70 SSêêh Samedi 9 Mai 1896 10 centimes le N°. 31 Année. N° 3145. m m ml iMp mmm jjgllDE Le premier Mai. Garde Catholique. L'impót sur le revenu. La question du Congo. Les élections municipales en France et le socialisme. '!éi On s'abonne rue au Beurre, 36, a \pres, et a tous les bureaux ae poste du ro>aume. Tous les témoins désiméiessés soul d'ac- cord pour recormi itre queles cortéges socia- lisles, organisés k l'occasion du ler Mai, n'oni pas précisémeni relevé le caraclère esthétique, annoncé par de trcp complaisan- tes réclames. C'esl, d'ailleurs, bien plus unedémonstia- tion pc litique qu'une roanifesialion artislique que les fêiards du Vuorvil et de la Muison du Peuple ont eue en vue. Ce ne sont pas gens k faire de l'art pour Tart. On a cheiché produire p'utót l'intensiié des impressions qu'k en mesurer la justesse. De lk celie double préoccupation Premièrement, on a essayéde grossiret d'élofter les cortéges en y introduisant des éléments iestés jusqu'k présent étrangers la lutte des partis, les femmes, par exemple, et les enfants. Le nombre donne lacile- ment l'illusion de la force. Deuxièmement, on s'est éveriué k fomen- ter et k atliser la guerre des classes. Beau- coup de iouge dans lts groupes el sur les chars. (J'a éiè un efft t calculé. Le jour oü le peuple, enlraiué et grisé, verra rou^e, ce sera le triomphe de la Révoluliou sociale. Oe n'est pas, cependant, que nous songions k méconnaltre lecaraetère, k certairis égards trés significant et trés grave, des revuesde propagande et de provocation, organisé par les chefs socialistes. G'est quelque chose que le claironnement sinisire de la guene civile C'est quelque cbose que la Marseillaise remplapant la BrabanQOtine ei le Vluamsche Leeuw G'est quelque cbose que ledrapeau louge de la Commune supplantanl le drapeau tri colore de la parlie C'est quelque cbose que l'apothéose de la République collectiviste, opposée k la mo narchie nationale C'est quelque chose que le travail défiant etinsultant le capital, qui le paie et le fait vivre!... Ce que nous avons vu, ces jours derriiers, k Gand et ailleurs, eüt-ce éié possible, il y a trente ans,... il y a vingt ans,.. il y a dix ans,... il y a cinq ans?... Nous en appelons k nos lecteurs non, n'est-ce pas La cause monarchique, la cause de l'ordre, la défense sociale ont done réculé de tout ce que la cause du désordre el du socialisme ont gagné. Certains journaux font ressortir qu'après tout l'ordre n'a pas été sérieusement troublé et que.malgrél'intense surexcitation des pas sions populaires, les personnes et les pro- priétés ont été respectées. Cette considération nous touche, k vrai dire, assez peu. Nos socialistes ont hérité de la maxime favorite du citoyen Caussidière faire de j l'ordre avec du désordre, »el ris savent, sui- vant les circonstances, fort bien la mettre en pratique. On a vanté, k Gand, par exemple, Texac- titudeetla discipline militaires qui avaient piésidék l'organisatiou, au ralliement et k la rniseen marebe du coriégeaux lumières de vendredi soir et de la cavalcade de diman- clie après-midi. Mais cette même stratégie que les tacticiens du Vooruit savent appli- quer, un jour de fête, ne la déploieraient-ils pus non plus un jour de lutte L'ordre est une force iorsqu'il est au service d'une juste cause, mais c'est encore une force Iorsqu'il sen une mauvaise cause. Eu face de cette situation, c'est k ceux qui ont la charge et la responsabilité du pou- voir de se montrer prudents et prévoyants ei de proportionner la défense k l'intensité de l'attaque. L'accoid et la fermeté des auto rités publiques sont aujourd'bui plus néces saires que jamais. Est-il besom de répéter encore que, pour être efficace, Taction de ces autorités doit se smitir appuyée par l'assentiment et par le concours des bous citoyens Au point oil n us en sommes, les querelles politiques sont, par ia force des choses, reléguées k f n rtère plan, et la défense sociale devient To'ujnctif principal de lous ceux qui sont dé- voués k la cause de l'ordre en même temps qu'ils ont Tintelligence de leurs propres in téréts. Nous sommes persuadés, pour notre part, que ces considérations obvies ne pour runt que raffermir la situation d'un gouver nement, qui a montré qu'il comprenait ses di voirs et qui, dans létat aotuel des partis beiges, est seul capable de les remplir. Cet te constatation pourra peut être sembler amère et désagréable aux rares survivants du vieux libéralisme mais nous avons la conviction qu'en dépit de certains rebellions damour-propre, ils doivent bien en recon- naftre la flagrante et irrécusable justesse. Bien Public.) Demain, Dimanche, 10 Mai, k8heures, au Volkshuis, Assemblée générale mensuelle. Nos lecteurs savent que la gauche radicale et socialism, k la Chambre, a riéposé une pioposition de loi ayant pour but d'établir un impöL progressif sur le revenu. Rs savent aussi qu'un impót analogue, mais moins radicalement progressif, a été proposé aux cbambres fraopaises, et que c'est le projet Bourgeois Doumer qui a été cause de la chute du ministère radico-socia- iiste. Ce que le public sait moins, ou ignore peut-êlre, c'est le résultat vraiment frappant et menapant que le projet Doumer a produit, en France, relativement k l'envoi des titres k Tétranger. Des compagnies d'assurances, ori le sait, ontété créés depuisquelques années pour as surer les litres envoyés par la poste. Or, depuis que le projet de M. Doumer a éié déposé k la Chambre, les recettes des com pagnies d'assurances ont de ce fait augmen- té dans une forte proportion.C'est le résultat de l'envoi k Tétranger d'un nombre considé- rable de litres leurs possesseurs s'imagi- nent par ce moyen, et non sans raison, se rnettre k Tabri desnouvelles taxes el de leurs vexations. Les propriétaires fonciers ne peavent pas avoir rrcours aux mêmes moyens.C'est done sur eux,amsi qu'on Ta dit,dans la discussion,, que ces charges retomberont pour la plus grande partie. On no nous ieprocbera pas notre congo- latrie. C'est avec une appréhension, partagée par un grand nombre de nos amis, que nous verrions la Belgique s'annexer ie Congo ou faire des dépenses que ne component pas nos moyens financiers et que n'approuve pas 1'opinion publique. Esl-ce k dire que nous voudrions voir abandonner Tceuvre entreprise par le Roi, oeuvre de civilisation qui mérite detre en- couragée Nullement. Nous applaudissons des deux mains aux efforts généreux de Léopuld 11 H nous sommes d'a vis queries .chambers beiges doivent seconder autarn que possible Iceuvie onireprise. S'il est vrai que le chemin de fer est es- sentiel pour le Congo, il faut qu'il puisse s'é- tablir et ce ne sont pas cinq millions de plus qui ruineront la Belgique. Mais il y a une limite k tout, k la générosité aussi bien qu'k autre chose et nous ne saurions done blamer nos députés d'entrer dans les vues de la section centrale de la chambre qui n'est pas précisérnmit eomposée de congola- tres - en votant, pour la dernière fois, un crédit en vue de I'établissement du chemin de fer congolais. Les nations sont solidaires entre elles. Le progrès et la civilisation doivent être secon- dés par tout les peuples. Et n'est-ce pas une horreur de devoir se dire que, de par le monde, il existe encore des nations qui se livrent au tralie de chair humaine, et que ce ne sont pas toujours les indigènes qui don- nent ce triste spectacle, mais des spécula- teurs avides d'argent, indignes defhumanilé k laquelle lis appartiennent Ces réflexions nous sont venues en lisant dernièrement la Revue du marché que la Gazette o/ficielle Hova publie. Nos lecteurs n'apprernlront pas sans horreur 1'odieuse mercuriale extraite de ce journal Vendredi d Tananarive Esclave peiite fille, 175 francs. Esclave petit garpon, 100 francs. Esclave femine faite, 110 francs, Esclave homine fait, 74 francs. Cela se pratique dans la capitale du royau- me des Hovas (madagascaioü les franpais luttent pour leur colonie et un peu aussi sans doute pour la cause de la civilisation. Nous ne pouvons done blamer les franpais même les radicaux qui font d'immen- ses sacrifices pour Madagascar. C'est, pour le même motif, que nous approuvons les chambres beiges de venir au secours del'Etat indépendant du Congo. On a dit souvent que le climat de ce pays est meurtrier. Héias Nous n'en voyons que de trop fréquentes et de trop tiistes preuves. II est cependant des natures robustes qui ré sistent.II est mêmok présumer qu'k la longue les beiges se seront tails au genre de vie que Ton doit mener la-bas pour supporter le cli- inat, les décès et les maladies seront plus rares. Quo! qu'il en suit, le Congo peut être une source de richesses, un débouché considéra- ble pour la Belgique. Cc serail done folie de Tabandonner complementmais, encore une fois, il y a des limites que nos manda- taires ne doivent pas dépasser, el nous es- pérons qu'ils resteront dans les bornes d'une intervention raisonnable et raisonnée. Dimauctie dernier, ont eu lieu en France les élections pour les conseils municipaux. Dans be.mcuup de grandes villes le résultat de ces élections k démontré que l'état des esprits est déplorable dans ia classe ou- vrière. A Roubaix surtout, une ville qui peut être considérée comme une des principales cités industrielies de la France, et qui était admi- nistrée depuis quatre ans par un conseil choisi parmi la pai tie la plus infime de la population, on aurait pu croire que Télection d'il y a quatre ans avail été l'eftet d'une sur prise, et que le corps élecioral, rnieux éclairé cette fois, se serait empressé de réparer la faute commise.en meltant k la lêie des affaires une édilité mieux en état de re- présenter dignement une ville de cette impor tance. II n'en a pas été ainsi; au contraire, la liste socialiste dont le chef, le maire Carette, est un simple cabaretier et marchand de journaux, a été réélue, après une lutte achar- chée conlre la liste de coalition de tous les parlis aniisocialisles, monarchistes et répu- 'A'ï'- Le JOURNAL D'TPRBS parait le Mercredi et le Samedi Le prix de Tabonnement, payable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout ie pays; pour Tétranger, le port en sus Les abonnements sont d'un an et se régularisent lin Décembro. Les articles et communications doivent être adrosses franc de port a 1'adresse ci-dessus. réelainis daas ie cjc 1 franc la ligne as du jouraa pour Les numéros supplé- Les annonces coutent 15 centimes la ligne. - I 30 centimes la ligne. Les insertions judiciair mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Peur les annonces de France et de Belgiqu exeopté les 2 Flandres) s'adresser a l'Agence Eavas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et a Paris, S, Place de ia Bourse.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1896 | | pagina 1