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Mercredi 13 Janvier 1897.
10 centimes le N°.
32e Année. N° 3212.
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Les socialistes
et les paysans francais.
Les droits sur
les valeurs mobilières.
Une intronisation
mouvementée.
Les recettes publiques
Le marché au bétail.
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Les socialistes, par la plume de M.
Jaurès, viennent d'adresser a la
France paysanne un appel qui ré-
vèle une naivete surprenante on dis—
simule une perfidie calcule'e. II y est
expose que le collectivisme a été
présenté par ses eunemis sous un faux
jour et qu' il n'y a de salut, pour
les paysans commo pour les ouvriers,
que dans ['organisation de la propriété
collective. A première vue, parler
de propriété collective aun pay-
san, lui dire en langage plus on moins
clair qu'on travaille a lui assurer la
jouissance de toutes les terres de sa
commune, quitte a lui enlever la pos
session exclusive de son champ, ne
semble pas un moyen de propagande
révolutiounaire bien efficace, ni par
conséquent, bien dangereux. C'est ce
qui peut faire supposer a tout homme
ayant la notion des sentiments simples
mais passionnés de la masse rurale,
que les socialistes sont des naïfs. Mais,
a la suite de lappel de M. Jaurès, il v
a un questionnaire et c'est par lui que
la seconde hypothèse, celle de la per
fidie calculée, sejustifie.
Ce questionnaire, au point de vuc
de la pi atique agricole, est un gali
matias triple. Les renseignements
qu'il peut fournir auront nécessaire-
ment une. signification différente et
aboutiront a des conclusions coutra-
dictoires, suivant les pays divers dob
ils émaneront.
Le moreellement excessif de la pro
priété, par exemple, qui est un élé
ment de progrès et d'accroisement de
la production dans laGironde, 1'Aude,
l'Hérault et le Gard, pays viticoles,
serait un malheur dans le Nord, pays
de production sucrière, et deviendrait
une calamité en Normandie et en
basPoilou, pays d'élevage.
Mais, parmi ces questions mal con-
cues on en a glissé quelques-unes qui
sont trés précises et trés elaires, du
moins quant a 1 intention qui les a
dictees. Ge sont celles qui ont trait a la
condition non pas des fermiers ni des
paysans proprement difs, mais des
ouvriers agricoles, des valets et des
servantcs de ferme. On s'inquiète de
«avoir quel est le laux de leurs salai-
res, s'ils sont victimes du chómage,
comment ils sont nourris et logés.
C est a ce proletariat rural, souvent
instable et nomade, et non pas a la
classe paysanne atfachée a sa chaumiè-
re et a son champ, que valasollicitude
socialiste. L'ame deces déshérités, plus
beureux pourtant etmieux assures du
lendemain que les ouvriers des villes,
est le foyer ou peut s'allumer le plus
aisémen 11 incendie des convoitises en-
vieuses.G'estle personnel dune Jacque
rie que les socialistes flatteut avant de
le con vier a Paction. Preuve nouvelle
que leur politique ne s'appuie que sur
lahaine et ne pent produire que le
bouleversement, laruineet la sauva-
gerie.
Resultats pcu satisfyisants.
L année 189Gn aurapasétébonnepour
le flsc francais, en ce qui cancerne les
divers impots qui pèsent sur les va
leurs mobilières. L'administration des
finances vient de faire un releve qui
permet, en effet, de faire les consta-
tions suivantes
L i input surles opérations deBourse,
dont le montant était évalué, d'après
les previsions budgétaires, a 10 mil
lions et demi,na donné que o millions
pour 1'année entière, soit un déficit de
5 millions et demi. La reduction du
taux de l'impöt sur les opérations con-
cernant les rentes francaises a certai-
nement contribué a cette diminution,
mais elle n'a qu une part dans ce ré-
sultat.
La principale cause du déficit doit
être cherchée duns la facheuse reper
cussion qu'ont euc sur le marché
financier les divers projets fiscaux mis
en avant dans la première moitié de
l'année dernière et tendant a ètablir
l'impöt progressif sur le revenu global
ou a imposer la rente francaise.
Les autres branches de l'impöt qui
frappent la fortune mobilière ont
donné des résultats aussi peu salisfai-
sants. La taxe de 4 0/0 sur les valeurs
mobilières, estimée a 00 millions pour
l'année entière, n'a donné que 63
millions, soit 3 millions de déficit.
Cette moins-vaiue est due a la diminu
tion des dividendes déterminée par le
ralentissement des affaires.
Enfin, le droit de timbre sur les
valeurs, taut francaises qu'étrangères,
estimé a 38 millions, n'a donné que
31 millions, soit 7 millions de déficit.
Le timbre sur les rentes des gouver-
nements étrangers contribué, en par
ticulier, a cette moius-value popr
prés de 4 millions et demi. L'élëvation
du tarif mis en vigueur l'année der
nière n'a pas produit tous les résul
tats qu'oii en attendait.
Ces constatations inspireront sans
don ie quelque prudence au gouver
nement dans la preparation des
projets fiscaux dont le dépot prochain
est annoncé et qui comportent, parait-
il, des dispositions destinées a toucher
le marché financier dans une certaine
mesure.
Vendredi dernier, ia cérémonie
d installation du nouveau primat del'é-
glise anglicane dans la cathédrale de
Canterbury a élé marquée par un in
cident dramatique. Le docteurTemple
avait déja siégé sur son tröne archi-
épiscopal ct les dignitaires écclésiasti-
ques le conduisaient processionnelle-
ment, a travers la nef et les cloitres a
la maison du chapitre, lorsqu'un cler
gyman placé a l intérieur de la cathé
drale lout prés dc ia por te, fit enten
dre une vébémente protestation. Ap-
préhendé par des constables, il fut
expuisé au milieu de lemotion géné
rale.
On croyait avoir affaire au ré ve
rend S. D. Browjohn, qui a émis con-
tre l'élection du docteur Temple des
objections fondées sur I'incompatibili-
té existant entre les opinions théolo-
giques de eet écciésiastique et les ter
mes des formulaires de l'Ëglise. Mais
M. Brownjohn n'était, parait-il, nu He
men t responsable du scandalele pro-
testataire était un laïque, M. Green
wood.
II a declare, a la station de police de
Canterbury, ou il est présentemeiit
interne, que les paroles qu'il avait
adressées au nouveau primat étaient
les suivantes M. le docteur Temple,
tout ce service n est qu'un iorig meu-
songe. Tout dans cette cérémonie n est
que fraude et tricberie. Invité a faire
connaitre les raisous pour lesquelles
il avait cru devoir s exprimer en ces
tormes, M. Greenwood a ajoutó qu'il
voulut protester coritre la ridicule co-
médie du congé d élire eet usage
qui donne lieu actuellement a une
vivc polémique de presse et par lequel
c'est la eouronne qui designs a l'Ëglise
le candidal de son choix a tel ou tel
siége vacant.
et la consommation du tabac
en France.
Le gouvernement francais vient de faire
publier le tableau de rendement des impöts
pour les onze premiers mois de l'année.
Au Ier Décembre dernier leSimpöts directs
avaient 85,789.200 francs de plus que le
montant des dotizièmes échus. Les impóts
indirects présentaient une diminution de
29,411,000 francs sur les évalutions budge-
taires, mais les recettes des monopoles
étaient en avance de 27,023,000 francs sur
ces prévisions et fes recettes diverseS de
4,572,000 fr.
La caracléristique du tableau publié par le
gouvernement, c'est une baisse énorme de
37 millions 1/2 sur les produits de l'enregi-
strement et du timbre et, par contre une
augmentation de 16 millions 1/2 sur les
boissons et une autre fort surprenante de
27 millions sur les tabacs, les pastes et
télégraphes.
Pour cequi est des postes et télégraphes,
la majoratiori de 10 millions sur une recette
totale de 180 millions n'a riende bien sur-
prenant, étant donné l'extension de plus en
plus considérable des relations par corres-
pondanoe.
Nous ne saurions en direautanl du tabac.
Une augmentation de 16 millions est chose
assez étonnante, si on considère lrsrende-
ments des années antérieures.
II y a peu d'années, on se trouvait trés
beureux de ia perspective d'une recette de
1 million par jour. Cette recette estdéjéde
357 millions pour les onze mois écoulés.Elle
dépassera trés certainement 380 millions
pour l'exercice entier.
La progression tient sans nul doute aux
mesures législatives qui ont été prises contre
la fraude, mais aussi surtout au développe-
ment de la consommation générale. Elle
porte sur les cigarettes, le tabac k turner or
dinaire et les cigares communs.
L°s allumettes chimiques sont les seuls
produits qui ne progressed pas.Elles auront
beaucoup de mal atteindre les prévisions
budgétaires qui s'élèvent ft 28 millions.
Dans une des dernières séances du con-
seil communal, il a élé question d'établir
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