ORGANE CATHOLïQUE DE L'ARRON DISSEMENT.
MERCREül 10 Décembre 1879.
tO centimes te numéro.
14 année.
N 1455.
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Les person nes qui s'anonneront au
Journal d' Ypres pour 1880, rece
vront le journal gratuitement de ce
jour jusqu'au lr Janvier.
Résumé politique.
FRANCE Les résultats du vote de
1'ordre du jour Devès sont trés diversement
appréeiés Le centre gauche chantonne vic-
toire et fait inêine un appel aux affaires,
1 union républieaine, par l'organe de la Ré-
publique fmn^aise, ne pardonne pas ,u mi
nistère son sembiant de succès. L'interpel-
lation sera reeommencée et reprise; elle
aura une toute autre conclusion. II y aurait
peril pour le Gouvernement a ne pas rem-
plir au plustót les engagements qu'il vient
de prendre.
Le .Mot d'ordre est d'avis que la dissolu
tion de la Chambre avec de nop velles, elec
tions faites sur scrutin de listes est la seule
solution vraie.
Joli gouvernement, le ministère n'a reculé
que pour mieux sauter, et Ia chambre fait ies
affaires du paysen défaisantle gouvernement.
Quelle belle chose que le régime parle
mentaire et le jeu des liberies publiques!
II parait que >1. Gambetta pousse ii la dis
solution, il se présenter,.it alors dans un
grand nombre de dépavtementsetprétendrait,
fort de ces élections multiples, a la
Présidence de la République.
M. Grévy est très-opposé ii la dissolution.
ESPAGNE. En guise de cadeau de
noces le ministère espagnol vient d'offrir au
Roi sa démission. Martinez Campos un sor-
Le Duel.
taut, s'est offert pour reeonstituer un cabinet.
M. Posada Herrera est chargé de cette be
sogne. 11 confère, a fait une visite a M. Cano-
vas des Castillo. Impossible de former un
cabinet avec les constitutioneels.
Au deruier moment nous apprenons que
M. Posada renonce .i sa mission. Le roi a
fait appeler M. Canovas.
BULGARIE. Autre beauté du régime
parlementaire. Le prince, réeemment élu, a
grande envie de laisser les Rulgares vider
leurs querelles et pretentions et d abdiquer.
II a dissous la chambre en attendant.
ANGLETERRE. M. Gladstone con
tinue activement la demolition du ministère
d Israeli.
Le gouvernement prend des mesures
pour arrêter 1 agitation irlaiidaise. Thomas
Breiman, secrétaire de la ligue irlandaise,
vient d être arrêté sous 1 inculpation dVxcita-
tion a la révolte. On assure que l'arrestation
de M. Parnell devait avoir lieu incessamment.
EGYPTE. Les diffieultés avec ie
roi Jean d Abyssinie ne font que croitre.
ORIENT. Les Albanais et les Vlorrté-
négrins échangent des coups de tusil sérieux.
PAYS-BAS. Le traité de commerce
franco-hollandais a été dénoncé. La seconde
Chambre a rejeté par 46 voix contre 27 Ia
motion Hydryck.
ALLE MAG NE. On varie sur l'état
des négoeiations relatives au Kulturkampft.
Le traité de commerce avec f Autriche
est prorogé pour une année.
ALTRIGHE. Le projet de loi mili
taire a été voté.
RUSSIE. Le fait que le Prince Gort
chakoft' restc aux affaires, est une preuve
qu a St Pétersbourg on nest pus disposé a
laissé entrer la politique extérieure dans une
j voie paeifique.
ITALIË. Le nouveau mitfistre des
finances a présenté des modifications au bud-
get: cinq millions d'augmentation de receltés
et 8 millions de diminution de dépenses.
Cette operation s'est faite très-facilement
sur le papier.
En fait la banqueroute italienne marche a
grands pas.
Administration commnnale
d'V pres.
Par arrêté royal du 6 Décembre 1879,
est nomtné dans la commune d Y'pres
- Fcaevin
M. le Chevalier HYBER1CK, A.
Du travail aux ouvriers.
Les rigueurs de l'hiver que nous traver
sons ont arrêté les quelques travaux qui peu-
vent être exécutés pendant cette rude saisori.
Beauconp d'ouvriers sont actuellémeiit saus
j ouvrage et par lil même privés de tout moven
de gagner leur vie et céflë de leur familie.
II serait bien facile eepeudant de procurer
r'u travail 5 un certain nombre d entre eux
et d'améliorer ainsi la pénible situation dans
l.iquelle ils se trouvonn.
A la grande catégorie des pauvres dont
les soulf-anres sont aggravéesest venu
s'ajouter n )mb;-e d'ou.Tiers qui, en d'autres
temps, gagnent honnêtement un salaire sufli-
sant et qui sont aujourd'hui dans la position
la plus difficile.
La neige, tombée en si grande abondance
ces derniers jours, s'est accumulée dans les
rues, au point de rendre en quelques endroits
la circulation impossible.
Le reglement de police, qui oblige les ha
bitants ti déblayer les trottoirs, n'a fait qu'ag-
gravér cette situation.
Que l'admihistration prenne des mesures
en consequence; qu elle enröle quelques ou
vriers aetuellement sans ouvrage, elle en
trouvera tarit qu'elle voudra, et les mette
la besogne.
Elle arrachera ces malheureux ti l'oisiveté
et, au moyen d'un léger salaire, elle aurait
adouci de grandes douleurs et rendu ti la gi-
néralité des habitants un véritable service.
Déjii quelques particuliers ont donné l'ex-
emple. Mais ce travail ne leur incömbe pas.
OEuvre d'intérêt public, e'est it l'administra-
tion publique a s'en charger. Elle trouvera,
si elle le veut réellement, le moyen de le
faire.
Dans les autres villes du pays 1 adminis
tration fait procéder a 1 enlèvement des nei-
ges. Mais ici a Ypres, notre collége échevi-
nal s'occupe de tant de choses qui ne le
regardenl pas! L oeüvre que nous préconi-
sons est utile et vruiment pratique. Seruns-
nous enteudus?
Journal
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(Suite voir le numéro du 3 Décembre
Lorsque dans les diverges circonstances de la
vie un doute s'élèvera sur la ligne a suivre, sur
la decision a prendre, le guide sur sera la qui
tranchera toute diilieulté.
En effet, noti'e Dieu, non content de nous faire
ee que nous sommes et de graver dans notre
coeur les préceptes généraux qui doivent nous
8uider, a pris soin de publier le code détailléde
ses coinmaiïderiients. II daigne nous faire con-
naitre quels sont ies intentions et les actes par
lesqucls nous nous conformons a sa volonté,
quels sont ceux qui le btessent et nous éloignent
4e lui. N'ous savóns done toujours en quel sens
4 taut diriger nos pas et nos i ésolutions pour
fester dignes de bieu et de nous-inémes.
Nous nous trouverons parfois dans une situa
tion perplexe oil il s'agira de clioisir etïtre la pen
see de L>ieu et l'opiaion des hommes. La vertu
Jhoiidaine n'applaudit-elle pas elle-méme depuis
°"gtemps a cot ailag
Eais ce que dois, advienne que pourra
Eli bien, le devoir évident n'est-il pas tracé par
'es lois de notre nature essentielle que nous
avons délinie
Négligerons nous ces lois dictees par notre
dignité intrinsèque pour nous souniettre a des
opinions óphémèi'e's, résultats de Terreur et du
malentendu? Ge serait au fond une indéniabte
forlaiture, une action niintelligente et contraire
au véritable honneur. Une simple comparaison
prise dans dos faits cömmuns fei-a peut être
mieux saisir notre pensée. Un fils vient de pér-
dro l'auteur de ses jours. La succession pater-
neile le place iuöpinément en presence de deux
dettes d'une égale importance, qu'il lui est uia-
tóriellement impossible d'aequitter a la fois.
L'tine do ces, dettes a été eontraétée vis-a-vis d'un
fournisseur dotat les marciiandïseé Ont été li-
vrées, ou d'un financier bi- nveillaift qui réelle-
meut a preté la somine réclainée. Ce oréaiieier
se trouve daas uue telle situation que le rem-
boursement lui est indispensable. S'ii vient a lui
manquer, sa position sera compromise, sa i'ail-
lite sera prononcée, tandis que le recouvremeiit
de son capital le sauvera. La seconde obligation
a satisfaii'e est une dotte d--jeu, une do ces dettes
dites d'honneur aout ie jugement des mondains
exige le paiement ïmuiédiat.
Que I'era dans cetté alternative Tkéritier
coascieucieux
Kv.d- inment, 11 a le devoir de solder la pre
mière dette, dunt la cause est certame ct dout
Tacquittementestde stricte justice.
Forcé de faire un clioix, il laissera la seconde
en souflfrancè et móprisera Topinion erronée des
gens'sup&Tflcièls qui blamoront sa resolution.
Si no'us examinons dos faits d'un ordre plus
élevó, nous n'aurons pas dó peine a donnet* aux
problèmes qui se posent des solutions legitimes.
InilrgneiUent outrage par ua aêversaire on
courfoux, l'appéllerai-jo en «ombat sFfignlier
póur laver dans le sang un affront immérité? Ou
bien, s'il me provoque en duel, accv'ptorai je son
défi homicide? i.a question ne sera pas rnalarsée
a résoudre si nods appi-Ofoml'lssons la notion
same du devoir et de Thon'neiir. La dignité de
l'homme, rêpétons-lo, cöasiste dims sa éessetn
blance, sa cönformité constante avec le Dieu
éternel qui lui a donné l'étre et ses lois. bien lui
commaude d'obéir aux pouvoirs humaius qui
régissent la socióté, d'airner sa patrio, de se sa-
crifier pour ses frères. S'il s'agit de volei- au
combat et de donnor sa vie pour défendre ses
concitoyens en repodssant leurs ageesseurs,il ne
peut bèsit -r, alors mi-tout qu'il est soldat, li tirer
l'épée et a répandre s'il le faut son pro pre sang
ou le saugde 1'ennemi.
Pareil sera son devoir lorsqu'il s'agira desau
ver Tnu de ses semblables en' péril. Mals d'autrè
part, l'égoisme. la vengeance, le mourtre, le sui
cidu lui sout rigoureuseuieut intordits. Si la Pai -
blesse dé cai-actère, Tamour-pi-opre exagéré, ia
crarntö vulgaire du qvCéU U/ra t-on le poussqnt
a so balti'o oil duel, il viole a la iois plusieui-s
des régies sacrées auxquelies il doit so sou-
metti-c.
bans ce cas du duel, conmie en mille autres
ciironstaiices de la vie, celui qui saci'iiie au pré-
juge ï-idieiïlé, aux passions plus ou moms basses,
a Tenvie, a la colore, au mépris du pi-oeliain, a ia
variifé puóriie, celui-la meeonnait les lois de sa
nature, ses devoirs d'homme et sa dignité mo
rale.
L'honneur done lui comrnande tout Topposé do
ce que Ie monde atten 1 de lui. Geia ne peut être
mis en doute lorsqu'on y réflèehit sêHeuseuient.
Et pourtani la maxim-.! contraire est tellement
enraeinée dans les esprils que les plus fermes
courages out g. ande peine a se soustraire a l'em-
pirede ced.-spote appelé i'opinion.
Quelle est au fond la cause de cette manière
d'apprécier ia question d'lionneur? Sur quelle
base repose la decision commune'? L'ouuli de
Dieu et du devoir 1-éel, la deification du moi hu-
mairi sont les principes de ces lausses consé-
quences.
L'orgueil enivré de lui-même entend briser
toutce qui lui résiste. S'il rencontre en son che-
min un órgueil Ögal a lui-mèuie, il faut que Tun
des deux soit éorasé. L'orgueil, pris eommejuge.