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Mercredi 11 Décembre 1895
10 centimes le Nc
30 Année. N° 3105.
Le socialisme a Ypres.
Chronique électorale.
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Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
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Y a-t-il des socialistes k Ypres?
Nous l'avons souvent prétendu, et quel-
ques fois le Progrès, dans unbut qu'on devine
aisément, a nié qu'il y en eut, quelques in-
dividualités exceptées.
Le Progrès n'est plus aussi formel. Dans
un récent article, il parle de ceux qui pen-
chent vers les idéés socialistes et, dans un
de ses derniers numéros, il prétend que les
catholiques ont voulu se les rallier, tous
autres moyens a part.
Ces derniers mols renfermaient une insi
nuation laquelle nous avons sommé la
Lutte de répondre.
Enfin la chose est avouée aujourd'hui
Ypres reriferme dans ses murs un certain
nombre de socialistes.
Combien Peu importent leur nombre
et leur degré d'avancement.
Il y en a de très-rouges, d'après la Lutte
(numéro du 26 0ctobre). II y en a de moins
rouges, sansdoute. Ceux-ci sont les radicaux,
dont M. Vermeulen est le protecteur, si non
le chef.
Parmi les nuances qui forment le faisceau
des forces liberates d'Ypres, la plus nom-
breuse est incontestablement la nuance
radicalo-socialiste.
Placés, de leur propre consentement.dans
la minorité, les doctrinaires militants se
voient, comme partout ailleurs, absorbés
par les avancés. Nous n'aurons plus guère a
nous occuper d'eux k l'avenir. Leur règne est
fini, et il est plus que probable que dans
quatre ans, on ne verra plus leurs chefs
affronter le scrutin.
Nous nous trouverons alors devant une
coalition progresso-socialiste, soutenue sans
doute, derriere les coulisses, par les anciens
chefs, mais abandonnée par la majorité des
libéraux conservateurs, qui, malgré tout, ne
sejoindronl jamais k ceux dont M. Frère-
Orban disait naguère qu'ils conduiraient le
pays aux abimes.
Le terrain du combat sera done considé-
blement déblayé d'ici Ik, et notre tkche de
journalistes, ardue sans doute parce que
nous aurons k faire k unennemi plus ardent,
plus énergique, plus résolu et plus avancé,
sera beaucoup moins difficile que lorsdes
dernières élections, oü nous avons eu k
lutter contre des forces plus nombreuses et
coalisées.
Mais revenons k notre sujet: le socialisme
b Ypres.
Le jour de la fête de St-Pierre, nous avons
constaté qu'un drapeau rouge était arboré k
la fagade d'un cabarêt de ce quartier de la
ville. Nous avons cru et écrit que c'était sans
doute en signe de protestation contre la
manifestation catholique.
C'était une erreur. II s'agissait d'un con-
grès socialiste, annoncé par le Volksrecht,
tenu k Ypres et oil Ton devait notamment
prendre des mesures pour étendre le cercle
d'influence de ce journal, destiné spéciale-
ment k la propagande socialiste dans la West-
Flandre.
II va sans dire que s'il n'y avait pas k
Ypres un nombre relativement grand de
socialistes, ce congrès n'aurait pas été tenu
dans noire ville. Mais, encore une fois, peu
importe ce nombre. L'essentiel, ce qu'il im-
porte de constater, c'est que, outre un certain
nombre de délégués socialistes de la West-
Flandre, et ceux de céans, nous avons vu au
local rouge des gueusillons Yprois qui,
quoique issus de parents libéraux ou radi
caux, ont cru devoir se ranger sous la ban-
nière du socialisme.
Ces gosses travailleront-ilskla propagan
de du journal socialiste le Volksrecht Nous
le saurons sans doute bientót. En attendant
nous croyons devoir signaler k leurs parents,
certains articles de cet organe extraits du
numéro même oü le congrès d'Ypres était
annoncé.
Ecoutez, pères de familie, qui avez regu
un patrimoine de vos parents, patrimoine
que vous avez augmenté par vos labeurs et
que vous désirez trarismettre k vos enfants.
Ecoutez, vous aussi, qui ne craignez pas de
vous rallier aux idéés des meneurs collecti-
visles, ou qui lessoutenez par votre influen
ce et par vos votes. C'est contre vous que
l'on écrit ceci
Le socialisme veut mettre fin a
tout cela. II veut donner a la col-
lectivité les machines, Ia terre et
tous les moyens de production
quelconques.
Alors c'en sera fait de la misère
de Ia masse, des contrastes que
nous rencontrons tous les jours. Le
capitaliste, ce bandit de notre
temps, n'y sera plus pour voler les
fruits du travail d'autrui.les coffres-
forts ne déborderont plus d'argenl
sueur des travailleurs alors
que le garde-manger du pauvre
ouvrier est vide
Notre but et tous nos actes ten-
dent a Ia disparition de la société
actuelle et a l'instauration dans
toute sa justice du socialisme; par
ce moyen nous voulons le bonheur
de tous les hommes.
Après cela, un article contre le mariage.
Puis, deux pièces de vers, dont la première
se cloture sur ces mots
De vader zwijgt.,., o God, er is geen
God. (Le pére se tait.... mon Dieu, il
n'y a pas de Dieu
Le second poême se termine par ces in
criminations
Debout! Plus de tergiversations.
Debout! pour votre liberté, votre
droit et votre pain. Le salut est
dans l'union de nos forcesAlors
nous aurons vite fait de chasser les
parasites, grands et petits. Alors
la vie du pauvre travailleur nelui
sera plus a charge.
Cela va bien, n'est ce pas, lecteurs?
C'est le journal qui écrit ces abominations
qu'ilfaut propager, et c'est k Ypres que le
congrès de propagande k été tenu
Et k Ypres, il y a des gens qui penchent
vers les idéés socialistes, dit le Progrès.
Que répondra le confrère aux extraits que
nous venons de copierdans Ie «Volksrechte?
Que dira la Lutte? Dans son dernier nu
méro, elle ne mentionne pas le congrès
Elle ne dit rien des résolutions qui ont été
prisesNe voudrait-elle pas donner le
compte-rendu du congrès? Pourquoi vous
gêner, consoeur.... du Progrès
La decision de la Béputation
permanente.
La Lutte falmine contre la décision
de la Députation permanente qui a
validé les élections d'Ypres. C'est un
odieux coup de partiC'est un ver
diet qui engloutit l'honneur politique
de ceux qui l'ont rendu
Brrrr.... Autant en emporte le
vent! Nos lecteurs pourront juger
du dégré de fondement de la récla-
mation de M. Valère Tremery et
consorts, en lisant la délibération de
la Députation permanente que nous
reproduisons ci-dessous.
La Lutte nous demande pourquoi
nous laissons de cóté les faits numé-
rotés 8 et 9
Pourquoi? Mais parcequ'il ne valait
pas Ia peine d'y répondre. Nous avons
donné un pain frangais et un verre
de bière a des centaines d'électeurs,
tous membres du «Volkshuis», nos
hommes que nous avons chargés de
surveiller les vötres que vous avez
payés, a raison de trois francs par
nuitEst-ce vrai
Nous n'incriminons pas votre con
duite. Qu'avez-vous a dire a la nötre,
alors que nous avons méme donné
un pain fourré et un verre de bière
a vos propres surveillants.qui étaient
bleus de faim et de froid.
II fallait articuler encore ce dernier
fait. Celui-la au moins eut été un
peu plus relevant. II est vrai que vos
hommes n'étaient pas des électeurs!
Les nötres sont des hommes dévoués,
et en veillant toute la nuit du Samedi
au Dimanche, ils ont voulu protester
contre vos diffamations consistant a
les faire passer pour des traitres a
leur parti
Mais aucun électeur étranger au
Volkshuis n'a veillé et n'a recu
un pain fourré, si ce n'est vos sur-
veillants de la rue St Jacques, que
vous n'avez payés que sous la then ace
d'nne action en justice.
Voila et lisez encore Ie considé-
rant de la décision de la Députation
permanente, o transparents percés,
que vous êtes. Lisez, si vous savez
lire.
Et le numéro 9!? Mais, nous vous
avons déja dit que votre témoin est
un menteur ou unimbécile. Veuillez
lire aussi la réponse péremptoire de
la Députation permanente.
Et, maintenant, voici la décision
de cette Députation
lr Div.
N°182338.
La Députation permanente du Gonseil
provincial de Ia Flandre Occidentale
Vu la requête regue au greffe provincial Ie
27 Novembre 1895,parlaquelle MM.Tremery
et consorts d'Ypres, réclament contre la
validilé des élections qui ont eu lieu dans
la susdite ville le 17 du même mois pour le
renouvellement du Conseil communal, récla-
mation f'ondée sur les griefs suivants
1°) Les bulletins de vote n'ont pas été
envoyés au président du bureau principal
conformément k la loi, mais au bourgmestre
de la ville; on a constaté après l'impressiori,
qu'il y avait trop peu de bulletins blancset
des bulletins roses en trop
2°) Le résultat officie! accuse un déchet
de 96 voix; ce déchet devrait être supérieur
étant donné le nombre des absents, des
condamnés.des impotents et des décédés;
3°) Le nombre des bulletins trouvés dans
lesurnes n'est pas le même pour les deux
séries un bulletin rose manque, on peuten
conclure qu'on a voté au moyen de lettres
de convocation adressées k des personnes
absentes au scrutin, et qu'il y a eu des bulle
tins voyageurs
4°) Un grand nombre de convocations
n'ont pas été estampillées après la vote, ce
qui peut avoir donné lieu k des doubles