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Mercredi 12 Février 1896
10 centimes le N°.
31 Année. N9 3124,
s
^interpellation
sur les élections d'Ypres.
Des voix a gauche A mardi
Encore l'interpellation.
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On s'abonne rue du Beurre, 36, k Ypres, et k tous les bureaux de poste du royaume.
(Suite)
M. Heuse. Quant 5 l'élection d'Ypres,
je dois répondre non sc-ulement k l'honorable
ministro, mais k mes honorables collègues,
MM. Colaert et lweins d'Eeekhoutie.
L'honorable ministre nous a parlé d'un
sieur Trésy et des vénfications qui avaient
été failes k son sujet.
Je trcuve cela trés extraordinaire, puisque
la députalion permanente n'en dit absoiu-
ment pas un mot dans sa décision c'est
done dans une information postérieure,alors
que le ministre prétend qu'il ri'a pas le droit
d'ordonner une enquête, qu'ii s'est assuré de
ce fait
11 failait done faire, ici encore, une en
quête sérieuse,
M. Colaert. Quand un fait matéiiel est
constaté, comment pouvez vous demander
une enquête
M. Heuse. 11 y encore d'autres faits
que j'ai signalés, mon cher collègue. Lais-
sez-moi d'abord finir ma réponse k l'honora
ble ministre.
Celui-ci a répondu d'une fayon générale
k mes observations, en disant qu'étant juge
d'appel, il ne pouvait pas connaltre des faits
nouveaux que nous avions introduits après
la décision de la députalion permanente. Or,
s'i! faut ici appliquer les lègles du droit
civil, nous pouvions certainement avancer
des faits nouveaux, car on peut loujours,
en cause d'appel, présenter des moyens
nouveaux s'ils sont eonnexes k l'aöaire primi
tive.
L'honorable ministre nous a dit ce que
j'avais également prévu hier qu'il était
une espèce de cour de cassation. Cela n'est
écrit nulle part et il pouvait facilement casser
1 arrêt de la députalion permanente et lui or-
donner de faire une enquête.
L'honorable ministre nous a dit encore que
toutes ces enquêtes traineraient la validation
des élections en longueur. Je lui réponds
que cela ne doit pas gêner ie gouvernement
puisque, dernièrement encore, il a prolongé
le délai de validation pour l'élection de Vil-
vorde, pour la raison qu'une enquête estor-
donnée. Ce qui s'est fait pour Vilvorde pou
vait, se 1 on moi, toutaussi facilement se faire
autre part.
M. Hambursin. La difference est qu'k
Ypres il s'agit de catholiques el qu'k Vilvor
de ce sont les libéraux qui sont en cause 1
M. Heuse. Pour MM. Colaert et lweins
Eeckboutte, les faits de fraude et de cor
ruption signalés par nousne sont que des
polins de cabaret et, du reste, ce sont les
libéraux qui $'en sont rendus coupables. Je
declare, dans ce cas, que les mceurs électo-
rales sont bien singulières et que tous les
partis devraient se mettre d'accord pour les
retulre plus bonnêtes muisje proteste cen
tre ['articulation de l'honorable M. Colaeit
je prétends que les libéraux ne se sont pas
livrés k ces fraudes ;en füt-il autrement.elles
n'auraient pas eu de résultai. bien favorable,
puisque les libéraux ont été battus
Mais je maintiens qu'il y a eu fraude de la
part du parti catholique, puisque j'ai versé
aux débats des pièces signées.
M. Colaert. Par des témoins indirects
M. Heuse. Ce sont des témoins quand
même II eüt été possible k la députalion
permanente de faire v?,nir k la fois les té
moins qui avaieril enlendu les déclarations
et ceux qui les avaient faites.
Du reste, il résulto des déclarations de
1 honorable M. Colaert que les élections d'Y
pres se sont passóes dans des conditions
vraiment extraordinaires 11 a reconnu que
le parti catholique avait, nourri et abreuvé
des électeurs.
M. Colaert. D'un pain fourré un pis
tolet
M. Heuse. Je suppose qu'il y avait bk n
quelques pistolets k répétition ou des revol
vers. Rires
M. Colaert. Jen ai donné même k cer
tains de vos amis, paree qu'en surveillant
ma maison, iIs ont empêché que dauties
vinssent, comma aux autres élections, illus-
trer ma porte.
M. Hoyois. On ne pouvait pas les
laisser mourir de faim
M. Heuse. Peu importe Ce que je
constate, c'est qu'il a fallu, k Ypres, 1,000
gardiens pour garder les voix de 2,B00
catholiques. Dans cette propoition, il aura't
fallu 8,000 gardiens k Liège pour 32,000
voix.
On ne comprend pas que, dans une ville
oil il y a en tout 4,600 voix, il ait fallu
nourrir et abreuver 1,000 gardiens eest
un euphémisme dont l'honorable M. Colaert
a voulu couvrir les faits répréhensibles, les
faits qui constituent une véritable ripaiile
électorale eet euphémisme, la majorité de
la Chambre l'admettra peut être, mais le
pays ne l'admettra certainement pas
Quant k l'honorable M. lweins, il est en
aveu nous avons prétendu que des candi-
dats catholiques s'étaient rendu k l'hospice
et la députation permanente nous répond
qu'un seul candidal, M. Fraeijs, y était allé.
Or, M. Lweins, sortant tout k coup de son
mutisme habituel (rires), vient nous lire une
déclaration, écrile d'avance, dans laquelle
il reconnait qu'il est allé k l'hospice avec un
ami, alors que je ne l'en avais pas accusé.
je regrette qu'il ne soit pas a son banc au-
jourd'hui.
M. Begerem, ministre de la justice. II
rie peut pas y être il assite k l'enterrement
de Mme Surmont de Volsberghe.
M. Heuse. En présence de l'explication
de M. le ministre de la justice, je comprends
['absence de M. lweins, et je regrette de
devoir parlei du fait aujourd'hui, mais c'est
une nécessité puisqu'on n'eti pailera plus
mardi prochain.
M. Iweins nous a déclaré qu'il avait parlé
des élections anx vieillards des hospices.
C'était son droit mais qu'il ne reprocbe pas
aux libéraux d'en avoir fait autant. S'ils l'ont
fait, c'est k titre de caudidats, tandis que
M. lweins est administrateur des hospices,
ce qui lui donnait une autorité que les autres
n'avaient pas. C'i-sl ce que nous lui re-
prochons nous lui faisons un grief d'avoir
abusé de son autorité pour parler de l'élec
tion aux bospitalisés. Si j'ai bien compris,
M. lweins aurait défendu la lecture de tous
les journaux aux vieillards des hospices.
D'après le Gompie rendu analytique, il l'au-
rait, au contraire, permise.
Plusieurs membres C'est défendu
M. Heuse. II est certain qu'en défendant
la lecture de tous les journaux, on a l'air
d'être impartial. Mais cette décision est bla-
raable puisqu'elle porte atteinte, dans la
personne de ces vieillards, k la liberté de Ia
presse.
M. Colaert. J'ai demandé, la parole
pour répondre deux mots k M. Heuse. L'ho
norable membre a dit tout k 1'heure que
mon honorable ami, M. lweins d'Eeckboutte,
retenu k Ypres k cause des funérailles de
Mme Surmont de Volsberghe, avait reconnu
certains faits decontrainte qu'il s'était pré
senté dans les hospices de vieillards et avait
engagé ces vieillards k voter pour la liste
catholique Or, cela n'est pas exact. L'ho
norable M. lweins a dit qu'il s'est présenté
quinze jours avant les élections et non la
veille dans ces hospices et que lk,comme
membre de l'administration hospitalière, il
a dit aux vieillards qu'ils étaient libres de
voter selon leur conscience. II n'y a done lk
aucun abus d'autorité.
J'ai voulu d'abord rectifier ce fait.
M. Heuse, a dit que moi-même j'étais en
aveu sur un autre point j'aurais reconnu
que nous avions donné des aliments et des
boissons Voici la vérité: nous avons retenu
dans notre maison du...
M. Colaert. Nous avons retenu dans
notre maison du peuple les membres appar
tenant k cette sociélé (interruptions) et nous
les avons chargés d'aller surveilier les agis-
sements de nos adversaires et les empêcher
de frauder. Les membres du Volkshuis
sont tous dévoués au parti catholique et ils
n avaient pas besoin d'un pain fourré et d'un
verre de bière pour voteren faveur de la liste
catholique.Ils sont,du reste.incorruptibles...
Voix a gauche A Mardi
M. Colaert. Ils ont veillé, et la nuit
nous leur avons donné un pain fourré et un
verre de bière, et pas autre chose (interrup
tions-, bruit), alors que nos adversaires ont
payé leurs surveillants.... (interruptions
bruit.)
II est impossible, monsieur le président,
de parler quand on crie comme on le fait k
gauche. (Interruptions.)
La gauche semble vouloir étoufter le dé
bat (Interruptions.)
C'est sans doute pour venir au secours de
M. Daens qui désire ne répondre que
Mardi.
M. Vandervelde. A Mardi
M. Colaert. Je proteste contre ce qua
dit M. Heuse tous les faits que j'ai cités
moi-même soul exacts; les témoignages qu'il
a lus sont des témoignages indirects, qui, en
justice, n'ont aucune valeur.
La Lutte n'est pas contente, parcequ'en
réponse au discours de M. Heuse, M.Colaert
a parlé des élections de 1890, qui n'étaient
pas en cause.
C'est vraï, habile consceur, les élections
de 1890 n'étaient pas en cause mais c'est
M. Heuse qui les y a raises, en rappelant
inexactement ce qui s'est passé alors.
Peut-on en vouloir k M. Colaert, d'avoir
rétabli l'exacte vérité au sujet des élections
de 1890 et 1891
Avait-il le droit, oui ou non, de rappeler
que la première éleclion avait été casséepour
deux motifs, le placement défectueux des
isoloirs et le mode de voter k bulletins
ouverts, alors que M. Heuse prétendait
quelle avait été annulée pour ie premier
motif seulement
II est vrai que M. Heuse s'est aussitót
retranché derrièreses amis d'Ypres, disant:
J'ai lu.,.. En effet l'honorable représentant
de Liège avait La Lutte eu mains.
Par la même occasion, M. Colaert a rap-
pelé que trois fois les amis de La Lutte
avaient annoncé, en 1890 et 1891, des
interpellations au gouvernement, et que
trois fois ces interpellations avaient échoué.
M. Heuse ignorait cela. Ne pouvait-on lui
rappeler l'histoire parlementaire de la ses
sion 1890-1891
Les élections de 1890 et 1891 n'étaient
certes pas en cause mais puisque M. Heuse
en avait parlé, c'était le droit du député
d'Ypres de rétablir les faits, et nous croyons
qu'il l'a fait d'une facon absolument correcte
et exacte.
Cela peut-être désagréable k La Lutte,
mais cela est de bonne guerre et, puisque
M. Colaert devait commencer son discours
improvisé, par quelque bout, il ne pouvait
mieux le faire, nous semble-t-il, qu'en
vidant en tout premier lieu les vieilles
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