ORGANE CATHOLIQUE DE L'A RRONDISSEMENT.
SAMEDI 2 Aoüt 1879.
10 centimes le numéro.
14e année. N° 1418.
On s'alionne me au Béurre, 66, a Ypres, ct a tons les bureaux de poste du royaume.
Résumé politique.
PAYS-HAS. Le ministère n'est pas
encore constitué.
11 parait de plus én plus certain que le
Roi Guillaume ne veut pas entendre parler
(j'uiie revision de la Constitution et qu'il per-
siste dans son opinion que la loi sur Fensei-
gnement ne peut pas être introduite avant ([ue
les dépenses considerables qu'elle causera ne
puisseut être couvertes par le Trésor.
FRANCE. L'ensemble du projet de
loi-Ferry a été rejeté par la commission du
Sénat, par G voix contre 2 et une abstention,
M. Jules Simon a été élu rapporteur.
Le Sénat ne passera k la discussion de ce
projet qu'après les vacances. Lc retard pro-
vient de l'examen du projet de loi sur la
reorganisation du conseil supérieur d'cnsei-
gnement. Une série d'amendements a été
déposée par les membres de la miiiorité. La
discussion qu'ils soulèvent sera longue.
-r-r- GRIENT. La Turquie, FAugletcrre
et la France sont d'accord au sujet des affai
res d'Egypte. Les priviléges du firman de
.1873 sont maintenus. L'Lgypte conservera le
droit de conclure des conventions 'internatio-
nales; mais d'autre part le tribui a payer au
Sultan sera augmenté.
Une solution favorable des affaires
grecqucs n'apparait pas procliaine. La France
a pris une position qui menace d'amener des
difficultés.
EMPIRE ALLEMAAL)M. de Ben-
nigsen se retire de la scène politique. Cette
retraite portera uil eoup très-sensible au
parti national-libéral. Tout le monde est d'a-
vis qu'elle ne fera qu'augmenter la désorgani-
satioridéja si profonde de ce parti.
Lc prince de Bismarck, projette de uou-
vclles réformes. L'une des p'rincipales est le
vote du budget pour deux ans. Le prince est
sur, parait-il, de les faire accepter parle
Parlement.
Rien de positif au sujet du Kulturkampf
ni du modus vivendi a conclure avec l'autorité
religieuse. A lire les journaux iibéraux, les
catboliques ne sont pas sans espoir.
L'Empereur se rendra k Mctz après les
grandes manoeuvres d'automne en Alsace.
AETRIGHL. Les difficultés intériéu-
res nc sont pas applanies. La question Tcljè-
que se présente sous une nouvelle face.
RUSS1E. Le gouvernement impérial
suscite des tracasseries aux populations de la
Pologne. Ces 'chicanes font supposer l'inten-
tion de pousser la population a bout, pour lui
faire commettre quelque démarche incönsi-
dérée qui motiverait une repression et détour-
nerait les yeux de ce qui se passe k i'inlérieur
de la Russie.
Les nihilistes continuent leurs sinistres
exploits. Les incendies et les crimes ne sont
pas arrêtés par les rigoureuses mesures de
police.
ITALIË. Un complot dans le sens
républicain vient d'être découvert. Le gou
vernement a décidé T'expulsion des ouvriers
ëtrangers, affiliés a des sociétés politiques.
AFRIQUE. Ceitwayo après la dé-
faite que les troupes anglaises lui ont inffli-
gée s'est retiré a fiulérieur du pays. Les an
glais ne se. montrent guère disposés a le
Suivre
La paix n'est done pas conclue el, la situa
tion restera précaire.
IN' touchez pas au tóub'aque.
C'est en ces termes, bon wallou que
le Proyrès linissait, il y a quelques jours, un
article soleunel inlitulé: L'impót sur le tcibac.
Le journal de M. Carton et C'" de l'Associa-
tion libérale se lamentait sur les résullats
politiques qu'un impöt aussi impopulaire de-
vait nécessairement produire, On irritevait
le cultivatéur, qui verrait pour la première
fois l'agent du lisc venir mesurer sa terre;
On ferait crier comme un brülé le consom-
mateur, qui ne paierait, il est vrai, que
quelques centimes de plus, mais qui se
lamenterait comme s'il payait dix fois
davanlage; on donnerait enfin k nos adveij-
saires une. arme puissante contre l'opiniojn
libérale.
Voila le grand mot laché.
Les intéréts de l'Agriculture, c'est autre
chose: excellente enseigne; on en parle pour
jeter de la poudre aux yeux.
File couvre si bien les intéréts de l'opinion
libérale.
Malgré les objurgations du Proyrès et la
pétition si flambantê de l'Ass'oeialion agricole,
présidéc par le seigneur de Kruip in (Caarde,
pasun liberal a la Chambre et au Sénat qui
ait voté contre l'impót sur le tabac, pas un
qui ait défendu la culture de cette plante, uue
des scules qui donno au fermier un bénéflee
k peu prés certain.
L'avenir de l'opinion libérale avail si bien
brouille les idéés du Proyrèsque dans le
même numéro il dégringölait de conlradic-
tions en contradictions.
Le calmë est loin d'y être rént'ré.
11 en est venu a invoquer le lémoignage de
M. Malou!
Le Proyrès s'abrilant sous les arguments
de M, Malou!
Carton, l'eusses-tu cru
Ce n'est pas tout.
Quant a nous, dit-il, notre programme
se résumé en quelques mots: Tout, plulót
que l'impót sur le tabac, fut-ce le rétablis-
sement de l'impót sur le sel.
II va bien.
L'impót sur le sel qui vient retomber de
tout son poids sur la classe ouvrière, sur le
petit peuple; plulöt celui-la!
Dans l'idéë du Proyrès cela se comprend,
le petit peuple n'est pas électeur.
Mais pas d'impöt sur le tabac. Le cultiva
téur devra le payer, et le cultivatëür est sou
vent élebteur.
Les intéréts de fagriculture cependant sont
sérieusement engagés.
Lo gouvernement liberal établit un .impöt
de fr. 4 30 par are, soit 150 fr. a l'hectare
ou fr. 65-85 a la mesure.
En fait lë fermage de la terre est doublé et
dans quelques communes de notre arrondis
sement plus que triple. Car bien des terres,
oü la culture du tabac donue un rendement
raisonnable, som, affermées au prix de 40 fr.
la mesure.
L'impót doit être payé par le fermier.
Celui-ei pourra-t-il, dans la situation qu'on
lui connait, élever d'autant le prix de sa ré-
colte? Evidemment non.
if n'est pas a même d'altendre que le fabri-
cant lui paie le montant de ses.exigences. II
a besoin d argent pour solder l'acliat de ses
engrais,' pour satisfaire aux conditions de
son bail.Les autres produits du sol ne donnent
plus un prix rémunérateur. Le bétail lui-
même, cette grande ressource, va manquer
en presence des importations de bétail amé-
ricain que le ministère liberal s'obstine k
laisser entrer sans précautions sérieuses.
Done le fermier paiera l'impót presqu'en
entier.
Quel sera le résultat de ce malheureux im
pöt? La disparition de la culture du tabac,
iuopntestablement.
Ou pompte dans notre arrondissement en
viron 400 hectares plantés annuellement en
tabac. Nous aurons done a payer 00,000 fr.
soit environ le i/t de la somme prévue en
recettes par notre bionfaisant gouvernement.
L'impót enlèvera presque tout le bénéllce
quo rapporle cetle culture.
Qu'on l'asse le compte. Mettous un produit
moyen de 2,500 kilos de tabac k fbeetare,
vendu en moyénne 400 fr.; le total de la re
cette est done 2,500 fr.
C'est un rendement supérieur k la moyenne
indiquée par l'exposë des motif's.
On peut, sans exagération, ëvaluer la
main d'oeuvre, les engrais, le fermage et les
contributions k 2,300 fr.
11 reste un bénéfice de 50 fr. pour le fer
mier, e'est-k-dire'pas mêmeTintérêt du ca
pital engagé.
11 y a bien d'autres motifs eqqor/qpour
prévoir que les consequences seront désas-
Ireuses pour les communes oü les terres
produisent un tabac convenable.
L'impót est mal établi. S'il frappait le pro
duit, tant par kilo, par exemple, cha-
cun paierait d'après les résultats de sa récol-
te. II n'en est pas ainsi.
L'espace cultivé sert de base k l'impót;
fr. 4-50 par are, et d'après l'art. 16 l'impót
est dü sur la superficie totale des parcelles
indiquées dans la declaration.
II en résulte que celui qui réooltera 3,000
kilos k l'heetare paiera la même somme que
celui clont la récolte ne s:élèvera qu'k 1,500
kilos.
11 en résulte aussi que les parcelles entou-
rées de fosses parfois indispensables pour
l'écoulement des eaux, paieront d'après la
supet'licie totale, tout comme celles oü les
fossés! nëxistent pas.
Voila quelques-unes des conséquences de
l'impöt. Files sont importante® pour l'Agri
culture.
La crise intense que nous supportons de-
puis quelques années n'est pas prés de finir.
Un nouvel élément vient s'y ajouter.
Nous le devons au ministère libéral.
Lors de son avénement, il allait tout gué-
rir. C'était une panacée universelle.
Ilélas! nous en savons déja quelque chose
et la. suite ne nous promet rien que des
désastres.
11 résulte des documents fournis par lo
gouvernement a la section centrale de la
Chambre, chargée d'examiner la loi de tri-
cherie électorale, qu'en Belgique, les campa
gnes comptent 3,971,385 habilants,, et les
villes 1,364,880.
Soit 74 i/2 pour cent, k la campagne, et
25 1/2 pour cent en ville.
M. Graux a déclaré, il y a huit jours, au
Sénat que les villes comptaient 50,000 élec-
tcurset les campagnes 06,000, soit 57 pour
cent li la campagne et 43 pour cent en ville.
Journa]
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