ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT. MERGREDI 20 Aoüt 1879. 10 centimes Ie numéro. 14" année. N° 1423. On s'abonnc rue au Beurre, 6B, a Ypres, ct a tous les bureaux de poste du royaumc. Résumé politique. ROME. L'admirable encyclique de Léon XI11 excite dans tous les rangs de la presse libérale un long et furieux cri de liaine. Depuis lo'ngtemps, cette presse s'était habituëe a considérer la philosophie comme I'auxiliaire de son impiété paree que très-gé- néralemcnt le oom de philosophie se confon- dait avec le rationalisme. Qui disait philo- sophe disait rationaliste, et rationaliste ne se pouvait plus concevoir que dans une accep tion radicalement impie. L'illustre Lacor- daire lui-mème réservait cette épithète aux incroyants pour les distinguer des clirétiens. Aujourd'hui rationalisme veut dire indépen- dance absolue de la raison humaine. Le libéralisme considérait done la philo sophie comme sa chose, et Ton comprend tout it la l'ois sa stupefaction et sa eolère au moment oü le Rape vient revendiquer cette chose pour lui rendrc son usage et sa desti nation naturelle, pour en faire en un mot ce qu'elle n'avait cessé d'etre dans toutc la du- des siècles ehrétieus, la servanle de la théologie. Car telle est hien la pensée et la volonté de Léon XIII dans cette magnifique encyclique qu'un de nos confrères appelle une inspiration d'en haut empreinte d'tme marque providenlielle. Jamais la parole du Rape n'a retenti avec plus de force et d'op- portunité. C'est a tel point vrai que le libéra lisme, bon juge en cette matière, a déja dé- cerné a facte pontifical le titre de Nouveau Syllabus et que toute sa presse en parle aujourd'hui dans ce sens, ne pouvant se con soler ni du coup portë it ses fetiches les plus en vogue ni du secours puissant et tout it fait victorieux soudainement donné k l'apologé- tique clirétienne. Aussi Léon XIII, sur qui pourtant le libéralisme avait fondé de si bel les espérances, est-il décidément voué ;j Pexé- cralion libérale. Eh oui, voilk bien la chose dans toute sa vérilë. Les doctrines rationalistes, éclecli- ques étaient en train, nous venons de le dire, de s'infiltrer partout, en philosophic comme en politique, quand par un coup rapide' et brusque, le Rape est venu faire une invo lution compléte dans le domainedes intelli gences. Rartout une pensée satanique avait inspirë aux ennemis de Dieu de combaltre la religion au norn de la philosophie, de la rai son et de la science. Avec une incomparable clarté de demonstration et une vigueur de dialectique ahsolument irresistible, Léon Xlli prouve qu'aueune opposition ne saurait exis- ter entre la religion, la raison, la science et que la divinité de la religion étant ce qu'il y a de plus rationnellement démontré, c'est de la religion qu'il fuut partir pour marcher a la conquête de la science. Telle était la for mule antique que noire siècle impie a contes- tée fides queer ens intelleetum. Le Rape la remet en honneur avec la doctrine de S. Tho mas. Tous les progrès de la science moderne, ifles évoque, il les prend dans ses mains, il les bénit; mais en rappëlant k tous que le premier des devoirs du savant est la soumis sion k la foi. Comme Tertullien, il dit impli- citement a ces derniers: En fait de science comme en fait de discipline, quoi que vous en ponsicz, vous n'êtes pas mes pairs. 11 le dit et il le prouve avec un tel accent d'auto- rité, que le libéralisme lui-mème ne songe pas k s'inscrire en faux contre ses paroles. Voilk pourquoi la presse libérale rugil. Elle sent lui échapper cette marotte de la scien ce cette rengaine sléréotypée dont elle a tant et si ridiculement abusé La presse libérale répand sur l'état de santé de Sa Sainteté Léon XIII, les bruits les plus absurdes. Elle renouvelle le jeu qu'elle jouait du temps de Rie IX. Graces a Lieu, Léon Xlli n'en est pas la de disparaïtro. Toutes les nouvelles imaginées par les gazet- tiers révolutionnaires sont ahsolument haus ses. AUTRICHE. Rien de certain jus- .qu'ici sur la démissiou du cointe And.rassy. La chose parait probable. line grande réunion du parti libéral aura lieu k Linz, le 31 Aoüt. 11 s'agit d'arrêter une ligne de conduite cn rapport avec le change ment survenu dans la situation politique. Un immense inccndie a éclaté h Szege- din. Une grande partie de ce qui existait de cette malbeureuse ville a élé détruite. RULGAR1E.- A peine le pays est-il constitué, qu'il éprouve déja tous les agré- ments du régime parlementaire. M. Disralli, lors de la guerre d'Orient, signalait la force d'action des sociétés secretes. Voici une nou velle preuve de la vérité de son assertion; L'assemblée nationale de Bulgaine possède une majorité radicale. Son premier acte, c'est dé mettre en accusation le ministère oonservataur, nommé lors de l'avénement du Rrince Alexandre. Une motion doit être pré- sentée en ce sens. AMËRtQUE. Troubles séricux au Canada au sujet de la nomination d'un fone- tionnaire supérieur. i.'idée de réunir cette colonie anglaise au Etats-Unïs gagne du terrain. EGYPTE. On signale l'avénement d'un nouveau ministère. TURQUIE. Les négociations pour la delimitation des frontières grecques semblont devenir plus sérieuses. Le Sultan va nommer une commission pour le controle financierde laTurquie.d'Asie. FRANCE. Ouverture des sessions des Conseils généraux. Les républicains pos- sèdent la majorité dans 37 departements, les monarchistes dans 33. Les républicains out gagné quatre siégeset perdu un. Collége St-Vincent de Paul. DISTRIBUTION DES RR1X. Samedi a eu lieu cette solennité toucbante qu'élèves et parents aiment tant k revoir.Rour les unscommencent les vaeaneestemps de repos justemetit mérité, cl les aulres se réjouissent k la vue des succès obtenus ct des recompenses gagnées. Sa Grandeur Mgr Faict, évêque de Bruges, avait délégué M. le chanoine Sjoelt, membre de son couscil, pour présider la cérémonie. L'assistance était nombreuse. On y re mar- quaitMM. le chanoine Boone, baron Surmont de Yolsbërgbe, sénateur, Riebuyck et Struye, représeutants, M. le baron de Vincket Iweins, conseillers provineiaux, vicomte du Rare, presque tout le clergé du doyenné. Notre excellente Fanfare catholique avait prêté sou gracieux concours k cette fête. La distribution des Prix a été précédée de divers exercices de chant et de declamation. Des élèves ontexécutédivers cboeursparfaite- ment rendus et la jeuneSymphonie dn Collége a débuté d'une maniére digne d'éloges. Nous pouvons féliciter les musiciens et les profes- seurs qui les dirigent. Notons quelques couplets intitules Kinder zang en Kindergroet; écrits dans cette bonne laugue ilamande si simple et si fraiche. Nous uevons signaler ici une innovation considerable.Au lieu de doimer l'uneou l'autre production de la littérature moderne, les élèves out représeuté un drame d'Escliyle. Les Ckoéphores. Cc drame forme la seconde pm'tie de l'Orestie, Ia célèbre trilogie d'E scliyle. Agamemnon, roi d'Argos, tué par sa femme Clytcmnestre, devait, selon les décrets des dieux, être vengé le sang dc- mandait du sang et le meurlre demandait le meurtre. G'était la loi fatale qui nécessitait l'éternel enchaincmcut des crimes ct des vengeances. Oreste, lils d'Agamemnon et de Clytemnestre, chargé par l'oracle de venger son père, revient de 1'exil. II trouve Electre, sa soeur, persécutée dans le palais de ses aieux, et prés du lombeau d'Agamemnon, il tue Egisthe, l'usurpateur, et Clytemnestre, l'épouse et la mère criminelle. Mais en le faisant il commet un crime, dont le chati- ment s'annonce déjk par d'effrayantes visions. Au commencement du drame, on voit sor- de la maison des Atrides un long cortége d'esclaves en deuil. Ce sont les Choéphores ou porteuses de libations. Elles fornient le Gheeurdont les allées ct venues continuelles font la strophe, l'antistrophe et l'épode. Le Ghcour reste sur la scène pendant tout le drame et, par le Coryphee ou par d'aulres, dit-ou cbante ses prophéties et ses lamenta tions. Les jeunes acteürs öht joué avec. sentiment et fait ressortir les beautés de l'auteur grec. Mais quel drame étrange! II faut connaitre le théatre grec, ses moyens d'action, ses pro cédés de mise en scène pour pouvoir com- prendre complétemcnt la pensée de l'auteur. il faut surtout connaitre les idéesrréiigjeuses de l'antiquilé grecque, sa morale, ct comment elle conqirenait la justice. Ouoi qu'il en soit, nous ne saurions blamer les representations de ce genre de pieces. Au point de vue de l'instructiou, elles ofrent certainement le grand avantage de faire mieux comprendre aux élèves les auteurs anciens qui leur sont expliqués. La distribution des prix a1 eu lieu ensüite. Rarmi les élèves qui se sont ie plus distingués nous avons remarqué MM. Jules Garrnyn, de Bcveren, Aimable Leuridan, Georges Basyn, Jules lat Grange, lion oré Rutaye, Alpbonse Bouquet, Jules Ramaut, Yor Van Eeeke, Gus- tave du Rare, Léon Vanaerde, Henri Copin, Gh. Van Haverbeke, Maximilieu Moerman, Maurice Yandermeersch et Félix Yandenpee- reboom La médaille offerte pat' l'Association des anciens profesSèurs et élèves du collége, a été obtenue par M. Jules Garrnyn, die Beveren. Un prix d'honneur a été accordé a M. G. Willcms, qui a passé avec succès son premier examen aux écoles spécialcs du génie civil. Le collége Sit-Vincent de Raul s'est distin- gué dans les concours généraux de l'année. Sur 86 concurrents élèves de Rhétoriquc, M. Georges IVillems, de Nederzwalm, a ob- tenu le ï"r accessit, et M. Jules La Grange, d'Ypres, le 2" accessit en version grecque. Sur 183 concurrents élèves de Sixième, M. Henri Copin, de Neuve-Eglise, a obtenu le 8" accessit en thême latin. L'eau potable. Plusieurs de nos abounds nous out deman- dé des renseignements au sujet de la source découverte a l'Ecole des Fricadelles. Nous ne pouvons pas satisfaire leur curiosité. Un pro fond my Stère règne dans ces parages. L'adminislration communale est très-em- barrassée. Elle a fait entreprendre des études approfondies qui dureront longtemps. C'est tout ce que nous savons et c'est tout ee que l'administration compte faire pour procurer de l'eau potable aux Yprois, Journal d'Ypres, Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le' Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipationest de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent tin Décembre. Les articles et communications doivent être adressés franc de .port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligne.— Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions jiuliciaires, 1 franc la ligne. Les nu'nióros Suppló- mentaires content 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France^et de Belgiquefexcepté les 2 Fiandres) s'adresser a YAgénóe Havas Lafjite, et C" Bruxelles, 80, M-arclie aux Herbes, et a Paris, 3, Place de la Bourse.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1