ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT. MERCREDI 19 Novembre 1879. 10 centimes le numéro. 14" année. N 1449. On s'abonne rue au Beurre, 66, a \pres, et a tons Ies bureaux de poste du royaume. Résumé politique. ESPAGNE. Une nouvelle insurrec tion vient décidément d'éclater b la Havane. Le maréchal Martinez Campos, pressé de questions, a dül'avouer Samedi b ia Cliambre des députés de Madrid. Le gouvernement de la mëtropole vient d'expédier au général Blanco, commandant de File, un renfort de 15,000 hommes. Comme on le sait, c'est tou- jours ia question des réformes promises par le maréchal Martinez Campos, président du conseil et ancien gouverneur de la Havane, qui tient en haleine le mouvement insurrec- tionnel. L'archiduchesse Christine a quitté Vienne et arrivera dans peu de jours en Espagne. ITALIË. Le royaume italien se dé- traque de plus en plus. D'une part l'agitation révolutionnaire et socialiste s'étend rapide- ment, et de l'autre le gouvernement devient impossible avec une Chambre profondément divisée et qui ne présente aucun élément sé- rieux pour former une majorité. Le ministré de I'lnstruction publique a donné sa démission et, d'après les dépêclies, le ministère entier ne tardera pas b prendre la même décision. AUTRICHE. La commission spéciale nommée pour régler la question des forces militaires, a adopté les projets du gouverne ment. Les propositions de fopposition ont été écartées. Cel!e-ci a declare ne pas vouloiren faire une question de parti. ORIENT. Les nouvelles sont contra- dictoires et ne permettent guère d'entrevoir l'avenir. II est certain que la situation est des plus graves et que tout nous annonce une nouvelle collision. Le Journal des Débats publie Ia dépêche suivante De nombreuses rumeurs circulent b Lon- dres sur faction de 1'Angleterre a Constanti nople: la flotte de Malte reprendrait la direc tion des eaux turques; M. Layard aurait re<;u carte blanche pour diriger a son gré les mou- vements de la tlotte. D'autre part, le gouver nement anglais continue a déclarer avoir re- noncé b Fintention d'exercer une pression maritime sur la Turquie. Quelques personna- ges prétendent qu'au fond 1'Angleterre cher- che a obtenir un point sur la terre-ferme, en face de file de Chypre, comme tète de ligne ferrée. Le désaccord entre MM. Layard et Fournier continue. Voici, d'après la Correpondance de Pesth, les instructions que le prince LabanofF, am bassadeur russe a Constantinople, a rappor- tées de Liyadia: 1° Encourager vivement la Porte dans la voie des réformes, si elle est sérieusemerit décidée a les faire, mais s'opposer énergique- ment, loutefois, a ce que les posies supérieurs administratifs soient confiés b des Anglais dans l'Asie-Minéure. 2° Au cas que lord Beacoiisfield, suivant des plans secrets, poussat les choses jusqu'b amener un conflit et persistat b envoyer des vaisseaux de guerre dans la Bosphore, d'assurer au sultan le secours de la Russie (que le sultan semble en effet désirer). Pour que ce secours tüt plus prompt et sous la main, on concentrerait, sous le commaude- ment de Tolleben (chef du département mili taire d'Odessa), dans le rayon Odessa-Kilia- Reni, soixante-dix mille hommes qui, en peu dé temps, pourraient se porter devant Con stantinople. 3° En compensation, la Porte devrait faire a la Russie certaines concessions relatives b des questions pendantes (entre autres la ces sion d'Erzeroum a la Russie.) 4° Comme la Porte est dépourvue de moy- ens pécuniaires, Ta Russie lui avance provi- soirement vingt-cinq millions de roubles, néanmoins contre la signature du traité, en foi duquel quatre grands vaisseaux blindés de la flotte oltomane et une ile de l'archipel se- raieutcédés comme hypothèques a la Russie. (De la sorte les uuiformes russes pourraient sur-le-champ faire leur apparition dans la baie d'Or, et préveuir les Anglais!) C'est lb un document précicux pour la con- naissance du plan général de la politique russe en Orient. Enfin la Gazette de Cologne, un officieux de l'Empire allemand, publie un articulet oü oil lit: La Gazette de Cologne se déelare en me- sure de confirmer d'une manière absolue sa nouvelle d'une formidable concentration de troupes russes a la frontière oriëntale de la Prusse. Cette agglomération de forces se composerait de 300 balaillons d'infanterie, ioO escadrons de cavalerie et 450 pièces at- telées, répartis en Pologne et en Lithuanie. Ces dispositions, ajoutela Gazette de Cologne, sont la plus compléte justification possible de l'ardeur de M. de Bismarck b recomman- der une entente avec 1'Autriche. Nous n'avons pas besoin d'insister sur la gravité de 1'information qui précède et du commentaire qui 1'accompagne. Nous ne poüvons nous empêcher de nous rappcler que c'était préci'sëment la Prusse qui accusait 1'Autriche de faire des armements formidables, b la veille même de la surprise de Sadowa. Enfin dans l'Extrême-Orient la situation des affaires n'est guère rassurante. Les nouvelles parvenues de 1'Afghanistan annoncent la découverte, a Caboul, de nou- veaux documents impliquant la Russie dans l'affaire des massacres. Ces correspondances seront 1 objet de communications diplomati- ques entre Loudres et Saint-Pétersbourg. La guerre est sur le point d'éclater entre la Chine et le Japon, au grand détriment du commerce europeen. L'inquisition beige. La scène se passe en Bolgique sous le règne de Leopold 11, MM. Rolin et Van Humbeeck étant mi nistres. Le 30 octobre dernier, a 9 i/2 liedres du matin, M. I'mquisiteur, nous voulons dire M. l'inspecteur Dedeyne, entre solennellement a l'école communale de Poelcapelle - Lange- marck. Après avoir salué froidement le sous- instituteur, M. J. Alleman, ie personnage offi- ciel passe dans le local oü I'instituteur en chef donne sa classe. Un instant après, les cours étant suspendus et pendant que I'instituteur en chef surveillc les deux divisions', M. l'iiiquisiteur prend b part M. J. Alleman et lui adresse a peu prés ce langage Monsieur, je suis envoyé ici par l'auto- rité supérieure pour vous sömm'er de cesser immédiatement de remplir les fonctions de sacristain a l'église paroissiale. Je n'ai pas l'bouueur d'ètre sacristain, répond Fiuterlocuteur; seulernent, pour ren- dre service b la paroisse, je remplis un inte rim', en attendant l'arrivée d'un nouveau titu laire. Oü sont les pièces qui vous autórisent a cumuler vos deux fonctions? Je n'en ai point, puisqu'il s'agit d'une affaire essentiellement provisoire. Dans ce cas, reprend l'inquisiteur, je vous renouvelle ma sommation. Si vous ne vous mettez aussitöt en règfe vous 'serëz desti- tué. Seulernent je vous prie de ne point m'en vouloir, paree que j'agis en vertu des ordres de mes supérieurs. Lb-dessus le sous-instituteur est congédié, et I'instituteur en chef b son tour est appelé devant l'agent de M. Van Humbeeck. L'inquisiteur. M. I'instituteur, n'est-ce pas sur un terrain qui vous appartient que l'on construit l'école libre? L'instituteur. Oui, Monsieur, seulernent ce n'est pas moi qui fais élever les construc tions. L'inquisiteur. C'est vous cependant qui batissez la maison du maitre d'éeoie. L'instituteur. Quant a cela je vous l'a- voue. L'habitation est destinée a mon Ills qui deviendra plus tard le chef de la nouvelle école. L'inquisiteur. Je vous prie de ne point m'en vouloir; mais je dois vous faire remar- quer que vous pourriez bien perdre votre po sition et les avantages qui s'y rattaehent. Après ces avertissementsd'après lesquels on pretend défendre aux fils des instituteurs officiels d'entrer dans l'enseignement libre, les deux interlocuteurs entrent en classe, et aussitót la scène inquisitoriale reprend de plus belle. Enfin plusieurs élèves de la division supé rieure sont appelés a la cour. Le redoutablo fonctionnaire de l'enseignement gueux les prend un b un, et leur pose, remotis arbitris, la question suivante: Est-il vrai que vos maitres vous ont engagébquitter l'école com munale dès que la nouvelle école sera ou- verte Une seule et même réponse négative ac- cueille invariablemént chaque demande. L'in quisiteur est désappointé. Mais on ne se décourage pas si vite quand on est au ser vice des loges. Un réappel a done lieu, et les patients reviennent un b un devant l'envoyé de M. Van Humbeeck. Alors, d'une voix sans doute plus solennelle, on pose la question dans les termes suivants: Oseriez vous, au besoin devant le tribunal, répéter sous serment, la réponse que vousm'avez faite tout b l'heure! Et chaque élève de répondre encore Oui, Monsieur l'inspecteur Les écoliers sont aussitót renvoyés en clas se, et l'inquisiteur, sans dire mot a personne, se retire tout pénaud comme un renard qu'une poule aurait pris. Voila les procédés inqualifiables auxquels les inspecteurs du gouvernement beige sont obligés de se livrer! Le róle que le ministère fait jouer b ses créatures est tellement odieux que ces pauvres fonctionnaires multiplient. les precautions oratoires dans 1'exercicé de leur ingrate besogne. Nous aurons bientöt une juridiction spéciale ponr jager les cri mes de lèse-gouvernement dans la question 'scolaire. Eh bien, soit! Que le ministère de la Maponnerie fasse son oeuvre Le discredit atteindra de plus en plus les sept Fr.-, cori- damnés depuis longtemps par l'opinion pu blique, et chaque acte de despotisme mar- quera un pas de plus vers la chute inévitable du ministère de la violence. La ioi de malheur. La conduite du ministère, entassaut hypo crisies sur hypocrisies dans l'application de la loi sur finstruction primaire, soulève le dégout cliez ses propres amis. Voici comment la Flandre libérale apprécie les agissements du tossoyeur Journal Le JOURNAL D YPRE3 parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de 1'abonnementpayable par anticipationest de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonneraents sont d'un an et sé régularisent flu Décembre. Les articles et communications doivent être adrassés franc dë port a l'adresse ci-dessus. ■Ces annonces content 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions jiidiciaii;es, -1 franc la ligne. Les numéros supplé- mentaires coüient 10 francs les cent exemplai es. Pour les annonces de France et de Belgique (oxcepté les 2 Flandres) s'adresser a VAgence Ilavas Laffiteet O Bruxellcs, S9, Marché aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse. Le Journal de Bruxelles appelle ironiquement eet arrétune véritable perle qu'il présente a - l'admiration de la Flandre libérale.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1