Mercredi 8 Avril 1896 10 centimes le N°. 31 Année. N° 3136. VILLE D'YPRES. CONSEIL COMMUNAL Affaires Congolaises, L'alliance anticléricale. On s'abonne rue <tu Beurre, 36, a Ypres, et tous les bureaux de poste du royaurae. Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent être adrosses franc de port a 1'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimesla ligne. Les réclames dans la corps du journa pour 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires1 franc la ligno Les nuraéros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique excepté les 2 Flandres) s'adresser k l'Agence Kavas Bruxelles. de la Madeleine n° 32 et a Paris, 8, Place de la Bourse. Séance du Samedi 11 Avril 1896, a 6 heures du soir. ORDKE DU JOUR 1 1. Communications. 2. Procés-verbal de verification de la caisse communale. 3. Demande de crédit pour achat de glace. 4. Sport hippique demande de subside. 5. Société d'horticulture demande de sub- sidepour l'organisation d'uneexposition. 6. Eaux ahmentaires travaux exécutés en 1881 payement du solde dü h l'entre- preneur transaction. 7. Hospices approbation de diverses ventes d'arbres. 8. Egoüt Rue de Lille (le section) appro bation-adjudication. 9. Alignement Rue St Jacques résultal de l'enquéte. Le Journal d'Ypres, on le sail, s'est toujours montré plein d'admiration pour l'oeuvre royale du Congo. II s'est prononcé.l'an dernier,contre la reprise, pour des motifs péremploi- res qu'il a fait valoir en plus d'une circonstance. Nos lecteursont le droit de nous dernar.der notre avis au sujet du che- min de fer Congolais. C'est une ques tion des plus importantes, des plus gravesd'autant plus que nos amis sont divisés sur cette question. Un article récent du Bien Public nous semble donner la vraie note. Nous le reproduisons en y adhérant sans réserves La presse libérale cherche naturellemcnt h exploiter contre le cabinet, et notamment contre M. le ministre des finances, l'accueil peu favorable, fait par des sections au pro jet de loi proposé en vue de faciliter l'actiè- vement du chemin de fer du Congo. Nous croyons que le XX' Siècle est dans le vrai lorsqu'il résumé en ces termes l'opi- nion deminante de la droile parlementaire Pas d'hostilité systématique au chemin de fer du Congo, le désir même de voir aboutir cette grande entreprise. Mais de la réserve quant h la participation du gouver nement beige, et la volonté d'apporter une grande prudence dans tout ce qui pourrait engager l'avenir. 11 nous semble que ces sentiments se rap- prochent assez bien de ceux de la trés gran de majorité du pays, également éloigné des approbations aveugles et des détractions systématiques. Si nous nous appliquons h analyser les dispositions d'esprit de ceux qui tiennent h se faire une idéé juste des affaires du Congo, nous y trouvons, en effet, les mêmes ten dances que signale le XXe Siècle dans les rangs de la majorité parlementaire. On applaudit, de tout coeur, h l'oeuvre hu manitaire et civilisatrice, si hardiment entre prise par le Roi Léopold II sur le continent noir. Les catholiques se souviennent, en outre, que cette oeuvre s'associe trés heureu- sement aux progrès de l'Evangile et que c'est sous le drapeau bleu, étoilé dor, que s'abri- tent nos missionnaires et nos soeurs de cha- rité. La Belgique ne s'est pas refusée dans le passé, et elle ne se refuserait pas davan- t ïge dans l'avenir, k faire de généreux sacri fices en faveur de cette grandiose entreprise. Lorsque le coeur, le patriotisme et la foi par ient h l'unisson, ils sont presque toujours irrésistibles. Mais, indépendamment de ce cöté huma nitaire et chrétien, la question du Congo se présente k nous sous un aspect politique, commercial et financier qui doit être envi- sagé avec calme, sans parti pris d'aucune sorie, de manière h nous donner la notion exacte et sure des responsalités h prendre et des éventualités k prévoir. II ne s'agit plus alors que d'une affaire qui demande h être étudiée et traiiée comme une affaire. C'est ce que le bon sens public saisit fort bien, et voilé pourquoi, ayant faitdéjé quelques ex- périences tout au moiqs désagréables, il se prononce, avec une énergie croissante et significative, pour la prévoyance et pour la circouspection. Un principe d'une haute importance domi- ne tout ce débat; c'est la distinction trés nette qui sépare et doit continuer k séparer la politique beige et la politique congolaise. Si S. M. le Roi Léopold II a été autorisé par les Chambres, aux termes de la Consti tution, accepter la souveraineté de l'Etat indépendant, n'a-ce pas été sous la formelle réserve de ce principe séparatiste, sauve- garde nécessaire de nos intéréts natio- naux? D'autre part, si la reprise immédiate du Congo a échoué devant les résistances du sentiment public, eet échec, on ne saurait le méconnaitre, est du, en trés grande partie, k la répugnance qu'éprouvait le pays accep ter de confhrice une solidarité et une fusion dont les conséquenses pouvaient être d'une gravité incalculable, au point de vue politique comme ou point de vue financier. Notre situation juridique et internationale demeure done entière. Si le même prince règne sur ia Belgique et sur le Congo, c'est h des titres différents, dans des conditions différentes et en vertu d'un dédoublement de la personne souveraine. L'intérêt évident de notre pays est de garder strictement cette position. II ne faut done pas que des fails ou des précédents périlleux, des interven tions directes ou indirectes, trop multipliées, dans les affaires du Congo, viennent altérer, entamer notre droit et en préparer insensi- blement la déchéance. Nous risquerions ain- si de perdre le bénéfice de notre prudente réserve. C'est la perspectivede ce danger qui, selon toute apparence, a déterminé, mercredi, dernier, bon nombre de députés de la droite, d'ailleurs sympathiquesk l'oeuvre Congolaise, soit k voter contre les projets de subsides ou d'emprunts proposés pour le chemin de fer congolais, soit k réserver leur vote. Plu- sieurs d'entre eux éprouvent incontestable- ment bien moins des doutes au sujet de la valaur intrinsèque de l'entreprise que des scrupules au sujet de l'intervention beige dans les affaires d'une Compagnie dont les destinées sont étroitement liées k celles de l'Etat indépendant lui même. Tel est done le point qu'il conviendrait avant tout d'éclaircir dans l'intérêt de la Belgique, appelé, sans contredit, k prendre le pas sur l'intérêt du Congo. Nous souhaitons vivement, pour notre part, que ces explications soient complètes et satisfaisantes, ou que, dans tous les cas, le gouvernement arrive k formuler une com- binaison rassurante et profitable pour la Bel gique. Que si cette solution ne pouvait aboutir, nous engagerions sans détour le ministère k renoncer k ses projets. Leur retrait, d'ail leurs, n'impliquerait pas un échec politique dans le véritable sens du mot, puisqu'ils sont issus des circonstances et qu'ils n'ont jamais fait partie du programme ministériel. Le gouvernement catholique est au pouvoir pour exéeuter le programme qui lui est pro pte, pour servir les intéréts du pays et non pas pour se faire l'auxiliaire et le répondant d'une politique exotique, trés élevée peut- être dans ses vues, mais dont la Belgique n'est pas appelée k être la bailleresse de fonds ou la caution. Pour parlor sans am bages, avec una franchise qui n'exclut pas le respect, nous estimons que si le Souverain de l'Etat indépendant a le droit disons, si l'on veut, le devoir de poursuivre en Afrique l'oeuvre de la civilisation congolaise, les ministres beiges et les Chambres beiges n'ont ni le devoir, ni même le droit d'accep- ter les charges, la responsabilité et la soli darité de cette entreprise, éminemment per- sonnelle. On peut avoir les plus chaudes sympathies pour le Congo et pour les mul tiples intéréts qui s'y rattachent mais on a avant tout des obligations envers le pays. Le gouvernement sera d'autant plus k l'aise pour s'inspirer, le caséchéant, de ces considérations qu'au témoignage de l'hono- rable ministre des finances, S. M. le Roi des Beiges a eu la délicatesse et la loyauté de ne faire aucune demande, de ne formuler aucun désir. La Lutte, sous la plumede Ph. deC., consacre un long article aux futures élections législatives. Pour détruire la majorité de 56 voix dont disposent les cléricaux k la Cbambre, il suffit, dit la naive eonsoeur, que les anli- cléricaux l'emportent k Bruxelles et k Anvers. Mais, ajoute-t-elle, ces succès sont néces saires, car ils ne peuvent être compensés par aucun autre, ni cette année, ni dans deux ans- Le succès des anticléricaux dépend c'est toujours la Lutte qui parle du déplace- ment, k Bruxelles, de 5000 voix k Anvers de 6000 k 7000 voix. Ce n'est pas la mer k boire.... Non, consoeur, mais c'est k peu prés la Senne et l'Escaut k vider; et quelle que soit la capacité de vos amis, ils n'en boiront pas autant C'est facile de faire des hypothèses. Si nous tenions le même raisonnement pour les provinces de Namur et de Luxembourg, les députations socialistes ou radicales de ces provinces passeraient dans le centième dessous, même en réduisant nos hypothèses k quelques voix. Nous ne voulons pas pronostiquer aujour- d hui. Mais si nos renseignementssont exacts, les socialistes seront battus k Namur et les radicaux k Philippeville, k Arlon et k Virton. Veut-on renverser les cléricaux deman de la Lutte. C'est bien facile Que les libéraux et lessocialistess'unissent k Bruxelles, et c'est fait. On peut s'unir sur un programme com- mun, en réservant les points qui causent les divergences. L alliance de deux parties n'im- plique ni pour 1 un ni pour l'autre ['abandon de son programme Naturellement l'exemple de Bruxelles en- trainerait la conclusion de l'alliance libérale- socialiste partout ailleurs. Si non,... ce sera la défaite. Ainsi raisonne Philippe de Comines. EtqueMM. de la Liguese le tiennent pour dit ils sauront si on les a bien qualifiés quand on les a appelés un Etat-major sans soldats Mais, brave Philippe,on a appelé de même 1 armée radicale. Son échec aux élections communales ne vous a-t-il pas ouvert les yeux Restent done les socialistes. Mais on n'en veut pas k Bruxelles. On ne veut ni de leur programme, ni de leurs personnes. On a eu peur comme du diable.k Bruxelles plus peut- être partout ailleurs. Philippe ne dit rien de l'Arrondissement d Ypres. Mais, en conseiller désintéressé,

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1896 | | pagina 1