La lettre était digne. L'ancien échevin,
M. A, Hyuderick était déjh démissionnaire
jugeait la question ii son vrai point de vue.
11 disait au Proyrès: Chimin entend la di-
gnité a sa manière, et lui il l'entendait de
la bonne.
Les motifs de eet écart de voix étaient
alors vivement commentés. Le Journal d'Y-
pres y voyait un procédé employé par la cote
rie, pour écarter un liomme qui menacait
d'entamer son influence. Dautres préten-
daient que quelqucs libéraux logiques et con
séquents avaient voulu donner a M. le Cheva
lier une le^on et lui rappeler qu'uu libéral,
libéralisant les enfants des aut 'esdevait
libéraliser ses enfants a lui et non les envoyer
h des colléges dirigés par des prêtres.
Mettons que les deux explications étaient
plausibles. Les faits postérieurs sont venus
jeter un rayon lumineuxduns ces mystères.
Quoiqu'il en soit, M. le Chevalier, fort de
sa dignité, jugea bon de se retirer du Collége
échevinal, et sa retraite fit du bruit.
Maintenant il revient: il reprend place
dans le rriême Collége échevinal ii cóté
du inêtne bourgmestre, pour y remplir les
mèmes fonctions.
Une élection nouvelle ne lui a pas rendu
cependant la contiance qu'il disait avoir per
due en 1875.
Mais chacun entend la dignitc a sa manière.
Nous avons réfléchi un peu aux faits anté-
rieurs pour trouver la solution de cette chose
étrange. M. le Chevalier n est du reste pas
encore assez ancien pour qu'on ait oublié son
attitude politique et ses hauts faits d'autrefois.
Qui ne se souvient, par exemple, de son élec
tion de major la garde civique? Sur son
nom se réunissait tous les éléments d'une
opposition m irquée contre la prépond irance
que certains gros bonnets voulaient attribuer
aux pompier», cette gloire de la ville d Ypres.
De l'aveu même de plusieurs officiers, qui
ne sen cachaienl pas, on avait élu M. Hyn-
derick paree qu'on Ie c 'oyait, non sans mo
tifs, en opposition avec 1 au'orité communale.
Quelque temps uprès on lisait dans le Mo-
niteur: M. le Chevalier Hynd rick A an ien
officier, est nommé chevalier de l'ordre de
Léopold.
Les conséquences de cette nomination ne
tardèrent pas i paraitre. Son opposition n'a-
vait pasété plus longue que le bout de rubun
qui ornait sa boutormière.
Mais chacun entend ia dignité a sa manière.
i Au mois de Juin 1878, il briguait un fau
teuil au S-énat. La coterie, faute de grives,
sans doute, avait réussi ii l'amadouer en
faisant miroiter a ses yeux le titre de séna-
teur, qui ne pouvait lui échapper, et, dans un
vague lointdin, peut être,la place de eommis-
saire d'arrondissement pour....
Tout lui échappa. Le corps électoral le
gratifia d'une buse colossale et M. 11. Carton
confia la place de commissaire a son neveu de
predilection: le petit Ferdinand, tres connu
par son appreciation de la taxe sur les
chiens et ses lettres ilumandes.
M. le Chevalier eu fut pour ses sacrifices
et les drapeaux qu'il arborait lui-mème, peu
de jours auparavant, sur s s deux facades.
Taut de soumission fut dédaignée.
j Mais cliacun entend la dignité a sa manière.
j
L'opinion publique a beaucoup parlé de
l'arrêté royal du 6 Décembre dernier.
Ou ne voyait pas trop quelle raison extré
me avait fait rentrer au bercail cette brebis
un instant dissidente. Quelques uns préten-
daient que M. Hyuderick serait notre procbain
bourgmestre. Ils en cberchaient Ia preuve
dans sou attitude au Conseil, oü il se rappro-
cbait visiblement des avancés, évidemment
pour y trouver un point d'appu sur son in
terpellation au sujet de la presence de Tar-
mée a la procession de la Fête-Dieu.
D autresqui prétendaient le eonnaitre
mieux, assuraient qu'il avait regretté la dé-
missfón de 1875 et qu'il ne désirail rien tant
que de rentrer dans ce siége d'échevin, qu'un
simple froissement d amour-propre lui avait
fait quitter. Que du reste la coterie voulait
bien l'admettre a résipiscence et lui donner
ainsi une compensation de ses échecs électo-
raux et administrutifs.
Mais tous ajoutaient: après tout chacun
entend la dignité d sa manière.
Monsieur le Chevalier A. Hyuderick sera
chargé du département des travaux publics.
11 a déj'i mis la main a l'oeuvre et sous peu
présentera un ensemble de projets. Ceux ci
compreunent entre autres, nous assure t on,
le renouvellement des plantations croissant
sur les terrains communaux. I/essence de
i peuplier serait vivement recommandée par
l'honorable échevin. Ou nous a parlé aussi
j d'un travail relatif aux entrées de caves qui
gênent la circulation sur uos trottoirs. M. le
Chevalier Hynd. rick aurait ordonné de faire
lever le plan de toutes les entrées, afin de
pouvoir en comparer les dimensions avec
c 11c du sieur X..., qu'il a mesurée lui-mème
en largeur, longueur et profond, ur.
On sait que notre nouvel échevin est très-
actif et qu'il a la bonne habitude de tout voir
de ses yeux, d entendre de ses oreilles et de
parcourir de ses jambes.
Nous ne pouvons mieux terminer eet arti
cle qu'en redisant avec M. le Chevalier:
Chacun entend la dignité a sa maniere.
dans la presse. Les bons éleeteurs se W
saiént prendre a nos énonciations.
Mais aujourd'bui que les catholiques neu
vent se baser a la lois sur les attestations!
ministère et sur celles du Vatican pour affl,
mer qu'ils peuventêtre les plus tidèles amk
de nos institutions, je voudrais bien savoir
quelle sera désormais notre situation dans l
lutte électorale?
Je ne sais pas si Ernest,baron de Jupiter('\
veut nous perdre; mais a coup sur, il a ij^.
raiement frappé de démence les anciens lea
ders du libéralisme.
Grande nouvelle.
M. Carton vient d'adresser a un grand
nombre d éleeteurs de notre arrondissement
deux mandements.
Impossible de qualifier d'une autre maniè
re les pancartes qu'il a signées de sou nom.
Nous en reparlerons.
En attendant nous le prions d'agréer l'ex-
pression de notre gratitude.
La polémique languissait depuis quelque
tem,.is, le Proyrès ne se hasardait plus a
nous répondrc, et voila que nous devons a
cel excellent homme deux factu.ns qui nous
permetteut de parler de lui pendant des se-
maines et des mois.
11 y a la des choses qui valent leur pesant
d'or.
Qu'on se figure Henri Carton, le libér. l
que 1 on sait, venant parler de 1 infaillibilité
du Pape, s'avisant de mori géner les Evêques,
attribuant aux uns et aux autres des soltises
qui ue peuvent sortir que de sa tête, et avan-
pant avec un aplomb maguifique les erreurs
les plus manifestes.
Mais son passé, ses discours, ses opinions
nous fournissent plus do verges qu'il n'eu faut
pour le fouetter jusqu a la tin du monde.
Nous ne nous en ferons pas faute.
Car nous ne le craignons pas, ni son oeil
flamboyant, ni sa moustache hérissée, ni ses
lunettes d or, ni les lettres surtout qu il pour-
rait nous adresser.
Peut-être, croit-il préparer le terrain pour
sa candidature lors des prochaiiiès éleetions.
Quel plaisir nous aurons de tenir ce can-
didatau. bout de notre plume! Quelle jubila
tion!
Jugez done Un homme qui a exercé Ie
pouvoir pendant 23 ans dans 1 arrondisse
ment, qui a tout fait trembler sous sa botte;
un homme a qui Chérubin a offert un portrait.
A bientót. M. Carton vient de commettre
un imprudence qui lui coütera cher et dout
les éleeteurs lui tiendront bon compte.
Voici déja un commencement:
On lit dans un journal très-libéral de Bru-
xelles, les Vouvelles du Jour:
Le prétendu désaveu obtenu du Pape
met aux mains du parti catbolique une arme
redoutable.
Autrefois, nous avions le droit de dire a
nos advers lires, avec quelque apparence de
raison, qu'ils rèvaient secrètement le renver-
sement de nos institutions, et nous faisions
un large usage de ce droit a la Caambre et
Les libéraux a l'oeuvre.
Nous apprenons que la Comm ssion des
Hospices civils, jalouse des succes remportés
par le bourieau de bii nfaisance, vient de
prendre des mesures contre les families qui
usent de leur droit et de leur liberté pour en
voyer leurs enfants aux écoles catholiques.
Le contraire nous eül étonné. fous ces
Messieui.s aiment beaucoup leur liberté, mais
assez peu celle des autres, surtout des pau-
vres.
Le bureau de bienfaisance de
Dixrnude.
On nous écrit de Dixrnude, 12 Décembre
Notre petite ville, ordinairement si tran-
j quille, a été raise en éinoi hier par suite de
Ia mesure draconnienne que prenait Ie bu
reau de bienfaisance en privaiii de pain les
pauvres dont les enfants ne fréquentent pas
les écoles gueuses. Déjb, il y a quelques
jours, on avait refusé des objets d babillement
et des cbarbons a cinquante-deux ménages.
Quelques malbeureux avaient réclamé la part
qui leur revient de droit, mais le trés illustre
el trés puissant Gustave Debreyne-Dubois,
j ancien représentant, refusait li utalement,
disant que s'ils revenaient a la distribution
prochaine, il y aurait des hommes capables
de les éloigner et de les tenir en respect.
Hier, il y avait distribution de pains: déja
1 heure, il se fonnait des attroupements; ii
1 beure et. demie, plus de 500 personnes se
trouvaient sur la Grande Place; le spirituel
romancier avait tenu parole: cinq gendarmes,
la carabine au poing, le commissaire de po
lice, ceinl de son écbarpe et ses agents ar-
més jusqu'aux dents, étaient postés ii la porte
du bureau. Soul des cinq membres, M. De-
breyne était présent! Cinquante pères et mè-
res de familie, dout quelques-unes portaient
leurs plus jeunes enfants, réclament ;i graads
cris du feu et du pain. Le fier Gustave, croyant
le moment venu dénlever quelques enfants ii
nos écoles, s'avance blême de colère, d autres
diseul de peur et crie h ces pauvres affnnés
Envoyez vos enfants a l écote communale et
vous aurez comm' les autres Un ouvrier
répond: Nous réclainons notre pain: (es
brood) et nous avons le droit d'envoyer nos en
fants oil nous voulons, tout aussi bien que
vous. Vos amis n'envoient-ils pus leurs enfants
chez les Jésuites? ft nous faut notre pain
Quant a mes enfants, vuus ne les aurez pas.
Vive lécole catholu/ue
Ah! il faut le dire, nos braves gendurm-'s
avaient la une mission bien délicate et diffi
cile: plus d une fois nous avons vu qu ils se
retouriiaient les larm s dans les yeux, sur
tout quand les pauvres mères élevèreut leurs
petits enfants en criant: Ce n' est pas pour
nous, mais pour ceux-ci que nous tóitAMOXS
noire part. Rien n'y fait, on leur ferma la
porte au nez.
Inutile, Monsieur, de vous dire que ces
mesures si iniques, si barbares, sout ren'oa-
vées par tout ce que Dixrnude a de emm's hon-
uètes et que les cataoliqu 'S feroiit tout poui
que leurs malbeureux freres nesoientpas sans
secours.
struit a Saint-Pétersbourg un palais de glacé de
51 pieds de longueur sur 17 de la'-gaur avec des
bloes pris dans la N-wa. O famnne autour de ce
palais six canons de glacé avec leurs affüts et
leurs roues, et deux mortier» a bo nVs. Lis ca
nons sont de six livres de balles; on les charge
d'un quarteron de poudre, et un boulet de ter
lancé par une de ces pièoes perce une planehe
épaisse de deux pouees, a soixante pas de distan
ce. Le canon n'éclale pas, quoique n'ayant que
quatre pouces d épaisseur.
En 1765, plusieurs voyageurs périssent en
France sur les gramles routes. A Paris, o.i brise
plusieurs cloches en los sonnant.
En i78l, l'liiver est trés-do ix; cette année est
très-heureuse pour les récoltes.
En 1788, la Seine est en :oro gelée dans toata sa
largiur. Get hiver est lege.idaira. C ist le 3D N'n-
vembre que së déclarent les intempéries, et su-
bitement le tharmo.aètre descend au dissous de
18 d igrés Réaumur. A Versailles le iro;d a débuté
quelques jours auparavant. Le grand canal a
douze pouces d'cpaisseur de glacé. Les amateurs
de glissades s'en donnent a qui miéux inieux.
Louis XIV encourage les patineurs par sa pré.
8ence, quand uu accident arrivé a un jeune honv
me, Joseph Chretien, fait interdire eet amuse
ment.
En 1793. l'hiver est tellement doux que les
5
Autrichiens rostent rarnpés durant cette saison
dans la forel de Mormal, avant de procéd -r an
siége de Landrecies, et qu'D la mi-Avril on com
mence a faucher les herbes dans les prairies de
la vallée de la Sambre.
En l»07, l'hiver est très-doux, et les récoltes
sont réussies.
En 1811, année elite de la Comète, une douce et
chaudé température, trés long temps proiongée,
s'annonce dans le mois de Fóvrier: cette année
memorable est marquée par une grande abon
dance en production de toute nature, mais De
tainment par l'cxcellente et rare qualité de ses
vius, dont la récolte a eu lieu dans le mois
d'Aoüt.
En 1812, règne un hiver a jamais memorable
paries désastres de l'arinée franjaise en Ilussie.
En 182 l'liiver est desastreux. Le thermótnó-
tre descend en Provence au dessous de 12 de-
grés; ia neige tombe eu abondance a Florence et
a Rome.
En 1829, la Seine est de nouveau gelée dans
toute sa largeur.
En 1816, l'hiver est très-doux et l'on entend
la foudre a Paris le 28 Janvier 1817.
Ou se souvient entln de 1'hiver 187o-1871, pen
dant lequel o.it lieu la güerre franco-allemande
et le siége de Paris.
alia re. - cS
Les jouruaux beiges o.it ógalement annom-»-
l'ait.