ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT. MERCREDI 3 Septembre 1879. 10 centimes le numéro. 14e année. N° 1427. On s'afeonne rue au Beurre, 66, a Ypres, et k tous les bureaux de poste du royaume. Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le.prix de Fabonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent tin Dócembre. Les articles et communications doivent être adressés franc de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Les numéros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Flandres) s'adresser a YAgence Havas Laffite, et Gie Bruxelles, 89, Marché aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse. Résumé politique. FRANCE. Blanqui a remporté une nouvelle victoire k Bordeaux, mals une vic toire incomplète. II a obtenu la majorité des suffrages exprimés: 3,939 voix sur 7,373 votants. Seulement, comme le cliiffre de cette majorité ëst inférieur au quart du nombre des électeurs inscrits, la loi exige qu'il soit pro cédé k uit nouveau scrutin. Déjk au mois de mai dernier, Blanqui a dü cöiirir la chance d'uh ballottage. Au premier tour, il n'avait quë 3,700 voix; au second, le peuple souve- rain, se mettant au-dessus de la loi qui dé- cla'rë l'ex-prisonnier de Clairvaux ineligible, le proclamait député par 6,793 suffrages. En sera-t-i 1 de mème dans quinze jours? Les op portunisten espèrent que non. Ils voudraient bieri que la question Blanqui fut enterrëe et cette cruelle épine arrachée du pied de Ma rianne. L'lndépendancetrès-habile, comme onsait, dans Part de concilier les convictions monarchiques dont elle fait parade chez nous parfois dans ses articles de fond, avec les sympathies républicaines et radicales qui éclatent chaque jour dans sa revue politique, lndépendance don'ne de salutaires avis aux frères et amis bordelais. Puisque les deux concurrents de Blanqui n'ont obtenu ensem ble que 3,226 voix, il faut que les républi- caSns nuance Gambetta-Ferry mettent en avant un candidat sérieux et qu'ils or- ganisent sérieusement l'élection afin que la victoire définitive reste au candidal de la dé mocratie qui veut le progrès continu, mais qui ne se soucie point de faire d'une succes sion indéfinie de sauts dans les ténèbres son principe et sa pratique politiques. Le con- seil a du bon au point devue de l'opportu- nisme; mais nous gageons qu'il restera lettre- morte. Si les Gambettistés bordelais avaient trouvé moyen d'empêcher l'élection du vieux conspirateur en lui opposant un candidat sérieuxapparemment ils n'eussent pas attendu un second tour de scrutin pour ren dre ce service signalé k la république. D'ail- leurs en supposant qu'en remuant ciel et terre ils parviennent k damër le pion aux Blanquistes, le facheux conflit entre la loi et 'a volonté du peuple souverain en sera-t-il terminé? Nullement. Si Blanqui échoue k bordeaux les intransigeants le feront élire ailleu'rs; k la première occasion. Ils ont juré que Blanqui sera député en dépit de la loi et de la Chambre, et ils sauront bien tenir leur serment. La question Blanqui ne sera tran- chée que lorsque la Chambre aura reconnu au suffrage universel le droit anarchiquë de 'te tenir aucun compte de la loi, c'est-k-dire '°rsqti'elle aura consenti k admettre dans son tein un inéligible. Et il faudra bien, bon gré mal gré, quelle en vienne lk. Issue du suffra ge universel, comment pourrait-elle s'obsti- ner k en méconnaitre les arrêts? Invalidé vingt fois, Blanqui sera réélu vingt fois, et après lui seront élus Rochefort, Lissagaray et d'autres héros de la Commune. C'est alors surtout qu'on verra la démocratie franpaise, si chère k 1'lndépendance beige, entreprendre une série indéfinie de sauts dans les ténè bres de far,on a casser une bonne fois le cou a la république. C'est une grace que nous souhaitons k celle-ci du fond du coeur, et qu'k défaut des intransigeants, les opportunistes sont déjk admirablement en train, par les lois Ferry et autres, de lui procurer. ALLEMAGNE. M. Cairoli, le chef du cabinet italien, a fait dernièrement une courte apparition en Allemagne. Certains journaux ont annoncé qu'il avait eu une en trevue avec M. de Bismarck. Cette nouvelle a été démentie. Mais les auteurs du canard ne se sont pas tenus pour battus. Ils ont amendé leur invention en prétendant que M. Cairoli avait en réalité dernandé une entrevue au chancelier, qui aurait refusé plus ou moins courtoisement de déférer k son désir. Cette seconde version est démentie par la Noord- deutsche allgemeine Zeitung, laquelle ajoute que ni d'un cóté ni de l'autre on n'a cherché a amener un échange d'idées. Rien n'est change. Le MÖhiteür de Dimanche ne contient pas moins de vingt-sept colonnes, toutes bour- rées d'arrêtés et de règlements nouveaux relatifs k l'enseignement primaire. Parmi ces arrêtés il en est qui mettent k la pension une douzaine d'inspecteurs canto- naux. Si nous sommes bien informés, plusieurs n'ont pas même été officieusement avertis de leur mise k la retraite. C'est par le Moniteur qu'ils ont appris que leurs fonctions ces- saient b dater de ce jour. - M. le colo nel Van Humbeeck confond souvent, parait-il, ses doubles attributions de ministre de la guerre et de ministre de l'instruction publi- que. II se sera dit qu'on met un inspecteur provincial k la pension comme on désigne un cheval pour la réforme. II suffit, du reste, de lire leurs noms pour se rendre compte que le motif d'age allégué pour expliquer leur mise k la pension n'est qu'un pur prétexte. La véritable raison de cette mesure c'est qu'ils ne donnaient pas au ministère des gages suffjsants de souplesse et de servilité, qu'ils n'étaient pas suffisamment pénétrés de l'esprit liberal de la législation nouvelle et qu'on avait lieu de les croire catholiques tout au moins de religion. Ce commentaire de la décision ministé- rielle se justifie bien mieux encore lorsqu'on vient a considérer quels sont les successeurs des honorables inspecteurs mis k la pension. On peut vraiment mettre ces fossoyeurs can- tonaux et provinciaux en un seul paquet, sous une étiquette commune. Ce n'est pas que nous songions k plaindre le moins du monde les hommes honorables dont M. le ministre de l'instruction publique a répudié le concours, au moment de la mise a exécution de la nouvelle législation sur l'enseignement primaire. Cette repudiation les honore bien plus que la distinction civique la plus élevée; mais, en même temps, elle atteste quelle involution profonde s'est opérée dans le régime de l'in struction publique. On aura beau dire désormais: rien n'est changé dans les écoles! Les actes parient plus liaut que les circulaires cafardes de M. le ministre de l'instruction publique. Tout est si bien changé que M. Van Humbeeck lni-mê- me trouve que son oeuvre ne peut pas mar cher avec la coopération des hommes qui ont rendu le plus de services et dont la présence dans l'administration des écoles offrait du moins aux parents chrétiens certaines garan ties personnelles. 11 lui faut des Gueux pour une besogne gueuse. VoilN la vérité vraie; mais nous le demandons k tout homme de bonne foi: dans de telles conditions, que devient la neutrality scolaire? Cette demoiselle est partie sans dou- te en villégiature avec M. Van Humbeeck pour le manoir de Rond-Chêne oü la familie Frère-Orban sera tout étonnée de voir débar- quer Son Excellence le ministre de l'instruc tion publique en compagnie d'une... comé dienne. Sont nommés Inspecteurs principaux dans la Flandre occidentale: MM. Vander Cruysse, actuellement inspec teur provincial a Bruges, Brouwers, actuel lement k Hasselt. Inspecteurs cantonaux: A Bruges, B. Mortier; Dixmude, D. Lagache; Ostende, V. Van Neste; Thielt, A. Vermeuwe; Courtrai, A. Renier; Menin, J. Stinissen; Roulers, F. Reynaert; Ypres, Dedeyne, Flor. Nous ne voulons pas apprécier la valeur de tous ces noms. Le personnel tout entier de l'Inspectiou scolaire ne nous inspire pas grande conlian- ce. Mais une nomination surtout nous étonne: c'est celle de M. Dedeyne, appelé aux fonc tions d'inspecteur k Ypres. Combien de fois n'avons-nous pas vu le Progrès reprocher k l'autorité ecclésiastiquc de nommer comme inspecteurs MM. les prin cipaux des colléges épiscopaux. Le journal libéral accusait Mgr l'Evêque d'agir de la sorte afin d'amener dans ses colléges les élè- ves des écoles communales. Le nouvel inspecteur d'Ypres est directeur de l'école communale de cette ville. Cela sul- fit. Tout ce que le Progrès a écrit lui retombe sur le nez. Avant de ffnir nous voulons rendre uti juste hommage k M. Grillaert. L'estime générale lui est acquise. II peut s'honorer d'avoir été l'objet de l'exclusivisme libéral. La moderation libérale. M. Piercot, bourgmestre libéral de Liège, tombe malade. Mgr de Montpellier, évéque de Liège, va immédiatement ie visiter et le consoler dans ses souffrances. La mort em- porte M. Piercot, et Mgr l'évêque assiste au service funèbre et prie pour fame du défunt. Dieu appelle k Lui le vénérable Prélat, qui est mort comme meurent les héros chrétiens. Invités k assister aux funérailles épiscopales, bourgmestre, échevins, conseillers commu- naux de Liège refusent brutalement l'invita- tion C'est ainsi que ces messieurs comprennent et pratiquent l'appel du Roi k la modération etk la conciliation. L'année dernière, Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, vient k mourir, et le ma ire de la ville, un libre-penseur, revendique Thonneur de tenir un des cordons du char funèbre et le conseil municipal au complet assiste aux obsèques de Mgr Dupanloup. Les édiles Liégeois ont éprouvé toiitefois un moment de vexation k leur grande sur prise, les honneurs mijitaires ont été rendus aux dépouilles mortelles de Mgr de Montpel lier, en vertu du décret de Messidor, et ils ont ignoré jusqu'k la dernière minute la déci sion du gouvernement, qui est due nous le savons a l'autorité royale. L'Etoile veut en faire revenir l'honneur au fossoyeur, qui est ministre de la guerre ad intérim. M. Van Humbeeck a eu k trans- mettre les ordres du Roi, et rien de plus. Nous ne lui contestons pas cependant sou röle il s'agissait de creuser une fosse pour y jeter un évêque, et il a du se prêter con amore k l'opération. Journal

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1