Samedi 16 Janvier 1897.
10 centimes Ie IV0.
32° Année. N° 3213.
g^Gt-AIV^
GRANDE FANFARE,
La Peste.
L'accaparement commercial.
La stomatite aphteuse.
Exéeution Capitate
a Hazebrouck.
L'art appliqué a la rue.
On s -aboime rue d.u Beurre, 36^ Ypres, et k tous les bureaus, de poste du royaume.
La JOURNAL D'YPRES par-aït le Mercradi et le Samedi.
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le pays; pour l'étranger, le port en sus.
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1 Earas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et a Paris, 3, Place de la Bourse.
Le concert denné par Monsieur
Twrins d'Eeckhuutte en sa salie,
le Oimanche 24 Janvier, sera
splendide a en ju«er par les ar
tistes dont il s'est assure le con
cours.
Mademoiselle JEANNE MERCK,
cantatrice, 1" prix d'excellence
du conservatoire Royal de Bru
xelles.
Mademoiselle CELESTE PAÏN-
PARÉ, pianiste.
Cette jeune artiste qui s'est ac-
quise en France, en Allemagne,
en Autriche, en Suisse, en Hoi-
lande une reputation hors ligne
interprêtera piusieurs oeuvres an
ciennes sur le clavecin.
Mademoiselle JULIETTE PAIN-
PARÉ, violoniste, élève d'Ysaïe.
Monsieur DUQUESNE, ténor,
ler prix du conservatoire Royal de
Bruxelles.
Le piano sera tenu par Made
moiselle BERTHE MERCK, 1"
prix du conservatoire Royal de
Bruxelles.
Le concert commencera a 7
heures; les portes de la salie s'ou-
vriront k 6 heures 1 ƒ2.
Le programme paraitra dans
notre prochain numéro.
La peste règne dans les Indes. Les
pouvoirs publics commencent a pren
dre des mesures en Europe pour la
préserver du fléau
Le conseil supérieur de san té a don-
né son assentiment aux propositions
concernant la peste indienne et ten-
dant a interdire l'intraduction, sur le
territoire austro-hongrois, des vieux
etfets, linge de corps, chiffons et dé-
chets de provenance asiatique, la Rus-
sie d'Asie exceptée.
Ces propositions visent également
l'organisation, dans les provinces oc-
cupées, de pèlerinages a la Mecque;
les autorités sont invitées a s'y oppo-
ser autanl que possible et, au besoin,
a les surveiller administrativemeut.
The Tribune de New York public; un srtl
cle sensationeel dans lequel est longuement
exposé un plan gigantesque II ne s'agit
de rien moins que d'accaparer au profit des
Etats-Unis le commerce des républiques sud-
américaines. Ce plan a été combine et sera
mis exéeution par Thé national Associa
tion yd Manufacturers of The United States.
L'Asshciation qui se propose d'accómplir
ce {srr-je?. stupéfinot, dit le The Tribune, se
cc ospose de 1 000 manufacturers, dont
300 snew-yorkais. Depuis l'élection do M.
Mac; Kir-ley, ^Association penso que le mo
ment est 'venu dt meitre ce p'rojet exéeu
tion.
La société se propose d'abord de faire
voter le projet de loi du sénateur William P.
Fiye oidonnarit ia création d'un ministère
du commerce et des manufactures auquel
serail ratiacbé le département consulaire.
L Association créera ensuite d'immenses
dépots Caracas et successivemerit dans tous
les grands centres des pays sud-américains.
Ces comptoirs seront des expositions de
tons les articles manufactures aux Etats-
Unis. lis seront placés sous la direction d'un
représentant do l'Association dont le röle
se bornera exbiber les échantillons, discu-
ter les prix et peut-être it prendre les ordres.
Le prochain meeting de l'Association amé-
ricaine sera tenu h Philadelpbie les 26, 27 et
28 Janvier courant. La discussion du projrtt
précité occupera la plus grande partie de la
session.
Le comité directoiial assure que le prési
dent Mac Kinley a prornis de coopérer dans
la plus large mesure possible ii la mise
exéeution de ce projnt d'accaparemerit com
mercial.
Tous les bourgmestres des communes
froutières des arrondissement-s d'Anvers et
de Turnhout out ncu Mardi une circulaire
du gouvernement, prescrivant des mesures
énergiques pour empêcher la fraude de
bé ail venant de Hollande.
La circulaire invite les magistrats commu-
naux faire connaitre les mesures qu'ils
comptent prendre pour empêcher cette
fraude.
Nos lecteuis connaissent, par le compte-
rendu des débats que nous avoris publié en
Novembre, le proces Van Ynghelandt, l'as-
sassin de la servante du Curé d'Oudezeele.
I Us se rappellent aussi que Van Ynghe-
landt, arrêlé Vlamertingbe, par le garde
champêtre de cette commune, a passé quel
ques jours it la maison d'arr èt de notre vtlle,
cü il a subi son premier interrogatoire.
L'assassin a été exécuté Jeudi matin.
Nous empruntons au Journal d'Hazebrouck,
quelques détails au sujet de cette exéeution.
Mercredi, M Deibier, exécuteur des
hautes oeuvres, est. arrivé it Hazebrouck
paf ie train de midi 40.
béjet, depuis la veille, on attendait M.
Deibler it tous les trains. Aussi ia foule qui
stationnail aux alentours de la gare étail-
elle considérable.
Quand le bourreau, accompagné de son
fils et de deux aides, voulut se frayer une
voie, il éprouva les plus grartdes ditficuités
et dut chercher une issue par le passage h
niveau. Lit, un mur de poitrines humaines
l'ar-êta; enfin il réussit se faultier dans
la salie de l'bötel de France oü une voiture
vim le prendre pour le conduite l'bötel
St Georges.
M. Deibier, malgré sou sang-froid profes-
sionnel, semblait quelque peu interloqué
devant lenotme effluence de curieux qui
i'entourait.
Dans l'apiès midi, M. Deibier fit les visi
tes pfficielles d'usage.
En reveriant de faire ces visites, il est
abordé parM. L. Dausse, qui l'iriviteü venir
ehez lui.
M. Deibier accepte et voilé le bourreau et
son maat' je marchant de compagnie.
Vers cinq heures sont arrivés les bois de
justice, qui orit été remisés dans une des
dépendances de la gare en attendant que
l'exécuteur des bautes oeuvres en prenne
possession.
L'émotion est grande en vilie des grou
ses ariitnés circulent et déjb, par toutes les
voies.arrivent des curieux.
De nombreux représentants de !a presse,
tant franpaise qu'étrangère,sont aussi arrivés
et leur nombre augmente au fur et ii mesure
que les trains débouchent en gare.
Avec une parfaite courtoisie et une bien-
veillance exquise, M. Schmidt, procureur de
la République, accorde la presse toutes
facililés et décide qu'un délégué sera désigné
ou tiré au sort pour assister au réveil du
condamné. Le sort désigrie un rédacteur de
YEtoile Beige,
Pendant toute la soiree et durant toute
la nuit le flot des curieux va sans cesse
grandissant et on se demande comment et
cü cette cohue se logera.
Les abords de la prison sont gardés par
la gendarmerie et la police. Deux sentinelles
du 8° de ligne, dont 150 hommes sont arri
vés vers sept heures et demie, moment la
faction devant la porie de la prison pendant
toute la nuit.
Vers cinq heures et demie, la guillotine
est dressée devant la facade de I'Hólel-de-
Ville, entre le perron et le kiosque. Les
troupes torment le carré autour de l'instru-
ment du supplies el un escadron de dragons
venu d'Aire garde les abords.
A ce moment l'affluence des curieux est
teliement épaisse et le remous de la loule
est si accentué, que la troupe la contient
avec peine.
On dirait que toute
l'arrondissement est ié,
innombrables voyageurs venus de la Bel-
gique soit par les trains, soit l'aide de
véhicules vanés reienus longtemps i'avan-
ce pour la lugubre cérémonie.
A six heures trois quarts a lieu le réveil
du condamné. Etaient présentsMM. le
Procureur de la République, le commis-
saire de police, le greffier du Tribunal,
Dubron av.ócat du condamné et son secré-
taiie, Rathé, aumóoier ce Douai, le gardien-
cbef de la maison centrale de Loos, le
gai dien-chef de la mm son d'arret d'Haze-
brouck, le délégué de la presse, etc.
Var Ynghelandt, qui jouait aux cartes,
conserve son calme tt son attitude est eou-
la population de
sans compter les
rageuse. Je m'y attendais, avail- il dit,en
entendant le deuxième coup de sonnette de
la prison.
On procédé h ia dernière toilette du con
damné qui entend ensuite la masse, y fait
les réponses en latin et cornmunie.il refuse
de rien prendre, sur la derna-nde qui !ui est
faite s'il désire quelque chose.
Sur la Grand'Place et dans les rues ad-
jacentes une foule tumultueuss s'agite et
de sourds murmures. des cris mêrae sefont
entendre avant 1 apparition du condamné
mort.
Enfin, 7 beures 40, Vanyngelandt ap-
parait entre i'aumönier et son avocat, des-
eend avec assurance les marches du perron
de l'Hötel de-ville, embrasse une dernière
fois 1 auroÖKier, et est livré l'exécuteur.
La bascule retombe, douze secondes
douze siècles - se passent, un coup
sourd, et justice est faite du crime de l'as
sassin de le servante du curé d'Oudezeele.
Aussitót sprès l'exécution, le corps est
transporté l'Hospice oü MM Fromont,
médcciri-major délégué de la Faculté de
Lille, Haynard, chef de clinique et Gerard,
interne dissèquent le cadavre encore chaud
de Vanyngelandt.
Jamais, de mémoire d'homme, on n'avait
vu pareille multitude Hazebrouck, le flut
humain était teliement compact qu'on s'é-
touffait littéralement;mais, grace aux mesu
res d'ordre et la fermeté courtoise de M.
Pslliet, commissaire de police, aueun inci
dent ne s est produit et tout s'est passé sans
encombre.
On doit eet excellent fonctionnaire des
élogts que nous sommes particulièrement
heureux de lui adresser ici.
Depuis quelque temps, Vanyngelandt
semblait assez affecté. L'idée lui était venue
de jouer sa tête aux cartes contre son gar-
dien. Par deux fois il pet dit la partie et cela
lui occasionnait de sinistres pressentimenls,
bien qu'il se plüt répéterFélix me gra-
ciera.
Ln frère de Vanyngelandt était venu le
voir il y a quelques jours, lui reprochant
sor: crime et lui disarit qu'il avait jeté la
bonte sur sa familie. Vanyngelandt avait ré-
pondu Je n'ai pas et ri'ai jamais eu de
familie,ce qui arrive estla fauteü mon père.»
Ou dit qu'il avait eu une maratre et qu'il
était resté livré h ses mauvais instincts,
A i'heure oü nous faisons paraltre cette
edition spéciale, l'animation se raleritit grace
l'exode des curieux du dehors qui ont pu
prendre les trains du matin.
Mais le sujet de conversation est unique,
com me bien l'oti pense et on rie parle que du
triste héros du jour.
Ajoutons qu il ny avait pas eu d'exécution
capitale h Hazebrouck depuis 70 ans.
Dans notre dernier numéro, h propos du
projet d'erobeliissement du marebé au bétail,
nous avoirs prononcé le mot de Esthétiquè
des ues qui est h la mode aujourd'bui.
On définit lesthétique la science qui
tiaitedu beau en général, et du sentiment
qu'il fait naitre en nous.
m
m
m
'Siumuxe"»