ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT.
MERCREDI 3 Septembre 1879.
10 centimes le numéro.
14e année. N° 1427.
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Résumé politique.
FRANCE. Blanqui a remporté une
nouvelle victoire k Bordeaux, mals une vic
toire incomplète. II a obtenu la majorité des
suffrages exprimés: 3,939 voix sur 7,373
votants. Seulement, comme le cliiffre de cette
majorité ëst inférieur au quart du nombre des
électeurs inscrits, la loi exige qu'il soit pro
cédé k uit nouveau scrutin. Déjk au mois de
mai dernier, Blanqui a dü cöiirir la chance
d'uh ballottage. Au premier tour, il n'avait
quë 3,700 voix; au second, le peuple souve-
rain, se mettant au-dessus de la loi qui dé-
cla'rë l'ex-prisonnier de Clairvaux ineligible,
le proclamait député par 6,793 suffrages. En
sera-t-i 1 de mème dans quinze jours? Les op
portunisten espèrent que non. Ils voudraient
bieri que la question Blanqui fut enterrëe et
cette cruelle épine arrachée du pied de Ma
rianne. L'lndépendancetrès-habile, comme
onsait, dans Part de concilier les convictions
monarchiques dont elle fait parade chez nous
parfois dans ses articles de fond, avec les
sympathies républicaines et radicales qui
éclatent chaque jour dans sa revue politique,
lndépendance don'ne de salutaires avis aux
frères et amis bordelais. Puisque les deux
concurrents de Blanqui n'ont obtenu ensem
ble que 3,226 voix, il faut que les républi-
caSns nuance Gambetta-Ferry mettent en
avant un candidat sérieux et qu'ils or-
ganisent sérieusement l'élection afin que la
victoire définitive reste au candidal de la dé
mocratie qui veut le progrès continu, mais
qui ne se soucie point de faire d'une succes
sion indéfinie de sauts dans les ténèbres son
principe et sa pratique politiques. Le con-
seil a du bon au point devue de l'opportu-
nisme; mais nous gageons qu'il restera lettre-
morte. Si les Gambettistés bordelais avaient
trouvé moyen d'empêcher l'élection du vieux
conspirateur en lui opposant un candidat
sérieuxapparemment ils n'eussent pas
attendu un second tour de scrutin pour ren
dre ce service signalé k la république. D'ail-
leurs en supposant qu'en remuant ciel et
terre ils parviennent k damër le pion aux
Blanquistes, le facheux conflit entre la loi et
'a volonté du peuple souverain en sera-t-il
terminé? Nullement. Si Blanqui échoue k
bordeaux les intransigeants le feront élire
ailleu'rs; k la première occasion. Ils ont juré
que Blanqui sera député en dépit de la loi et
de la Chambre, et ils sauront bien tenir leur
serment. La question Blanqui ne sera tran-
chée que lorsque la Chambre aura reconnu
au suffrage universel le droit anarchiquë de
'te tenir aucun compte de la loi, c'est-k-dire
'°rsqti'elle aura consenti k admettre dans son
tein un inéligible. Et il faudra bien, bon gré
mal gré, quelle en vienne lk. Issue du suffra
ge universel, comment pourrait-elle s'obsti-
ner k en méconnaitre les arrêts? Invalidé
vingt fois, Blanqui sera réélu vingt fois, et
après lui seront élus Rochefort, Lissagaray
et d'autres héros de la Commune. C'est alors
surtout qu'on verra la démocratie franpaise,
si chère k 1'lndépendance beige, entreprendre
une série indéfinie de sauts dans les ténè
bres de far,on a casser une bonne fois le
cou a la république. C'est une grace que nous
souhaitons k celle-ci du fond du coeur, et qu'k
défaut des intransigeants, les opportunistes
sont déjk admirablement en train, par les lois
Ferry et autres, de lui procurer.
ALLEMAGNE. M. Cairoli, le chef
du cabinet italien, a fait dernièrement une
courte apparition en Allemagne. Certains
journaux ont annoncé qu'il avait eu une en
trevue avec M. de Bismarck. Cette nouvelle a
été démentie. Mais les auteurs du canard ne
se sont pas tenus pour battus. Ils ont amendé
leur invention en prétendant que M. Cairoli
avait en réalité dernandé une entrevue au
chancelier, qui aurait refusé plus ou moins
courtoisement de déférer k son désir. Cette
seconde version est démentie par la Noord-
deutsche allgemeine Zeitung, laquelle ajoute
que ni d'un cóté ni de l'autre on n'a cherché
a amener un échange d'idées.
Rien n'est change.
Le MÖhiteür de Dimanche ne contient pas
moins de vingt-sept colonnes, toutes bour-
rées d'arrêtés et de règlements nouveaux
relatifs k l'enseignement primaire.
Parmi ces arrêtés il en est qui mettent k la
pension une douzaine d'inspecteurs canto-
naux.
Si nous sommes bien informés, plusieurs
n'ont pas même été officieusement avertis de
leur mise k la retraite. C'est par le Moniteur
qu'ils ont appris que leurs fonctions ces-
saient b dater de ce jour. - M. le colo
nel Van Humbeeck confond souvent, parait-il,
ses doubles attributions de ministre de la
guerre et de ministre de l'instruction publi-
que. II se sera dit qu'on met un inspecteur
provincial k la pension comme on désigne un
cheval pour la réforme.
II suffit, du reste, de lire leurs noms pour
se rendre compte que le motif d'age allégué
pour expliquer leur mise k la pension n'est
qu'un pur prétexte. La véritable raison de
cette mesure c'est qu'ils ne donnaient pas au
ministère des gages suffjsants de souplesse et
de servilité, qu'ils n'étaient pas suffisamment
pénétrés de l'esprit liberal de la législation
nouvelle et qu'on avait lieu de les croire
catholiques tout au moins de religion.
Ce commentaire de la décision ministé-
rielle se justifie bien mieux encore lorsqu'on
vient a considérer quels sont les successeurs
des honorables inspecteurs mis k la pension.
On peut vraiment mettre ces fossoyeurs can-
tonaux et provinciaux en un seul paquet, sous
une étiquette commune.
Ce n'est pas que nous songions k plaindre
le moins du monde les hommes honorables
dont M. le ministre de l'instruction publique
a répudié le concours, au moment de la mise
a exécution de la nouvelle législation sur
l'enseignement primaire.
Cette repudiation les honore bien plus que
la distinction civique la plus élevée; mais, en
même temps, elle atteste quelle involution
profonde s'est opérée dans le régime de l'in
struction publique.
On aura beau dire désormais: rien n'est
changé dans les écoles! Les actes parient
plus liaut que les circulaires cafardes de M.
le ministre de l'instruction publique. Tout est
si bien changé que M. Van Humbeeck lni-mê-
me trouve que son oeuvre ne peut pas mar
cher avec la coopération des hommes qui ont
rendu le plus de services et dont la présence
dans l'administration des écoles offrait du
moins aux parents chrétiens certaines garan
ties personnelles.
11 lui faut des Gueux pour une besogne
gueuse. VoilN la vérité vraie; mais nous le
demandons k tout homme de bonne foi: dans
de telles conditions, que devient la neutrality
scolaire? Cette demoiselle est partie sans dou-
te en villégiature avec M. Van Humbeeck
pour le manoir de Rond-Chêne oü la familie
Frère-Orban sera tout étonnée de voir débar-
quer Son Excellence le ministre de l'instruc
tion publique en compagnie d'une... comé
dienne.
Sont nommés Inspecteurs principaux dans
la Flandre occidentale:
MM. Vander Cruysse, actuellement inspec
teur provincial a Bruges, Brouwers, actuel
lement k Hasselt.
Inspecteurs cantonaux:
A Bruges, B. Mortier;
Dixmude, D. Lagache;
Ostende, V. Van Neste;
Thielt, A. Vermeuwe;
Courtrai, A. Renier;
Menin, J. Stinissen;
Roulers, F. Reynaert;
Ypres, Dedeyne, Flor.
Nous ne voulons pas apprécier la valeur
de tous ces noms.
Le personnel tout entier de l'Inspectiou
scolaire ne nous inspire pas grande conlian-
ce. Mais une nomination surtout nous étonne:
c'est celle de M. Dedeyne, appelé aux fonc
tions d'inspecteur k Ypres.
Combien de fois n'avons-nous pas vu le
Progrès reprocher k l'autorité ecclésiastiquc
de nommer comme inspecteurs MM. les prin
cipaux des colléges épiscopaux. Le journal
libéral accusait Mgr l'Evêque d'agir de la
sorte afin d'amener dans ses colléges les élè-
ves des écoles communales.
Le nouvel inspecteur d'Ypres est directeur
de l'école communale de cette ville. Cela sul-
fit. Tout ce que le Progrès a écrit lui retombe
sur le nez.
Avant de ffnir nous voulons rendre uti juste
hommage k M. Grillaert. L'estime générale
lui est acquise. II peut s'honorer d'avoir été
l'objet de l'exclusivisme libéral.
La moderation libérale.
M. Piercot, bourgmestre libéral de Liège,
tombe malade. Mgr de Montpellier, évéque
de Liège, va immédiatement ie visiter et le
consoler dans ses souffrances. La mort em-
porte M. Piercot, et Mgr l'évêque assiste au
service funèbre et prie pour fame du défunt.
Dieu appelle k Lui le vénérable Prélat, qui
est mort comme meurent les héros chrétiens.
Invités k assister aux funérailles épiscopales,
bourgmestre, échevins, conseillers commu-
naux de Liège refusent brutalement l'invita-
tion
C'est ainsi que ces messieurs comprennent
et pratiquent l'appel du Roi k la modération
etk la conciliation.
L'année dernière, Mgr Dupanloup, évêque
d'Orléans, vient k mourir, et le ma ire de la
ville, un libre-penseur, revendique Thonneur
de tenir un des cordons du char funèbre et
le conseil municipal au complet assiste aux
obsèques de Mgr Dupanloup.
Les édiles Liégeois ont éprouvé toiitefois
un moment de vexation k leur grande sur
prise, les honneurs mijitaires ont été rendus
aux dépouilles mortelles de Mgr de Montpel
lier, en vertu du décret de Messidor, et ils
ont ignoré jusqu'k la dernière minute la déci
sion du gouvernement, qui est due nous
le savons a l'autorité royale.
L'Etoile veut en faire revenir l'honneur au
fossoyeur, qui est ministre de la guerre
ad intérim. M. Van Humbeeck a eu k trans-
mettre les ordres du Roi, et rien de plus.
Nous ne lui contestons pas cependant sou
röle il s'agissait de creuser une fosse pour
y jeter un évêque, et il a du se prêter con
amore k l'opération.
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