Samedi 12 Septembre 1896.
10 centimes le N°.
31 Annêe. 3179.
ARRONDISSEMENT D'YPRES.
RÉVISION DES
LISTES ELECTORALES.
Le droit de grève.
Cartouche et Cie.
Le Progrèset
le Weekblad.
Q^Gi.A^A/^
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Le bureau de l'association conser
vatrice fait appel aux électeurs qui,
pendant la dernière campagne elec
torale, ont constaté qu'ils netaient
pas inscrits sur laliste electorale, oune
l'étaient pas avec le nombre de votes
auxquels ils ont, droitil les engage a
faire valoir leurs droits auprès de
leurs administrations communales
respectives.
Les électeurs qui recevraient de la
part dune administration communale
la notification de la radiation de leur
nom ou de la diminution de leurs votes
sont priés de s'adresser avee les pieces
justificatives au bureau de l'Associa-
tion conservatrice, rue de Men in,
Cercle catholique, les Mardi et Jeudi
de chaque semaine de S a 7 heures
du soir.
N. B. Ledernier délai pour récla-
mer devant l'autorité communale ex
pire le 31 octobre prochciin.
Le Journal d'Ypres a tenu ses lec-
teurs au courant du procés Rességuier
contre Jaurès et consorts, qui se plai
dera en cassation après les vacances.
11 est probable que l'arrèt de la
Cour de cassation de Toulouse sera
maintenu, car la Courvient de deci
der, dans une affaire a peu prés ana
logue, que les menaces de grève qui
ont pour objct la defense d'un intérêt
professionnel ont cessé d'etre un délit
mais que ces menaces peuvent fort
bien tomber sous le coup de l'article
1382 du code civil.
Voici ce que nous lisons, a ce sujet,
dans un journal de France
Le Droit reproduit le texte d'un arrêt qui
a été récemment rendu par la Cour de cassa
tion, et qui mérite d'être noté. II s'agissait
d'un cas qui se présente bien souvent, qui,
en ce moment même, met aux prises les mé-
caniciens de la Clyde et leurs patrons. Des
ouvriers avaient, par une lettre adressée au
propriétaire de l'usine oü ils travaillaient,
exigéle renvoi d'un chef d'équipe, en mena-
(jant d'abandonner l'atelier si on ne leur don-
nait pas satisfaction. Le chef d'équipe ainsi
visé avait assigné devant le tribunal civil un
des signataires de la lettre, en demandant
des dommages et intéréts h raisondu préju-
dice qu'elle lui avait causé.
La Cour d'appel de Rennes avait rejeté la
demande, par le motif que les menaces de
grève adressées au patron sans violences ni
manoeuvres frauduleuses sont devenues lici
tes, depuis l'ahrogation de l'article 416 du
Code pénal, et que, par conséquent, l'usage
de ces menaces ne peut entrainer aucune
responsabilité. La Cour suprème a été d'un
autreavis.il est trés vrai, dit-elle, que les
menaces de grève ayant pour objet la défen-
se d'un icitérêt professionnel ont cessé d'etre
un délitmais ces menaces peuvent fort bien
tomber sous le coup de l'article 1382 du Co
de et donner lieu des réparations civiles,
quand, inspirées par un par esprit de mal
veillance, elles ont pour but et pour effet
d'imposer au patron un renvoi qu'aucun
grief sé "ieux ne pouvait raotiver.
Connaissez-vous l'histoire de ce ma-
gistrat qui requérait un jour avec ve
hemence les peines les plus sévères,
contre un malheureux qui avait volé
un pain, sous prétexte que le vol avait
été commis avec des circonstances ag
gravates, l'accusé ayant encore un
pain en sa possession
Elle rappelle un peu l'histoire du
pourfendèur d'abus qui a nom Anseele.
On se souvient de ses virulentes sor
ties contre le capital et lescapitalistes,
et de la dénomination qu il donnait a
ces derniers, les traitant de bande de
Cartouche.
Mais, comme le magistrat de l'his
toire, Anseele n a pas le coeur aussi
pur que le permettaicnt de croire ses
insolentes diatribes. Comme le voleur
du pain, les accusés bourgeoisauraient
pu lui répondreretourne-toi de grace,
et... Ton vousjugera. Et peu de temps
après le magistrat fut pendu.
A noter que les bourgeois, a part
quelques exceptions il y aura tou-
jours des abus parmi les hommes
sont d'honnêtes gens; tandisque la
bande a laquelle appartient Anseele
est composée pour la généralité d'af-
freux escogriflés, l'honnêteté étant
l'exception.
Comme le magistrat de plus haut
aussi, Anseele est jugé. Jugé ce qui
est plus fort par ses amis. Serait-il
vrai que l'on nest jamais trahi que
par les siens
C'est le Recht voor allen, le jouraal
socialiste hollandais, qui s'est fait a
son tour, le pourfendeur d'abus; et il
le fait de telle faeon que la bande
Anseele et Cie en sort meurtrie, com
me une poule plumée tout vivante.
Nos leeteurs connaissent les accusa
tions du Recht voor allen ils connais
sent la défense d'Anseele. Voici la ré-
plique du premier
II ne faut pas s'étonner, dit il, qua la
colère de notie ami Anseele soit indescrip-
tible, et qu'il ait pris la plume lui-même
pour empoigner les correspondants de
Recht voor Allen, en un style digne du vir
tuose de la brutalité c'est ainsi que son
ami Lorand Ie qualifiait.
Mslheureusement le brave homme paralt
avoir été un peu distrait, et on dirait qu'il a
ouverl les vieux numéros du Vooruit. En
effet, h part les expressions brutales,
son plaidoyer ressemble comme deuxgouttes
d'eau h certaines lettres d'industriels et de
directeurs de fabrique, lettres qui ont paru
jadis dans le Vooruit comme réponse aux
plaiutes et aux griefs de leurs ouvriers,
dont le Vooruit s'était fait l'écho
Pour toute réponse, nous nous borne-
rons h ouvrir, nous aussi, la collection du
Vooruit. Et qu'y trouvons nous
Que les patrons et directeurs, fabricants
ou gérants (done ceux des coopératives
également) ne méritent pas la moindre
créance; qu'ils présentent toutes chosessous
leur aspect le plus beau, et que nous pouvons
avoir plus de confiance dans les déclarations
des ouvriers.
Nous sommes parfaitement d'accord
avec ces anciens numéros du Vooruit.
Anseele s'était permis également de
tomber son amiDomelaNieuwenhuys,
le chef socialiste hollandais, lui repro-
cliant de se faire de beaux revenus.
Le Recht voor allen répond
Anseele sait aussi bien que personne
qu'un homme fournissant autant de produc
tion intellectuelle que Domela Nieuwenhuys
doit travaiiler beaucoup. 11 sait aussi,
comme je l'entendais dire dernièrement d'un
de nos amis politiques, que Domela
Nieuwenhuys est un des rares socialistes
d'Europe qui nait pas amélioré sa situation
matérielle par le socialisme
Quelle importance peuvent done avoir
les mots grossiers, tels que vénimeux
mauvais, calomniateur anonyme, etc., lom-
bant de la plume d'un homme qui se rend
coupable d'aussi brutales calomnies
(Le Journal d' Ypres.)
Le Progrès et ie fVeekblad sont en
délicatesse.
Le Weekblad s'était permis de
donner une appreciation a peu prés
impartiale du concert national du 2
A out.
Le Progrès n'était pas content.Mais
il rongeait son frein en silence.
Le Weekblad constatant que le
Progrès avait concacré huit lignes au
concert, avait trouvé l'occasion d'etre
désagréable pour l'opinion flamingan-
te de lauteur de l'article du JVeekblad.
De la colère, cette fois extérieure,du
Progrèsqui vous traite ce pauvre
Médard d'une faeon telle qu'il n'en
resteque.. son parapluie.
Mais Médard sait se défendre avec
ce qui lui reste. II n'a pas tout-a-fait
tort.
Nous n'avons pas a intervenir dans
cette querelle fraternelle. Constatons
cependant que le Progrès se croit tout
permis contre un adversaire, et que,
dans son arrogance, il se permet d'é-
crire: II nous est avis que le grincheux
Zoïle ferait mieux de se servir honnê-
tement de la plume qu'on lui donne et
avant decritiquer les aulres de s'obser
ver lui-même ,- car on ne doit jamais
oublier que comme noblesse, reconnais
sance oblige...
Ne dirait-on pas que le Progrès est
le dispensateur de tous les biens, et
que tout le monde lui doit de la re
connaissance
Ne sait-il pas, de son cóté, qu'un
bienfait reproché est perdu
Ce n'est pas la première fois que le
Progrès tient ce langage. On dirait
vraiment qu'il n'a couvé que des ser
pents
II a du moins créé des radicaux et
des socialistes. Et, allez au fond des
choses, c'est la que le bas blesse.
Cela ne veut pas dire que nous don-
nions raison a Médard, surtout si Mé
dard est l'auteur des articles parus
dans le Weekblad de I892,oü les
doctriuaires, et notamment leur chef,
furent malmenés.
II y avait la un peu de vrai a cölé
de beaucoup d'exagérations; nous le
reconnaissons sans peine. Mais ce n'est
pas un motif pour traiter, comme le
dernier des hommes, l'ami Médard
qui, il le jure, n'a voulu faire que de...
l'art.
Un conseil a Médard
Ne coutinuez pas votre polémique
avec le Progrès, si non vous passerez
pour un calotin, et alors gare a vous t
«rrjéösiiS;