Mercredi 8 Avril 1896
10 centimes le N°.
31 Année.
N° 3136.
VILLE D'YPRES.
CONSEIL COMMUNAL
Affaires Congolaises,
L'alliance anticléricale.
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Séance du Samedi 11 Avril 1896,
a 6 heures du soir.
ORDKE DU JOUR 1
1. Communications.
2. Procés-verbal de verification de la caisse
communale.
3. Demande de crédit pour achat de glace.
4. Sport hippique demande de subside.
5. Société d'horticulture demande de sub-
sidepour l'organisation d'uneexposition.
6. Eaux ahmentaires travaux exécutés en
1881 payement du solde dü h l'entre-
preneur transaction.
7. Hospices approbation de diverses ventes
d'arbres.
8. Egoüt Rue de Lille (le section) appro
bation-adjudication.
9. Alignement Rue St Jacques résultal de
l'enquéte.
Le Journal d'Ypres, on le sail, s'est
toujours montré plein d'admiration
pour l'oeuvre royale du Congo.
II s'est prononcé.l'an dernier,contre
la reprise, pour des motifs péremploi-
res qu'il a fait valoir en plus d'une
circonstance.
Nos lecteursont le droit de nous
dernar.der notre avis au sujet du che-
min de fer Congolais. C'est une ques
tion des plus importantes, des plus
gravesd'autant plus que nos
amis sont divisés sur cette question.
Un article récent du Bien Public
nous semble donner la vraie note.
Nous le reproduisons en y adhérant
sans réserves
La presse libérale cherche naturellemcnt
h exploiter contre le cabinet, et notamment
contre M. le ministre des finances, l'accueil
peu favorable, fait par des sections au pro
jet de loi proposé en vue de faciliter l'actiè-
vement du chemin de fer du Congo.
Nous croyons que le XX' Siècle est dans
le vrai lorsqu'il résumé en ces termes l'opi-
nion deminante de la droile parlementaire
Pas d'hostilité systématique au chemin
de fer du Congo, le désir même de voir
aboutir cette grande entreprise. Mais de la
réserve quant h la participation du gouver
nement beige, et la volonté d'apporter une
grande prudence dans tout ce qui pourrait
engager l'avenir.
11 nous semble que ces sentiments se rap-
prochent assez bien de ceux de la trés gran
de majorité du pays, également éloigné des
approbations aveugles et des détractions
systématiques.
Si nous nous appliquons h analyser les
dispositions d'esprit de ceux qui tiennent h
se faire une idéé juste des affaires du Congo,
nous y trouvons, en effet, les mêmes ten
dances que signale le XXe Siècle dans les
rangs de la majorité parlementaire.
On applaudit, de tout coeur, h l'oeuvre hu
manitaire et civilisatrice, si hardiment entre
prise par le Roi Léopold II sur le continent
noir. Les catholiques se souviennent, en
outre, que cette oeuvre s'associe trés heureu-
sement aux progrès de l'Evangile et que c'est
sous le drapeau bleu, étoilé dor, que s'abri-
tent nos missionnaires et nos soeurs de cha-
rité. La Belgique ne s'est pas refusée dans
le passé, et elle ne se refuserait pas davan-
t ïge dans l'avenir, k faire de généreux sacri
fices en faveur de cette grandiose entreprise.
Lorsque le coeur, le patriotisme et la foi par
ient h l'unisson, ils sont presque toujours
irrésistibles.
Mais, indépendamment de ce cöté huma
nitaire et chrétien, la question du Congo se
présente k nous sous un aspect politique,
commercial et financier qui doit être envi-
sagé avec calme, sans parti pris d'aucune
sorie, de manière h nous donner la notion
exacte et sure des responsalités h prendre et
des éventualités k prévoir. II ne s'agit plus
alors que d'une affaire qui demande h être
étudiée et traiiée comme une affaire. C'est
ce que le bon sens public saisit fort bien, et
voilé pourquoi, ayant faitdéjé quelques ex-
périences tout au moiqs désagréables, il se
prononce, avec une énergie croissante et
significative, pour la prévoyance et pour la
circouspection.
Un principe d'une haute importance domi-
ne tout ce débat; c'est la distinction trés
nette qui sépare et doit continuer k séparer
la politique beige et la politique congolaise.
Si S. M. le Roi Léopold II a été autorisé
par les Chambres, aux termes de la Consti
tution, accepter la souveraineté de l'Etat
indépendant, n'a-ce pas été sous la formelle
réserve de ce principe séparatiste, sauve-
garde nécessaire de nos intéréts natio-
naux?
D'autre part, si la reprise immédiate du
Congo a échoué devant les résistances du
sentiment public, eet échec, on ne saurait le
méconnaitre, est du, en trés grande partie,
k la répugnance qu'éprouvait le pays accep
ter de confhrice une solidarité et une fusion
dont les conséquenses pouvaient être d'une
gravité incalculable, au point de vue
politique comme ou point de vue financier.
Notre situation juridique et internationale
demeure done entière. Si le même prince
règne sur ia Belgique et sur le Congo, c'est
h des titres différents, dans des conditions
différentes et en vertu d'un dédoublement de
la personne souveraine. L'intérêt évident de
notre pays est de garder strictement cette
position. II ne faut done pas que des fails
ou des précédents périlleux, des interven
tions directes ou indirectes, trop multipliées,
dans les affaires du Congo, viennent altérer,
entamer notre droit et en préparer insensi-
blement la déchéance. Nous risquerions ain-
si de perdre le bénéfice de notre prudente
réserve.
C'est la perspectivede ce danger qui, selon
toute apparence, a déterminé, mercredi,
dernier, bon nombre de députés de la droite,
d'ailleurs sympathiquesk l'oeuvre Congolaise,
soit k voter contre les projets de subsides
ou d'emprunts proposés pour le chemin de
fer congolais, soit k réserver leur vote. Plu-
sieurs d'entre eux éprouvent incontestable-
ment bien moins des doutes au sujet de la
valaur intrinsèque de l'entreprise que des
scrupules au sujet de l'intervention beige
dans les affaires d'une Compagnie dont les
destinées sont étroitement liées k celles de
l'Etat indépendant lui même.
Tel est done le point qu'il conviendrait
avant tout d'éclaircir dans l'intérêt de la
Belgique, appelé, sans contredit, k prendre
le pas sur l'intérêt du Congo.
Nous souhaitons vivement, pour notre
part, que ces explications soient complètes
et satisfaisantes, ou que, dans tous les cas,
le gouvernement arrive k formuler une com-
binaison rassurante et profitable pour la Bel
gique.
Que si cette solution ne pouvait aboutir,
nous engagerions sans détour le ministère k
renoncer k ses projets. Leur retrait, d'ail
leurs, n'impliquerait pas un échec politique
dans le véritable sens du mot, puisqu'ils sont
issus des circonstances et qu'ils n'ont jamais
fait partie du programme ministériel. Le
gouvernement catholique est au pouvoir
pour exéeuter le programme qui lui est pro
pte, pour servir les intéréts du pays et non
pas pour se faire l'auxiliaire et le répondant
d'une politique exotique, trés élevée peut-
être dans ses vues, mais dont la Belgique
n'est pas appelée k être la bailleresse de
fonds ou la caution. Pour parlor sans am
bages, avec una franchise qui n'exclut pas le
respect, nous estimons que si le Souverain
de l'Etat indépendant a le droit disons,
si l'on veut, le devoir de poursuivre en
Afrique l'oeuvre de la civilisation congolaise,
les ministres beiges et les Chambres beiges
n'ont ni le devoir, ni même le droit d'accep-
ter les charges, la responsabilité et la soli
darité de cette entreprise, éminemment per-
sonnelle. On peut avoir les plus chaudes
sympathies pour le Congo et pour les mul
tiples intéréts qui s'y rattachent mais on
a avant tout des obligations envers le pays.
Le gouvernement sera d'autant plus k
l'aise pour s'inspirer, le caséchéant, de ces
considérations qu'au témoignage de l'hono-
rable ministre des finances, S. M. le Roi des
Beiges a eu la délicatesse et la loyauté de ne
faire aucune demande, de ne formuler aucun
désir.
La Lutte, sous la plumede Ph. deC.,
consacre un long article aux futures élections
législatives.
Pour détruire la majorité de 56 voix dont
disposent les cléricaux k la Cbambre, il
suffit, dit la naive eonsoeur, que les anli-
cléricaux l'emportent k Bruxelles et k Anvers.
Mais, ajoute-t-elle, ces succès sont néces
saires, car ils ne peuvent être compensés
par aucun autre, ni cette année, ni dans
deux ans-
Le succès des anticléricaux dépend c'est
toujours la Lutte qui parle du déplace-
ment, k Bruxelles, de 5000 voix k Anvers
de 6000 k 7000 voix. Ce n'est pas la mer k
boire....
Non, consoeur, mais c'est k peu prés la
Senne et l'Escaut k vider; et quelle que soit
la capacité de vos amis, ils n'en boiront pas
autant
C'est facile de faire des hypothèses. Si
nous tenions le même raisonnement pour
les provinces de Namur et de Luxembourg,
les députations socialistes ou radicales de
ces provinces passeraient dans le centième
dessous, même en réduisant nos hypothèses
k quelques voix.
Nous ne voulons pas pronostiquer aujour-
d hui. Mais si nos renseignementssont exacts,
les socialistes seront battus k Namur et les
radicaux k Philippeville, k Arlon et k Virton.
Veut-on renverser les cléricaux deman
de la Lutte. C'est bien facile
Que les libéraux et lessocialistess'unissent
k Bruxelles, et c'est fait.
On peut s'unir sur un programme com-
mun, en réservant les points qui causent les
divergences. L alliance de deux parties n'im-
plique ni pour 1 un ni pour l'autre ['abandon
de son programme
Naturellement l'exemple de Bruxelles en-
trainerait la conclusion de l'alliance libérale-
socialiste partout ailleurs.
Si non,... ce sera la défaite.
Ainsi raisonne Philippe de Comines.
EtqueMM. de la Liguese le tiennent pour
dit ils sauront si on les a bien qualifiés
quand on les a appelés un Etat-major sans
soldats
Mais, brave Philippe,on a appelé de même
1 armée radicale. Son échec aux élections
communales ne vous a-t-il pas ouvert les
yeux
Restent done les socialistes. Mais on n'en
veut pas k Bruxelles. On ne veut ni de leur
programme, ni de leurs personnes. On a eu
peur comme du diable.k Bruxelles plus peut-
être partout ailleurs.
Philippe ne dit rien de l'Arrondissement
d Ypres. Mais, en conseiller désintéressé,