Mercredi <22 Janvier 1896
31 Année.
10 centimes le N
Installation du Conseil
Communal d'Ypres.
Nomination du Bourgmestre.
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VIIJLE D'VPRES.
Le nouveau Conseil communal a
été installé hier, Lundi, a cinq heures
du soir.
Dès 4 heures et demie, une foule
immense stationnait autour de l'Hötel
de Ville ct envahissait le grand esca-
lier cl les corridors.
L'arrivce des conseillers est saluée
par des applaudissements et des bra-
vos. De rares libéraux se bornent a
regarder.
A cinq heures précises le coup de
sonnette se fait entendre, la porte de
la Salle Bleue s'ouvre et la foule inon-
de l'immense salle.
M. le Baron Surmont de Volsberghe,
Bourgmestre encore en fonctions,
preside le conseil. II ouvre la séance
en prononQant un discours, en langue
flamande, dans lequel il fait con-
naitre les principaux points du pro
gramme de nos amis.
Void le discours de M. le Baron
Surmont
Uiers et Estimés Collègues,
PermcUt'z mui, avant do procéder aux
formal nés oHicielles de I'iristallation du
Coiisril communal, de vous adresser quel-
ques mots.
Voici la première fois, depuis de lon-
gues années, qu'une assetnblée, dont tous
les membres apparuenneiit a noire opinion,
siègc ii l'bólcl de ville, li y a quatre ans le
corps électoi al avail élu une majorité catho-
tique cells ibis, il n'a plus voulu de mé
lange. Le conseil est-liomogène. Applau-
dissemenls.)
En moii nom et au nom des membres de
la majorité de hier je félicite les élus d'au-
jourdiiui, et leur souhaite la bienvenue.
Bicnvenue surtout aux représentants de la
classe ouviière, désignés par les ouvriers
au corps électoral et envoyés triomphants
dans cello enceinte. Applaudissements
Mes eters Collègues, notre mission est
grande el belle. Candidats, nous représen-
tions plutöt les vues et les opinions d'un
parti politique,qui nous avait désignés. Elus,
saus abandonner ou renier nos principes,
nous sommes devenus les représentants
de la vilie entière, les représentants de tous
nos coneitoyens sans exception. L'homme
politique disparail dans celte assemblée. Dès
que nous avons prêté le serment exigé par
la lui, nous sommes constituéS les admi
nistrateurs de la cité, les défenseurs de ses
droitsles protecteurs de ses intéréts moraux
et matériels et les intéréts moraux ne sont
pas les rnoinS importants. Tout estconfiék
notre garde, tout réclame les sacrifices de
notre dévouement, les eftorts de notre intel
ligence, l'amour de notre cceur Depuis les
choses les plus essentielles.comme Instruc
tion publique ou les établissements chari-
tables, jusqu'aux détails les plus infimes de
l'bygiène ou de la voirie, tout doit faire
l'objet de nos constantes préoccupations.
Tous les citoyens sont égaux devant l'ad-
ministralion. L'auiorité doit faire règner la
paix entre eux, et pratiquer k leur égard k
tous, les régies de la justice.
Telle est, tracée en quelques mots, la
grandeur et la beauté de notre mission.
Mais, ne nous faisons pas illusion k eet
égard, cette mission n'est pas exempte de
difïicultés. La tache sera rude parfois.
Notre ville ne possède pas d'établissements
industriels nombreux ou importants; son
commerce n'est guère développé. Sa popu
lation augmente k peine et par suite de la
rictiesse extraordinaire de nosétablissements
bospitaliers, les nouveaux venus sont le plus
souvent des indigents, qu'attirent les res
sources de la bienlaisance publique ou que
nous envoient les communes moms riches.
Le travail n'est pas (oujours abondant et
nos ouvriers sont obliges souvent de cher-
cher ;'i l'étranger les moyens d'élever leurs
enfauis et d'eniretenir leur familie.
La misère, conséquence inévitable de
cette situation, est difficile k secourir ou k
combattre d'une manière efficace. II y a
beaucoup k faire sousce rapport, inutile de
se le cacher.
Ce problême grave et terrible doit être
regardé en face, avec courage les moyens
de le résoudre examinéset posés avec matu-
rité et prudence, appliqués ensuite, d'une
main ferme et sans bésitalion.
C'est en fournissant du travail surtout,
plutöt qu'en accordant des secours, même
abondants, qu'il faut chercher k apporter une
amélioration au sort des classes nécessiteu-
ses. Peut-être, a-t-on, en général.trop négli
gé ce moyen jusqu'ici. Nous avons été assez
heureux de faire décider l'éreclion de deux
établissements importants sur le territoire
d'Ypres. C'est pendant queique temps du
travail pour un grand nombre de nos con
eitoyens et plus tard du débit pour les bouti-
quiers et les artisans. (Applaudissements).
En cette matière surtout, il y a lieu de
songer au Proverbe, aide-toi, le Ciel
t'aidera. La parole divine qui promet la
paix aux hommes de bonne voionté, nous ga-
rantit aussi la bénédiction de Dieu, sans la-
quelle aucune oeuvre humaine ne peut pros-
pérer. Applaudissements
La situation commerciale et industrielle
de notre ville rend égalemenl difficile l'aug-
mentation de nos ressources financières.
Impossible de demander k de nouveaux im-
pöis un accroissement de revenus. Le bud
get de la ville exige de la prudence et si la
situation ftnancière présente depuis quatre
ans des résultats, chaque année meilleurs,
il n'est pas permis d'en abuser, maintenant
surtout que ceriaines lois récentes exigent
des frais plus considérables.
Cependant que d'améiiorations encore k
réaliser dans les quartiers surtout habités
par la classe ouvrière.
Ne nous laissons pas effrayer pat' la vue
de l'avenir. Toujours de l'avant, n'ayanl
devant les yeux que le bien k faire, la pros-
périté de notre chère ville, le bonheur des
Yprois. Toujours de l'avant avec notre con
cours k lous et la bénédiction divine.
Applaudissements
Après ce discours, couvert paries
applaudissements de l'asstmblée et
du public, M. le Président prie Mes
sieurs les Conseillers de préter ie scr
ment preset it par Partiele I de la loi
du 1 Juillet 1860: «Je jure fidélité
au Roi, obéissance a la Constitution
et aux lois du peuple beige.
Avant de procéder a cette formalité,
M. le Président prète lui-même ce
serment, en flamand, entre les mains
de M. Colaert, premier Echevin encore
en fonctions et leplus ancien membre
du Conseil. Puis tous les Conseillers,
dans l'ordre de leur inscription au
tableau, prêtent le même serment
entre les mains de M. le Président,
Le Conseil procédé ensuite a la no
mination des Echevins.
Le premier scrutin donne le résul-
tat suivantM. Colaert est nommé
premier Echevin pour un terme de
huit ans, par 14 voix contre une
donnéea M. Struye.
Aörès la proclamation de ce scru
tin, M. Colaert prête serment en qua-
lité d'Echevin entre les mains de M.
le Président, qui prie le premier Eche
vin de vocloir présider la séance.
M. Colaert va occuper le siège de la
présidence, et en termes choisis
et en flamand, remercie ses collè
gues de l'honneur qu'ils lui font en
lui confiant encore une fois les fonc
tions d'Echevin, quTl a occupées déja
depuis prés ue cinq ans. Des applau
dissements accueillent ses paroles.
M. l'Echevin-président fait procé
der a la nomination du second
échevin. Le serutin dormc le réèu 1 iat
suivant: 14 voix a M. Berghman
contre une voix a M. Struye.
M. Berghman, élu second échevin
pour une termede quatre ans, pré te
serment, et, a son tour, adresse a ses
collègues dans la langue mater-
nelle quelques paroles des mieux
senties pour les remercier du chcix
qu'ils ont fait de sa personne. De
nouveaux applaudissements saluent
ce discours.
M. l'Echevin-président fait approu-
ver le procés-verbal de l'avant-der-
nière séance et dépose celui de la
dernière séance a l'inspection des
membres.
L'ordre du jour appelle ensuite la
nomination des trois commissions
formées sous la présidence des trois
membres du collége.
Quand l'ordre du jour est épuisé,
M. Colaert remet la médaille de 2"
classe obenue par M. Lameirc qui
est chargé depuis 43 ans du trans
port des malades, et la médaille de
lre classe a M. Dézütter, employé a
l'Etat-civil et a M. Boudry, chef de
service au secrétariat, pour vingt-
cinq ans de bons et loyaux services*
M. le Président félicite chacun des
fonctionnaires pour la distinction
honorifique qu'il a plu au Roi de
leur accorder.
M. le Président annonce ensuite
que les commissions seront convo-
quées pour Jeudi procbain aux tins
d'examiner les budgetset les comptes
de la ville et des administrations cha-
ritables comptes de 1894 et budgets
pour 4896.
M. Breyne-Devos demande qu'a
l'avenir le conseil soit convoqué, en
été, a 6 heures du soir au lieu de
cinq heures.
Le collége examinera la question.
La séance est levée a 6 heures. La
foule acclame les conseillers et les
accompagne jusqu'a la dèmeure de
M. Surmont de Volsberghe, qui offre
un banquet a ses collègues. Le caril
lon joue des airs joyeux pendant que
la foule enthousiaste s'écoule.
Aucun incident n'est venu troubler
l'installation du nouveau conseil.
Toutle monde est d'accoi d pour dire
que nos amis ont donné a cette céré
monie la plus grande solennité pos
sible.