Le Banquet du «Volkshuis.» La question militaire. Aux amis de Lourdes. Le banquet annuel des membres de la Jeune Garde a >.u lieu, Dimanche soir k 6 heures, au milieu d'un enthousiasme in- descriptible. L'immense salie était comble. Les convi ves étaient rangés autour de sept tables qui allaient d'un bout de la salie k l'autre. Avec les soixante quatre membres honoraires qui se trouvaient sur l'estrade, et les soixante serveurs, il y avait mille personnes. Mille personnes assises k l'aise cela donne une idéé de l'immensité de la salie et du nombre d'électeurs présents aux réunions qui ont précédé l'élection du 17 Novembre, alors qu'il avait ni tables ni chaises. La table d'honneur était présidée par M. Ernest Seys, président de la Garde, ayant k sa droite MM. le Doyen Boone, les Eehevins Golaert et Berghman, le curé de St Pierre et la moitié des élus du 17 Novembre k sa gauche, MM. le Président d'honneur, Iweins d'Eeckhoutte.le curé de St Nicolas,aumónier, S uye sénateur, les autres conseillers élus, etc. etc. Décrire la joieet l'entrain de ces centaines de gais compagnons, serait impossible. Le menu.composé de trois plats consistants, était excellent.La nourriture abondait.Toutes nos félicitations aux organisateurs et aux en trepreneurs du banquet. Les toasts ont été au diapason de la joie et de l'allégresse qui out régné durant tout le banquet. M. le Doyen Boone a bu k la santé de LéonXlIl. II a magistralement développé ces idéés que le Pape est le père des pauvres et des ouvriers et que le respect et la soumis sion aux autorités civiles et religieuses assu- rent la liberté et l'indépendance des citoyeris. L'union des idéés et des efforts pour le bien de la société aura toujours pour récompcn- se le bonheur et la paix des membres qui la composent. Buvons k cette union Buvons k Léon XIII Le cri de Vive Léon XIII est dans toutes les bouches et des applaudissements chaleureux saluent le beau toast de M. le Doyen. M. Iweins d'Eeckhoutte boit it Léopold II et k Ia familie royale. Notre devoir k nous catholiques, dit M. le Président d'honneur, est de nous grouper autour du Roi et de serrer davantage nos rangs, k mesure que les ennemis de nos institutions et de la patrie redoublent leurs efforts pour saper le prin cipe monarchique. Ce toast est accueilli avec non moins d'enthousiasme que le précédent. Puis, M. Seys boit k la santé de MM les Bourgmestre et Eehevins et des élus du 17 Novembre. II fait un éloge digne et mérité de l'ancienne majorité et desnouveaux venus. Ses paroles sont longuement et frénétique- ment acclamées. En l'absence de M. le Bourgmestre, légère- ment indisposé, c'est M. l'échevin Golaert qui est chargé de répondre au toast si bien senti de M. Seys. Notre sympathique et éloquent ami le fait avec cette verve et eet humour donl il a la spécialité. Jamais nous n'avons entendu un toast mieux approprié k la circonstance. Après les journées de combat, dit l'hono- rable Ecbevin, après la journée du triomphe, voici maintenant la journée de la joie et de l'allégresse Nous avons combattu, nous avons triomphé; réjouissons nous, mes amis! Acclamations Je suis fier et heureux de voir l'entrain que vous mettez k célébrer cette féte de la fraternité catholique. Je ne crois pas qu'il y aiteu dans tout le pays une assemblée oü mille hommes, assis k la même table, unis par les liens de l'amitié et ceux de l'intérêt qu'ils portent k la Religion et k la Patrie, ont acclamé avec plus d'enthousiasme les noras du Pape et du Roi. Vous avez bien voulu boire aussi aux élus du 17 Novembre. Merci, pour M. le Bourg mestre qui est ici de coeur et d'ame et qui regrette de n'avoir pu honorer la fête de sa présence Merci pour chacun de nous! G'est vous qui nous avez menés k l'Hótel de Ville, k vous nos coeurs et nos ames! (bravo\ bravo) Vous avez travaillé pour nous nous tra - vaillerons pour vous. II y a beaucoup k faire, et, soyez en convaincu, nous le ferons, avec la grace de Dieu et le soutien de lous les hommes de bien. II y a aussi des injustices k réparer, il y a vos intéréts matériels k soigner sans nuire k personne, sans com- mettre k notre tour des injustices, nous ferons pour nos amis du Volkshuis tout ce que nous pouvons. Applaudissements L'orateur parle au milieu de l'hilarité géné rale, de la réclamation libérale contre les élections du 17 Novembre. Dans quelques jours nous irons k l'Hótel de ville, dit il, et, puisque c'est vous qui nous y avez fait arriver vous y irez avec nous, le jour de notre in stallation. Gar c'est vous qui triomphez, autanlque nous. (Ovation.) Impossible de reproduire le toast de M. Golaert. II faut avoir entendu l'orateur pour se faire une idéé de l'éloquence entrainante et de l'enthousiasme qu'il provoque chaque fois qu'il harangue les membres du Volks huis Ce n'est plus même de l'enthousias me, c'est un vrai délire. A neuf heures le banquet prend fin. Les membres se retirent heureux d'avoir assislé k cette belle fête. Pas le moindre abus, pas une parole discordante, pas l'ombre de désordre parmi cette foule d'hommes de toutes les classes de la société. Mais tous sont décidés de mettre en pratique les con- seils qui leur ont été donnés par les divers orateurs tous sont résolus k marcher tou jours dans la voie du bien, luttant pour le triomphe de l'opinion catholique. Un télégramme a été envoyé k S. M. le Roi par M. Iweins d'Eeckhoutte, président d'honneur de la Garde, au nom de celle ci. Ge télégramme portait A Sa Majesté le Roi Léopold II. Bruxelles. Katholijk Volkshuis Yper. Mille ouvriers, patrons, bourgeois et membres de Ia noblesse réunis dans un même sentiment de fidélité et de respect vis a vis du Roi.boivent a la bonne sanlé et au long règne de Sa Majesté, ainsiqu'au bonheur de toute la familie Royale. Le président d'honneur, IWEINS d'EEGKHOUTTE, représentant. Sa Majesté Ie Roi k répondu par le télé gramme suivanl A Monsieur Iweins d'Eeckhoutte, memhre de la Chambre des représen- tants, président du Katholijk Volkshuis Ypres. Le roi, trés touché des sentiments que vous exprimez a S. M. adresse a tous les membres du Katholijk Volks huis d'Ypres,qui ont bien voulu boire a sa santé, l'expression de ses vifs et sincères remerciments. Le lieut' gén1 aide de camp du Roi de service. Nous empruntons au Bien Pubtic les excellentes observations suivantes au sujet de la question militaire qui s'agite de nouveau dans certaines régions parlementaires et autres. La presse libérale protite des bruits, aujourd'hui controuvés, qui ontcouru récem- ment au sujet de la retraite du général Bras- sine, pour inscrire de nouveau la question militaire k l'ordre du jour des discussions publiques. Aencroire nos adversaires, la solution dece problètne est urgente, et la prudence la plus élémentaire l'impose k l'examen d'un gouvernement soucieux de la paix publique et de l'avenir de l'armée, Personne n'ignore, en effet, comment les socialistes, pareils k une légion de termites, cherchent k pénétrer dans notre organisation militaire pour en enbranler la solidité et pour la rendre inefficace k l'heure du péril. Done, concluent les partisans du milita risme, augmentons notre efteclif et décré- tons le plus tót possible le service person eel, sinon universel. Nous avouons, pour notre part, n'être nul- lement persuadés par la logique de ce rai- sonnement. Sans doute, nous reconnaissons que le socialisme cherche k s'introduire dans l'ar mée, comme il cherche k s'introduire par- tout nous accordons, en outre, que l'armée est un milieu oü la propagande peut être singulièrement pernieieuse et dangeureuse. Pourquoi Paree que, d'une part, le socia lisme s'applique k exploiter, k envenimer, k exaspérer tous les méoontenlements et que, d'autre pait, il se rencontre dans l'armée bon nombre de soldats mécontents du sort qui leur a été fait malgré eux. Gela dit, nous ajoutons immédiatement que nous n'apercevons aucune relation entie la situation que nous venons de définir et le remède qu'on veut lui appliquer. II est absurde, au contraire, de vouloir apaiser le mécontentement en augmentant le nombre des mécontents. II n'est pas plus rationnel d'espérer en- rayer la propagande socialiste en étendant sou champ d'action et en lui recrutant de nouveaux éléments. En vain se flatte-t-on de faire reculer le flot montant de la révolution en dévelop- parrt dans l'armée le mélange et le contact de diverses classes sociales. 11 ne faut pas oublier que les couches suppérieures y seront toujours représentées dans une trés faible proportion, tandis que les éléments populaires, et notamment ['élément campa- gnard, yentreront pour une part considéra- blement plus large. En outre, selort le mot si juste de Joseph de Maistre, ce n'est pas la santé, c'est la maladte qui est contagieuse. Nous comptons trés peu sur les soldats bourgeois pour régénérer l'armée mais nous redoutons, au contraire, de voir le socialisme pénétrer d'avantage encore, grace k l'obligation géné rale du service militaire, dans les classes et les régions demeurées indemnes et satnes dans notre pays. Nous ne voyons pas, d'ail- leurs, que les armées recrutées k la prussien- ne, et notamment l'armée allemande elle- même, soienl mieux abriiées contre l'infil- tration et contre la propagande socialistes que les armées soumises k un autre mode de recru temen t. Disons enfin que le militarisme, c'est-k- dire l'extension exagérée de l'élément mili taire et l'accroissement continuel des char ges militaires imposées k un pays, loin d'être l'antidote du socialisme en est, au contraire, un des plus productifs généra- teurs. Partout les populations se plaignent d'è.:e accablées jusqu'k l'excès de corvées militaires et d'impots et elles sont naturelle- ment portées k rendre l'état social responsa- ble de cette situation. Bon nombre de publicisles, trés conserva- teurs d'ailleurs, ont signalé eet écueil. II n'a pas échappé non plus k la peispicacité des hommes d'Etat et «les Souverainseux mêmes. Partout l'on proclame que la politique de désaraiernent» s'irn|iose si l'on vi ut épargner k la plupart des pays de l'Europe des débi- cles financières et des crises sociales plus graves encore. Le maiheur est que per sonne ne se soucie de donner le premier l'exemple En Belgique, ayons au moins le patrio- tique souci de ne pas nous laisser envahir par la manie militariste préoecupons-nous, au contraire, de diminuer pour nos popula tions le fardeau du service militaire, comme nous l'avons fait pour d'autres charges et impots. Dans les petits pays et surtout dans les pays neuties comme le nötre, il faut viser plutót k la qualité qu'k la quantité des soldats. Nous ne disons certes pts qua notre organisation militaire actueile soit parfaite, mais nous maintenons, plus que jamais, que si elle doit être remaniée, cette réforme ne doit pas avoir en vue de généraliser et d'agraver les charges de la milice,mais, tout au contraire, de laire la part la plus large possible aux économies, aux réductions et surtout k la liberté. Et nous ajouterons, en terminant que ces aspirations justes, répondant au sentiment général du pays, il serait absolument impo- litique de les méconnaitre et de les contra- rier. Une bonne aubaine pour tous les amis de Lourdes, ceux de notre ville surtout. Prochainement parratlra chez l'imprimeur de ce journal, M. Callewaert-DeMeulenaere, (36, rue au Beurre, Ypres) un riche album composé de 53 vues de Lourdes et de ses environs des vues photographiques véri- tables, pour la plupart même des instanta nés, n'ayant rien de commun avec ces pseudo-photographies de haute fantaisie et de suprème hideur qu'on prendraitvolontiers pour une vengeance du diable envers ce Lourdes qui l'irrite. Pour beaucoup d'Yprois eet album rappel lers des scènes vécues, dont ils furent les témoins ou les acteurs. Ge ne sont du reste pas les seuls qui se féliciteront de l'apparition d'un recueil im- mortalisant tarit de délicieux souvenirs de quelques uues des plus belles journées de leur vie. Tous ceux qui aiment leur céleste Mère el cherchent k procurer sa gloire, tous ceux qui comprennent l'impérieux devoir quj s'impose plus que jamais aux catholiques de soutenir de toutes leurs forces les ceuvres de piéservation sociale,lous ceux lk aussi seront heureux de trouver un moyen éminemment commode, voire avantageux de répondreaux pressants appels de leur coeur ou de leur conscience. L'album sera veudu, en effet, au profit de l GEuvre des Patronages de jeunes geus de la ville d'Ypres. Elégamment relié et d'une valeur de 20 fr., il sera vendu au prix excessivement réduit de lOfrancs. Voilk certes une superbe occasion offerte k tous ceux qui ont conlracté envers leur toute puissante Protectrice Celle qu'on n invoque jamais en vain une dette sacrée de reconnaissance. Ln uxte délaillé, destiné k faire en même temps de eet album un livre intéressant k lire et utile k consulter, doit faire partie du recueil. Malheureusement, il ne pourra paraitre que dans quelques mois. II sera alors envoyé, sans supplément de prix, sous forme de pages détachées, faciles kencarter, k tous les acheteurs de l'album. Les exem- plaires de celui-ci seront numérotés et hvrés, aussitöt disponibles, suivant l'ordre de souscription. On peut s inscrire chez l'éditeur ou chez M. Julien Antony, rue au Beurre, k Ypres.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1895 | | pagina 2