Mercredi 10 Mars 1897. fo centimes Ie N°. 32e Année. N° 3<227.
MANDEMENT DECARÊME.
L'enseignement et
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Guslave Joseph WAFFELAERT,
Docteur en Théologie,
Par la miséricorde de Dieu et la grace du
Saint-Siége Apostolique, évêque de Bruges,
au clergé et aux fidèles de notre diocèse,
salut et bénédiction.
Nos trés chers Frères,
Le bonheur est le premier besoin de la nature
humaine. C'est le désir d'ètre heureux qui est
le secret mobile de toutes les actions de
l'homme, la raison intime et dernièrc de lous
les efforts qu'il tente, de tous les sacrilices qu'il
s'impose. De plus, l'homme a été créé par Dieu
et doué par Lui d'inteliigence et de liberie,
afin qu'il place son bonheur et le cherche la oü
seul il peul le trouver, c'est-a-dire, en Dieu, sa
fin dernière et son bonheur suprème. Mais,
comme son intelligence a des limites, comme
sa volonlé a des défaillances, et que son corni
est en bulte aux passions, il arrive bien souvent
que l'homme, trompé et comme fasciné par les
vains dehors et les apparences Irompeuses, et
oublieux de ses destinées immortelles, aille
demander son bonheur aux biens passagers de
ce monde et croit trouver sa félicité dans les
satisfactions accordées a ses appétits grossiers.
I.
De nos jours, plus que jamais peut-èlre, ils
sont nombreux ces hommes abuses qui s'acliar-
nent k la poursuite des honneurs, qui sont
avides de plaisirs, qui ne convoitent que les
richesses et ne demandent qu'a jouir, comme
si la jouissance de ces biens périssables pouvait
être le but de leur existence, et devait seule
leur assurer le vrai et parfait bonheur.
Les progrès matériels eux-mêmes, qui font
la gloirè de notre siècle, ne laissent pas que
d'avoir exagéré cette exuberance de la vie des
sens. L'observation judicieuse des phénomènes
de la nature, l'élude approfondie de ses lois,
les découvertes de la science moderne, et les
merveilleuses applications qui en furent faites
sur le terrain pratique, attirèrent Irop exclu-
sivement l'attention du grand nombre sur le
cöté materiel de la vie, au grand détriment des
intéréts supérieurs de l'ordre moral et religieux.
Le bien-être matériel, les jouissances du corps,
le confortable et les commodités de la vie, la
gloire et l'opulence apparurent aux yeux de
beaucoup comme le seul bien k réaliser, comme
le seul but a atteindre.
Et cependanl, Ie dix-neuvième siècle, qui
peut se glorifier a juste tilre d'avoir accompli,
surtout au cours de ses dernières années, tant
et de si grands progrès, peut-il aussi se vanter
de nous avoir fait perdre le regret du bon
vieux lemps, même au point de vue purement
temporel? Non, et la raison en est simple
quand les progrès dans l'ordre matériel ne
marchent pas de pair avec le développement,
ou tout au moins, avec la conservation des
idéés morales et des convictions religieuses,
loin d'augmenter la somme de bonheur de
l'individu et de la sociélé, ils ne servent souvent
qu'a engendrer des misères plus profondes et
des abus plus criants a preuve, les fraudes
criminelles, érigées aujourd'hui en syslème,
les falsifications des marchandises et des denrées
alimentaires, si préjudiciables a la santé et k
la prospérité publiquek preuve encore, en
dehors de ces abus coupables, tant d'autres
conséquences, imprévues autant que calami-
teuses, qui déjouent tous les calculs de la pru
dence humaine, et ne relèvent que de la seule
providence divine, laquelle semble permettre
parfois que l'homme trouve dans les fruits
mêmes de ses propres ceuvres, le premier chk-
timent de son orgueil et de sa témérilé. Ainsi,
le dépérissement de l'agriculture dans nos
campagnes si fertiles les chómages dans nos
centres industriels les crises intenses qui se
succèdent saus relache dans toutes les branches
de l'activité nationale, k quoi faut-il les atlri-
buer? N'est-ce pas, en partie du moins, k
l'incroyable facililé des communications, qui,
supprimant les distances, a fait tomber les
barrières qui séparaient les peupies N'est-ce
pas a la substitution des enginset des machines
k faction immédiate de la main de l'homme,
et a tant d'autres innovations, qui, pour iou-
ables qu'elles soient, en elles-mêmes, n'en ont
pas moins rompu l'cquilibre sur le terrain
économique et jeté le désarroi dans le monde
du travail. Ajoutez a cela les mille besoins
nouvaux, les exigences toujours plus grandes
et plus nombreuses, les ambitions et les apres
convoitises qu'une civilisation trop avancée
doit nécessairement faire naitre, mais qu'elle
est tout aussi fatalement condamné k laisser
inassouvies.
Si notre siècle, N. T. C F., doit marquer
dans les annales de l'histoire, comme un siècle
de progrès et de lumière dans l'ordre matériel,
ne sommes-nous pas aulorisés a adresser k
certains savants et inventeurs de notre temps,
ces paroles de l'Esprit-Saint, écrites, il y a des
milliers d'années, au livre de la Sagesse «Tous
les hommes qui n'ont point la connaissance
de Dieu. ne sont que vanité; ils n'ont pu
comprendre par les biens visibles le Souve-
rain Être, et ils n'ont point reconnu le Créa-
teur par la consideration de ses ouvrages...
Que s'ils ont admiré le pouvoir et les effets
de ces créatures, qu'ils comprennent de lk
com bien est encore plus puissant Celui qui
les acrééescar, la grandeur et la beauté de
la créature peut faire connailre et rendre en
quelque sorte visible Ie Créateur... S'ils ont
pu avoir assez de lumières pour connaitre
l'ordre du monde, comment n'ont-ils pas
découvert plus aisément celui qui en est le
dominaleur(l)
Chose étonnante, et qui ne tendra guère k la
gloire de notre temps Les vérités qui font le
fondement mème de la religion, lelies que
l'existence de Dieu, d'un Dieu unique et person
nel, d'un Dieu Créateur et Maitre Souverain
du ciel etdela terre, il a fallu, après dix-neuf
siècles de christianisme, que l'Eglise catholique
les proclamat k nouveau, dans son dernier
Concile général tenu au Vatican, et les élablit
a l'encontre des rèves creux et des négalions
insensées de nos Sages modernes, absorbés et
comme ensevelis dans la matière (2).
Ce qui doit moins étonner, c'est que l'éternel
ennemi du genre liumain ait su mettre a profil
ces tendances rcgreltables, poür entrainer un
plus grand nombre d'hommes dans sa perte
et troubler jusqu'au bonheur qu'ils auraient
pu goüter ici-bas. Quand il s'aper§ut que les
Ihéories perverses avaient pénétré dans les
masses populaires que les mauvais exemples
donnés par les patrons et par les maitres
avaient propagé l'impiété et la débauche dans
les rangs des classes ouvriëres que la foi en
Dieu, la fidélité au devoir, l'espérance d'une
vie future et meilleure étaient amoindries dans
les ameset que, en mème temps, la soif
immodérée des jouissances charnelles, non
moins que la tyrannie de maitres iniques et
barbares, avaient suilisament attisé la convoi-
tise et la haine au coeur des besogneux alors,
croyant que l'heure était venue, il erwoya ses
émissaires, artisans du mensonge dontil est le
père, et soullla parlout le feu des jalousies
envieuses, le vent de la révolte et de l'émeute,
dans le dessein a peine déguisé d'envelopper
l'Eglise et la société dans la même ruine et de
reinplacer l'ordre et la sécurité publique, la
paix et la charité, le peu qui reste de bonheur
sur ia terre, par le règne du désordre, de la
haine farouche et du sombre désespoir
(1) Sap. XIII, 1-9.
(2) Si quis unum verum Deum visibilium et
invisibilium Creatorem et Dominum negaverit,
anathema sit. Si quis proffer materiam nihil
esse affirmare non erubuerit, anathema sit.
(A continuer.)
Nous avous souvent écrit que l'en-
seignement neutre est l'oeuvre de la
Franc-maconnerie.
Digae fille de Satan, la secte impie
et révolutionn tire ne négligé aucun
raoyen pour chasser Dieu de l'écolc et
de lame de l'enfance.
La oü le gouvernement est entre les
mains des francs-macons, FEtat in-
staure l'enseignement neutre, saus
souci des rósultats funestes que doit
infailliblement produire une instruc
tion basée sur une morale sans sanc
tion, sans Dieu.
Nous avons vecu, en Belgique, sous
un gouvernement pared. Abandonnant
les idéés de la loi de 1842, oeuvre de
conciliation, le ministère dit des
sept franc-macons qui sévit en Bel
gique de 1879 a 1884, a instauré
l'école neutre, dès sou arrivée au
pouvoir. II ne tint comptc ni des
vceux des families catholiques, ni des
avertissements de 1'épiscopat, ni des
protestations do certains libéranx,
entre autres du Prince dc Ligne, pré
sident du Sénat. 11 faillait rouler le
cadavre du catholicisme'dans la fosse,
selon l'expression du F/, Van Hum-
beeck, ministre de i instruction pu
blique ct le raoyen le plus sur d'ar-
river a eet euterremen't civil consistait
incontestablement a preparer des ge
nerations sans Dieu et sans morale.
Heureuscment la Belgique a sécoué
bien vite le jong des franc-macons.
La fosse ouverte a la Religion a en-
glouti la franc-maconnerie et sou
complice, le libéralisme.; et, du même
coup morte la bete, mort le veniu
l'enseignement neutre a disparu
de la loi.
Ce n'est pas que l'iüstruction neutre
et laïque n'ait produit ses effets. De
laven des socialistes eux-mêmes,
l'écolesans Dieu a été la pépinière du
socialisme. Mais le peuple beige, plein
de bon sens et d'esprit religieux, a
donné sa confiance au p irti catho
lique qu'il a chargé de réparer les
maux causes par la politique nefaste
du gouvernement liberal.
En France la franc-mayonncric
règne toujours, et avec elle l'ccole
neutre et sa suite les folies dépenses,
les persecutions odieuses, la recru
descence dans la criminalité, la stéri-
lité des méthodes, Fignorance même,
oui, l'ignorance
Du reste, la banqueroute est géné
rale. Nous l'avons constaté pour
l'Italie, dans un précédent numéro,
en reproduisant une leltre écrite par
le ministro de Finstruction publique
du royaume Subalpin.
Aujourd'hui la franc-maconnerie
francaise fait des aveux insiructifs.
Saus don te, elle ne propose pas,
comme le ministre fl"Italic, de reve-
nir a l'ancienne morale. Mais Ie voeu
exprimé au dernier Convent n'en est
pas moins significatif. En constatant
les aveux dc la franc-maconnerie, nos
lecleurs commenteront eux-mêmes le
factum du venerable F/, Corcueil
un norn predestine qui renferme
plus d'une lecon dont les catholiques
sauront tirer profit.
Nous reproduisons textuelicment le
compte-rendu dos travaux dc l'asseni-
ldéc générale de 1896, page 182
Considérant que le cours de morale
present par la loi de 1882 devant se faire
lous les jours dans les écoles, n'est fait qua
d une mauière tiès imparfaite, et qu'il ne
produil que peu ou pas d'efïet sur les enfants
et les jeuoes geus des deux sexes.