MLM CM
Samedi 3 Avril 1897.
10 centimes le NT°.
3934.
Les événements d'Orient.
Société centrale d'agiriculture.
Suspension du maire
et des adjoints de Uoubaix.
Année.
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Les événements de Crète et de Grèce
présentent toujours une extréme gra-
vité. En Crète, les combats continuent
autour de la Canée, et les vaisseaux
de l'Europe tirent constamment sur
les insurgés, qui continuent néanmoins
les hostilités. Le colonel Vassos aurait
declare qu'il ne se retirait en aucun
cas si 011 l'attaque, il se relranchera
sur une position qu'il a choisie dans
les montagneSj etdoü, dit il, soixante
mille hommes ne parviendi aient pas
a le chasser.
Le prince Constantin,dans un ordre
du jour adressé a l'armée de Thessalie,
dont il vient de prendre le comman-
dement en chef, insiste particulière-
ment sur la nécessité du calme et de
la discipline. II parait, en eiFet, que
les soldats sont trés surexcités et dé-
sirent passionnément la guerre. Si le
gouvernement grec rappelait ses trou
pes, il pourrait y avoir une mutinerie.
On annonce d'aulre part que des
officiers allemands et russes dirigent
les travaux de fortification autour de
Salonique. Enfin, il parait qu'un
traité d alliance a été conclu entre
les trois Etats slaves, la Bulgarie, la
Serbie et le Montenegro. Par ce traité,
les trois gouvernements s'engagent,
dit-on, a ne pas agir sans s'être mis
d'accord et sans avoir obtenu l'adbésion
de la Russie. Ce serait done pour la
Russie une sorte d annexion diploma
tique tandis que pour l'Autriche ce
traité serait un grave échec la déché-
ance de l'influence austro-hongroise
a Relgrade serait un fait accompli.
II y a quelques années quand Stam-
bouloff, gouvernait a Sofia, la Russie
n'avait pour allié et pour cliënt que le
Montenegro la Bulgarie, la Rouma-
nie et la Serbie se rattacbaient a l'Au
triche. Après la chute et surtout après
la mort de Stambouloff, la Bulgarie a
accepté de nouveau la suzeraineté
russe le fait principal qui a marqué
cette évolution a été le baptême, selon
le rite orthodoxe, du prince Boris.
Puis la Serbie s'est détachée peu a peu
de l'Autriche qui ne conserverait done
la prépondérance qu'en Roumanie.
Mercredi matin, la Société centrale d'agri-
culture s'est réunie, sous la présidence de M.
le comteE. van der Straten-Ponlhoz, en as
semble extraordinaire, pour entendre une
conférence de M. Hyacinthe Cartuyvels, sur
la question sucrière et les droits sur les bet-
teraves étrangères.
L'orateur expose la question sucrière et les
causes do la situation éconoinique actuelle
de cette industrie.
La sucrerie a toujours été protégée par la
legislation paree quelle a toujours favorisé
l'agriculture; en 1879 l'Europe produisait
moins de 1 milliard et demien 1896, elle a
produit plus de cinq milliards. C'est une in
dustrie qui emprunte ses fruits au sol et qui
rend au sol ses déchets productifsdee point
de vue, on a pu dire quelle était la providen
ce de l'agriculture.
La Belgique a pris, dans la fabrication du
sucre, la première place en Europe, toutes
proportions tertiioire et population
gardées. Eu 1879. eile produisaii58 millions
de kilos; en 1897, 300 millions. En 1879,
le sucre valait 54 francs d l'exportation
aujourd'hui 22 fr. ft peine. La betterave, en
1879, se vendait 23 fr.; aujourd'hui 19 fr.
On voit par ces chiffres l'importance de la
question et i'urgence qu'il yah remédier h
la situation. La situation a plus quequadru-
plé.
L'orateur examine les bases sur lesquelles
repose le régime de la législation sucrière en
Belgique. Ce régime repose sur les bonis de
fabrication, considérés comme devant servir
la corisommation intérieure, mais en réali-
tj il reste, de ces bonis, une quantitéque
i'on doit exporter. Les fabricants sont obli-
gés d'acbeter aux rafïïneurs des documents
d'exportation.
La consommation du sucre en Belgique
s'ëlève h 40 millions de kil g. et il existe un
impöt de 45 fr. par 100 k. Le revenu de eet
impöts'élève en conséquence h 18 millions;
de ces 18 millions, l'Etat retient 6 1/2 mil
lions et il reste pour les fabricants et les cul-
tivateurs 11 1/2 millions. La prime des droits
n'une part et le paiement des 6 1/2 millions
d'auire part ont singulièrement diminué la
protection accordée h la sucrerie.
Quelles sont les mesures h prendre pour
remédier h eet état de choses
A l'étranger, on a eu recours h des mesu
res de protection qui sont impossibles chez
nous, lei, on a demandé au relèvement de la
prise de charge le remêde h tous les maux
pour assurer d l'Etat les 6 1/2 millions de
francs. Ce système a donné de mauvais ré-
suhats. Tous ces remèdes ne sont que des
palliatifs.
Le régime qui donnerait d la fois aux fabri
cants, aux cultivateurs etauxconsommateurs
pleine satisfaction est dans l'abolition du
droit sur le sucre en Belgique.
Les intéréts des fabricants sont ceux des
cultivateurs que leviendraient ceux-ci si
l'industrie sucrière venait d tomber Dans
aucun pays produoteur de sucre, le prix de
la betterave n'a été aussi éleyé que chez nous
et nos sucres se vendent sur le marché de
Londres au même prix que les sucres alle
mands, franpais et autrichiens. Neus avons
acheté en 1896 pour 60 millions de bette-
raves d l'agriculture en Allemagne, pour la
même quantité de betteraves, les fabricants
ont payé 16 millions de moins. De pareils
sacrifices ne sont plus possibles aujourd'hui
et c'est pourquoi nous demandons un régime
plus équitable.
M. le Ministre des finances a fait sienne
en principe l'idée de l'abolition des droits
et, en principe encore, le comité des fabri
cants a admis, sous certaines réserves, le
même principe.
Nous croyons ce système plus juste que
tous les systèmes existants. II est le plus
simple il est le plus sur paree qu'il garaniit
l'avenir il est le plus favorable d l'agricul
ture, paree qu'il permet de conserver la cul
ture de la betterave, et il est deplus trés
favorable aux consommateurs, je n'ai pas
besoin de le démontrer.
L'idée de M. de Smet de Naeyer mérite
done l'appui de la Société centrale d'agricul-
ture.
MM. Beaudouin et t'Serstevens ont égale-
ment insisté sur ce cöté de la question. lis
ont rendu hommage d M. le ministre des
finances pour la manière active et intelli
gente dont il s'occupe de la queetion sucrière.
L'agriculture du pays devra une grande re
connaissance d M. de Smet de Naeyer s'il
realise son projet d'abolir l'accise sur le
sucre, ont conclu les divers orateurs et M. le
président.
L'assemblée a, en conséquence, voté une
résolution priant M. le ministre des finances
de persévérer dans la voie qu'il s'est tracée
et d'abolir l'accise tout en maintenant les
primes de sortie tant que les pays voisins
les maintiendront.
Mercredi matin d dix beures et demie,
M. Faudanl, commissaire spécial d Lille,
accompagné de M. Petit, juge de paix du
canton Nord de Roubaix, se présentait d la
mairie de cette ville, oü il était introduit par
un appariteur de service.
M. Faudant venait pour signifier au maire
de Roubaix et aux adjoints qu'ils étaient sus-
pendus de leurs fonctions.
Ni le maire ni les adjoints ne se trou-
vaient d l'Hötel-de-Ville.
On a dü signifier l'arrêté de suspension
au domicile des intéressés.
M. Petit, jugo de paix, est délégué dans
les fonctions d'offieier de l'étut civil.
L'arrêté du préfet du Nord, suspendant la
municipalité de Roubaix porte Vu l'arrêt
du Conseil d'Etat annulant les élections mu-
nicipalesde Roubaix et établissant que des
irrégularités graves ont été commises par la
municipalisé chargés d'assurer conformé-
ment d la loi, le fonctionnement du vote
arrête, etc.
M. Petit présidera aux opérations électo-
ralss du 11 Avril et du 18, s'il y a lieu.
Séance de Mardi.
M. le président. M. Van Merris demanded
interpeller Mardi prochain M. le ministre de
l'agriculture et des travaux publics ainsi que Mc
le ministre des finances sur le point de savoir
quelles mesures ils comptent prendre pour s'op-
poser a fimportation el au transit des pores
venant de France. (Assentiment.)
QUESTIONS.
M. le président. La parole est d M. le mi
nistre des finances pour répondre a la question
do M. Maenhaut sur fimportation frauduleuse
en Belgique du bétail hollandais et sur les me
sures prises par le gouvernement pour s'y op-
poser.
M. de Smet de Naeyer, ministre des finances.
Un arrêté ministériel du 14 Décembre 1896
interdit fimportation des bêtes bovines de Hol-
lande, d fexception de celles destinés aux abat
toirs. Des instructions ont été données en con
séquence aux bourgmestee des villages frontiè-
res ainsi qu a la gendarmerie et, contrairement
a ce que pense fhonorable membre, la douane
n'est pas impuissante pour réprimer. cette
fraude: c'est ainsi que 17 saisies onteu lieu.
La fraude se pratique par troupeaux comp-
tant un nombre assez considérable de bêtes; on
neréussit généralement qu'a en saisir quelques-
unes et les autres étant refoulées de l'autre
cöté de la frontière, la fraude n'a pas la gravité
qu'on lui attribue.
La surveillance douanièred notre frontière
hollandaise est très'fortement organisée, notam-
ment en vue de fimportation frauduleuse du
tabac.
M. Tack. On fraude néanmoins.
M. de Smet de Naeyer, ministre des finances.
Je n'en disconviens pas aucun pays d lignes
douanières n'est excempt de fraude; on lie peut
qu'essayer de Ia réduire au minimum.
Tout récemment, oil a augmenté d'un bri
gadier, d'un sous-brigadier et de quatorze pré
posés l'effectif douanierde la province d'Anversi
La fraude du bétail sera, du reste, bientót
enrayêe, lorsque toutes les bêtes impprtées
seront marquées.
J'étudie en ce moment l'organisation de bri
gades volanles de douaniers que l'on pourra
envoyera l'improviste dans tel ou tel endroit.
Par contre, je ne crois pas que l'armée puisse
être empióyée d la surveillance douanière elle
n'est pas outillée pour cela. Au surplus, l'ad-
ministration des douanes estime qu'actuelle-
ment fimportation frauduleuse du bétail est
moindre qu'autrefois. Grace a la police sani
taire, la lièvre aphteuse est circonscrite actuel-
lement dans 18 foyers seulementla situation
est done satisfaisante.
M. Maenhaut. Je remercie M. le ministre
de ses déclarations, mais je fais toutes réserves
et je présentera! éventuellement mes observa
tions mardi prochain a l'occasion de Ia discus
sion de l'interpellation de M. Van Merris.