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Samedi 7 Mars 1896
10 centimes Ie N°.
31 Année. "N0 31*27.
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Le désastre italien.
La Bataille d'Adoua.
Les tabacs a la Chambre.
L'Hygiène publique a Ypres.
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L'attenlion de i'Europe est absorbée,
presque exclusivement, par les affaires
d'Erythrée.
A mesure que les informations deviennent
plus précis-es, on constate que ia défaito des
Italiens dé passé les plus pessimistes
appréhensions.
La bataille d'Adoua est, en effet, le plus
grand désastre colonial de ce siècle: 10.000
hommes dont 200 officiers tués ou prison-
niers les généraux disparus les canons et
les drapeaux tombés aux mains de l'ennemi;
les débris de l'armée fuyant de toutes perts,
aans qu'on sache même oü ils se trouvent.
Crispi a joué son va tout il a perdu. 11
s'est exéculé hier, annoncant la Chambre
qu'il démissionne. Son nom est.actueliement,
l'objet de la réprobation unanime, en Italië.
Et cette réprobation rappelle le soulèvement
qui chassa caguère du pouvoir un autre per-
sécuteur de l'Eglise, Ferry le Tonkinois.
Comme Ferry, Crispi disparaft de la scène
politique, définitivement, laissant un nom
exécré.
Voici ie bilan du désastre subi par l'Italie
devani Adoua 10,000 tués, blessés ou
prisonriiers 72 canons, 2 drapeaux et le
campement entier de l'armée entre les mains
des choans 150 officiers tués ou disparus
Irois généraux tués ou disparus, et le géné-
rai Baratieri... en ftiile.
Ce que coüte la vanité L'Italie voulait
faire grand. 11 lui fallait des colonies, comme
la France et les autres pays du monde qui
peuveritse payer ce luxe.
Ce n'était pas le désir de civiliser un peu
ple barbare qui poussait l'Italie. Non, les
Choans sont des chrétiens, en partie caiho-
liques et aussi civilisés que les peuples les
plus civilisés du monde.
Ménélik est meilleur roi que Humbert. II
est au courant de tous les p>'ogrès, méme de
ceux de la guerre, si les progrès militaires
sontdignesde ce nom. II voulait la paix
avec l'Italie. Mais Crispi avait, besoin de se
couvrir d'actions d'éclat et aussi de faire
oublier sa misérable politique intérieure.
La guerre fait diversion Oui, k condition
quelle soit oouronnée de succès. Adoua est
e Sédan de Crispi et peut-être de son tnaï-
tre le Roi Humbert.
Le doigt de Dieu est Ik
La chambre a voté hier,par 84 voix contre
32 et 4 abstentions, le projet de loi sur les
tabacs.
Comme il n'est guère probable que le
Sénat apporte la moindre modification k la
'oi votée par la Chambre, nous croyons pou
voir f ire connaitre k nos lecteurs lss priri-
cipales dispositions de cette loi, qui intéresse
au plus haul dégré notre arrondissement.
Nous disons qu'il n'est. pas probable que
le Sériat modifie le projet de loi. Celui-ci est
en effet le résultat d'une transaction entre
les divers groupes dela droite de la Chambre;
et la majorité du Sénat si non la mino-
rité même ne peut que ratifier une ioi
laborieusement coiiQue, longuement discutée
et presque unanimement admise.
Nous donnons done aujourd'hui un aper^u
des dispositions essentielies du projet de loi.
Mais nous avons le devoir toutd'abord de
remerciér nos honorables députés des efforts
qu'tls ont faits pour aboutir k un résultat
favorable k tous les intéréts, et particuiièie-
ment k l'intérêt agricole. Nous devons une
mention spéciale k M. Colaert, dont les
amendements et les idéés ont été consacrés
par le projet de loi.
Les planteurs lui doivent, en grande
partie, la majoration du droit d'entrée porté
k 55 francs et la réduction du droit d'accise
k 15 francs.
Tout le monde rond hommage kl'activitë
et k l'habilité que M. Colaert a déployé^s
pour arriver k ses fins.
li y avait un écueil k éviter et l'honorable
député, appuyé par ses collègues, est parve
nu k toumer la difficulté tout en favorisaut
les intéréts de l'agriculture, il fallait ne pas
sacrifier ceux de l'industrie et du commerce.
L a abtenu du gouvernement des concessions
telles qu'on peut dire que le projet de loi
est favorable k 1 'industrie et au commerce
autantqu'k i'agriculture elle-même.
La majoration du droit d'entrée, poüé
de 50 k 55 francs, est lout-k-fait favorable
au planteur, et il est amendé, en ce qu'il
pourrait avoir de trop élevé, par la dimi
nution corrélative du droit d'accise réduit
de 20 k 15 francs, diminution demandée par
ie commerce et par l'industrie autant qua
par l'agriculture.
Pour arriver k ce résultat il fallait faire
des concessions. M. le Ministre des Finan
ces suboidonnait son acquiescement k
l'amendement proposé par MM. Colaert,
Iweins d'Eeokhoutte et consorts, k l'aug-
mentation du maximum du droit de iicence
sur la fabrication, le commerce et le débit
des tabacs, que 1 honorable ministre propo
sal! de porter k mille francs pour les négo-
ciants et les fabricants et k 500 francs pour
les débitants.
Mais la Chambre paraissait peu disposée
k se railier k cette condition bien que M. do
Smet de Naey ;r lui donaat l'assurance quo
les fabricants et les négociants qui seraien t
atteints par le maximum de mille francs,
consentaient k cette majoration.
Heureusement un amendement de M. Tac k
vint fournir un nouvel élément et rendiL
possible une nouvelle concession.
L'.ionorable député de Courtrai proposait
do dispenser du paiement de l'impót de la
patente ceux qui sont assujeltis au paiement
du droit de Iicence.
Cet amendement obtint l'adbésion de la
droite et notamment de l'honorable M.
Woeste, qui déclarait cependant ne pas pou
voir se tallier k la majoration du maximum
du droit de Iicence.
M. Colaert fit justement observer que
l'amendement de M. Tack corrigeait ce que
le maximum de la licence pouvait avoir d'ex-
cessif, en ne superposant plus le droit de
patente au droit de Iicence. II proposa done
k la Chambre de rallier k lVmendement
de M. Tack et au maximum du droit du Iicen
ce que M. le Ministre des Finances posait
comma condition sine qua non. Le gouver
nement et toute la droite se rallièrent k la
proposition de M. Colaert et les 15 francs de
droit d'accise furent volés.
Deux autres dispositions furent admises
l'eutrepöt particulier qui remplaoe l'entrepöt
public pour les négociants et fabricants dans
les chefs-lieu de canton, centres de fabrica
tion, et ['exemption compléte et absolue du
droit d'accise pour tous les tabacs indistincte-
rnent qui se trouvent dans le royaume actuel-
lement.
M. Colaert, appuyé par M. lweins
d'E-'Ckhoutie, a signalé k l'attention du
Gouvernement la position des hacheurs ou
coupeurs de tabacs, qui ne sont ni fabri
cants ni négociants. La question, réservée
jusqu'au second vote, a été tranchée en ce
sens que des faeilités pourrootêtreaccordéés
pour le transport des tabacs chez les hk-
cheurs qui eoupent pour la cousommation
des particuliers. Bien entende c s faeilités
serout combinées de telle fajjon que les né
gociants et fabricants, qui paient le droit de
ücence et la patente, ne subiront pas de
préjudice par suite de la concurrence que
pourraient leur faire des cultivateurs et des
nkebeurs indélicats.
Enfin, le droit de Iicence, qui est de cinq
francs pour la dernière classe, ne devra pas
être payé par les cabaretiers et les négo
ciants en détail, qui vendant accessoirement
du tabac, pourvu qu ils renirent dans cette
dernière classe.
Telles sont les principales dispositions du
projet de loi. Elles sont agréées par tous les
intéressés et de nature k favoriser la fabri
cation et le négoce autant que l'agriculture
elle même.
Coinme nous l'avons dit précéde mment,
les formalités prises k l'égard du tabac
exotique sont de nature k rendre la fraude
quasi-impossiblè k la frontière. C'est lk,
comme l'a démornré M. Colaert, dans la
discussion générale, uu des plus grands
bienfaits de la loi.
Encore une fois honneur k la députition
d'Ypres qui a contribué, pour une large
part, k rendre la loi favorable aux intéréts
du commerce, de l'industrie et de Ia cul
ture.
Nous apprenons qu'une réunion dela
commission des délégués des communes oil
se cultive le tabac aura lieu k l'Hötel de ville
d'Ypres, le Dimanche 8 Mars, k 8 heures
de relevée.
L'ordre du jour porte La loi sur les
aicools, la loi sur les tabacs.
Nous publierons dans notre prochain nu
méro le texte de la loi, nous réservant de
signaler les modifications, qui seraient intro
duces par le sénat.
Dans la dernière séance du Conseil Com
munal, M. le conseiller D'Huvettere a soü-
levé la question de l'hygiène et constaté,
d'après des statistiques, que la mortalilé,
pendant l'anhée 1895, a été plus élevée k
Ypres que partout ailleurs.
Le Weekblad, toujours prêt k faire
flèche de tout hois, quand il s'agit de com-
battre l'administration catholique, endosse
natui ellement la responsabilité de cette situ
ation k nos édiles. Ce sont les cléricaux qui
sont cause que les gens meurent davantage
k Ypres qu'aillèürs
Naturellement le Weekblad ne dit pas
que, pendant l'année 1895, le chiffre des
décès a été plus élevé que les années précé-
dentes, et cela k la suite d'une épidémie qui
a règné parmi les enfants en bas age, vers
la fin de l'année.
Le Weekblad altriiiue la cause de la
mortalité k la mauvaise qualité de l'eau pota
ble, et, cela va sans dire, c'est la faute de
l'admiaistration cléricale, si l'eau n'est pas
meilleure
Avons-nous besoin de répondre k cette
accusation ridicule Est-ce que l'eau est
plus mauvaise actuellement qu'if y k cinq
ou six ans, quand les libéraux étaient au
pouvoir Est ce que la rougeole est une
suite de la mauvaise qualité de l'eau Sont-
ce par hasard les enfants en bas age qui
font le plus usage d'eau
Le Weekblad eut pu faire savoir k
ses lecteurs combien les catholiques sont
préocupés de la question des eaux, et que,
précisément en ce moment, les travaux qu'
doivent dormer k cette question une solution
définitive, sont en voie d'exécution. Mais i
préfèrerait mourir de soif que de recon
naitre que c est 1 administration actuelle qu'
a étudié la question etqui lui donne un
solution telle qua 1'avenir nous aurons un
eau plus abondante et meilleure.
Ce que le journal radico sociaiiste ne dit
pas non plus et qu'il ne dira certainement
pas, c'est que l'administration réalise le
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