ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT.
SAMEDI 11 Octobre 1879.
10 centimes le numéro.
14e année. N° 1438.
MEETINGS
On s'abonne rue au Beurre, 66, k Ypres, et tous les bureaux de poste du royaume
ÉCOJLES CATKEOJLIQCES.
A YPRES:
Je Bïimanclie GS Cïelofore USS'9,
a 5 licures du soir,
t° En la salie de la Congrégation des jeunes
gens, rue des Riches Claires.
Orateur: M. Aerriesf, avocat k Cour-
trai.
9° En l'ancienne salie de St-Sébastienrue
au Beurre, 95, en face de l'Institut de la
Sainte-Famille.
Orateur: M. ITIiiinaert. rédacteur du
journal de Gazette van Thielt.
Résumé politique,
FRANCE. Pris d'un soudain accès
de lierté, le Ministère francais, gouvernement
de nom, a décidé qu'il ne s'inclinerait pas
docilement, cette fois, devant les volontés
du gouvernement de fait. M. Gambetta va
trouver les ministres bien outrecuidants. ll
préconise l'amnistie plénière, et ils osent
n'être pas de son avis. Qu'est-ce a dire
L'union parfaite des républicains n'est décidé-
ment qu'un mot vide de sens.
Au dire des officieux, le conseil des minis
tres a été d'avis que la question de l'amnistie
devaitrester enfermée dans les conditions
oü le Parlement l'a résolue, et qu'on
devait repousser toute nouvelle discussion
sur ce sujet dans l'une ou l'autre Assemblée.
A propos de Jésuites.
De temps en temps des hommes impar-
tiaux d'une autre communion que la nötre,
expriment avec indépendance toute l'horreur,
toute la detestation qu'ils éprouvent, pour la
tyrannie et l'injustice en elles-mêmes, sans
se préoccuper des préjugés particuliers hosti-
les k leur opinion, et nous sommes heureux
d'être k même de mettre sous les yeux de
«os lecteurs, d'après la Gazette de Liége,
Particle d'un journal anglais et protestant,
relativement k l'expulsion des Jésuites du
territoire allemand. A propos d'un asile que
la munificence de MM. Brotherton, de Pre-
seat (comté de Lancastre) venait d'ouvrir k
Plusieurs des Pères expulsés, le Cosmopoli
tan s'exprime comme suit
Soit; les modérés du parti républicain com-
mencent ii trouver trop lourd le joug oppor-
tunisteils voudraient le secouer. On sait
bien, en définitive, k quelles capitulations
aboutiront ces manifestations belliqueuses.
Cette campagne entreprise par M. Gam
betta peut bieu exciter quelque surprise il
n'y a pas si longtemps que la République
franpaisè était la première k démentir tout
bruit de crise miuistérielle. Aujourd'hui, la
voilk qui mène k l'assaut du Ministère. Les
modérés, ou du moins ceux qui s'intitulent
ainsi, ne semblcnt pas en ce moment vouloir
rendre la place sans resistance, et nous avons
montré avec quelle énergie les Débats,le
Temps, le National et le XIX" Siècle protes
tent contre la politique de M. Gambetta.
Quoi qu'il en soit, ia République franpaise
ne bronche pas; elle maintient sa nouvelle
ligne, elle s'efforce de la justifier. Dans ce
duel des frères ennemis nous n'avons qu a
marquer les coups. Le triomphe des uns ou
des autres ne nous importe guère, puisque
ceux qui sont au pouvoir font pour y rester
tout ce que feraient ceux qui veulënt s'en
emparer.
Mais il est un fait que nous tenons k signa
ler. Tout en revendiquant l'amnistie plénière,
la République franpaise et le Siècle n'hésitent
pas k combattre, k propos de l'élection muni
cipale de Javel, le candidat qui semblerait
de prime abord représenter le mieux et k
meilleur droit ce genre d'amnistie.
Ces deux journaux s'évertuent k démontrer
que le citoyen Humbert, ex-rédacteur du
Père Duchêne sous la Commune, et condamné
comme tel, n'a point acquis, par le fait même
de son retour de Nouméa, les qualités néces
saires pour gérer les intéréts municipaüx de
la bonne ville de Paris. Vraiment, l'objection
est plaisante, venant de ces deux feuilles.
Comme si la plupart de leurs amis dans le
Gouvernement, dans les Chambres, au Con
seil d'Etat et ailleurs, avaient eu besoin
d'exbiber d'autre certificat de capacité que
leur litre de républicains.
Querelles de boutique Les intransi-
geants n'en poursuivent pas moins leur cam
pagne avec ardeur. Les fails sont lk pour
prouver qu'ils ne renoncent pas, tant s'en
faut, k l'espoir de tenir tót ou tard le haut du
pavé. D'ailleurs, les concessions qu'on leur
fait depuis quelque temps sont vraiment de
nature k les encourager. Nous avons repro
duit le manifeste du citoyen Humbert aux
électeurs il faüt signaler aussi la nouvelle
manifestation k l'oocasion de l'enterrement
civil d'un amnistié. Voilk les signes du temps.
ITALIË. Du cöté de l'Italie, on nous
siguale de nouveaux symptómes inquiétants
Garibaldi va se rendre k Palerme.
Ge voyage amènera très-probablement de
nouvelles manifestations des Irredenti or,,
depuis qu'elle s'est unie k l'Allemagne, l'Au-
triche se montre beaucoup moins tolérante.
Gommentpreudra-t-elle de nouvelles manifes
tations hostiles
On sait que déjk les agissements des Irre
denti ont provoqué des observations du gou
vernement de Vienne. On peut craindre que,
devant une récidive, elles ne révêtent une
forme plus acerbe, plus comminatoire.
ANGLETERRE. Une agitation ex
traordinaire règne en Irlande. Elle a com
mence sous l'impulsiondes home-rulers, e'est-
k-dire des partisans d'un parlement local, M.
Parnell en tête; mais elle n'a pas tardé k se
transformer, k prendre un caractère encore
plus social que politique. Le redoutable pro-
blème agraire est de nouveau posé. Partout
ce ne sont que meetings et harangues enflam-
mées. Les droits des propriétaires actuels du
sol sont k peu prés niés. A peine les plus mo
dérés leur accordent-ils une petite part du
bénéfice net des tenanciers, quand bénéfice
il y a. Dans aucun cas le paysan ne saurai t
être expulsé de sa ferme. De fait, c'est lui qui
est le véritable propriétaire l'autre n'est
qu'une sortede prête-nom,une simple fiction.
Un journaliste écrit: Le propriétaire n'a pas
de droit absolu Et des centaines de con
frères s'emparent de eet axiome pour en dé-
duire des conséquences d'une hardiesse me-
nagante. De leurs appels k de violentes pas -
sions résulte déjk une véritable terreur. Nom-
bre de propriétaires du comté de Tipperary,
réunis afin d'aviser aux périls de la situation,
ont déclüré qu'au cas oü le Gouvernement ne
leur viendrait pas en aide par de vigoureuses
mesures, ils se verraient dans la nécessité
d'abandonner le pays. Les fermiers eux-mê-
mes ne sont plus fibres d'agir selon leur pro-
pre volonté: des bandes armées les visitent
pendant la nuit et leur enjoignent, sous peine
de mort, de s'abstenir de tout paiement k
Journal d'Ypres,
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Lafiite, et C10 Bruxelles, 89, Marché aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse.
Nous croyons que e'est un devoir de faire
connaitre au lecteur anglais, quelque chose de
1 instoire de cette Société et de ces hommes qui
oat été si longtemps les objets des clameurs de
f 'gnorance et de la prévention: car aucun savant
impartial, n'a jamais cru ou n'a jamais pu croire
es oalomnies lancées avec tant de persistance et
de eruauté contre la Société de Jésus.
Le docteur Robertson de son autorité privée,
représente Ignace de Loyola comme un simple
fanatique, qui n'a jamais eu la vision des gloires
de son ordre; mais l'historien s'est lourdement
trompé. S'il avait eu la patience ou le loisirde
revoir le code appelé Institutiones Soc. Jesu,
il aurait trouvé dans chaque paragraphe de ce
savant et profond volume, les germes du mer-
veilleux et futurdéveloppement de cette société.
Avant sa mort, le vieux vétéran de Charles-
Quint, l'invalide de la bataille sanglante de Pam-
pelune, avait eu la satisfaction de compter douze
provinces de son ordre établies en Europe, en
Asie, au Brésil et en Ethiopië. Francois-Xavier
avait fait retentir dans l'Inde la trompette de
l'Evangile, on écoutait Bobadilla dans toute l'Al-
lemagne; Gaspard Nupez était allé en Egypte, et
Alphonse Solmeron, en Irlande, soutenait le mo
ral des indigènes, contre les innovations sangui-
naires du gouvernement anglais.
Esprit ingénieux, infatigable ardeur, immor
telle énergie, telles ótaient les qualités caracté-
ristiques de ces savants enthousiastes.
Ils furent les pionniers de la littérature. Quel-
ques uns donnórent des editions des Pères, des
classiques, ensevelis jusqu'alors dans la moisis-
sure des anciens manuscrits. D'autres expurgè-
rent soigneusement pour l'usage des écoles, les
auteurs acceptés de l'antiquité, accomplissant
in usum Delphini une taclie méritoire dans l'in-
térêt de la science. Dans toutes les universités
oü ils ont eu accès, les Jésuites ont défnché le
sol, mais c'est surtout dans les salles de leurs col
léges particuliers que, n'ótant pas empêchés par
le vieux système universitaire, ils ont déployé
toute leur excellence et travaillé a la renaissance
des études classiques.
De leur collége de la Flèche sortit un élève,
Descartes, qui devait renverser les théories
existants de l'astronomie et de la métaphysique,
pour les remplacer par le résultat de recherches
nouvelles et non surpassées. Elevé dans leur col
lége de Fayensa, prés de Rimini, l'immortel Tor-
ricelli, honneur de ses professeurs, inventa le
baromètre en 1620. Ils firent l'éducation du Tasse,
et eurent le droit, certes, d'etre fiers de leur
élève. Juste Lipse un nourrisson de leurs pre
miers colléges, rendit de grands services a la cri
tique et débarrassa les commentateurs et les
grammairiens des toiles d'araignées qui les ren-
daient obscurs.
Casini sortit de leurs bancs pour présider a
l'Observatoire de Paris, nouvellement constitué,
en même temps que l'illustre Tournefort quittait
leurs salles d'études pour donuer la force et la
vie a la science naissante de la Botanique. A la
même époque, le jésuite Kircher prédisait le
moment précis d'une irruption volcanique et se
délassait en fagonnant la lanterne magique. Le
père Boscowicb brilla ensuite d'un lustre égal,
et nos demi-savants a préjugés d'a présent, se-
ront fort surpris d'apprendre qu'en 1759, la so
ciété royale de Londres envoyait un jésuite en
Californie, pour y observer le passage de Vénus.
De leur collége de Dijon, en Bourgogne, est
sorti Bossuet, cette bouche d'or qui osa élevei'
une parole indignée a la cour d'un despote et
lancer les foudres de son éloquence sur une foule
d'élégants voluptueux. La muse tragique de Cor-
neille fut percée par les Pères dans leur collége
de Rouen, et sous leur direction elassique du
collége de Clermont a Paris, Molière grandit
pour devenir lo plus brillant des poètes comi-
ques. Ce furent eux encore qui éveillèrent la
lyre poótique de Jean-Baptiste Rousseau dans
leur collége de Louis-le-Grand, et c'est dans ce
même établissement que le merveilleux talent
du jeune Frangois Arouet fut cultivó par les
pères qui ne se doutaient guère a quel usage
Voltaire appliquerait plus tard ses capacitós.
Non hos quossitum munus in usus
On trouverait a peine un nom connu dans la
littérature du XVII0 siècle, qui ne portat témoi-
gnage de leur pouvoir en tout ce qui ressort de
l'éducation. II n'existe aucune profession pour
laquelle ils n'aientformé d'élèves. Le Barreau
leur doit le grand Lamoignon, ce Mécène de Ra
cine et de Boileau; ils dirigèrent dans leur cours
efficace les vigoureuses idéés d'Argenson; ils in-
spirèrent son Esprit des lois, a Montesquieu, et
élevèrent ces ornements de la jurisprudence
frangaise, Nicolaï. Molé, Séguier et Ancelot.
Leurs disciples savaient aussi tirer l'épée. Sous
eux, étudièrent le grand Condé, le maréchal de
Villars, de Grammont, de Bouftiers, de Rohan,
de Soubise, de Brissac, d'Estrées, de Créqui, de