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Samedi 11 Avril 1896
10 centimes le N°.
81 Année. N° '3137.
9M
A Poperinghe
et a Warnêton.
La loi de famine
et le marché au beurre.
La lutte a Ypres.
Leur programme.
m km m
On s'abonne rue du Beurre, 36, k Ypres, et k tous les bureaux de poste du royaume.
Notre confrère du Progrès a été, l'autre
jour, de passage k Poperinghe, oü il a trouvé,
sur la table d'un esiaminet, le compte-ren-
du d'une séance du Conseil communal de
cette ville en date du 21 Mars dernier.
Avecla permission du Baes une majus
cule, s'il vous plait il a emporté le docu
ment, et il se fait un devoir de le reproduire
pour l'édification des élecieurs de céans.
Nous ne savons si le compte-rendu est
exact. Muis Top. voit, par le document publié
par le Progrès, que la minorité du Conseil,
e'est son droit a critiqué certains
actes, imputables direetement ou iudirecle-
ment k la majorité.
Nous ne méconnaissons pas qu'k Poperin
ghe comme ailleurs, il n'y ait des modifica
tions k apporter au régime administraüf de
la commune. Mais de lk k parler comme le
fait le Progrès, d'un mailre coup de balai
dans les écuries d'Augias, il y a loin.
Nalurellement le Progrès jubile de voir des
calholiques tout courts faire la critique d'ad-
ministrateurs calholiques.
Nous dirons, dans un prochain numéro,
en quoi ces critiques om consisté et nous les
réduirons k leur juste valeur. Notons dès
aujourd'hui que none confrère rend homma
ge k l'honnêteté notoire de M.le Bourgmestre
Berten, sans accuser qui que ce soit d un
acte repréhensible quelconque.
Mais admirons le Progrès, quand il s'ex-
claine Ah les temps, oü libéraux modérés
et catholiques modérés suniront pour la juste
defense des droits de tous contre les Pliarisé-
ens de toute couleur, sont peut être plus
proches qu'on ne le pense généralement
Ce cri est naturel chez un journal dont les
amis ne sont plus rien. lis s'allieraient k
n'importe qui pour donner au libéralisme
une vie qui s'est éteinte, un souffle qui lui
manque absolumerit. llsiraienlk droite, au
besoin k gaucbe en cas d'absolue nécessilé,
ils iraient k la gaucbe extréme. Question de
faire revivre le libéralisme et de le faire
règner en dépit et au détriment de ses alliés.
On commence, dit encore le Progrès, d en
avoir assez de la querelle religieuse de la
longue lutte entre clérical exclusij el liberal
exclusifde la guerre entre deux intoléran-
ces dont l'une, d tout prendre el en somme,
ne vaut guère rnieux que l'autre
Tiens Tiens Voilk le Progrès en aveu
Lui, le journal doctrinaire par excellence, le
type le plus accompli du libéralisme exclu
sif Lui, qui n'a jamais toléré la présence
d'un catholique quelconque dans une admi
nistration quelconque Lui qui n'a jamais
digéré la moindre critique des actes de ses
amis Le voilk tout d'un coup converti Et
c'est k propos d'une querelle entre catho-
j liques que le diable se fait ermite
Et remarquons que le Progrès va jusqu'k
dire que l'intolérance libérale vaut moins
encore que l'intolérance cléricale
Quel aveu quelle humiliation Et tout
cela dans le but évident de semer la discorde
entre catholiques, et parvenir k règner k
leur place
Nous disons k nos amis de Poperinghe
veillez au grain Et pour parler ia langue
maternelle dontl'usage est demandé au son-
seil communal de Poperinghe, nous leur
rappelons ie vieux proverbe flamand Als de
vos de passie preekt, boertjes wacht uwe gan
zen.
Le Baes du cabarêt, dont parle le Progrès,
pourrait bieri n'être qu'un Baes politique,
qui escompte les divisions entre catholiques
pour faire arriver une administration libé
rale. Nous supposons et nous espérons que
les membres de la minorité catholique du
conseil communal de la ville de Poperinghe
ne se feront pas les complices d'individus,
qui ne sont avec eux que pour renverser le
parti catholique si puissant autrefois, et dont
l'union s'impose plus que jamais.
Puisque le Progrès veut bien aider k net-
toyer des écuries d'Augias, ne voudrait-il
nous dire son avis au sujet de Ia letire de M.
Godtsehalck, Bourgmestre de Warnêton, qui
dénonce publiquemeut des faits graves k
charge d'anciens administrateurs du bureau
de bienfaisance de cette ville
Quand on se met k nettoyer, confrère, il
faut le faire d'une fagon compléte. II y a
poutre, k Warnêton, ei vous oriez pailie,
k Poperinghe. Vous passez par Poperinghe
et vous brulez Warnêton.
Oüest votre justice Alions, le balai, s'il
vous plait, et usez en jusqu'k usure k
Warnêton du moins, il y a lieu et place.
Et vous, Lutte, l'amie des libéraux War-
netonnaisOü êtes-vous Oü est votre
justice et votre impartialité
Nous disons plus haut que nous revien-
drons en détail sur la séance du conseil
communal de Poperinghe. Ce sera pour
Mercredi, et nous nous ferons un devoir
d être juste pour tout le monde, même pour
le Progrès, si, d ici lk, il nous donne un
avis impartial, au sujet des écuries de
Warnêton.
11 y a quelques semaines, nous avons
publié une siatistique sur le mouvement du
marché au beurred'Ypres,pour les premières
„emaines 1891 k 1896.
Nous avons défié k ce sujet nos journaux
libéraux, de prétendre encore que les droits
d'entrée sur le beurre étranger votés par les
chambres eussent eu pour effet de dirainuer
le chiftre des quantités vendues et de ren-
chérir le prix.
Nos adversaires ont gardé de Conrard le
silence prudent.
A présent que nous sommes entrés dans
la période printanière, nous soumettrons k
i'appréciation du public impartial un nouveau
tableau pour les marchés de Mars k Avril des
mêmes années.
1891.
Quantités vendues Prii par kilo
Marchés des 7 Mars 8.297 fr. 3,49
14 10.002 3,00
21 9.490 2,90
28 11.043 3,15
4 Avril 11.422 3,15
1892.
Marchés des 5 Mars 7.748 3,25
12 8.561 3,20
19 9.529 2,90
26 9.390 2,75
2 Avril 11.431 2,75
1893.
Marchés des 4 Mars 8.944 3,25
11 v, 10.950 3.25
18 10.430 3,20
25 10 930 3,15
1 Avril 10.777 2,95
-1894.
Marchés des 3 Mars 9.032 3,10
10 3,10
17 9.846 3,08
24 9.247 3,05
31 10 868 2,90
7 Avril 12.574 2,80
1895.
Marchés des 2 Mars 9.751 2.91
9 10.590 2,70
16 11.336 2,80
23 11.473 2,50
30 12.969 2,40
6 Avril 13.957 2,35
1896.
Marchés des 7 Mars 11.073 2,85
14 12.141 2,65
21 12.708 2,52
28 13.605 2,40
4 Avril 14.157 2,33
II ressort clairement de la statistique offi-
cielle ci-dessus, que les marchés de Mars k
Avril de l'année 1896, sont de beaucoup
plus favorables que ceux correspondant des
autres années, non seulement au point de
vue des quantités vendues, mais aussi au
point de vue du pnx moyen. La seule année
qui puisse lui être comparée, est l'année
1895, et k cette époque il étail déja question
d'établir ces droits, qui auraient eu pour
résultat, d'après nos adversaires, de tuer
notre marché au beurre de rendre le
beurre inabordable k l'ouvrieretde voir la
France riposter par l'étabiissement de droits
analogues ou supérieurs.
Nous voyons ce que valaient ces funestes
prédictions
Notre marché au beurre est plus floris
sant que jamais
Le beurre n'a été de longtemps k si bon
compte et la France n'a pas établi des droits
analogues du tout. Faux prophètes. allez
Désormais quand les libéraux et les socia
listen feront encore de funèbres prophélies
de ce genre, on pourra se borner, pour toute
réponse, k les renvoyer k celles qu'ils ont
faites k tant de reprises l'année dernière.
Mais il est possible que, changeant de tac-
tique, ils disent maintenant aux fermiers
que c'est la faute des catholiques si le prix
du beurre a diminué et que c'est l'étabiis
sement de droits protecteurs qui en est
cause.
Au moment oü l'Association d'Ypres
vient de décider la lutte pour lesélec-
tions législatives de Juillet prochain,
il est opportun de faire connaitre le
programme de nos adversaires.
La Lutte-de Strijd publie, dans son
numéro du 28 Mars 1896,1e program-
me du parti libéral-progressiste,
adoptépar les Congrès de 1881,1890
et 1894. Eile ajoute qu'elle fait cette
publication, paree que le Congrès
progressiste se réunira bientót pour y
choisir les points qui feront partie de
la plat-form pour les prochaines élec-
tions.
Nous reproduisons aujourd'hui les
trois points qui se trouvent en tète du
programme et qui en sont les parties
principales.
Nos lecteurs sauront, comme nous,
que sur ces points, toutes les nuances
du parti libéral sont d'accord. lis ver-
ront combien ces articles du program
me sont radicaux:
I. Suffrage universe!
Révision de l'article 56 de la Constitu
tion, en ce qui concerne le eens d'éligibilité
au Sénat
Représentation proportionnelle
Introduction progressive du référendum.
II. Inscription dans la Constitution
d'un article déorétant l'instruction primaire
obligatoire, 1 enseignement public gratuit
au degré inférieur, exclusivement laïque k
tous les degrés
Réglementatiou du travail des enfants
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