ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT.
MERCREDI 24 Septembre 1879.
10 centimes le numéro.
14e année. N° 1438.
On s'abonne rue au Beurre, 60, üt Ypres, et a tous les bureaux de poste du roya-ume.
Résumé politique.
ORIENT. Des troublessérieux vien-
nent de se produire en Herzégovine. Après
la pacification de cette province, le général
Jovannovitch avait oblige les indigènes a ser-
vir dans la gendarmerie. Les gendarmes her-
zégoviniens, ne pouvant s'astreindre la
discipline, out peu k peu, pour échapper k la
répression de l'autorité militaire, déserté et
franchi la frontière du Montenegro. Le prin
ce Nikita les a fait expulser. lis ont alors
gagné les montagnes d'Herzégovine, oü ils
ont appelé k eux leurs anciens compagnons
du temps de 1'insurrection contre le gouver
nement ottoman. Le commandant de l'armée
d'occu pation a envoyé contre eux des troupes
suffisantes pour les refouler, mais trop peu
nombreuses pour les cerner et les réduire
défmitivement. Dispersés sur un point, les
insurges se sont réunis sur un autre et leurs
rangs se sont grossis de tous les mécontents.
La rebellion a pris des proportions telles,
qu'il a fallu demander des renforts en Bos
nië. Le ministère de la guerre, sur le rap
port fait k l'état-major général de Yienne, a
décidé renvoi d'un bataillon de chasseurs et
des ordrës ont été donnés pour que des se-
cours plus considérables soient mis a la dis
position du commandant en chef dans 1 Her
zégovine.
-GRÉCE. On ne parlait plus, de-
puis quelques jours, dudifférend turco-grec.
Un télégramme que nous venons de recevoir
de Constantinople, s'occupe aujourd'hui,
chose assez étrange, des dispositions du gou
vernement liellénique.
Afghanistan.
Nous empruntons au Times une fort inté
ressante description de la ville de Caboul
A Athènes, tout en prévoyant l'msuccès
des négociations engagées dans la conférence
gréco-turque, le gouvernement aurait donné
ordre k ses commissaires de les continuer,
en laissant de cóté la question de l'obligation,
afin de ne rien brusquer.
-ALLEMAGNE. L'Empereur prolon-
gera son séjour k Metz jusqu'au 25 Septem
bre et visitera ensuite les champs de bataille.
ROME. Le Rape a signé des nomi
nations de nonces: Mgr Bianclii va a Madrid;
Mgr Alo'ise Masella, k Lisbonne; Mgr Czacki,
a Paris; Mgr Capri, internonce, a La Haye,
est nommé secrétaire de la congrégation des
études.
ESPAGNE. - ['ouverture des Cortes
est fixé au 3 Novembre.
FRANCE. Le garde sceaux vient
d'ordonner des poursuites disciplinaires de-
vant la cour de cassation contre M. Brizulac,
juge k Toulouse, qui a assisté k un banquet
dans le lequel 11 a porté un toast au comte de
Ghambord, en le désignant du titre de roi.
AUTRIGHE. La Revue du Lundi,
feuille ministérielle, consacre l\ la visite du
prince de Bismarck un article oü elle affirme
que la présence da chancelier d'Allemagne
est destinée consacrer de nouveau et k con-
solider falliance entre 1'Autriche-Hongrie et
1'Allemagne. La question de savoir si les os
cillations de la situation politique sont assez
sérieuses pour exiger des accommodements
positits et conventionnels, ne saurait être le
sujet d'une discussion publiquecar il ne s'a-
git pas, dans le cas présent, d'une demon
stration politique, mais de garanties réelles
de paix, et c'est k quoi les hommes d'Etat
aliemands et austro-hongrois s'appliqueront
en première ligne.
Le prince de Bismarck est Vienne, 11 a
requ Lundi matin la visite du prince de Reuss.
A midi le chancelier allemand s'est rendu
au ministère des affaires étrangères. En mê-
me temps le comte Andrassy, revenant d'une
audience privée chez l'Empereur, est arrivé
au ministère, pour y recevoir le prince qui y
a été salué également par le baron de Hay-
merlé.
On assure qu'ü une heure le prince sera
requ par l'Empereur.
A trois heures, l'Empereur ira k l'hötel im-
périal pour rendrc au prince de Bismarck sa
visite.
A quatre heures, il y aura un diner au cha
teau de Schoeribrun en l'honneur du prince
de Bismarck et de sa familie.
On assure que le comte Andrassy est satis-
faitau plus haut point de fentretien qu'il a eu
avec le prince de Bismarck. Tout le monde
est convaincu que la compléte homogénéité
des intéréts de 1'Autriche-Hongrie et de 1'Alle
magne ne renferme rien de dangereux pour le
maintien de la paix.
Une lettrc de M. Van Humbeeck.
Nous disions dans notre N° du 10 c', que
le vieux libéralisme peut encore comman
der, mais k condition d'obéir.
Cette situation du parti liberal n'est que
trop réelle, elle s'accentue de jour en jour
davantage, mesure que se dévoileut les pro
jets du gouvernement.
N'ayant ni théorie vraie, ni principes réels
pour bases, le libéralisme, pour soutenir sa
vitalité, est obligé de flatter les passions, de
pousser au désordre, d'attiser la haiue contre
la religion. Les gens huppés du parti, soit a
cause de la position acquise, soit k cause de
celle oü l'on aspire, veulent bien adhérer
cette gueuserie en théorie, mais dédaignent
de la traduire en fails. II faut des instruments
que l'on met en oeuvre: ici, c'est une jeune
garde libérale; ailleurs, une bande improvisée
de musiciens; plus loin quelques désoeuvrés
etjeunes écervelés qui organisent des corté-
ges scandaleux au profit d'un denier quelcon-
que.
Tout ce jeu va bien, et les libéraux, qui ne
jugent que d'après l'effet produit au point
de vue de leur domination politique, oublient
que ces scandales sont autant de taches pour
leur dignité personnelle et entament ce qui
reste encore de sentiment d'ordre et de prin
cipes vrais dans les masses.
A force d'etre encouragés, flattés et admi-
rés même, le temps aidant ce$ jeunes
gneux grandissent et se croient quelque cho
se: ils font chorus, élèvent des prétentions,
et voilii les vieux libéraux débordés
Aujourd'hui les jeunes font admettre leur
candidal au conseil communal; demain ils se
mêleront de réorganiser l'enseignement pri
maire, sinon la société elle-même!
Vraiment les vieux baissent
II n'y a pas jusqu'au ministère de l'bypo-
crisie qui ne se ressente de l'influence de
Journal d'Ypres,
I
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Caboul est par son commerce une ville digne
d'attention. Sir Alexandre Burnes (l'envoyé an
glais en 1841) l'appelait une cité des plus atïai-
rées, et nous disait que dans l'après-midi, le bruit
des rues était tel, qu'il était impossible de se faire
entendre des gens de sa suite. Les principaux
articles du commerce consistent en fruits et en
marchandises des Indes. II s'y fait un tralie aetif
avec Boukhara et Candahar. Chaque commerce
a son bazar spécial, et on y voyait autrefois un
grand bazar, appelé Choucliatou Char-Cliouk,
servant pourtoutela ville.
II formait une élégante arcade d'environ 300
yard de long sur dix de large. Tl fut détruit par
ordre du général anglais Pollock en 1842, mais
bost-Mohammed fit en partie réparer le mal.
L'édifice actuel n'a, dit-on, rien de remarquable
comme architecture. Une des choses les plus
curieuses'qu'on y trouve est ce qu'on appelle les
cuisines publiques; elles sont fort nombreuses,
trös-peu de personnes faisant leur cuisine chez
elles. Les kabobs ou viandes cuites de Caboul
ont une grande renommée. Ilfaut yajouter une
liste de f'riandises sous forme de fruits, de bon-
bons de boissons rafraichissantes qui ont fait a
Caboul la réputation d'une ville oü on peut avoir
a bon marché bonne nourriture et bon logement.
On estime en général la population a 60,000
ames, et ce nombre ne parait pas exagóré. Les
jardins de Caboul sont bien connus pour leur
beauté; il faut mentionner en particulier-celui
qu'on appelle le Jardin du roi Timour, et qui
s'étend autour du tombeau de l'empereur Babar.
Ce jardin est considóró comma étant la prome
nade favorite des citadins. Burnes et d'autres
voyageurs ont parló de la vue magniflque que
l'on a a vingt milles a la ronde des tours de la
ville et des collines environnantes. Ceux qui s'en
sont approchés par Djellalabad nous ont dit
quelle impression favorable ils avaient ressen-
tie après avoir traversé les pays arides et ro-
cailleux du Kourd et ceux de Djagdalak.
Caboul gagne a être connu, car, excepté en
temps de pluie, c'est une ville propre et l'air y
est toujours salubre. Elle est particulièrement
bien situóe pour les Européens.
Caboul est entouré au sud et a l'ouest de col
lines pierreuses d'une altitude considérable. II y
a des muraillés autour de la ville, mais elles
sont très-dégradées. Tous les moyens de defense
de Caboul pour résister a une attaque se trouvent
au Bala-Hissar, et ils sont bien chétifs, en véri-
té.
La fondation dix palais de Bala-Hissar est at-
tribuée a Baber, mais ses successours ont beau-
coupajouté a ce qu'il avait commencé. Sous le
régime d'Aurengzeb, on y fit construire de vastes
caveaux, oü ee prince avait l'intention de placer
sou trésor. Situé a 1'extrémité oriëntale de la
ville, sur le sommet d'une colline, le Bala-Hissar,
avec ses grandes muraillés et ses constructions
aériennes, attire le regard de fort loin et il com-
mande la ville aussi complótement que le chateau
d'Edimbourg domine sa 'cité. Le Bala-Hissar se
divise en deux portions: une citadelle intérieur©
et une enceinte fortiliée. La citadelle est petite et
ne peut abriter qu'un nombre d'hommes très-
limitó. G'était probablement la que s'était réfu
gié Yakoub khan. Quant a l'enceinte fortiliée,
elle est vaste, commode et peut contenir 5,000
hommes.
Malgré cette apparence imposante et sa situa
tion élevée au-rlessus de la ville, le Bala-Hissar,
néanmoins, est en trop mauvais état pour tenir
longtemps contre une armée anglaise. La seule
fois qu'il ait eu a soutenir un assaut dans les
temps modernes, c'est lorsque Dost-Mohammed
l'assiégea il y a cir.quante ans et s'en emparaen
faisant sauter une des tours. En fait. Le Bala-
Hissar a toujours été plutót considéré comme ie
palais des Rois, paree que c'était une forteresse
assez solide pour résister aux attaques séditieu-
ses de la populace, et paree qu'il oiïrait un lieu
de refuge contre toute rébellion soudaine. 11 con-
venait aussi a merveille comme prison pour des
vassaux rivaux ou réfractaires. Mais comme
place forte destinée a tenir en échec des troupes
disciplinées, le Bala-Hissar est pratiquement in-
défendable. II capitulera probablement sans
qu'aucune tentative soit faite pour le délendre.
Les Afghans, comme ils ont toujours fait par le
passé soit dans leurs guerres avec nous, soit dans
leurs discordes civiles, l'evacueront a l'approche
de l'armée anglaise.
La rivière de Caboul est traversée dans la
ville même par trois ou quatre ponts, dont l'ün se
trouve au cceur du quartier des Kizilbacbis. Les
Kizilbachis sont de descendance persane. On sup
pose qu'ils se sont établis a Caboul du temps do
Nadir-Chali; cependant quelques traditions font
remonter leur arrivée plus haut. Ils occupent un
quartier séparé des autres et ont toujours étó eon-
sidérés comme une des tractions les plus in-
dustrieuses de la population. Nous trouvames
parmi eux bèaucoup d'amis durant Fancienne
occupation, et la maison habituée par sir Alexan
dre Burnes était située tont prés de leur quar
tier. A une certaine époque, ils formaient la gar
de du corps des rois, mais les princes de la dy
nastie des Baroakzaïs l«ur ont enlevé leui's pri
vileges. La population comprend aussi un nota
ble élément hindou.mais l'élément le plus nom-
breuxet ie plus agressifest celui de la nationalité
afghane, de la branche dite caboulienne.