impóts le droit
sur ie tabac indigène.
J'estimo que lemode d'imposition, propose sur
lo tabac indigène, repose sur une mauvaise base
et que l'essai qu'en ferait le gouvernement com-
promettraitgravementnon-seulement sa culture,
mais aussi la fabrication qui procurent le bicn-
Stre aux petits cultivateurs et au grand nombre
d'ouvriers qui y sont employés.
En consequence, j'ómcttrai un vote négatif 011
ce qui concerne l'impöt sur te tabac iudigène tel
que eet impót est propose.
M. de Haerne. Messieurs, il s'agit surtout
de cbomins de fer et do voies navigables dans le
projet de travaux d'utilité publique qui nous est
soumis. Ges travaux sont concus dans le but de
favoriser l'agriculture, l'industrie et le commerce.
Ces trois branches de la prospérité publique
s'enchaïnent en Belgique plus que dans aucun
autre pays.
Ces travaux sont productifs sous deux rap
ports.
D'abord, en augmentant la prospérité du pays
Ensuite, en donnant directement ou indirecto-
ruent une compensation au trésor public.
Tous les pays font plus que jamais des sacrifi
ces dans le but do développer l'agriculture,
l'industrie et le commerce.
C'est ainsi, Messieurs, que l'art est venu au
secours, de la nature, en améliorant les voies
navigables providentielles par des voies artifi-
ciolles, les fleuves par des canaux.
C'est ce qu'avait fait la France par sou grand
canal du Midi, par son canal de St-Quentin, etc.
C'est ce qu'on a fait aussi en Belgique.
Un double travail semblable nous est proposó
aujourd'hui dans le projet de loi. II consiste a
relier d'un cötó le bassin de I'Escaut a celui de la
Meuse par un canal de jonction de Mons a Char
leroi et lo bassin de l'Yser a celui de I'Escaut,
par le canal de la Lys a l'Yperlóe.
C'est ainsi qu'on compléte les communications
hydrauliques de nos fleuves par des voies navi
gables qui les coupent transversalement.
J'ai dófenduce second travail depuis 1832, dans
cette enceinte.
Quant au premier, j'en ai pris la défense dès
qu'il nous a été annoncé.
Us sont appelés l'un et l'autre k développer
l'industrie, inséparable de l'agriculture en Bel
gique.
Le canal Lys-Yperlóe doit, par le bon marché
de la houille, favoriser l'industrie, surtout dans
le district d'Ypres, oü il est prouvó qu'ello n'est
possible que par ce canal, qui aura pour objet
d'abaisser considérablement lo prix des produits
du Hainaut, charbons, pierres de taille, paves,
cendres, etc. C'est l'effet qu'a produit le canal do
la Mandei pour l'arröndissèment de Roulers.
II doit résulter également de ces transports a
bon marché, un grand avantage pour l'agricu If ure
de cette contrée, appelée autrefois la West-
Flandre; et le canal d'Ypres aura aussi pour
résultat de diminuer Immigration de nos ou vriers
vers la France. En 1S77, les emigrations de la
Flandre occidentale ont excédó les immigrations
do 765 individus.
Le canal d'Ypres est un ouvrage oü le gouver
nement a dója mis plus de 2 millions et qu'on ne
peut pas laisser inachevó, pas plus que lo nou
veau palais de justice, par exemple.
Lo principal motif qu'on allógue en faveur du
canal de jonction du bassin de I'Escaut a celui de
la Meuse au Midi, c'est la nature différente des
bouilles de Mons et du centre.
Pour le canal d'Ypres, il s'agit de toutes les
espèeos de charbons et d'autres produits, dont il
faut f'aciliter le transport en faveur de l'industrie
et de l'agriculture.
Jefólicite M. lo ministre des travaux publics
d'etre entré dans cette voie, en continuant l'ceu-
vre de ses prédécesseursje le félicite particu-
lièrement de ce qu'il propose pour le canal agri
cole et industrie! de Lys-Yperlóe, qui a pour
objet de relier le bassin de l'Yser a celui de
I'Escaut, comme le canal de Mons a Charleroi,
dans un but semblable, doit établir une jonction
pour le Midi, entre I'Escaut et la Meuse.
M. Struye. Messieurs, je n'ai qu'a confirmer
les considérations prósentées par mon honorable
ami, M. de Haerne, al'appui des-propositions du
gouvernement, qui ont pour but l'achèvement et
la reprise du canal de jonction de la Lys a
l'Yperlée.
II y a deux choses sur lesquelles tous ceux qui
se sont occupés de la question semblent parfai-
tement d'accord c'est la nócessitó de pourvoir
immódiatement a l'achèvement du canal de jonc
tion; c'est l'impossibilité morale de prononcer la
déchéance de la socióté concessionnaire.
Des événements de.force majeure, qui, équita-
blement, ne peuvent, lui être imputés, l'ont em-
pêchée de satisfame complétement a ses engage
ments. Des éboulements extrêmement conside
rables, qui se sont produits dans le bief supé
rieur, la faillite de la Banque appelée a fouruir
la part la plus considórable de la mise des con-
cessionnaires, le changement de tarif des canaux,