La Foire et le Progrès.
VARIÉTÉS.
Les chieos.
Salie Iweins.
La commission, entrée en fonctions im
médiatement, a arrêté les premiers détails
du programme de la cérémonie d'ouverture.
Disons en passant que les répétitions de
la cantate marohent trés bien. Dans les écoles
communales les enfants répètent avec ardeui
De même, au marché de la Madeleine, les
musiciens et les Orphéons dans leurs loeaux
respectifs.
La fête inaugurale sera, si le temps le
permet, excessivement belle et imposante.
La familie royale tout entière y assislera,
ainsi que le corps diplomatique,les rninistres
d'Etat et k portefeuille, les membres des
deux Ghambres, les cours et tribunaux, le
conseil provincial, le conseil communal, des
députations de l'armée et la garde civique,
etc.
Le Progrès avoue, d'accord avec le Jour
nal d'Ypres, ce qui lui arrive rarementque,
depuis longtemps, nous navons eu une foire
plus fournie et plus atlrayante.
La pluie a contrarié le public et les
forains, la semaine -dernière. Mais depuis
Samedi le temps est excellent; et, Dimanche,
il y avail foule. On dit merveille des recettes
faites par certains vélodromes.
Le Progrès passé en revue les établisse-
ments forains. Un détail pour chacun, sans
oublier les promeneurs qu'il appelle des
collectiormeurs d'insectes heureux de pouvoir,
en se promenant quelque temps sur la Place,
rentrer chez eux avec une collection des plus
varices, de toutes grandeurs et de toutes
couleurs.
11 est bien entendu, quoique le Progrès ne
le dise pas, que du temps de l'administra-
tion de ses amis, eet inconvénient ou eet
avantage n'existait pas.
11 y a du reste beaucoup de distraction k
la Place Les magistrals trouvent la leur en
voyant fonctionner la marmite de l enfer
menteursjricheurs,irompeurstous y passent,
pas la moindre consideration, aussi nos
mailres nont garde- d'y aller, ils seraient du
nombre
Ainsi dit le Progrès. Mais il oublie un
détail la marmite de ïenjer consume tous
les jours une quantité de papiers roses, de
lettres de menaces, d'enveloppes k cachets
facilesh connaltre. Et du brasier s'élève une
fumée, k travers laquelle on lit distinctement
des notns qui rappellent toute une histoire
Bra, Cas, Tan, Del, Mes, etc.
Le Progrès oublie aussi le magicien du
Kumris, qui fouille dans le vieux papier avec
sa baguette, se fait bruler les doigts pour le
plaisir das magistrats actuels, et finit le
diable l'emporte par choir dans ia mar
mite. L'ami du Sar Peladan renait pourtant
de ses cendres et, nouveau Phénix, quitte
la scène en riantjaune.
Le Progrès n'oublie pas les amateurs du
beau sexe qui sépatenl devant.... une belle et
forte négresse.
Nos lecteurs nous excuseront de ne pas
reproduire toute la phrase du Progrès. 11 y a
trop d'esprit, vraiment et, nous ne voulons
pas nuire k la bonne réputation de notre
confrère.
Laissons le s'épater Et constatons que le
Progrès saisit toutes les occasions d'être
utile k la moralité publique et de donner
cours k ses sottes colères
Nous lisions dernièrement dans un journal
francais, le récit du sauvetage émouvant d'un
homme qui s'était jeté dans une rivière dans
l'intention de se noyer. Un grand chien
terre-neuve avait plongé après lui et avail
même du soutenir une lutte avcc le malheu-
reux qui ne voulait pas être sauvé. La vic-
toire était restée au bon chien qui l'avait
ramené sur la berge, aux applaudissements
de la foule.
Gelte histoire nous fit songer k l'injuslice
des hommes envers les chiens. Les natura-
listes nomment bien, dans leurs livres sa
vants, le chien l'ami dc l'homme mais
dans le fait il est bien loin d'en être ainsi,
du cóté de l'homme bien entendu.
11 n'y a pas d'animaux plus maltraités le
plus souvent en paroles et en actions que
eet ami de l'homme.
Qu'il pleuve, verrte, grèle ou neige, on
dit II fait un temps de chien, ou bien c'est
un temps k ne pas mettre un chien k la porte.
Parle-t-on d'une mauvaise affaire, la
première expression sera c'est une chier.ne
d'sffaireou bien encore, dans la conversa
tion, on dira d'un brave homme il n'est pas
chien.
On pourrait ainsi citer k l'infini des dic-
tons oü le chien est maltraité. Mais en action
c'est bien autre chose encore. 11 «'arrive que
tröp souvent que ces pauvres chiens, si
fidèles et si attachés k leurs maitres sont
martyrisés de la plus brutale fapon par des
hommes sans coour.
Et Ton voit encore la pauvre béte rouée
de coups, tourner ses yeux languissants et
sanglants vers l'homme brutal, pour implo
rer sa pitié.
Le chien partage d'ailleurs, avec beaucoup
d'animaux utiles, l'ingratitudedu genre hu-
main avec le cheval et l'ane par exemple.
Prenons 1 ane k part qu'il soit un peu
têtuil est vrai que quand un homme
a ce défaut, il en fait une excellente qualité,
il appelle ceia une énergique fermeté,
il y a peu d'animaux qui rendent des services
aussi nombreux que l'ane et qui soit plus
vilipendé par le genre humain.
Les hommes réservent leurs sympathies
et leur admiration pour les anim ux nuisi-
bles, les lions, les tigres, los léopards, les
curs, les aigles, etc., qui deviennent les
emblêmes des vertus héroïques et les armoi-
ries dont les nations sont fières.
Le chien n'est pas égoïste il aime son
maiirc pour lui même et non pour ce qu'il
en repoit. Enlevez k un pauvre malheureux
sou chien retenez le pendant plusieurs
jours, en lui donnant les mets les plus
délicals du moment que vous lui laisserez
la liberté, il retournera chez son ancien
maitre, chez lequel pourtant il avait fort
maïgre pit3iiC6, pour psrtagcr S3 misère.
Dans combien de cireonstaiices le chien
n'est-il pas utile k l'homme
On peut le dresser k toute espèce de
services. Nous ne parierons qu'en passant
des chiens d'agrément.
Mais voyez les chiens d'aveugles qui
remplacent pour leurs matires, la vue que
ces dernieis out perdue. Voysz aussi l s
chiens des laitiers et des charretiers. Puis
les chiens de berger, les chiens de garde
et les chiens de chasse.
Dans les pays froids, en Russie, en Suède
- nous ne citerons pas même le pays des
esquimaux, tróp éloigné de nous - que de
services ne rendent pas le chien des trai-
neaux? Sans eux les divers villages ne
sauraient correspondre enire eux.
Est-il une histoire plus touchante que
celle des chiens du Mont St Bernard, qui
guident, leur clochette au cou, les m'oines
vers le voyageur perdu dans les noises et
raniment de leur chaude haleine, ce mal-
beureix, sur le point de rendre l'ame
Nous ne parierons que pour mémoire du
chten de contrebandier et de son antidote
le chien du douanier.
Qui na lu les récits, véridiques d'ailleurs
de gens qui, attaqués par des brigands!
durent leur salut k la bravoure de leurs
chiens, qui les défeiidaient au péril de leur
vie? D'autres histoires nous montreni les
chiens de voyageurs blessés et abandonnés
dans un lieu solitaire, allant chercher du
secours et en amèncnt.
Un jour, un voyageur, portanten ban-
douillète une sacoche d'argent, suivait la
route sous un soleil ardent. Non pouvant
plus de fatigue, il s'assied sous un arbre
et sommeille une beure durant. II avait mis
sa sacoche sous lui au préaluble.
Quand son somme futfini, il se remit en
route sans faire plus attention k la sacoche
qu'il abandonnait k eet endroit.
Cependant son chien ne cessait daboyei
et de le harceler, en le tirant par les pans
de son habit. Nesachantque penser de ce
manége, il crut que l'animal devenait enragé,
et, plein de cette malencontreuse idéé, il
pril son pistolet et lui tira une balie dans
le corps, puis il continua sou chemin sans
plus songer k la pauvre béte.
Ayant marché pendant quelque temps
encore, le souvenir de sa sacoche lui vint
k la mémoire et il se hkta de revenir sur ses
pas. Arrivé k la place oü il avait, pensait il,
tué son chien, il ne le vit plus, mais une
longue traiuée de sang le ramena sous 1 ar
bre oü il avait oublié sa sacoche, sur laquelle
le fidéle servileur était venu rendre le der-
nier soupir
Le malheureux maitre vit tröp tard le
motif des manoeuvres du noble animal.
Au moyen age, le chien était l'embléme
chevaleresque de la loyauté et de la fidélité.
On voit sur les tombes en marbre des preux
de cette époque, le chien couché pi ès de son
maitre.
Pour finir nous raconlerons une curieuse
anecdote datant du Gonsulat et de l'Empire,
dans laquelle nous verrons un chien devenir
la cause inconsciente d'une des plus grandes
guerres de ce siècle.
Le régent d'Angleterre avait acheté k un
capitaine de navire qui l'avait rapporté de
Terre Neuve, un magnitique chien, qu'il
nommait Boatswain, it qui l'accompagnait,
même dans les salons du palais.
En 1804. l'Acgleterre voulait rompre avec
la France et, dans ce but, faisait des efforts
pour amener une grande puissance du con
tinent k faire alliance avcc elle.
II n'était flatteries qu'on ne prodiguat k
i'ambassadeur de P..mais cedernier fai
sait la sourde oreiile aux avances britanni-
ques.
Un soir le régent donnait une (êle intime
k Windsor. Les principaux diplomates
avaient élé invités.
Gomme le Régent causait avec I'ambassa
deur en question, le chien Boatswain était
venu prés de sou maitre auquel I'ambassa
deur ditvoire altesse possède lk uu bel
animal
Qui) répondit le régent et il rapporto ad-
mirablement. Au même instant il lui prit de
la gueule un billet que le chien venait de
trouver dans la salie. L'ayant lu, il le com-
muniqua k son interlocuteur dont le visage
changea de couleur en le lisant.
Ue billet portalt ceci
Monsieur
Jécris a mon ambassadeur aussi
,J*en 'l11^ vous, pour une a/faire es-
sentielle. Ilfaut empêchera, tont p>ix
un rapprochement enlre la Cour
d'Anrjlelerre et lambassadenr de
C est un homme borné et suffisant
il ne vous sera pas difficile dacjir sur
ha. J
Bonaparte, premier «mol
Le diplomate, f„icux „e
guerre e. carnage, et peu „e jours Jr
1 alliance entre son pays et 1-Ar,gleterre f„
contractée. La guerre qui sen suivit, abouti
k la bataille d'Ausierlitz, ce qui prouva qU8
Napoléon n'avait pas trop mal jugé I'ambas
sadeur.
N..OUS.
La dernière soirée-tabagie de Ia saison
d'hiver, a été, pour la grande Fanfare, poc.
casion d'un succès non moins grand qUe
ceux obtenus lors des précédentes fêtes.
II faut dire, pour être sincères, que |e
concour s gracieux pi élé par M. Piens, ba-
ryton du theatre de Gand, y a été p0ur
beaucoup. M. Piens, qui est presqu'un de
nos concitoyens, puisqu'il a de norabreuses
relations de familie k Ypres, possède un
organe d'une puissance vraiment extraordi
naire. Quand on regarde ce jeune homme
d'une taille moyenne et d'une structure
presque frêle, jamais on ne croirait, comme
le disait un de ses auditeurs, un dilletante
de i' ordre, qu'une voix aussi éclatante
puisse sortir de ce cofj're. De plus, - et
c'est lk l'essentiel, M. Piens est artiste
jusqu'au bout des origles, dans sa manière
de chanter et de déclamer. Ses auditeurs
l'entendraient dix fois de suite, qu'ils n'en
éprouveraient aucune lassitude. Quant k son
répertoire, il est d'uue distinction rare.
V Angelus du soir, aceompagné du piano et
du cor par MM. Wenes et Verbaegben,
Lakmé, La coupe du roi de Thulé, que
M. Piens a ajouté au programme du concert,
k la suite de nombreux rappels, la chanson
flamande Vlaanderen onze bruid etc. etc.,
en sont une preuve.
Un des éléments de succès de la soirée,
a été également 'e concours de notre excel
lente sociéié chorale Vorphéon quia
trés bien chanté le choeur de Gounod La
libeité éclairant le monde.
La grande Fanfare a joué, comme elle
sait le faire. Les jours de Soleil, une ouver
ture de Kling, oeuvre assez ordinaire, une
charmante valse Les jeunes Coeurs de
Moeremanset une polka pour Bugle et Piston,
composée par le dévoué Directeur M. G,
Wenes, que nous complimeutons k ce sujet,
et jouée, en vrais virtuoses, par son fils
M. Ern. Wenes et M. Carnille D'haene.
Deux quatuors pour saxophones de Maj
eur et de Turine, exécutés par MM. Gust.
Desramault, Gust. Duprez, Emile Buyle et
ArtljLouwyck out été salués par les ap
plaudissements chaleureux de l'auditoire.
Ge sont en effet deux oeuvres charmantes,
artistiquement interprêtées par ces Mes
sieurs.
Uns romance Disillusion chanté par
M. Vincent, un duo pour Basses, chanté par
MM. Deruddor et Wouts et le quintette de
Gemma de Vergy de Donizetti complétaieflt
le programmie de cette agréable soirée.
MM. Vincent, Derudder et Wouts out par-
fakement réussi, nous les en félicitons. Seu-
lemeritsi nous pouvions faire une légère
observation, pourquoi ces derniers, qu'
possèdent teus deux une magriifique voix et
sont, ce qui ne gate rien, d'excellents mus'"
ciens, ne chantent-ils pas des duos faits paf
des compositeurs de mérite, des duos
d opéra par exemple, plutót que cette musique
si terriblement plate de Gancone
Quant au quintette de Donizetti, en l'écou-
lant nous rèvions aux progrès faits dans Is
composition de la musique d'opéra depuis
1 apparition de cette partition. L'auteur, qui
présenterait k notre époque, un opéra pareil,
le verrait prendre k toute vitesso le cbemiu
du panier. MM Wenes, Dondeyne, Andries,
Riem et Derudder ont bien chanté cette mu
sique de l'école italienne d'il y a 50 ans, qu'
a eu au moins l'avantage de faire ressort'1"
d'autant plus les beautés des oeuvres com-
temporaires de l'école frangaise, interpre-
i