Samedi 30 Janvier 1897.
10 centimes le N°.
32e Année. N° 3217.
Qp.a.Aiv^
Haïti et Saint-Domingue.
L'arbitrage pontifical.
Le président de Ia
République francaise
en Russie.
A propos de
Télection de Brest.
Stomatite aphteuse.
L'esthétique des villes.
CHRONIQUE DART.
Le Concert de la Salie Iweins.
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II y a environ deux ans, les Républiques
Saint-Domingue et d'Haïti invoquèrent l'ar
bitrage du Pape.dans un conflitqui, s'aggra-
vant de jour en jour, menapait de les con-
duire k la guerre.
A l'époque oü les Haïtiens se séparèrent
des Dorainicains en se constituant en Etat
particulier, un territoire d'une grande éten-
due et inhabité, resta inoccupé entre les ter-
ritoires habiiés des deux Républiques. Au
début, cbaque République, ayant assez des
territoires habités, ne se soucia guère du
reste.Mais la population de l'une et de l'autre
s'étant accrue, on commenga se répandre
sur les territoires inoccupés, jusqu'k ce que
les deux peuples se trouvèrent, en face, se
disputant la même pièee de terre.
Aussitót, un couflit éclata, et on allait le
résoudre par les armes mais, de cöté et
d'autre, on eut la bonne idéé de s'en remet-
tre au Pape.
Le Pape accepta et chargea quelques car-
dinaux, anciens nonces apostuliques, ü'étu-
dier la question.
Mais des difficultés ne tardèrent pas k se
manifester du cöté du gouvernement Haïtien.
Tandis que le président de Saint-Domingue
Soumettait au Pape la question des frontières
sans réserve, le président d'Haïti lui demain-
dait seulement l'interprétation de l'article 4
du traité stipulé entre les parties en 1874.
La cause des deux républiques était soute
nue par les ministres plénipoteutiaires res-
pectifs, accrédités prés le Samt-Siège, M.
Faszowicz, baron de Farensbach pour Saint-
Domingue, M. Delorme pour Haïti
Evidemment, il y avail lk un malentendu
qu'il fallait faire disparaitre, pour que l'ar
bitrage put avoir lieu. Ce malentendu allait
se dissiper sur la déclaration du ministre
haïtien que sou président renon<jail k l'inter
prétation de l'article 4, du traité de 1874, et
acceptait l'arbritrage sur la question de tron-
tière tout enttère.
On se remit done k étudier la question
mais le président de la République d'Haïti
désavoua la déclaiation conciliante de son
ministre.
Le* négociations en étaient lk. Puisqu'q
ne s'agu seulement que ce l'interprétation de
l'article ti'un traité, ce n est pas un arbitre
qu'il faut demander, il suffu d'un homrne de
loi.
Le Pape decline done l'arbitrage; au moins
jusqu'k ce que le gouvernement Haïtien,
s'inspirant de i'amour et des intéréts de son
pays, peimette au Pape d'exercer sa mission
pacificatrice.
On avail annoncé que le voyage du prési
dent de la République aurait lieu au prin-
tetnps cette date est inexate. Ce n'est qu'au
mois de Juillet que M. Félix Faure pourra
aller k St-Pétersbourg.
II taudra compter avec le Parlement
francais qui aura k voter un important cré
dit pour les frais de déplacemenl.
On dit que certains membres du Parlement
voteraient le crédit k la condition que les
présidenls des deux Chamhres accompagnas-
sent le chef de l'Etat. Sur ce point, le cornte
Mcuraview sera consulté.
On sait que ï'Osservatore Romano passe
pour l'organe du Vatican.
Or, dans son numéro de Mercredi dernier,
le journal catholique puolie un article des
plus cuneux. Le journal romain félicite
l'abbé Gayraud, qu'il appelle un républicain
couvaincu, do sa récente éleeüon k Brest, et
err même temps il stigmatise de la facon la
plus vive I'attnude des royalistes, reprochant
en outre au due d'Orléans de ne pas vouloir
renoncer k ses pretentions au tröne de
France.
VOsservatore romano conclut en demandant
qu'en France on change les noms des partis,
quou n'appelle plus rallié» ceux qui suivent
la politique recommandée par le Pape et
réactioanaires ceux qui la combattent, mais
qu'orr donne aux premiers le nom de catho-
liques et aux autres l'épiihèie de royalistes.
La proposition de loi suivante, ou-
vrant un crédit spécial au ministère
de i'Agriculture et des Travaux pu
blics, a été déposée par M. Thienpout
Article unique. II est ouvert un crédit
de cinq cent mille francs (Ir. 50Ü.000), au
ministère de I'Agriculture et des Travaux
publics, pour indemniser les cullivateurs
dont ie bétail a,été, depuis le premier Octobre
1896, atteintde stomatite a^lneuse. La dé-
pense sera couveite par les ressources ordi-
naires du Trésor.
(Signé) Thienpont, J.Maenhout,
Cl. Cartuyvels, comte de Rouillé.
Cette proposition a été annoncée au
mois de Décembre dernier, lors de l in-
terpeiiation de M. Maenhout.
Espérons que, grace a l'appui que
nos députés ne peuvent manquer de
lui prefer, la proposition sera votée.
11 n'est que juste que le Gouverne
ment indemnise les cultivateurs des
pertes que leur a fait subir l introduc-
tion de la stomatite aphteuse par le
bétail venant de Hollande.
A l'oeil droit de nos Vandales.
Nous avons souvent reproché a l'ad-
ministration libérale d'Ypres d'avoir
comblé une partie du Boterplas et
démoli le rempart qui s'élevait le long
de ee fossé.
L'entree de la ville a tout perdu a la
suite de eet acle de vandalisme, mal-
heureusement irreparable. II faut bien
le proclamer, letablissement du Bou
levard Malou et du square, si beaux
qu'ils puissent devenir nn jour, ne
remplaceront jamais l'aucien rempart,
l'uu des plus pittoresques de notre an-
cienne enceinte de fortifications.
A propos de la restauration, k Bru
ges, de la Porte des Baudets, M. le
Gbanoine Duclos, curé a Pervyse, a
écrit un article a La Palrieafin
d éveiller l'attention des Brugeois qui
seraient tentés de combler une partie
des remparls de cette ville.
M. Jules Dujardin, de son cóté, a
élevé la voix contre le vandalisme dans
un article inséré dans La Réformeet
oü i'artiste rend hommage a l'édilité
brugeoise actuelie, qui dès son arrivée
a l'Hötel de viile, apréservé un grand
nombre de monuments d'une destruc
tion compléte et imminente.
La Palrie ayant reproduit Particle
de La Réforme, M. Jules Dujardin lui
répond, et ajoute aux raisons qu'il a
fait valoir, un argument qui concerne
la ville d'Ypres.
Nous publions la lettre du jeune
artiste
Monsieur le Directeur de La Patrie,
Bruges.
Monsieur,
Vous avez bien voulu reproduire mon ar
ticle de La Réforme e'est done que mes
idéés d'artiste et de critique d'art ont certaine
valeur pour vous; et j'estime que vous ne
m'en voudrez pas d'ajouter quelques mots k
ce que j'ai dit, puisqu'il s'agit de Bruges, la
ville qui nous estk tous chère
S'imagine-t-on un monsieur qui ferait
restaurer un monument qui lui appartiendrait
et détruirait, sous prétexie de spéoulaiion ou
autre, les compléments de ce monument"?
Non, n'est-ce pas Aussi suis-je compléte-
ment de l'avis de M. le chanoine Duclos ce
serait un non-sens de combler les remparts
si leprojet deM. Charles De Wulf, projet de
restauration de la Porte des Baudets, était
adopté et même si on ne votait pas les som
mes nécessaires pour le réaliser.
Voulez vous une preuve de mon affirmation
On a comblé une partie des merveilleux rem
parts d' Ypres, creusés au XVII' siècle, d'après
les plans de Vauban. Eh bien, que ceux qui
rëvent, s'il y en a, ce dont je doute
que ceux qui révent, dis-je, de combler les
remparts de Bruges, aillent voir l'effet oblenul
C'est épouvantable absolumeutet je regrette
pour ma part que eet acte de vandalisme ait
élé commis par des hommes, parmi lesquels
se trouvaient de mes amis, se piquant d'esthé-
tique....
D'ailleurs jamais l'administration commu
nale de Bruges, qui a fait preuve de tant
d'intelligence artistique depuis vingt-cinq
ans, ne consentirait, j'en suis sur, k laisser
abimer les coins les plus pittoresques des
environs de la ville, ses remparts mêmes,
elle qui a encouragé les restaurations admi-
rables dues k MM. Delacenserie et De Wulf,
les deux artistes de valeur que vous con-
naissez; restaurations qui ont donné lieu k
mon article de La Réforme et justifiant cette
lettre, trop longue peut-être, mais que l'inté-
rêt du sujet excuse.
Agréez, Monsieur ie Directeur, l'expres-
sion de mes sentiments confraternels.
Jules du Jardin.
M. Du Jardin confirme done les ap
preciations que nous avons souvent
émises nous-mêmes, et ses critiques
ne sont pas moins amères que les
nötres.
Ajoutons pour être justes et fixer
les responsabilités qu'un seul con-
seiller du temps, M. Ferdinand Van-
daele a protesté énergiquement contre
la démolition du rempart et lecomble-
ment du fossé.
Lui, du moins, n'a pas étè un
vandale
Le concert, offert Dimanche par Monsieur
Iweins d'Eeckhoutle, président, de la Grande
Fanfare, a été couronné d'un brillantsuccès.
II est juste de remercier tout d'abord
Monsieur Iweins du vrai régal musical au-
quel il nous a été donné d'assister. En ceh
nous serons, sans aucun doute, l'interprète
de tous les auditeurs. Autant vaudrait dire
des Yprois, car, k en juger par la foule com
pacte qui remplissait la salie, les invitations
avaient été lancées avec la plus large géné-
rosité.