Ce qui aulorise k croire que, en réalité, il a dü y avoir des abus, c'est co fait que nous pos'sédons k notre doss;er la convocation dun notnméKnockaert qui n'a pas éié tim brée et une convocation en blanc. S'il y a eu des convocations en blanc qui orit circulé, et d'autres convocations qui n'ont pas été tim- brées, 011 peut facilement e; conclure quel les ont servi une seconde fois, puisquelles n'avaient pas été annulées par le bureau électoral. 11 est certain qu'il y a eu des erreurs sur lesquelles une enquête était absolument né cessaire. La députation répond ensuite k certains griefs, et je n'insiste ni sur ces griefs ni sur les réponses que fait la députation, paree que je voudrais abréger Ie débat autant que possible. J'en arrive, messieurs aux bulletins mar qués Constdéiant que le nombre de ces bulle tins y compris les blancsn'esl quede 92 pour la deuxiène série de 82 pour la première série quecechifiie (2 p. c.) est minima et qu'il prouve qu'il est inexact de soutenir que la corruption est manifeste quen outre il n'est nullement établi que ces bulletins oiq été déposés par des éiecteurs influencés pat les candidats de la liste Boone Considérant qu'il est inexact que le té- moin catholique a pris note des marques des bulletins que cela est interdit aux témoins et que le président du bureau aurait dü Ie lui défendreet ader le fait au procés verbal que ce témoin,d'après la déclaration du pre sident du bureau de dépouillement, s'est bor- né supputer les voix donnés aux candidats pa, les bulletins panachés et les bulletins in- coroplets, avee le secrétaire du bureau el le lémoin libéral... Done, messieurs, k vpres il y a eu, dans la seconde série, 92 bulletins blatics ou nuis el 82 dans la première. II est certain quunc pression avail dü être exercée sur un grand nombre d'électeurs et que, pour sassutvr que cetle pression atteindrait son but, on avait exigé d'eux qu'ils marquent leuis bulle tins. La preuve, c'est qu'il y a eu des bulle tins marqués et que la députation perma nente elle-même reconnalt qu'il y en a eu. M. Colaert. Gombien M. Heuse. Gombien? S'il y avait eu une enquête, nous le saurions. M. Colaert. Ali M. Heuse. Je vous ai cité tantót les dé cisions de la députation permanentede Liége. Savez-vous ce que cette députation a fait dans des éleclions oü il y avait contestation, même pour un seul bulletin Elle a fait le dépouillement complet pour un grand nom bre de communes et, k la suite de cette lon gue opération, elle a annuié des éleclions qui étaient favorables k ses amis poliliquis, dans deux cas différents, elle a annuié des éleclions progressistes ou socialistes, k ia suite d'une vérification exacte et correcte de ce qui c'éluit passé. Qu'avons-nous demandé d'auire k propos de cette élection d'Ypres Nous avons de mandé qu'on procédé k cette vérification et c'est vous qui n'avez pas voulu. {Interruption de M. Colaert.) Ce sont vos amis qui se sont opposés k l'enquêle. Ne venez pas alors me demanderdes cho- ses que je ne sais pas paree que vous n avez pas voulu que je les sache. Trés bien a gauche.) Mais, messieurs, je suis obligé ici de met- tre en cause un de nos honorables collègues d'Ypres. On a iusisté auprés de certains éiecteurs poui qu'ils marquent leurs bulletins, et voici une déclaration signée par quatre personnes. Encore une fois, j'ai beaucoup hésilé avant d'apporter ces fails k la tribune de la Ghambre, mais il faut qu'on sache, une fois pour toutes, ce qui se passé et qu'on premie des mesuies assez énergiques et assez radicales pour que de pareils faits ne puissent plus se présentei La mesure la plus radicale et la plus honuête, dans un cas comme celui ci, c'éiait l'annuiation de l'élec tion; si les poursuites pénales élles mêmes ne suffisent pas pour empêcher la fraude, il faut du e k eeux qui frandent Vos fraudes n'auront aucun résultat, les éleclions seront annulées jusqu'au jour oü vous n i fraudez plus C'est lc seul mohen d'aooutir k un résultat pratique. M. Vaudervelde. Ce serail long. M. Heuse. Non, cela ne durerait pas longtemps. M. Lorand. Ce serait assainissant. M. Heuse. Voici, messieurs, cette dé claration Les soussignés, Jules Gouwy,cabaretier, rue des Bouchers, a Ypres, Henri Lebrun et Henri Van Brabandl déclarent avoir élé pré sents au café la Locomotive, même me, au moment oü Léopold Plancke, boutiquier, même rue, n° 21, a dit Que peu de jours avant les derniêres éleclions communales oü M. lweins d'Eeek- houlte, habitant rue -ie Menin, a élé noma.é, il avait legu une letlre lui ordonnant d'aller le trouver le Vendredi soir k 7 heures. Arrivé lk, M. lweins lui aurait dit Paul, vous avez deux voix Oui monsieur fut la réponse. Comme vous êies connu connu comme libéral, je n'ai pas confiance en vous vous devriez mettre sur votre bulletin lemol rouge Plancke répondit la-dessus Monsieur, ce seraient deux voix de moins pour votre lisleC'est vrai, reprit M. lweins, mais si vous agissez aulrement, cela serait sur voire conscience. Le Sarnedi, la veille des élections, M. lweins est allé trouver Plancke chez lui, puur iui répéter qu'il devait écrire sur son bulletin le mot rouge el que s'il agissait autrement, il aurait k faire k sa eonscience. Düment et sicèrement déclaré a Ypres, ie 2 üécembre 1895. (Signé) Jules Gouwy, Henri Lebrun, Henri Van Brabandl, E. Dumoulin. M. lweins d'Eeckhoutte. Je demaude la parole. M. Heuse. En présence de faits sem- biables, il failait demander l'enquêle pour faire ia lumière k ce sujet. M. A. De Fuisseaux. C'est le minislre de la justice qui aurait dü iniervenir. (Hila- rité a droile.) Je ue préiends pas que le fait tombe sous l'applicaliou de la loi pénale, mais il est re grettable que l'on ail refusé l'enquêle, alors que des affirmations semblables, appuyées de quatre témoignages, se font jour. M. Lorand. Les accusés auraienl dü demander eux-mèmes l'enquêle pour con- foudre les accusateurs. M. Heuse. Pour ma part, je déclare que, s'il m'arrivait un jour, étant candidat, d'être accusé de faits de l'espèce, j'insislerais vivement pour obienir une enquête et, au besoin, je me soumetirais k une nouvelle élection. {Trés bien trés bien! a gauche.) M. Woeste. On u'aurait jamais firn... M. Coremans. Ou impute k autrui ses propres métaits. M. lweins d'Eeckhoutte. La pièce est lue, l'etfel est produitmerci, je répondrai! M. Liebaert. On maudit toujours ses juges... M. Lorand. Ici il y absence de juges et déiu de jusiice. M. Heuse. Nos amis libéranx ont signa- lé aussi ia pression exercée sur les pension- naires des hospices. Les hospices sont trés riches et, quelque temps avant l'élection, on avait écarté l'ancien secrétaire pour le rem- placer par un secrétaire k la dévotiori des catholiques. Des visites ont été faites, parait il, aux hospitalisés et c'est précisément sur ce point que nous aurions voulu voir porter l'enquêle. II y un fait qui a été signalé par nos amis dans la requête qu'ils ont adressée k la dépu tation permanente et qui a un caractère réel de giavité: c'est que le directeur de l'hospiee, M. Durin, a fait procéder k un vote préala- ble; or, on comprend quelle influence cette répétitiori préalable a pu avoir sur les vieil- lards. M. Durin avait avoué öevarit témoins ce qui aurait pu être véritté si une enquête avait eu lieu qu'il avait réuni tous les vieillards dans le fumoir et que <i 1" II leur aurait lu deux numéros de la Lutte, de Strijd; les vieillards auraient crié ce ne sont que dos mensonges, nous ne vo- tons pas pour ces gons 2° II avait fait subir aux vieillards une élection préliminaire et trois seulement avai- enl volé pour les libéraux. Un de ces troi® avait étè obligé, le 47 Novembre, en.allan voter, d'écriie sur sou bulletin le mot ca- tholique pour que son bulletin soit nul. 11 est certain que, si les libéraux qui nont pas le droit d'enlrer dans les hospices, qui n'y sont plus représentés, ont pu avoir con- naissance de pareils faits, il eüt été bien fa cile de s'assurer, par une enquête, si desac- tes'de pression ^avaient eu lieu. Or, vous savez, messieurs, que, sous ce raporl, la loi pénale est extrêmement sévère; ellejatteint Tout membre ou .employé d'un bui eau de bienfaisance ou d'un comité de chai ité, tout membre ou employé d'une administra' tion charitable pubiique qui aura, soit direc- tement, soit indirectement, offert, promis ou donné des secours permanents, temporaires ou extraordineires k un ou plusieurs indi gents, .sous la condition d'obtenir un suffra ge ou l'abstention de voter, sera puni d'une amende de 50 k 50o francs et d'un empresi- onnement de huit jours k un mois. «II en eera de même des dits membres ou employés qui auront refusé ou suspendu tout octroi de ces secours par le motif que l'indigant n'aurait pas consenti k laisser in- fluencer son vote ou k s'abstenir de voter. Je ne prétends pas que M. Durin tombe sous l'application de l'article 202 de la loi; telle n'est pas ma pensée; je tiens seulement k atlirer l'attentionide la Chambre sur ce fait que, quand on a élaboré la loi, on a crairit de voir les administrations des hospices et leurs employés chercher k empêcher les veillards, qui sont des citoyens comme les autres, de voter avec une indépendance absolue. Eh bien, je pretends q'k cóté de la loi pénale il y avait, pour la députation perma nente, une obligation morale, par respect pour le suffrage généralisé d'ordonner une enquête; et, si cette enquête avait été conelu- ante, de prononcer l'aiinulatipn des élections d'Ypres. Messieurs, nos amis d'Ypres signalaient également ce fait, qu'on avait mal calculé la valeur de certains votes. La députation permanente répond C'est inexactMais, encore une fois, la députation permanente avait un moyen bien simple de démontrer qu'il n'y avait pas d'erreur c'était de refaire le dépouillement. {Interruptions.) Cela aurait pris du temps, mais on aurait pu démontrer mathématiquement que le ré sultat était éxact et que le témoin libéral s'élail trornpé. Le témoin libéral disait qu'on avait donné, loisqu'un bulletin contenait un suffrage isolé, d'abord une voix k chacun des éius de la liste du candidat favorisé, puis quon avait donné, kce candidat-lk, une voix partioulière. II était bien simple de vérifier ce qui en était. La députation permanente ne l'a pas fait et M. le minislre aurait dü ordonner k la députation de le faire. Enfin nos amis signalent l'achat de voix et je crois que, ici, le róle de M. le ministre de la justice commence et qu'il y aurait lieu d'ordonner des poursuites Nous avons k notre dossier des écrits de gens qui déclarent qu'on leur a offert de l'argent ou qu ils saventque d'autres ont été corrompus Les soussignés, Engelaere, Désiré, boutiquier, Rabau, Albeit, particulier, et Igodt, Auguste, déclarent avoir entendu les propres paroles du sieur Gillis, Pierre, journalier, qui disait qu'il s'étail laissé cor- rompre par de l'argent et d'autres pro messes, afin de voter pour les catholiques, par le sieur Casier, Henri, cabaretier, rue de Menin, n° 16, en cetle ville. Düment et siricèrement déclarék Ypres, le 2 Décembre 1895. (Signé) D. Engelaere, Albert Rabau, August Igodt. Voilk un fait absolument précis. M. Colaert. Ce sont des polins de ca baret M. Heuse. Du tout, mon honorable collègue Si je puis prouver, par n'importe quel témoignage, que la loi électorale a élé violée, qu'il y a eu corruption par dons, pro messes ou achat de voix, il y a eu lieu k poursuite, et il importe peu que ce soient les corrompus qui avouent mais ici nous ap- portons Ie témoignage de gens qui ont con senti, k leurs risques et périls, k donner leur signature au bas de la pièce qu'ils ont ap- prouvée et qui contenait leur témoignage. M. lweins d'Eeckhoutte. lis ont ertendu raconter cela dans des cabarets. M. Heuse. lis font entendu dans des cabarets, dites vous Mais est-ce que tout ce que l'on entend dans les cabarets est mensonger M. lweins d'Eeckhoutte.Le fait est-il établi M. Heuse. Faites une enquête deman- dez qu'on intente des poursuites judiciaires. M. Begerem, ministre de la justice. Les intéressés eux-mêmes ne les ont pas deman- dées M. Heuse. Je reconnais que mes amis n'ont pas porté plainte. M. Begerem, ministre de la justice. Comment voulez-vous, dès lors, que le par quet se mette en mouvement {Interruption.) Mais M. Heuse, k l'instant, reconnalt qu'il n'y a pas eu de plainte. M. Heuse. II y a encore d'autres faits, monsieur le ministre. M. Lorand. Attendez, et si les autres faits sont assez sérieux, vous pourrez ordon ner des poursuites. M. Heuse. Vous pourriez faire pour Ypres ce que le procureur du Roi a fait k Alost. II a ordonné une enquête dont nous nous occuperons toute k l'heure. M. Lorand.Ordonnez une instruction sur les fails signalés k la tribune, comme vous l'avez fait pour les abus signalés l'an dernier par l'honorable M. Auseele. Si les faits sont reconnus exacts, vous ferez pour- suivre. Etce ne sera pas malheureux M. Heuse. Je continue done Le soussigné Gheysen, Emile, inenui- sier, rue des Boudeurs, n" 13, k Ypres, dé clare que le nommé Sackenprez, Amand, macon, demeurant rue Basse, n° 37, en cette ville, est sorti le Dimanche 24 Novembre 1895, vers 1 heure et demie, de la maison du curé Saint-Pierre, k Ypres, et qu'il devait tenir sa main en poche pour que l'argent n'en tombe pas. (Hilarité d droile.) Dümsnt et sincèrement déclaré k Ypres, le 30 Novembre 4895. (Signé) Emile Ghetsen.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1896 | | pagina 3